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Antoine Fauchery, correspondant du Moniteur (mort au Japon);

Cauchois-Lemaire, fondateur du Nain-Jaune, ancien rédacteur en chef du Constitutionnel et du Bon-Sens;

Brindeau, ancien gérant du Journal du Havre;
Morlent, collaborateur du Courrier du Havre;
Georges Zimmer, collaborateur du Constitutionnel;
Adrien Rosselat, collaborateur du Moniteur de la Haute-Loire;
Audibert, ancien collaborateur de l'Union;

P. de Selles, collaborateur de la Gazette de France :
Bourdet, collaborateur de la Presse;

Varaigne, fondateur de la Revue européenne ;
Abel, rédacteur en chef de la Gazette du Midi;
A. Bignan, collaborateur du Journal des Débats,
Théodore Fuzier, gérant du Publicateur de Béziers :
Lenigocher, collaborateur du Courrier de la Moselle,
Bascans, ancien rédacteur de la Tribune.

Concours et prix académiques.

L'intérêt qui s'attache d'ordinaire à la distribution des prix que l'Académie française décerne aux livres jugés les plus utiles pour les mœurs ou les plus honorables pour les lettres, s'est effacé, cette année, devant l'émotion causée par le choix de l'ouvrage proposé pour le prix biennal extraordinaire de 20000 francs, fondé par l'Empereur. D'après le décret qui l'institue, ce prix est « attribué tour à tour, à partir de 1861, à l'œuvre ou à la découverte la plus propre à honorer ou à servir le pays, qui se sera produite dans les dix dernières années, dans l'ordre spécial que représente chacune des cinq académies. »

C'est donc l'Institut qui, par un vote général, décerne ce prix; mais chacune des académies est chargée à son tour de présenter aux autres classes l'homme et l'œuvre

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qu'elle en juge dignes. C'était à l'Académie française à faire la première cette difficile désignation.

Trois candidatures furent produites et vivement soutenues. La première et la plus inattendue fut celle de l'il· lustre et féconde romancière George Sand. MM. Alfred de Vigny et Sainte-Beuve défendirent vivement les droits du talent littéraire aux récompenses littéraires, sans qu'il soit fait acception de la moralité ou de l'immoralité des œuvres. L'Académie pouvait bien couronner même l'auteur de Lélia, puisqu'elle avait reçu autrefois dans son sein l'auteur de la Guerre des Dieux. Des membres plus austères répondirent qu'un premier scandale n'en autorisait pas un second, et le nom de Mme Sand fut écarté par un premier vote de la majorité. Elle avait pourtant réuni dans le sanctuaire des immortels une minorité honorable, et la presse et le public prirent parti pour elle avec une vive sympathie.

Restaient deux candidats très-estimables: un historien, M. H. Martin, l'auteur de cette belle Histoire de France, entreprise, achevée, refaite avec tant de courage et de mérite, et un philosophe, M. Jules Simon, dont les beaux livres, à la fois éloquents et hardis, ont tant fait, dans ces dernières années, pour la propagation des sentiments du droit et du devoir. La lutte à peu près égale entre leurs partisans, fit reprendre courage aux chevaliers de Mme Sand, et voici, d'après les journaux quotidiens, comment l'Académie revint sur son premier vote contre elle.

Un intérêt de plus en plus vif s'attache aux débats qui ont lieu au sein de l'Académie française pour la désignation d'un candidat au prix de 20 000 francs, institué par l'Empereur. A la dernière séance, jeudi dernier, les titres de M. Henri Martin y avaient été débattus longuement. Puis, au moment de voter sur ce candidat, comme on l'avait fait pour Mme George Sand (qui avait été écartée par 18 voix contre 7), quelques membres ont demandé qu'on sursît au vote, qui pouvait être fatal à M. Henri Martin, si l'Académie se prononçait dans le même sens que sa

commission; ils ont insisté pour que l'on passât à la discussion des titres de M. Jules Simon, afin de s'éclairer par la comparaison.

Cette motion d'ordre a été vivement combattue, notamment par les partisans de Mme Sand, à qui un premier vote d'élimination avait été fatal. Toutefois, on a fini par adopter la nouvelle marche de la discussion, à la condition que la décision prise contre Mme George Sand serait annulée et qu'on pourrait de nouveau voter pour l'auteur de la Mare au Diable.

Les trois candidats remis en présence, l'Académie était exposée à tourner, comme il lui est arrivé plusieurs fois pour ses élections, dans le cercle d'un scrutin sans fin. Un membre fit remarquer que les académiciens n'étaient pas exclus du concours, et proposa pour le prix de 20 000 francs, un de ses collègues, M. Thiers, auteur de l'Histoire du Consulat et de l'Empire, œuvre qui répondait aux conditions du programme impérial. Heureuse de sortir d'une impasse, sans sacrifier son candidat d'adoption à un candidat combattu d'abord, chaque minorité se rallia au nouveau choix proposé, et l'œuvre de M. Thiers, proclamée, aux termes du décret, « la plus propre à honorer ou à servir le pays, » fut présentée, pour le prix de 20 000 fr., au vote général de l'Institut qui ratifia le choix de l'Académie française.

Voici en quels termes, d'après le Moniteur, M. Ch. Giraud, président de l'Institut, notifia à M. Thiers le suffrage dont il avait été l'objet :

Paris, le 3 juillet.

Monsieur et très-honoré confrère, J'éprouve une vive et particulière satisfaction en vous annonçant que l'Institut, dans son assemblée générale du 29 mai, dont le procès-verbal a été approuvé dans la séance de ce jour, a sanctionné la désignation faite par l'Académie française de votre Histoire du Consulat et de l'Empire pour le prix décennal de 20 000 francs, que l'Institut doit décerner dans la séance publique du mois d'août.

Les circonstances particulières dans lesquelles ce suffrage

s'est produit, et les sentiments qui se sont manifestés, en ce qui touche votre grand et bel ouvrage, ajouteront un éclat glorieux au succès qui a consacré, en France et en Europe, ce monument magnifique et vraiment national de notre littérature historique.

Veuillez agréer, monsieur et cher confrère, l'hommage de ma très-haute considération et de mon dévouement affectueux. Le président de l'Institut,

CH. GIRAUD.

Voici quelle fut la réponse de M. Thiers:

Paris, 7 juillet.

Monsieur le président et cher confrère,

J'ai reçu la communication par laquelle vous m'annoncez la décision de l'Institut, qui, sur la proposition de l'Académie française a décerné le prix décennal à mon Histoire du Consulat et de l'Empire. Je vous remercie de cette communication, et vous prie d'être auprès de l'Institut l'interprète de ma vive gratitude. Aucune distinction ne pouvait me flatter davantage et me récompenser plus amplement d'un travail de vingt années.

L'avenir seul peut assurer la destinée des œuvres de l'esprit ; mais si, en attendant cet avenir inconnu, il est une autorité qui pût m'inspirer l'espérance d'avoir approché à quelque degré du but que l'historien doit s'efforcer d'atteindre, c'est le suffrage du plus illustre corps savant du monde civilisé. Je réitère donc à l'Institut tout entier l'expression de ma sincère reconnaissance.

Je vous prie aussi, monsieur le président, de lui faire part d'une résolution qui, je l'espère, aura son approbation: c'est, en acceptant le prix fondé par l'Empereur, de laisser la somme de 20 000 francs consacrée à l'encouragement des lettres. Je me propose en effet de prier l'Académie française (à qui le prix appartient dans cette partie de la période décennale) de vouloir bien accepter cette somme de 20 000 francs pour en consacrer le revenu à des prix qu'elle décernera suivant un règlement dont elle tracera elle-même les dispositions.

Veuillez, monsieur le président, recevoir l'hommage de ma haute considération, et en ce qui vous est particulier, la nouvelle assurance de mon ancien attachement.

A. THIERS.

On a raconté que l'Empereur, pour répondre à la sympathie générale qui avait accueilli la candidature de George Sand, lui offrit la valeur du prix que des scrupules avaient empêché l'Académie française de lui décerner. Il a circulé une lettre de la célèbre romancière, confirmant le bruit de cette offre qu'elle n'avait pas cru devoir accepter.

Bornons-nous maintenant à transcrire la liste des prix littéraires décernés par l'Académie française, dans sa séance publique annuelle du mois d'août.

Prix de poésie.

L'Académie avait proposé pour sujet d'un prix de poésie à décerner en 1861, l'Isthme de Suez.

Le prix a été décerné à la pièce de vers dont l'auteur est M. Henri de Bornier.

Une mention honorable a été décernée à la pièce de vers dont l'auteur est M. Ernest Boysse.

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Prix destinés aux ouvrages les plus utiles aux mœurs. L'Académie française décerne un prix de 3000 francs :

A M. Ch. Lévêque, pour son ouvrage intitulé: La Science du beau, étudiée dans ses principes, dans ses applications, dans son histoire, 2 vol. in-8.

Deux médailles de 2500 francs,

A M. Mézières, pour son ouvrage intitulé : Shakespeare, ses œuvres et ses critiques, 1 vol. in-8;

A M. Baudrillart, pour son ouvrage intitulé: Des rapports de la morale et de l'économie politique, 1 vol. in-8.

L'Académie décerne une médaille de 2000 francs au poëme de Miréïo, en dialecte provençal, par M. Mistral.

Cinq médailles de 2000 francs,

A l'ouvrage de feu M. Tonnellé, intitulé : Fragments sur l'Art et la Philosophie, 1 vol. in-8.

A M. Xavier Marmier, pour son ouvrage intitulé: Gazida, 1 vol. in-12;

A M. Maignen, pour son recueil de poésies, intitulé : Rustiques, 1 vol. in-12;

A M. Louis Ratisbonne, pour son ouvrage intitulé: La Comédie enfantine, 1 vol. in-8.

A M. Jules Lecomte, pour son ouvrage intitulé : la Charité à Paris, 1 vol. in-12.

Prix extraordinaire provenant des libéralités de M. de Mon

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