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ELIZABETH. (8 Juillet.) l'église des Cisterciens d'Odiveras où le prince avoit choisi sa sépulture. Elle resta là un temps assez considérable; après quoi elle fit un pélerinage à Compostelle, d'où elle revint à Odiveras pour célébrer l'anniversaire du roi.

La cérémonie finie, elle se retira dans un monastère de Clarisses, qu'elle avoit commencé à faire bâtir dès avant la mort du roi. Elle désiroit s'y consacrer à la pénitence par la profession religieuse; mais elle en fut d'abord détournée par des motifs de charité pour le prochain, et surtout pour les pauvres. Ainsi elle se contenta de porter l'habit du tiers-ordre de saint François, et de vivre dans une maison attenante au monastère, où elle rassembla quatre-vingt-dix_ religieuses; elle les visitoit souvent, et les servois quelquefois à table avec Béatrix sa belle-fille (6).

La guerre s'étant allumée entre Alphonse IV surnommé le Brave, roi de Portugal, et Alphonse XI, roi de Castille, les deux princes se hâtèrent de lever chacun une armée. Cette nouvelle pénétra la sainte d'une vive douleur. Elle résolut de prévenir les malheurs de la guerre en éteignant le feu de la discorde. Comme on vouloit lui persuader de différer son voyage à cause de la chaleur, elle répondit qu'il n'y auroit peut-être jamais de circonstance où elle dût être plus disposée à faire le sacrifice de sa vie, s'il le falloit. A peine eut-on appris qu'elle étoit en route, quo l'animosité diminua dans les cœurs. Enfin elle arriva à Estremoz, sur les frontières de Portugal et de Castille, où étoit son fils, qu'elle exhorta

(6) Plusieurs monumens authentiques prouvent que sainte Elizabeth se fit religieuse avant sa mort, dans l'ordre dont nous parlons; et le pape Urbain VIII l'a déclaré d'après l'exacte discussion de ces monumens, Consist. 58. Cum sicut, an. 1626, Bullarii Rom. t. III, p. 120.

fortement à faire la paix, et à mener une vie sainte.

La fièvre dont elle fut prise en arrivant annonça bientôt qu'elle touchoit à la fin de sa vie. Elle se confessa plusieurs fois, reçut le saint viatique à genoux, et aux pieds de l'autel, puis le sacrement de l'extrême-onction. Elle montra pendant toute sa maladie une grande dévotion pour la sainte Vierge, quelle invoquoit très-fréquemment, et elle paroissoit remplie de joie et de consolation intérieure. Elle mourut entre les bras de son fils et de sa belle-fille, le 4 Juillet 1336, à l'âge de 65 ans. On l'enterra chez les Clarisses de Coïmbre, et il s'opéra plusieurs miracles à son tombeau. En 1612, on leva de terre son corps, qui se trouva entier, et qui est présentement renfermé dans une châsse magnifique. Urbain VIII canonisa la servante de Dieu en 1625, et fixa sa fête au 8 de Juillet.

L'amour de la paix fut la vertu distinctive de sainte Elizabeth. Elle avoit lu dans l'évangile que l'esprit de Jésus-Christ est un esprit d'humilité, de douceur, et conséquemment un esprit de paix. Elle avoit lu encore dans les livres saints, que les dissensions, les querelles et les disputes sont les œuvres de la chair; qu'elles ont pour principe l'envie et l'orgueil, et qu'elles excluent du royaume des cieux. Enfin elle savoit que l'aigreur et l'animosité éteignent les lumières de la raison ; qu'elles rendent l'ame insensible aux motifs que la foi suggère, et qu'elles donnent à plusieurs péchés une entrée libre dans l'entendement.

Nous devons donc, pour acquérir la paix, être doux et patiens au milieu même des plus violentes épreuves; ne nous venger d'aucun affront, point rendre le mal pour le mal, mais faire du

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bien à nos ennemis; regarder toute passion comme un monstre, n'en point suivre les impressions, tâcher de l'étouffer dès sa naissance, enfin la détester non seulement comme un péché, mais comme la source de mille péchés. Souvenons-nous de ce qui est écrit: Bienheureux sont les pacifiques, c'est-à-dire, ceux qui aiment la paix et l'entretiennent parmi les hommes; ils seront appelés les enfans de Dieu, dont ils portent la ressemblance.

S. PROCOPE, MARTYR EN PALESTINE.

SAINT PROCOPE étoit né à Jérusalem; mais il se retira à Bethsan, autrement appelée Scythopolis, où il fut ordonné lecteur et exorciste : il y fut aussi chargé d'expliquer la langue grecque en syrochaldaïque (a). C'étoit, au rapport de l'auteur de ses actes, un homme divin, qui avoit toujours vécu dans une chasteté perpétuelle, dans la patience et dans la pratique des plus grandes austėrités. Du pain et de l'eau faisoient toute sa nourriture, encore passoit-il souvent deux ou trois jours sans manger. Il possédoit parfaitement les sciences des Grecs; mais il étoit encore plus versé dans la connoissance des livres saints, par la lecture et la méditation desquels il nourrissoit et fortifioit son ame.

Les édits de Dioclétien contre le christianisme étant arrivés en Palestine au mois d'Avril de l'an

(a) Grotius et d'autres auteurs ont prouvé que la langue grecque étoit commune en Palestine dans les premiers siècles de l'église; mais elle n'étoit pas pour cela entendue du petit peuple, de celui sur-tout qui demeuroit à la campagne. Ce fut pour cela qu'Eusèbe écrivit en syro-chaldaïque les actes des martyrs de la Palestine. Il en fit un abrégé en grec, qu'il inséra dans le huitième livre de son histoire ecclésiastique.

née 303, Procope fut le premier des fidèles du pays qui versa son sang pour Jésus-Christ. On l'arrêta à Bethsan, et on le conduisit à Césarée avec plusieurs autres Chrétiens. Paulin, gouverneur de la province, auquel il fut présenté, lui ordonna de sacrifier aux dieux (b); mais le Saint lui répondit qu'il n'obéiroit point à cet ordre, et cela avec une telle fermeté, qu'il déconcerta le juge. Il ajouta ensuite qu'il n'y avoit qu'un Dieu créateur et conservateur du monde. Paulin lui ayant dit de sacrifier aux empereurs, c'est-à-dire, à Dioclétien, à Hercule, à Galère et à Constance, il refusa aussi de le faire. Le gouverneur, désespérant de pouvoir le vaincre, le condamna à être décapité. Saint Procope est honoré chez les Grecs avec le titre de grand martyr.

Voyez ses actes originaux écrits en chaldaïque, et publiés par M. Etienne Assémani, t. 11, p. 166. On doit ajouter moins de foi à l'ancienne traduction latine qui a été donnée par D. Ruinart, et par Henri de Valois, Not. in Euseb. 1. 8. Eusèbe de Césarée, auteur de ces actes, fut témoin oculaire de ce qu'il rapporte.

S. KILIEN, ÉVÊQUE, S. COLMAN, PRÊTRE, ET S. TOTNAN, DIACRE, MARTYRS.

SAINT KILIEN, autrement appelé saint Kuln, étoit un moine irlandois qui sortoit d'une illustre famille. Il fit un voyage à Rome en 686, avec le prêtre Colman et le diacre Totnan, et ils furent tous trois chargés par le pape d'aller prêcher l'évangile aux Germains idolâtres qui habitoient la Franconie. Le souverain pontife sacra Kilien évêque avant son départ, afin qu'il eût plus d'autorité. Les trois missionnaires convertirent un grand

(6) Les anciens actes latins de saint Procope nomment le gouverneur, Flavien ou Fabien; mais c'est une faute, qui est venue de ce que le nom syriaque étoit écrit sans voyelles.

nombre d'infidèles à Wurtzbourg. Le duc Gosbert reçut aussi le baptême.

Ce prince avoit épousé Geilane, sa belle-sœur, qui étoit veuve, et il l'aimoit tendrement; mais saint Kilien lui ayant représenté que de tels mariages étoient contraires à la loi de Dieu, il promit de renvoyer Geilane, reconnoissant qu'on doit aimer Dieu plus que son père, sa mère ou sa femme. Malheureusement celle qu'il avoit épousée ne pensoit pas de la même manière; elle se livra à tout ce que la jalousie et l'ambition peuvent inspirer de plus furieux ; et comme la vengeance d'une méchante femme ne connoît point de bornes, elle profita, en 688, de l'absence du duc pour faire assassiner les trois missionnaires. Burchard, qui fut évêque de Wurtzbourg dans le siècle suivant, fit transférer dans sa cathédrale les reliques des saints martyrs. En 1713, on voyoit, dans le trésor de l'électeur de Brunswick-Lunebourg, une belle châsse qui contenoit une portion de celles de saint Kilien.

Voyez les actes des trois saints martyrs, recueillis dans le onzième siècle, par Egilward, moine de Saint-Burchard de Wurtzbourg. Surius les a donnés, mais imparfaits, dans son quatrième tome on les trouve entiers dans Canisius, t. IV, part. 2, p. 628, et t. III, p. 174, edit. Basn.; parmi les Opuscules de Serrarius, imprimés Mayence en 1611; dans la collection des écrivains de Wurtzbourg, publiée par Ludewig, p. 966; dans Mabillon et les Bollandistes. Voyez aussi Sollier, t. II, Julii, p. 600, et le Thesaurus reliquiarum, electoralis Brunswico-Luneburgicus, Hannoveræ, 1713.

S.te WITHBURGE, VIERGE EN ANGLETERRE. CETTE Sainte étoit la plus jeune des filles d'Anna, roi des Est-Angles. Elle se consacra dès sa jeunesse au service de Dieu, et mena plusieurs années une vie pénitente et retirée à Holkam, dans le comté de Norfolk, où l'on bâtit depuis une

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