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» geuse de Félicité...... Nous pleurons sans cesse lorsque Dieu nous redemande les enfans qu'il » nous avoit donnés, tandis que Félicité s'attriste >> que les siens ne meurent pas pour Jésus-Christ, >> et se réjouit de les voir sceller leur foi par l'ef» fusion de leur sang. »

On entend tous les jours les parens se plaindre des désordres de leurs enfans: ils doivent surtout s'en prendre à leur négligence et à leurs mauvais exemples. Que n'imitent - ils le zèle de sainte Félicité? Qu'ils s'appliquent à former à la vertu ces tendres plantes dont la culture leur a été confiée, et leurs peines seront récompensées, dès cette vie, par les plus douces consolations. Ils compteront alors autant de Saints dans leur famille, qu'ils auront mis d'enfans au monde.

S.te RUFINE ET S.te SECONDE,

VIERGES ET MARTYRES.

CES deux Saintes étoient de Rome, filles d'Astérius, homme de famille sénatorienne. Elles furent promises en mariage, l'une à Armentaire, et l'autre à Vérin, qui tous deux professoient alors le christianisme, mais qui apostasièrent en 257, lors de la persécution de Valérien et de Gallien. Rufine et Seconde rejetèrent avec horreur la proposition qui leur fut faite d'abjurer aussi la religion de Jésus-Christ, et s'enfuirent de la ville; mais ayant été arrêtées, on les conduisit devant Junius Donatus, préfet de Rome, qui, après leur avoir fait souffrir diverses tortures, les condamna à perdre la tête. Elles furent exécutées et enterrées dans une forêt à douze milles de la ville. On bâtit sur leur tombeau une chapelle, à laquelle pape Damase substitua une grande église. Il se

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forma en ce lieu une ville qui fut appelée SylvaCandida, et qui devint un siége épiscopal; mais l'église ayant été détruite par les barbares dans le douzième siècle, l'évêché fut uni à celui de Porto. En 1120, on transporta les reliques des saintes martyres dans la basilique de Latran, près du baptistère de Constantin (a).

Voyez les actes de sainte Rufine et de sainte Seconde, abrégés par Tillemont, t. IV, p. 5, et les remarques de Pinius un des continuateurs de Bollandus, t. III, Julii, p. 28.

S. JACQUES, ÉVÊQUE DE NISIBe.

Tiré de Théodoret, Phil. c. 1, et Hist. l. 1, c. 7; de Gennade, c. 1, et des écrits du Saint. Voyez Tillemont, t. VII, p. 263; Ceillier, t. IV; M. Assémani, Bibl. orient. t. I P. 186; Cuper, un des continuateurs de Bollandus; le Ménologe des Arméniens, imprimé à Venise, sous le 7 du mois de Caghozi, qui répond au 15 Décembre; le Synaxaire des Egyptiens, sous le 18 du mois Tobi, qui répond au 12 de Janvier. Ce synaxaire est de Grégoire de Nariéghad, évêque arménien, qui florissoit en 980, et qui est auteur de plusieurs prières en sa langue naturelle. Vid. Orat. 99 in S. Jacob. in libro precum edito Constantinopoli, an. 1700. Voyez encore Moïse de Chéronée, Hist. Armen. l. 3, art. 7. Cet auteur ne vivoit point dans le cinquième siècle, comme l'ont imaginé ceux qui l'ont confondu avec Moïse le Grammairien, qui, au rapport de Galanus, traduisit la Bible du grec et du syriaque en arménien, sous le règne de Théodosele-Jeune. Il florissoit après l'an 727, dans lequel s'éleva le grand schisme dont il parle dans son histoire, et qui fut causé par Jean IV, patriarche d'Oznium. Voyez le P. Jacques Villote, jésuite, dans son dictionnaire arménien, in serie Patriarcharum.

L'AN 350.

SAINT JACQUES, un des plus célèbres docteurs de l'église syriaque, étoit de Nisibe (a) en Méso

(a) On conserve le corps entier d'une sainte Rufine, vierge et martyre, dans l'église abbatiale de Schwartzach, ordre de saint Benoît, au diocèse de Strasbourg. On ignore si c'est la Sainte dont nous parlons. On y fait la fête de la translation de ses reliques, le 27 d'Août.

(a) Nisibe étoit le nom assyrien de cette ville. Elle fut ap

potamie, pays qui faisoit partie de l'empire d'Orient. La nature lui avoit donné un beau génie, qu'il cultiva par une application infatigable au travail. Lorsqu'il se fut suffisamment instruit des sciences humaines, il tourna ses études du côté de l'écriture sainte. A peine fut-il entré dans le monde, qu'il aperçut que les partisans de ses maximes étoient dominés par l'ambition, par la vanité, par l'amour du plaisir ; qu'on y vivoit dans un tumulte continuel; qu'on n'y trouvoit point le temps de rentrer en soi-même, et qu'on y négligeoit la plus importante de toutes les affaires. La vue de tant de dangers le pénétra d'une vive frayeur; il résolut d'assurer son salut par la fuite, ou du moins d'aller se fortifier dans la solitude, pour être ensuite plus en état de résister aux efforts de ses ennemis.

Il choisit pour sa demeure de hautes montagnes. Pendant l'hiver, il y vivoit dans une grotte souterraine; le reste de l'année, il le passoit dans les bois, continuellement exposé à l'air. Il joignoit de grandes austérités à l'exercice de la prière, qu'il n'interrompoit jamais, au moins dans la disposition du cœur. Des racines et des herbes crues faisoient toute sa nourriture. Il n'avoit d'autre vêtement qu'une tunique et un manteau faits l'un et l'autre de poil de chèvre. Malgré le soin qu'il pelée par les Grecs Antioche de Mygdonie, à cause de la rivière de Mygdon, sur le bord de laquelle elle étoit située, et qui donna son nom au territoire. Elle se nommoit anciennement Achar ou Achab, et étoit un des siéges de l'empire de Nemrod. Ce prince, dit saint Jérôme, qu. in Genes. c. 10, n. 10, régna à Arach, c'est-à-dire à Edesse, et à Achab, qui s'appelle présentement Nisibe. Saint Ephrem avoit fait la même observation avant saint Jérôme. « Nemrod, dit-il, » régna à Arach, qui est Edesse, et à Achab, qui est Nisibe, et à Calanne, qui est Ctesiphon, et à Rehebot, qui est » Adiab. Comment. in Genes. » Voyez M. Assémani, Bibl. orient. t. II, diss. de Monophysitis.

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Tome VI.

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prenoit de se cacher, il fut à la fin découvert. Plusieurs personnes grimpoient sur les rochers escarpés qu'il habitoit, pour se recommander à ses prières, et le consulter sur les affaires de leur conscience. Ayant été favorisé du don des miracles et de celui de prophétie, il en donna diverses preuves dans un voyage qu'il fit en Perse pour visiter les églises qui venoient d'y être fondées, et pour fortifier les nouveaux convertis, alors cruellement persécutés par les ennemis du christianisme. Sa présence ranima le courage de ceux qui chanceloient, et leur inspira un déșir ardent de mourir pour la défense de la foi; il amena aussi plusieurs idolâtres à la connoissance de l'évangile.

On ne peut douter qu'il n'ait souffert pour la foi durant la persécution de Maximin II. En effet, Gennade le met au nombre de ceux qui confessèrent Jésus-Christ sous ce prince. Nicéphore le nomme aussi parmi les saints évêques du concile de Nicée, qui portoient les marques glorieuses des tourmens qu'ils avoient endurés pour le nom du Seigneur.

Sa grande réputation de sainteté le fit élever sur le siége épiscopal de Nisibe. Il continua toujours le genre de vie qu'il menoit sur les montagnes; il ajouta à ses jeûnes et à ses autres austérités, une exactitude extrême à remplir les devoirs que lui imposoit sa dignité. La conversion des pécheurs et la persévérance des justes étoient deux objets qui l'occupoient continuellement. Il avoit aussi un grand soin des pauvres; sa charité, pour eux alloit si loin, qu'il sembloit ne rien pos séder que pour soulager leurs misères. On lit dans les actes de saint Miles et de ses compagnons, martyrs de Perse, qu'il fit bâtir à Nisibe une église

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magnifique; que saint Miles étant venu dans cette ville, passa quelque temps avec le saint évêque; qu'il fut singulièrement frappé de la beauté de 'église, et qu'après son retour à Adiab, il envoya à saint Jacques une grande quantité d'étoffes de soie pour faire des ornemens qui servissent à la célébration du culte divin.

Entre autres miracles de saint Jacques de Nisibe, Théodoret rapporte le suivant (1). Un jour que le Saint étoit en voyage, une troupe de mendians vint l'aborder. Ces malheureux, pour tirer de lui quelque argent, prétendirent qu'ils n'avoient point de quoi faire enterrer un de leurs compagnons, qu'ils montrèrent étendu par terre, et qu'ils disoient mort, quoiqu'il fût plein de vie. Le serviteur de Dieu leur donna ce qu'ils deman doient; puis il se mit en prières pour obtenir à celui qu'il croyoit mort la rémission des péchés qu'il avoit commis pendant sa vie, et le bonheur d'être reçu dans la compagnie des Saints. Aussi tôt qu'il fut parti, les mendians coururent à leur camarade, afin de partager avec lui le butin qu'ils venoient de faire; mais ils furent étrangement surpris de le trouver véritablement mort. Saisis de douleur et de crainte, ils jettent de grands cris, ils courent après l'homme de Dieu, se prosternent à ses pieds, lui demandent pardon de leur faute, le conjurent d'avoir pitié d'eux, et de rendre la vie à leur infortuné camarade. Le Saint, attendri par leurs prières et leurs larmes, les reçoit avec bonté, et ressuscite le mort.

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Arius ayant semé ses dogmes impies en plu sieurs endroits, saint Jacques sut préserver son église de la contagion du mal, et mit tout en œuvre pour étouffer l'hérésie naissante. Il assista (1) Philoth. seu Hist, relig. c. 1, p. 767.

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