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en 325 au concile de Nicée, comme l'assure Théodoret et Gennade; il se trouva aussi à celui qui se tint à Antioche, sous saint Eustathe, vers l'an 326. Il étoit à Constantinople en 336, lorsque. Constantin ordonna à saint Alexandre, évêque de cette ville, de quitter son siége, s'il ne vouloit pas communiquer avec Arius. Cet hérésiarque en avoit imposé au prince par une confession de foi artificieuse et pleine d'hypocrisie. Durant les troubles qui s'élevèrent à cette occasion, saint Jacques exhorta le peuple à recourir à Dieu par le jeûne et la prière. Huit jours après, c'est-à-dire, le dimanche même où l'on devoit recevoir Arius à la communion, cet impie fut trouvé mort dans un lieu secret où il étoit allé pour satisfaire aux besoins de la nature.

Le plus célèbre de tous les miracles de saint Jacques de Nisibe est celui par lequel il délivra sa ville épiscopale de la fureur des barbares. Il est rapporté par Théodoret, dans son histoire religieuse (b) et dans son histoire ecclésiastique; par Théophane; par l'auteur de la chronique d'Alexandrie, et par Philostorge lui-même (2), qui, étant Arien, ne peut être soupçonné d'avoir été trop favorable au saint évêque.

Sapor II, roi de Perse, assiégea deux fois Nisibe, tandis que saint Jacques en étoit évêque. On met le premier de ces siéges en 338, peu après la mort de Constantin-le-Grand (c), dont la valeur avoit

(6) Le P. Cuper pense que la relation de cet événement, qui se trouve dans l'histoire religieuse de Théodoret, est une addition postérieure tirée de quelque autre endroit. Voyez le savant Bollandiste, t. IV, Jul. in comment. prævio ad vitam S. Jacobi, n. 12 et 17.

(2) Hist. l. 3, c. 23.

(e) Ce prince mourut le 22 Mai 337, après avoir régné trente-neuf ans neuf mois et vingt-sept jours.

toujours tenu les barbares en respect. L'armée des Perses étoit composée d'une multitude innombrable de troupes de cavalerie et d'infanterie; ils avoient aussi un grand nombre d'éléphans et de machines de guerre de toute espèce: mais après soixante-trois jours de siége, Sapor fut obligé de se retirer ignominieusement, et de retourner dans ses états. Son armée, fréquemment harcelée par l'ennemi, et épuisée de fatigues, périt à la fin par la famine et par le ravage de diverses maladies épidémiques (3).

Dix ans après, les Perses tombèrent de nouveau sur les terres des Romains : ils surent profiter de l'avantage que leur donnoient la pusillanimité et la mauvaise conduite de l'empereur Constance. Fiers du butin immense qu'ils avoient fait, ils vinrent, en 350, mettre le siége devant Nisibe. S'étant emparés de toutes les avenues, ils firent leurs approches avec une furie qui n'a point d'exemples. Ils tournèrent d'abord leurs machines contre les murailles, qu'ils sapèrent avec une ardeur à laquelle rien ne paroissoit devoir résister. Tous leurs efforts furent pourtant inutiles. Après soixante-dix jours de fatigues, qui n'avoient produit aucun effet, ils construisirent, à une distance considérable de Nisibe, une écluse pour arrêter le fleuve Mygdonius qui passoit à travers cette ville; ils l'abattirent ensuite lorsque l'eau fut à une trèsgrande hauteur; en sorte que la violence avec laquelle elle vint frapper une des murailles, y fit une large brèche. Aussitôt ils poussèrent des cris de joie, s'imaginant être vainqueurs; ils différèrent toutefois l'assaut au lendemain, à cause de l'inon

(3) Philostorge, Hist. l. 3, c. 23 ; Chron. Alexand. p. 287; saint Jérôme, in Chron. ; Théophane, p. 28. Voyez M. le Beau, Hist. du Bas-Empire, l. 6, n. 11, t. II, p. 22. る

dation qui les empêchoit d'approcher : mais ils furent singulièrement étonnés de ne plus voir de brèche; les assiégés avoient élevé une nouvelle muraille avec une promptitude surprenante; ils avoient été excités au travail par leur saint évêque, qui, pendant tout ce temps-là, étoit resté en prière dans l'église. Sapor s'avançant en personne, s'imagina voir sur le rempart un homme qui avoit tout l'extérieur d'un roi, et dont la pourpre et le diadême jetoient un éclat extraordinaire; il crut que c'étoit l'empereur Constance, et menaça de mort ceux qui lui avoient dit que ce prince étoit à Antioche. Sur les nouvelles assurances qu'on lui donna que l'empereur des Romains n'étoit réellement point à Nisibe, et convaincu que le ciel combattoit pour ses ennemis, il lança un javelot en l'air, comme pour se venger de ce que la Divinité sembloit prendre parti contre lui. Saint Ephrem, qui étoit pour lors à Nisibe, pria saint Jacques d'aller sur le rempart considérer l'armée des Perses, et de demander à Dieu la défaite de ces infidèles. Le saint évêque, qui ne désiroit la destruction de personne, se contenta de prier Dieu de délivrer la ville des malheurs d'un si long siége. Etant monté sur le haut d'une tour, d'où il découvroit la plaine toute couverte d'hommes et d'animaux, il dit, le visage tourné vers l'ennemi: Seigneur, qui pou» vez par les plus foibles moyens humilier l'or» gueil de vos ennemis, défaites cette multitude » que je vois par une armée de moucherons, »> Cette prière fut exaucée, et l'on vit renouveler le prodige que Moyse avoit autrefois opéré en Egypte pour la délivrance du peuple d'Israël (4). A peine le Saint eut-il cessé de parler, qu'un horrible essaim de mouches vint s'attacher aux trompes (4) Sap. XVI, 9.

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des éléphans, ainsi qu'aux oreilles et aux narines des chevaux. L'aiguillon de ces insectes rendit ces animaux furieux; ils renversèrent par terre ceux qui les montoient, et mirent en désordre toute l'armée des Perses (5). Une grande partie de ces peuples fut emporté par la famine, et la peste qui survint bientôt après. Sapor, outré de désespoir, mit le feu à ses machines, abandonna le siége qui duroit depuis plus de trois mois, et prit la route de Perse avec les débris de son armée.

Le même prince reçut un troisième échec devant les murs de Nisibe, en 359 (6). Pour s'en venger, il tourna ses armes contre Amide, emporta cette ville, et en fit passer la garnison et la plus grande partie des habitans au fil de l'épée (d). Ceux de Nisibe attribuèrent leur délivrance à l'intercession de saint Jacques, qui, selon la plus commune opinion, étoit passé de ce monde dans le séjour de la gloire avant ce dernier siége: il mourut, au rapport de Gennade, sous le règne de Constance, dont la mort arriva en 361 (e). La plupart des

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(5) Theodoret, Hist. relig. in vita S. Jacobi, et Hist. eccl. 1. 2, c. 30; Théophane, p. 33; Chron. Alexand. Philostorge, 1. 3, c. 32; Zozime, l. 3; Zonare, t. II, p. 44; M. le Beau, t. II, p. 127.

(6) Ammien-Marcellin, l. 18, c. 7; Zonare, t. II, p. 20; Antonelli, in vit. $. Jac.

26.

(d) Tillemont, Hist. des Emp. t. IV, p. 674, met le second siège de Nisibe en 346, et le troisième en 350; mais les dates que nous suivons s'accordent mieux avec l'histoire, et sont munies du suffrage de la plupart des critiques modernes.

(e) MM. Assemani (les deux ainés), mettent la mort de saint Jacques en 338, peu après le premier siége de Nisibe, auquel ils attribuent toutes les circonstances qui sont ordinairement attribuées au second. En effet, Théodoret confond ces deux sièges, comme l'ont observé plusieurs auteurs, notamment Garnier, in hunc Theodoreti locum; Petau, in Or. 1, Julian.; Henri de Valois, in Hist. eccles.; Théodoret et Ammien-Marcellin, l. 18; Pagi et Tillemont. 'MM. Assémani confirment la chronologie qu'ils adoptent, par le témoignage exprès des auteurs des deux chroniques syriaques, de celle

modernes mettent celle de saint Jacques en 350, peu après le second siége de Nisibe.

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Les fidèles avoient tant de confiance en l'intercession du saint évêque, qu'ils crurent que Nisibe seroit à l'abri de la fureur des barbares, si elle possédoit sa dépouille mortelle. Ce fut pour cela que l'empereur Constance, quoique Arien, donna qu'on enterrât le corps de saint Jacques dans l'enceinte de la ville, ce qui étoit contraire aux lois qui s'observoient alors exactement à ce sujet. En 361, Julien-l'Apostat, enviant au Saint le privilége honorable dont il avoit joui, fit ôter son corps de la ville. L'empereur Jovien ayant acheté la paix des Perses, en leur cédant Nisibe avec cinq provinces romaines situées sur le Tigre, et une grande partie de la Mésopotamie, les fidèles l'emportèrent en se retirant de Nisibe. Ces précieuses reliques furent transférées à Constantinople vers l'an 970, selon l'auteur du ménologe des Arméniens, imprimé à Venise.

Le nom de saint Jacques de Nisibe est célèbre dans les églises d'Orient et d'Occident. Les Latins font sa fête le 15 de juillet; les Grecs, le 13 de Janvier et le 31 d'Octobre; les Syriens, le 18 de Janvier, et les Arméniens, un samedi du mois de Décembre. Ces derniers l'honorent avec autant de solennité que les Syriens, et jeûnent les cinq jours qui précèdent sa fête, aussi rigoureusement qu'en d'Edesse, et de celle de Denys, patriarche des Jacobites. (Sim. Assém. Bibl. orient. t. 1, c. 5, p. 17, et Step. Evod. Assem. in Op. S. Ephrem, t. I.) Mais ces chroniques ne nous paroissent point avoir assez d'autorité pour contre-balancer le témoignage des historiens grecs. Les circonstances d'ailleurs nous persuadent que saint Jacques survécut au second siége de Nisibe, et elles ont déterminé Tillemont et Ceillier à mettre sa mort en 350. Cuper, un des continuateurs de Bollandus, n'en fixe pas l'année, se contentaut de la placer entre les années 350 et 361.

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