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carême. Ils chantent dans son office des hymnes composées par Niersès IV, patriarche d'Arménie, dit de Ghelaia, qui soutint généreusement, dans le douzième siècle, l'union des Grecs avec l'église latine contre l'empereur Michel Comnène, et que les Arméniens catholiques révèrent parmi les Saints (7).

Saint Jacques est mis, comme saint Ephrem, au nombre des plus célèbres docteurs de l'église de Syrie. Quoique Syrien de naissance, il composa divers traités dans la langue des Arméniens pour l'instruction de ces peuples, et cela à la prière d'un saint évêque nommé Grégoire. Nous avons encore la lettre que Grégoire écrivit à ce sujet à saint Jacques. Il lui promet d'aller le voir, et de passer quelque temps avec lui, afin de se perfectionner par ses leçons dans la connoissance et la pratique de la vertu. Daignez, lui dit-il, me donner quelques courtes instructions, et m'apprendre quel est le véritable fondement de la vie spirituelle de la foi. Enseignez-moi par quels moyens nous devons élever l'édifice de nos ames, par quelles bonnes œuvres et quelles vertus on doit l'achever et le porter à sa perfection. Saint Jacques fit ce que Grégoire lui demandoit, et composa les beaux discours que nous avons encore, et dont nous parlerons bientôt.

La protection visible que Dieu accorde à ses serviteurs doit nous exciter à mettre en lui notre confiance. Quand bien même, leur dit-il, une mère oublieroit le fruit de ses entrailles, jamais je ne vous oublierai. Il les assure qu'il sera toujours leur

Histor.

(7) Voyez sur saint Niersès, Galanus, in part. 1, Conc. Armen. cum Roman. p. 239, et le P. Jacques Villote, jésuite, in serie Chron. Patriarch. Armeniæ, ad calcem Diction. latino-armeno.

appui, leur refuge, leur défenseur (8). Sur quoi saint Chrysostôme s'écrie (9) : « Je dis à tous les hommes, à haute voix, et puissent mes paroles » se faire entendre plus loin que le son des trom» pettes un bon chrétien n'a rien à craindre sur » la terre, ni de la part des autres hommes, ni de › la part des tyrans, ni de la part du démon. Si » Dieu est pour nous, qui sera contre nous? » Que la conduite du Seigneur à l'égard des méchans est bien différente ! Il ne les regarde plus comme son peuple; il ne veille point sur eux avec une providence spéciale; il les traite comme une vigne stérile et abandonnée (10); il est leur ennemi, s'il jette les yeux sur eux, c'est pour ·le mal, et non pour le bien (11). Quel repos et quelle consolation pourroit goûter un pécheur qui sait qu'un bras tout-puissant est sans cesse armé contre lui ?

Notice des écrits de saint Jacques de Nisibe.

et

Saint Grégoire, auquel sont adressées les dix-huit instructions ou discours de saint Jacques de Nisibe, n'est point l'apôtre d'Arménie, surnommé l'Illuminateur, comme quelques nommé copistes l'ont imaginé ; il paroît que c'est son neveu, aussi Grégoire. Celui-ci ayant été sacré évêque, prêcha la foi dans l'Albanie, province de la grande Arménie, près de la mer Caspienne, et fut mis à mort par les barbares dans le pays même où Baronius prétend que l'apòtre saint Barthélemi reçut la couronne du martyre. Voyez Galanus, Hist. Eccles. Armen. c. 5, et not. ibid. et M. Antonelli, not. 'in ep. S. Gregor. ad S. Jacob. Nisib. p. 1.

Gennade parle des dix-huit discours de saint Jacques de Nisibe, et en donne les titres, p. 901, t. 11, Oper. S. Hier. Verona, an. 1735. Saint Athanase les appelle des monumens de la simplicité et de la candeur d'une ame apostolique, ep. Encyclic. ad Episc. Ægypti et Lybia. Ils sont loués par les

(8) Ps. XXXII, 16; Prov. III, 23, Zach. II, 8; Gen. XV, 1; Lev. XXXVI, 3.

(9) Hom. 51 in Act. Hom. 15 in Rom. et 91 in Matt.
(10) Os. I, 2; Zach. XI, 9; Isa. V, 5.

(11) Amos, IX, 4.

auteurs arméniens que cite M. Antonelli. Ce savant démontre d'ailleurs que ces discours sont un ouvrage du quatrième siècle.

Dans le premier, qui est sur la Foi, saint Jacques prouve que cette vertu est le fondement de notre édifice spirituel, qui est élevé par l'espérance et la charité; que l'ame chrétienne devient par-là la maison et le temple de Dieu; que ce temple a pour ornemens les bonnes œuvres, comme le jeûne, la prière, la chasteté, et tous les fruits du Saint-Esprit. L'auteur relève la foi par l'autorité de Jésus-Christ, qui l'exige par-tout dans l'évangile ; par son indispensable nécessité, par les vertus héroïques qu'elle produit, par les miracles qu'elle a opérés.

Le second discours traite de la Charité, qui nous fait aimer Dieu et le prochain, dans laquelle consiste l'accomplissement de toute la loi évangélique, qui est la plus excellente de toutes les vertus, et le principe de cette admirable sainteté que Jésus-Christ a recommandée par ses discours et par ses exemples. Le Saint montre que la fin de la doctrine des mystères et des souffrances de l'Homme-Dieu a été d'établir dans nos cœurs le règne de la charitė.

Le troisième discours est sur le Jeûne. Le Saint fait voir que, par la tempérance et la mortification, nous soumettons la chair à l'esprit ; nous mourons à nous-mêmes, nous obtenons la grâce de Dieu et la protection des Anges qui viennent nous assister et combattre pour nous. C'est ce qu'il prouve par des exemples et des passages de l'écriture, p. 60, 61, 62.

Dans son quatrième discours, il traite de la Prière, et donne sur cette matière des maximes admirables. L'excellence de la prière, dit-il, dérive de la pureté, de la ferveur et de la sainteté du cœur, sur lequel le feu céleste descend, et qui glorifie Dieu, même par son silence. « Mais personne ne sera > purifié, à moins qu'il n'ait été lavé dans le bain du baptême, » et qu'il n'ait reçu le corps et le sang de J. C.; car le sang est > expié par ce sang, et le corps purifié par ce corps. Soyez > assidu à la prière, et commencez-la toujours par la formule » que le Seigneur nous a enseignée. Quand vous priez, sou» venez-vous toujours de vos amis, et de moi, qui suis un pécheur. $

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Le cinquième discours, intitulé: De la guerre, est une invective contre l'orgueil, que nous devons travailler à vaincre; et le Saint montre que c'est en cela principalement que consiste cette guerre spirituelle que nous avons à soutenir. Le sixième discours, qui est fort remarquable, porte pour titre Des personnes dévotes, c'est-à-dire, des ascètes. Le mot arménien Ugdavor, qu'emploie le Saint, signifie une personne qui s'est consacrée au Seigneur par vœu. On voit par ce discours que quelques-uns des ascètes vivoient dans la continence, les uns par vou, les autres par la suite d'une

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simple résolution. Saint Jacques les exhorte tous, d'une manière tres-pathétique, à la ferveur et à la vigilance, et il inculqne fortement l'obligation où est chaque chrétien de devenir un homme spirituel formé sur la ressemblance de Jésus-Christ, le second Adam, afin de parvenir à la gloire avec lui. Il reprend certains ascètes qui habitoient avec une femme aussi ascète, par laquelle ils se faisoient servir; pratique qui est aussi sévèrement condamnée par saint Grégoire de Nazianze. Carm. 3, p. 149, et or. 43, p. 701; par saint Basile, ep. 55, p. 149; par saint Chrysostome; par les conciles de Nicée, d'Ancyre, etc. Saint Jacques fut ascète luimême dès sa jeunesse, ainsi que saint Grégoire, auquel il envoya ses discours; et il est clair, par plusieurs passages de saint Basile, de saint Grégoire de Nazianze, etc. que ce genre de vie étoit fort commun dans la Cappadoce, le Pont et l'Arménie, avant que saint Basile y instituât l'état monastique. Voyez M. Antonelli, not. ibid. p. 203.

Dans son septième discours, qui est sur la Pénitence, saint Jacques exhorte les pécheurs à confesser promptement leurs crimes, et dit que de les cacher par honte est le propre de l'impénitence finale. Il ajoute, p. 237, que le prêtre ne peut savoir autrement la confession des pénitens.

Dans son huitième discours, intitulé : De la Résurrection des Morts, il prouve ce dogme important, qui avoit été nié par les infidèles et par les hérétiques des premiers siècles de l'église.

Le neuvième discours, qui traite de l'Humilité, contient un bel éloge de cette vertu, par laquelle nous devenons les enfans de Dieu et les frères de Jésus-Christ. Ce n'est que justice à l'homme de s'humilier, dit le Saint, puisqu'il n'est que cendre. Les fruits de l'humilité sont l'innocence, la simplicité, la douceur, la charité, la patience, la sincérité, la componction, la paix, etc. Celui qui aime cette vertu est béni du Ciel, et jouit d'une tranquillité inaltérable, Dieu, qui se plaît avec les ames douces et humbles, habitant en lui.

Le dixième discours, intitulé: Des Pasteurs, renferme d'excellentes instructions pour un pasteur des ames, surtout par rapport à l'obligation qui lui est imposée de veiller sur son troupeau, et de lui distribuer la nourriture spirituelle.

Dans le onzième et le douzième discours, l'un sur la Circoncision, et l'autre sur le Sabbat, saint Jacques montre que les observances judaïques n'obligent plus, et que les Egyptiens avoient emprunté des Juifs la circoncision.

Le treizième discours a pour titre : Du choix des mets. Il y est montré qu'aucun mets n'est mauvais de sa nature, et qu'il n'est point défendu sous ce rapport.

Le quatorzième discours est sur la Pâque. Le Saint y prouve que la pâque des Juifs a été abolie par celle des Chrétiens ; il ajoute que les fidèlès honorent spécialement la passion de

Jésus-Christ tous les vendredis, ce qui se fait encore à Nisibe le quatorzième jour de chaque mois.

Saint Jacques prouve, dans le quinziéme discours, la répro

bation des Juifs; dans le seizième, la divinité du Fils de Dieu; dans le dix-septième, l'excellence de la virginité dans laquelle vivoient les clercs et les ascètes. Il n'attaquoit que les Juifs dans ce dernier discours, puisqu'il l'écrivit avant que les hérétiques du quatrième siècle se fussent déclarés contre la sainteté de l'état des vierges.

Dans son dix-huitième discours, il réfute les Juifs qui prétendoient que leur temple et leur synagogue seroient rétablis à Jérusalem.

La lettre aux prêtres de Ctésiphon et de Séleucie, contre le schisme et les divisions excitées par Papas, évêque de ces deux villes, est attribuée à saint Jacques dans quelques manuscrits mais c'est une faute; on ne peut douter que ce ne soit la lettre synodale d'un concile tenu cette occasion;

neuf ans après celui de Nicée. (Voyez la vie de saint Miles, avec les notes de M. Evode Assémani, ibid. Act. Mart. Orient. t. 1, p. 72, et M. Joseph Assémani, Bibl. Orient. t. I, p. 86, etc.)

Parmi les liturgies orientales, une qui est en chaldaïque, et qui étoit anciennement en usage chez les Syriens, porte le nom de saint Jacques de Nisibe.

Selon Gennade, notre saint docteur avoit composé vingtsix livres en syriaque, tous sur des sujets de piété, ou sur la persécution des Perses. Ces livres n'ont jamais été traduits en grec.

M. Assémani a donné, dans sa Bibliothèque orientale, t. I, p. 552, 632, les lettres de saint Jacques de Nisibe et de saint Grégoire, ainsi que celle qui est adressée au clergé de Séleucie et de Ctésiphon.

M. Nicolas Antonelli, chanoine de l'église de Latran, a publié à Rome, en 1756, les discours de saint Jacques de Nisibe, en arménien et en latin, in-fol. Ils ont été imprimés d'après un manuscrit trouvé dans le couvent de Saint-Antoine des religieux arméniens, à Venise.

S. PIE I, PAPE ET MARTYR.

ON lit dans les pontificaux que ce Saint étoit fils d'un nommé Rufin, et natif d'Aquilée. Il fut admis dans le clergé de Rome, et servit l'église plusieurs années sous les empereurs Adrien et Antonin-lePieux (a). Selon Tillemont, il succéda au pape

(a) Tite, les deux Antonins et Alexandre méritèrent

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