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la tête couronnée d'épines, les mains attachées à la croix, étoit près d'expirer. Nous ne méritons plus d'être appelés ses disciples, si, sans égard à ses tourmens et à sa dernière prière, nous violons sa loi, et conservons de l'aigreur contre notre semblable, auquel il veut que nous pardonnions pour l'amour de lui. Comment pouvoir haïr un homme qui est notre frère à tant de titres, qui est fils du même père, et membre du même JésusChrist, et avec lequel nous espérons jouir d'une félicité commune pendant toute l'éternité? Nous devons infiniment plus à Jésus-Christ qu'aucun homme ne peut nous devoir, puisque le moindre péché est une dette immense. Le Sauveur ne nous demande pas seulement grâce pour notre frère, mais il nous intéresse à la lui accorder, en nous promettant qu'il nous pardonnera comme nous pardonnerons aux autres. Comment, après cela, des vers de terre comme nous, qui n'avons d'autre mérite devant les hommes que de leur avoir dérobé la connoissance de notre bassesse et de notre ignominie, et qui, eu égard à nos péchés, devrions regarder comme un traitement encore trop doux le mépris de toutes les créatures, oserons-nous faire entendre nos plaintes à l'occasion des injures que nous recevons, et qui, si elles étoient supportées au moins avec patience; seroient pour nous un moyen d'expier nos crimes, d'obtenir de Dieu miséricorde, et de nous procurer les grâces dont nous avons besoin pour opérer notre sanctification ?

S. NABOR ET S. FÉLIX, MARTYRS DANS LE

MILANEZ.

Ces deux Saints souffrirent à Milan, sous Maximien-Hercule, vers l'an 304. Leurs corps, qui d'abord avoient été enterrés hors des murs de la ville, y furent depuis rapportés. On les déposa dans le lieu où l'on bâtit une église sur leur tombeau. Nous lisons dans la vie de saint Ambroise, par Paulin, que la dévotion attiroit à cette église un concours prodigieux de peuple. Ce fut là que saint Ambroise découvrit les reliques de saint Gervais et de saint Protais, comme il le raconte lui-même dans sa lettre à sa sœur Marcelline. Après cette découverte, les fidèles continuèrent de vénérer toujours avec la même ferveur les corps de saint Nabor et de saint Félix (1). On les garde encore dans la même église, qui porte présentement le nom de saint François. Jul. p. 280.

Voyez Sollier, Act. Sanctor. t. III,

S. VIVENTIOL, ÉVÊQUE DE LYON... SAINT VIVENTIOL passa les premières années de sa jeunesse dans quelque monastère du mont Jura. Il fut lié d'une étroite amitié avec saint Avit, évêque de Vienne, et saint Apollinaire son frère, évêque de Valence. Lorsqu'il visita le dernier à Lyon, il étoit déjà prêtre. Ayant été élu supérieur du monastère de Condat, il le gouverna avec beaucoup de sagesse. Quelque temps après, on le plaça sur le siége épiscopal de Lyon. Il assista au concile d'Epaone, où l'on fit plusieurs règlemens de discipline pour les sujets de Sigismond, roi de Bour(1) S. Ambros. in Luc, 1, 7, c. 13. Tome VI.

H

gogne, et à celui qui se tint à Agaune, pour la fondation du monastère de Saint-Maurice. Il en assembla aussi un à Lyon, pour annuller un mariage incestueux contracté par Etienne, un des principaux officiers de Sigismond. On met ce dernier concile en 517. Saint Viventiol avoit, dit Agobard, une grande érudition; ce qui se voit par ses écrits, et par ceux des auteurs qui, ayant eu occasion de parler de lui, ne l'ont fait qu'avec éloge. On ignore l'année et les circonstances de sa mort. Il est nommé dans le martyrologe romain, sous le 12 de Juillet.

Voyez saint Avit de Vienne, ep. 17, 52, 58, 60, 64; Baillet, sous le 12 de Juillet, et le Gallia Christ. nova, t. IV, p. 29.

S. EUGÈNE,

ÉVÊQUE DE CARTHAGE, ET SES COMPAGNONS, CONFESSEURS SOUS LES VANdales.

Tiré de Victor de Vite, Hist. persec. Vandal. l. 2 et 3. Voyez Tillemont, t. XVI; Ceillier, t. XV, p. 206; Rivet, Hist. litt. de la Fr. t. III, p. 38, et Ruinart, Commentar. histor. de persec. Vandal. ad calcem Victoris Vitensis, c. 8, p. 493, et not. in Victor. p. 217, etc.

L'AN 505.

LES provinces romaines de l'Afrique furent longtemps la plus noble et la plus riche portion de l'empire. L'ancienne barbarie avoit disparu, pour laisser régner les arts, les sciences et la religion. Les principaux habitans du pays étoient tous princes, et sembloient le disputer aux rois en richesses et en magnificence: mais l'on voit souvent que les villes et les empires ne sont jamais plus près de leur ruine que quand ils sont parvenus au comble de la puissance; chaque état même porte en lui

des principes de destruction; et ces principes venant à agir après un certain période, entraînent infailliblement la dissolution du corps politique. La vérité de ces observations se prouve par ce qui arriva sur le déclin de la domination romaine.

Les empereurs, pour sauver l'Italie, qu'ils regardoient comme le cœur de l'état, abandonnèrent aux Goths et aux Vandales les extrémités de l'empire. Il se trompèrent lorsqu'ils crurent qu'il n'y avoit rien à craindre pour l'Afrique. En 428, sous le règne de Valentinien III, Genséric, roi des Vandales et des Alains (a), qui depuis peu s'étoit établi

(a) Pline et Procope prétendent que les Vandales avoient une origine commune avec les Goths; mais le contraire a été démontré par le P. Daniel Farlati, dans son Illyricum sacrum, imprimé à Venise en 1753, t. 11, p. 1308, et par M. Joseph Assémani, in Calend. de orig. Stavor. part. 2, t. I, c. 5, p. 297. La langue, les mœurs et la religion de ces peuples sont entiè rement différentes. On prouve par les mêmes raisons, qu'ils avoient aussi une origine différente de celle des Slaves, des Huns et des Winides ou Vénèdes. Les Vénèdes étoient de la nation des Sarmates, et les Slaves et les Huns de la nation des Scythes.

Jornandès et Dion Cassius placent les Vandales dans la Germanie, sur les côtes de la mer Baltique, c'est-à-dire, dans le pays connu aujourd'hui sous le nom de Prusse ou de Poméranie; de là ils s'étendirent jusqu'aux sources de l'Elbe, ou jusqu'aux montagnes de la Silésie. Ils s'avancèrent vers le Danube, dans le voisinage des Marcomans, sous le règne d'Antonin, d'Aurélien et de Probus. Au cinquième siècle, ils firent une irruption dans les Gaules. En ayant été repoussés, ils passèrent les Pyrénées avec les Alains, Massagètes d'origine, qui, au rapport d'Ammien-Marcellin, étoient venus du mont Caucase, et d'au-delà du Tanaïs.

Vers l'an 400, sous le règne d'Honorius, les Alains s'établirent dans la Lusitanie, et les Vandales, gouvernés par Gundéric, dans la Galicie (qui comprenoit ce que nous appelons aujourd'hui la Galice et la Vieille-Castille) et dans la Bétique, qui fut nommée d'eux Vandalicie, et par corruption, Andalousie. Voyez saint Isidore et Idace, dans leurs chroniques; Salvien, l. 7, p. 137; et saint Augustin, epist. 3 ad Victor.

Les Vandales furent baptisés dans l'église catholique vers

dans une partie de l'Espagne, passa dans ce pays, et s'empara en fort peu de temps des fertiles pro

le temps où ils passèrent le Rhin; mais ils tombèrent depuis dans l'arianisme, ce qui vint peut-être de quelque alliance avec les Goths infectés des erreurs d'Arius, et de leur haine contre les Romains. Idace dit qu'on attribuoit communément leur perversion au roi Genséric, qui, en 428, succéda à Gundéric, son père, et qui fut un prince fort versé dans la science de la guerre et de la politique.

Le comte Boniface, lieutenant d'Afrique, voyant sa vie menacée par Aëtius, maître de la milice, qui gouvernoit pour l'impératrice Placidie, régente du jeune Valentinien son fils, invita les Vandales d'Espagne à venir à son secours. Genseric, à la tête d'une armée puissante, passa le détroit au mois de Mai de l'année 429, et fondit sur les Romains, quoique Boniface fût alors rentré dans le devoir. Il tint Hippone assiégée durant quatorze mois : la famine l'obligea de se retirer; mais il revint peu de temps après, et prit la ville, l'une des plus fortes du pays. L'empereur Valentinien lui céda par un traité, an 435, toutes les conquêtes qu'il avoit faites en Afrique. Les Vandales rompirent bientôt la trève dont on étoit convenu; ils s'emparèrent de Carthage en 439, et chassèrent d'Afrique tous les Romains.

L'impératrice Eudoxie les ayant appelés dans l'Occident, en 455, pour venger sur Maxime l'assassinat de Valentinien, ils prirent Rome, qu'ils pillèrent durant quinze jours; et quoi que cette ville eût été dépouillée de ses richesses par les Goths en 400, sous le règne d'Honorius, ils y trouvèrent encore de quoi faire un butin immense. Ils enlevèrent, entre autres choses, tout ce qu'il y avoit d'or et de cuivre dans le capitole, avec les vases sacrés du temple des Juifs, que Titus avoit fait apporter de Jérusalem. Lorsque Justinien eut recouvré l'Afrique, ces vases furent transportés à Constantinople, et de là à Jérusalem, où on les déposa dans des églises. Nous apprenons ces particularités de Procope. Rome fut encore pillée deux fois par Totila, savoir, dans les années 546 et 549.

Les Vandales, par leurs transmigrations en Espagne et en Afrique, cessèrent bientôt, au rapport de Jornandès et de Procope, d'être un peuple de Germanie. Euric, roi des Visigoths établis en Languedoc, étant tombé sur l'Espagne en 468, s'empara de tout ce que les Romains y possédoient, ainsi que de toutes les provinces conquises par les Vandales. L'on ne parla plus de ces derniers, qui avoient fait si longtemps un peuple redoutable, après que Justinien eut anéanti leur puissance en Afrique. Cependant Frédéric, premier roi de Prusse en 1701, affecta de prendre quelque temps le titre de roi des Vandales. La cavalerie de ces anciens peuples se

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