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blanc (h) dont il avoit couvert Elpidophore au sortir des fonts; puis le montrant à toute l'assemblée, il dit à l'apostat qui étoit assis comme son juge: « Ce vêtement t'accusera devant Dieu » quand il viendra juger les hommes. Je l'ai gardé » pour servir de témoignage de l'apostasie qui te » précipitera dans l'abîme de soufre. Ces linges » qui t'ont environné lorsque tu es sorti pur des > eaux du baptême, redoubleront ton supplice, » quand tu seras enseveli dans les flammes éter› nelles (i).

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(h) Chrismale. Cet habit étoit l'emblême de l'innocence que l'on recevoit au baptême, et que l'on s'engageoit à conserver sans tachè.

(i) Hæc sunt liteamina quæ te accusabunt, cùm majestas venerit judicantis. Custodiuntur diligentiâ meâ ad testimonium tuæ perditionis. Hæc te immaculatum cinxerunt de fonte surgentem; hæc te acriùs persequentur, flammantem gehennam cum cæperis possidere. Victor. Vit. l. 5, p. 78.

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Ce que nous venons de rapporter est tiré de Victor évêque de Vite, dans la Byzacène. Ce saint évêque ayant été banni pour la foi, en 487, par le roi Hunéric, se retira à Constantinople. On croit communément que ce fut dans cette ville qu'il écrivit l'histoire de la persécution des Vandales, qui est divisée en cinq livres. Il la finit par une prière aux anges et aux saints, qui est conçue en ces termes : « Secou»rez-nous, anges de mon Dieu. Abaissez vos regards sur l'Afrique, où il y a eu si long-temps un grand nombre d'églises florissantes, et qui maintenant est dans un état de ⚫ tristesse et de désolation. Intercédez pour nous, illustres patriarches, saints prophètes, apôtres de Jésus-Christ; et vous sur-tout, bienheureux Pierre, pourquoi semblez-vous » garder le silence, tandis que vos brebis sont dans la peine et l'affliction? Grand Paul, docteur des Gentils, voyez ce » que font les Ariens, et l'état de souffrance où ils ont réduit vos enfans. » Adeste, angeli Dei, et videte Africam totam dudum tantarum ecclesiarum cuneis fullam, nunc ab omnibus desolatam, sedentem viduam et abjectam..... deprecamini, patriarchæ orate, sancti propheta; estote, apostoli, suffragatores ejus. Præcipuè tu, Petre, quare siles pro ovibus tuis !..... Tu, sancte Paule, Gentilium magister, cognosce quid Vandali faciunt Ariani, et filii tui gemunt lugendo captivi. (Hist. persec. Vandal. sub finem.)

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L'histoire de saint Victor est écrite avec esprit ; le style en

Hunéric, qui avoit persécuté l'église avec tant de cruauté, périt misérablement au mois de Décembre de l'année 484, après avoir régné huit ans. Son fils Hildéric ne lui succéda point comme il l'avoit vivement désiré; mais il eut pour successeur son neveu Gontamond, que la maturité de son âge rendoit plus propre à porter le poids de la couronne. En 488, ce prince rappela saint Eugène à Carthage, et fit rouvrir, à sa prière, les églises des catholiques; il permit aussi aux prêtres de revenir du lieu de leur exil.

Gontamond étant mort en 496, son frère Trasimond monta sur le trône. C'est celui dont nous avons parlé dans la vie de saint Fulgence. Ce prince affecta souvent de se couvrir du voile de la modération. Quelquefois, il est vrai, il paroissoit protéger la bonne cause; mais dans d'autres occasions, il employoit tout son pouvoir pour l'opprimer. Ces variations montrèrent assez qu'il n'y avoit point de sincérité dans sa conduite; aussi ne mérita-t-il jamais de parvenir à une entière connoissance de la vérité. Il persécuta ceux qui combattoient pour la défendre, et ce fut par son ordre que les juges condamnèrent Eugène Longin, et Vindémial, évêque de Capse en Afriest correct, simple, et attache singulièrement le lecteur. Le sel de la satyre y est mêlé avec beaucoup d'adresse. On y trouve les exemples et les sentimens de la plus héroïque piété.

Saint Victor florissoit au milieu du cinquième siècle. On ignore l'année et le lieu de sa mort. 11 est honoré comme confesseur dans le martyrologe romain, sous le 23 d'Août.

Il y a eu plusieurs éditions de l'histoire de la persécution des Vandales. La première de toutes est celle qui fut donnée à Bâle, en 1535, par Beatus Rhenanus. Le P. Chifflet en donna une à Dijon en 1664; mais la plus complète est celle de D. Ruinart, laquelle parut à Paris en 1694, in-8.°

M. Arnaud d'Andilly a traduit en français l'histoire de la persécution des Vandales. Il y a aussi une traduction anglaise du même ouvrage, qui parut en 1605.

que, à perdre la tête (5). Vindémial mourut par le glaive. Saint Eugène fut conduit au lieu du supplice, ne cessant de protester qu'il aimoit mieux perdre la vie que d'abandonner la foi de l'église. On le ramena cependant à Carthage, d'où on le bannit en Languedoc, pays alors soumis à Alaric, roi des Visigoths, qui étoit aussi arien. Il mourut le 13 de Juillet 305, dans un monastère qu'il avoit fait bâtir à Viance, près d'Albi, lequel a pris depuis le nom du saint martyr Amarand, enterré dans ce lieu.

Hildéric, roi des Vandales, rappela les évêques exilés qui vivoient encore: mais la paix ne fut parfaitement rendue à l'église qu'en 534, lorsque Bélisaire, général des Romains, eut défait Gélimer, dernier roi des Vandales d'Afrique, et l'eut envoyé prisonnier à Constantinople (k).

Les Saints aimoient mieux se voir dépouillés de tous leurs biens temporels, et souffrir même la mort, que de perdre le précieux trésor de la foi. La foi est une lumière surnaturelle que Dieu nous

(5) S. Grégor. Turon. l. de Glor. Confes. c. 13.

(k) Les provinces que les Romains possédoient en Afrique vetombèrent dans les ténèbres de la barbarie et de l'infidélité par la conquête qu'en firent, en 668, les Sarrasins de la Syrie et de l'Arabie. Ces peuples prirent Syracuse l'année suivante, et fondèrent un royaume dans la Sicile et dans une partie de l'Italie. En 707, ils s'établirent en Espagne.

Muhavia, général du sultan Omar, défit, en 632, Hormisdas Gesdegird, roi de Perse, et fit passer cette monarchie aux Sarrasins de la branche des Artaxercides. Omar, dont nous venons de parler, s'empara de l'Egypte, en 635. Il fut le second' calife après Mahomet, et le successeur d'Abubeker. Depuis ce temps-là, les califes de Babylone ou de Bagdad furent maîtres de la Syrie, de la Perse et de l'Egypte. Malgré les révolutions arrivées dans ce pays, le mahométisme s'y est toujours maintenu. Les Mahometans d'Egypte secouèrent le joug des califes de Bagdad, et établirent leurs propres califes au Caire, en 870. Les Maures d'Afrique leur furent soumis jusqu'au temps où les Turcs șe rendirent maîtres de l'Egypte.

Tome VI.

H*

communique (6). Semblable à cette colonne de feu qui conduisoit les Israélites dans le désert, elle dissipe les ténèbres qui dérobent la vue du chemin par lequel nous devons marcher pour parvenir à la félicité; elle est la semence, ou plutôt la racine de la vie éternelle, et le principe de toute vertu méritoire du Ciel. « Oui, dit saint Am» broise (7), elle est le fondement de toutes les >> vertus. O foi, s'écrie-t-il dans un autre en» droit (8), ô foi plus riche que tous les trésors, » plus efficace et plus souveraine que tous les > remèdes ! D

Mais notre foi ne peut être véritable, si elle ne renferme trois conditions. 1.° Il faut qu'elle exclue tous les doutes, qu'elle soit ferme et courageuse, qu'elle nous fasse affronter les dangers, les tourmens, la mort même. C'étoit une pareille foi qui remplissoit les martyrs de joie au milieu des plus terribles épreuves, et qui leur inspiroit assez de foree pour triompher des glaives et des flammes (9). 2.° Elle doit être entière. Refuser de croire un seul des articles qu'elle nous propose, c'est renverser toute son économie; par-là on rejette le fondement sur lequel elle s'appuie, l'autorité de la révélation divine. « O vous, dit saint Augustin, » qui admettez et rejetez ce qui vous plait, vous » ne vous en rapportez qu'aux lumières de votre > esprit, mais vous ne croyez pas l'évangile. » 3. Notre foi doit être active, animée par la charité, féconde en bonnes œuvres. Une foi morte et stérile est comparée par saint Jacques à un corps sans ame; c'est la foi des démons, qui croient et qui tremblent. Quelle activité n'y

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(6) 2. Petr. I, 9.

(7) In Ps. 40.

(8) L. 3 de Virg. Vid. S. August. serm. 3 de temp. (9) Heb. X, 34; XI, 37.

avoit-il pas

dans la foi des Saints! De là ces éminentes vertus que nous admirons en eux. Ayons donc soin de nourrir et de cultiver cette précieuse

semence.

S. ANACLET, PAPE ET MARTYR.

Nous n'avons aucuns détails sur la vie de ce saint pape. Il fut le successeur de saint Clément, et gouverna l'église neuf ans et trois mois, selon le pontifical de Libère, et un registre manuscrit fort ancien qui se garde dans la bibliothèque du Vatican; mais quelques pontificaux modernes le font siéger douze ans et trois mois. Il peut être arrivé, suivant Berti, qu'il ait gouverné comme vicaire pendant les trois années que saint Clément passa en exil (a). Il vit avec la plus sensible dou leur les ravages que causoit dans le troupeau de

(a) On ne peut déterminer avec aucune certitude de combien d'années fut le pontificat de plusieurs des papes qui siégèrent avant Victor, qu'on plaça sur la chaire de saint Pierre en 200. La difficulté vient et des fautes qui se sont glissées dans les Mss. des pontificaux des siècles postérieurs, et des différences sensibles qui s'y rencontrent. ( Voyez Pagi, les Bollandistes, Tillemont, Orsi, Berti, etc.) Saint Pierre siégea vingt-cinq ans ; saint Lin paroît avoir gouverné l'église environ onze ans ; saint Clet douze ans ; saint Clément environ unze ans ; saint Anaclet neuf ans, étant mort vers l'an 109.

Suivant la tradition et les registres de l'église romaine Clet et Anaclet ont été deux papes différens. C'est ce qui se prouve par le calendrier de Libère, et par d'anciennes listes des premiers papes que citent Schelstrate, diss. 2, Antiq. eccles. c. 2, et les Bollandistes, sous le 26 d'Avril; par l'ancien poëme qui se trouve parmi les œuvres de Tertullien, et qui fut écrit vers le temps où vivoit ce Père; par les anciens antiphonaires de l'église du Vatican, que le cardinal Tomasi a publiés ; par l'ancien martyrologe qui porte le nom de saint Jérôme, et que Florentinius a fait imprimer à Lucques. Adon, Usuard et d'autres martyrologistes ont suivi des autorités si dignes de faire impression sur des esprits raisonnables. Les pontificaux disent de Clet, qu'il étoit romain de naissance, et d'Anaclet, qu'il étoit Grec, et né à Athènes.

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