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Jésus-Christ la troisième persécution que Trajan, pour lors en Orient, excita contre l'église en 107. Il eut beaucoup à souffrir durant ces temps orageux. Des martyrologes très-anciens lui donnent le titre de martyr.

S. TURIAF, Évêque de Dol, en Bretagne.

SAINT TURIAF (a) naquit au diocèse de Vannes, dans le voisinage de l'abbaye de Ballon, près de laquelle Charles-le-Chauve fut défait par les Bretons en 845 (b). Etant allé à Dol dès sa jeunesse, il y fut élevé dans la piété et les sciences par saint Thiarmail, qui étoit tout à la fois abbé de SaintSamson et évêque de Dol. Ce prélat, après lui avoir conféré les ordres, l'établit son vicaire et son chorévêque.

Saint Thiarmail étant mort vers l'an 733, saint Turiaf fut placé sur son siége, et se rendit singulièrement recommandable par sa pénitence, son zèle, sa charité, sa ferveur dans la prière, et sa fermeté à maintenir la discipline. Il donna dans une occasion une preuve non équivoque de cette dernière vertu. Un seigneur puissant, nommé Rivallon, avoit commis plusieurs actes de violence. L'évêque de Dol alla le trouver, et lui fit sentir avec force l'énormité de ses crimes; il en vint même jusqu'à lui imposer la pénitence canonique. Rivallon se soumit humblement, répara toutes ses injustices, et s'assujettit aux différentes satisfactions qu'on exigea de lui.

Saint Turiaf mourut le 13 de Juillet, et la plus commune opinion est que ce fut en 749. Durant

(a) On dit encore saint Turiave et saint Thivisiau. On l'appelle en latin Thuriavus.

(6) 11 paroît que l'abbaye fut détruite durant la guerre dont il est ici question.

les incursions des Normands, ses reliques, qui étoient à Saint-Leufroi, au diocèse d'Evreux, furent transportées dans l'abbaye de Saint-Germaindes - Prés, où elles sont encore. On lit dans le nouveau bréviaire de Paris, que leur vertu a quelquefois miraculeusement éteint des incendies.

Nous avons une vie de saint Turiaf, qui a été écrite dans le dixième siècle; mais ce n'est qu'un éloge où règne la confusion, et qui est plus rempli de prodiges que de faits. Les Bollandistes ont publié cet ouvrage avec des notes qui valent infiniment mieux que le texte. Voyez aussi Barrali, Chron. Lirin. t. II, p. 186, et Lobineau, Vies des Saints de Bretagne, p. 177.

S. BONAVENTURE, CARDINAL - ÉVÊQUE
D'ALBANO, ET DOCTEUR DE L'ÉGLISE.

Tiré de ses écrits; du discours d'Octavien de Marinis pour sa canonisation; de sa vie, que Pierre Galesini composa par l'ordre de Sixte V ; et des annales des frères mineurs, par Wadding, passim, ab an. 1221, ad an. 1274 et 1282. Voyez aussi le P. Boule, Histoire abrégée de la vie, des vertus et du culte de saint Bonaventure, etc. Lyon, 1747, in-8.o; les Bollandistes, ad diem 14 Julii, t. III, p. 811; Raynaud, in Indiculo SS. Lugdunens. Oper. t. VIII, p. 37, et le P. de Colonia, Hist. litt. de Lyon, t. IV, p. 307.

L'AN 1274.

SAINT BONAVENTURE, la gloire et l'ornement de l'ordre de saint François, a été surnommé le docteur séraphique, à cause de sa dévotion extraordinaire, de son ardente charité, et de la connoissance profonde qu'il avoit des sciences ecclésiastiques. Il naquit, en 1221, à Bagnarea, en Toscane. Son père et sa mère, tous deux recommandables par leur piété, se nommoient, l'un Jean de Fidenza, et l'autre Marie de Ritelli. Il

reçut au baptême le nom de Jean; mais il prit ensuite celui de Bonaventure, à l'occasion de ce que nous allons rapporter.

A l'âge de quatre ans, il fut attaqué d'une maladie si dangereuse, que les médecins désespérèrent de sa vie. Sa mère demanda sa guérison par des prières ferventes; puis alla se jeter aux pieds de saint François d'Assise, le conjurant avec larmes d'intercéder auprès de Dieu pour un enfant qui lui étoit si cher. Le Saint, touché de compas sion, se mit en prières, et le malade se trouva si parfaitement guéri, qu'il n'éprouva aucune incommodité jusqu'au temps où il plut au Seigneur de l'appeler à lui. L'ayant vu lorsqu'il étoit près de finir sa course mortelle, il lui prédit toutes les grâces dont la miséricorde divine le combleroit, et s'écria tout-à-coup dans un ravissement prophétique O buona ventura! paroles italiennes qui signifient: O la bonne rencontre! De là vint le nom de Bonaventure qui fut donné à notre Saint. Sa mère, pleine de reconnoissance, le consacra au Seigneur par un vou, et prit un grand soin de lui inspirer, dès ses premières années, de vifs sentimens de piété. Elle l'accoutuma aussi de bonne heure à la pratique du renoncement, de l'humilité et de l'obéissance. Son fils répondoit à toutes ses vues; il parut enflammé d'amour pour Dieu, aussitôt qu'il fut capable de le connoître. Les progrès qu'il fit dans ses études étonnèrent ses maîtres; mais ceux qu'il fit dans la science des Saints furent encore plus extraordinaires. Son plus grand plaisir étoit d'apprendre par combien de titres il appartenoit à Dieu, et de chercher tous les moyens de ne plus vivre que pour lui.

Lorsqu'il eut atteint sa vingt-deuxième année, il entra dans l'ordre de saint François, et reçut

l'habit des mains d'Haymon, qui en étoit alors général (a). Il nous apprend lui-même dans son prologue de la vie de saint François, qu'il embrassa cet état, et qu'il fit ses vœux en reconnoissance de ce que saint François lui avoit conservé la vie par ses prières, et dans la résolution de servir Dieu avec toute la ferveur dont il seroit capable.

Peu de temps après, on l'envoya à Paris pour qu'il y achevât ses études sous le célèbre Alexandre de Hales, surnommé le docteur irréfragable (b). La mort lui ayant enlevé ce maître en 1245, il suivit les leçons de Jean de la Rochelle, son successeur. Il joignoit à beaucoup de pénétration un jugement exquis; ce qui faisoit que dans les matières les plus subtiles, il ne s'attachoit

(a) Haymon, qui étoit Anglais de naissance, avoit enseigné la théologie à Paris. Grégoire IX l'envoya, en qualité de nonce, à Constantinople, et le chargea de la révision du bréviaire et des rubriques de l'église romaine. Il ne faut pas confondre avec un autre Haymon, qui est plus ancien."

le

Celui-ci, qui florissoit dans le neuvième siècle, fut disciple de Raban-Maur, puis évêque d'Halberstadt. Nous avons de lui des homélies, des, commentaires sur l'écriture, et un abrégé de l'histoire ecclésiastique. Ses ouvrages ne sont qu'un tissu de passages de différens auteurs, cousus ensemble. Cette manière d'écrire, que plusieurs adoptèrent dans le onzième et le douzième siècle, ne pouvoit servir qu'à fomenter la paresse et la stupidité; elle rétrécissoit l'esprit, qui s'étend par l'invention, et par la noble liberté qu'il prend de s'approprier les beautés des grands modèles. Qu'il est humiliant pour la raison, que l'on puisse citer des siècles où l'on ait fait consister le mérite à produire des centons, des acrostiches et d'autres pauvretés semblables!

(b) Alexandre est surnommé de Hales, parce qu'il étoit de Hales, dans le comté de Glocester. Ayant fini ses études en Angleterre, il se rendit à Paris, où il s'appliqua à la théologie et au droit canonique. Il s'acquit dans cette ville une réputation extraordinaire. Il entra dans l'ordre des frères mineurs, et mourut à Paris en 1245. Ses ouvrages montrent qu'il avoit beaucoup de pénétration. Les principaux sont une somme de vertus, et une somme ou un commentaire sur les quatre livres du Maître des sentences, lequel fut composé par l'ordre du pape Innocent IV.

qu'à ce qu'il y avoit de nécessaire, ou au moins d'utile, pour dégager la vérité des sophismes sous lesquels des adversaires pointilleux tâchoient de l'opprimer. Il se rendit très-habile dans la connoissance de la philosophie scholastique, et dans les parties les plus sublimes de la théologie : mais il rapportoit toutes ses études à la gloire de Dieu et à la sanctification de son ame, et il avoit soin de se prémunir contre la dissipation et contre une vaine curiosité; par-là il sut conserver en lui l'esprit de recueillement et de prière. Jamais il ne détournoit son attention de Dieu; il invoquoit les lumières de l'Esprit-Saint au commencement de chacune de ses actions; il nourrissoit sa ferveur par de fréquentes aspirations qui rendoient sa prière continuelle. Le souvenir des plaies de JésusChrist, qui faisoient les sujets ordinaires de ses méditations, l'enflammoit d'amour pour le Sauveur; il s'imaginoit voir son nom dans tout ce qu'il lisoit, et souvent ses yeux se remplissoient de larmes. Saint Thomas d'Aquin l'étant venu voir, et lui ayant demandé dans quels livres il avoit appris cette science sacrée : « Voilà, répondit-il » en lui montrant son crucifix, la source où je » puise mes connoissances. J'étudie Jésus, et Jésus >> crucifié. » Il avoit encore des heures marquées pour s'occuper uniquement de la prière, qu'il regardoit avec raison comme le principe de la grâce, et comme la clef qui ouvre le Ciel. Il avoit appris de saint Paul qu'il n'y a que l'Esprit - Saint qui puisse nous initier dans la connoissance des secrets et des desseins de Dieu, et graver dans nos cœurs l'amour de ses saintes maximes; que lui seul peut se faire connoître à nous, et qu'il en est de sa lumière comme de celle du soleil, qui se manifeste par elle-même; que cette lumière éclaire nos

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