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Selon saint Bonaventure, ce grand maître de la vie spirituelle, la perfection du christianisme

Pères, et le divisa en quatre livres, sous le titre de Sentences, ce qui l'a fait surnommer le maître des sentences. On a dit qu'il avoit copié les ouvrages de Blandinus, son maître, et de quelques autres auteurs. Voyez Jacques Thomasius, de Plagio litterario, à sect. 493 ad 502.

les

Quoique son livre ne soit point exempt de défauts, théologiens scolastiques en approuvèrent tellement la méthode, qu'ils se firent un devoir de la suivre, et leurs leçons n'étoient autre chose que des commentaires sur les sentences. Saint Thomas d'Aquin est le plus célèbre de ces commentateurs. Les théologiens franciscains prirent pour guides saint Bonaventure et Jean Duns Scot.

Ce dernier, né dans le Northumberland, entra fort jeune dans l'ordre de saint François, à Newcastle. Il fit ses études et enseigna la théologie à Oxford. Ce fut dans cette ville qu'il écrivit ses commentaires sur le maître des sentences, qu'on appela pour cela Commentaires oxoniens, ou d'Oxford. Ses supérieurs l'appelèrent à Paris en 1304. Trois ans après, son ordre lui donna la chaire de l'université de la même ville. Il y publia ses Reportata in sententias, qu'on appela ses Commentaires de Paris; ils ne sont, au jugement de Cave, qu'un mauvais abrégé de ceux d'Oxford. Cet auteur fut regardé comme un prodige pour la subtilité de son esprit et la pénétration de son génie. Ayant été envoyé à Cologne, en 1308, toute la ville vint le recevoir en procession. Il mourut d'apoplexie, le 8 de Novembre de la mème année, à l'âge de 34 ou de 44 ans. Il ne fut point enterré tout vivant comme l'a clairement montré Wadding, qui publia ses œuvres, avec des notes, à Lyon, en 1636, en 12 tomes. Cette fable a été aussi réfutée par le P. Alexandre et par d'autres écrivains. Voyez Fabricius, Bibl. med. ætat. edit. Venet. 1754, t. II, p. 39, et George Mackensie, de vitis Scriptor. Scotorum, t. 1, P. 215.

Wadding, Colgan, etc. prétendent que Duns Scot étoit Irlandais, et né à Down, en Ultonie. Jean Major, Dempster et Trithène le font Ecossais, et disent qu'il étoit de Duns, qui est à huit milles d'Angleterre ; mais Léland, Wharton, Čave et Tanner montrent qu'il naquit à Dunstone, appelé Duns par contraction, village du Northumberland, et de la paroisse d'Emildun, qui appartenoit alors au collège de Merton à Oxford, college dont il fut depuis membre. Ceci est attesté à la fin de plusieurs copies Mss. de ses commentaires sur le maître des sentences, qui furent faites peu de temps après sa mort, et qui se gardent encore à Oxford dans les colléges de Baliol et de Merton. Ce n'est d'ailleurs que depuis le seizième siècle qu'on s'est avisé de dire que Duns Scot étoit

consiste moins à pratiquer les exercices sublimes de l'état religieux, qu'à bien faire ses actions ordinaires. « La meilleure perfection, dit-il (8), » est de faire les choses communes d'une manière » parfaite. Une fidélité constante dans les petites » choses, est une grande, une héroïque vertu.» Par-là on crucifie continuellement l'amour-propre Irlandais ou Ecossais. Voyez Cave, t. II, Append. p. 4; Wood, Athen. Oxon.; Jacques Ware, de Script. Hibern. c. 10, p. 64; Tanner, de Script. Brit. verbo Duns; Wadding, in Vita Scoti ejusd. oper. præfixa.

Guillaume Ockham, natif de Surry en Angleterre, étoit aussi cordelier. Il étudia sous Duns Scot à Paris ; mais il s'éleva dans la suite contre les opinions de son maître, et devint le cbef des Nominaux, secte de scolastiques qui, en philosophie, expliquent principalement les choses par la propriété des termes, et soutiennent que les mots, et non les choses, sont l'objet de la dialectique, par opposition à ceux que l'on nomme Réalistes. En 1322, il fut fait provincial de son ordre en Angleterre, et composa, selon Wood (Hist. et Antiq. l. 2, p. 87), un livre de la pauvreté de Jésus-Christ, avec d'autres traités contre le pape Jean XXII, qui l'excommunia. Il se déclara en faveur de Louis de Bavière et de l'antipape Pierre Corbarius, et mourut à Munich en 1347. On dit qu'il favorisa aussi l'hérésie des Fraticelles. Voyez Fabricius, Bib. med. ætat. edit. Venet. 1754, t. II, p. 157.

Cette hérésie fut introduite par certains Franciscains de la Marche d'Ancône, qui faisoient consister toute la perfection dans une pauvreté apparente, qui se révoltoient contre l'église, et qui décrioient le pape et les autres pasteurs. S'étant sauvés en Allemagne, ils y eurent la protection de Louis de Baviêre, dont ils embrassèrent le schisme par reconnoissance; peu peu ils en vinrent jusqu'à rejeter les sacremens

comine inutiles.

Les Béguards et les Béguines se joignirent à eux. C'étoit une secte d'hérétiques composée de personnes de l'un et de l'autre sexe, qui par une dévotion mal-entendue, et par amour de l'oisiveté, ou même par esprit de libertinage, affectoient d'imiter la pauvreté des religieux mendians, sans s'engager toutefois à vivre dans l'obéissance sous un supérieur. Ils tombèrent dans plusieurs erreurs extravagantes. Quoique divisés de sentimens entre eux, ils se réunissoient dans la haine qu'ils portoient au pape et aux autres pasteurs de l'église, ainsi que dans l'affectation d'une pauvreté volontaire, sous laquelle its couvroient les plus infâmes désordres.

(8) Specul. Novit. p. 2, c. 2.

et toutes les passions; par-là on fait à Dieu un sacrifice de toutes ses affections et de tous ses momens; par-là on établit et on fixe en soi le règne de la grâce. Un ancien (9), voulant former un parfait orateur, exigeoit qu'il s'accoutumât à parler et à écrire correctement, même dans les choses où l'on a le plus de liberté à cet égard, Avec combien plus de soin chacun de nous doitil s'efforcer de faire de la manière la plus parfaite les moindres de ses actions, de se rendre de plus en plus digne de la grâce, et de marquer tous ses instans par de nouveaux progrès dans la vertu ?

S. CAMILLE DE LELLIS,

FONDATEUR DE L'ORDRE DES CLERCS RÉGULIERS

POUR LE SERVICE DES MALADES.

Tiré de sa vie, écrite en italien par Cicatello, son disciple. Le P. Halloix, jésuite, en a donné une bonne traduction latine, qui a été imprimée à Anvers en 1632. Voyez Hélyot, Hist. des Ordres relig. t. IV, p. 263; les actes de la canoni sation du Saint, qui furent publiés à Rome, en 1749, avec ceux de la canonisation de saint Fidèle de Sigmaringen, de saint Pierre Régalati, etc. p. 10, 65 et 529, et Bullar. Rom. t. XVI, p. 83.

L'AN 1614.

SAINT CAMILLE DE LELLIS naquit en 1550, à Bacchianico, petite ville de l'Abruzze, au royaume de Naples. A peine fut-il né, qu'il perdit sa mère. Il n'avoit encore que six ans lorsque la mort lui enleva son père, qui avoit servi en qualité d'officier dans les guerres d'Italie. Ayant appris à lire et à écrire, il embrassa aussi la profession des armes, à laquelle il renonça pour toujours en 1574. Il avoit contracté une violente passion pour le jeu, et il fit des pertes fort considérables. Bientôt il fut (9) Le célèbre Quintilien.

ruiné et réduit à une telle misère, qu'il se vit obligé, pour avoir de quoi subsister, de se mettre au service d'autrui, et de travailler à un bâtiment que faisoient faire les Capucins.

Malgré ses égaremens, Dieu ne l'abandonna point; il le visita même d'une manière spéciale par sa grâce, qui l'invitoit intérieurement à la pénitence. Une exhortation touchante que lui fit un jour le gardien des Capucins, acheva sa conversion. Eclairé par la lumière qui venoit de briller à ses yeux, il fond en larmes, déteste tous les crimes de sa vie passée, et demande au Ciel miséricorde. Cet heureux changement arriva au mois de Février de l'année 1575. Camille avoit alors vingt-cinq ans. Il entra successivement au noviciat chez les Capucins et les Cordeliers; mais ces religieux ne voulurent point le recevoir à cause d'un ulcère qu'il avoit à la jambe, et que les médecins jugèrent incurable.

Ayant quitté sa patrie, il se rendit à Rome, et y servit, l'espace de quatre ans, les malades renfermés dans l'hôpital de Saint-Jacques. Il portoit divers instrumens de pénitence, et veilloit nuit et jour auprès des pauvres, s'attachant sur-tout aux moribonds. Il tâchoit de leur procurer tous les secours corporels et spirituels, et de leur suggérer tous les actes de vertu relatifs à leur situation. Sa prière étoit continuelle. Il choisit pour confesseur saint Philippe de Néri; il communioit tous les dimanches et toutes les fêtes. Sa charité, jointe à une rare prudence, le fit élire directeur de l'hôpital.

Camille étoit pénétré de douleur à la vue du peu de zèle des domestiques que l'on employoit au service des malades. Il forma le projet d'instituer une société de personnes de piété qui se

dévouassent avec lui, par le seul motif de la charité, à cette bonne œuvre. Il trouva des compagnons tels qu'il les désiroit; mais il rencontra de grands obstacles dans l'exécution de son dessein. Pour se mettre en état d'assister plus utilement les malades, il résolut de se préparer à recevoir les saints ordres. Il étudia donc la théologie avec une ardeur incroyable, et il ne tarda pas à acquérir le degré de science qui lui étoit nécessaire. Il fut ordonné par Thomas Goldwell, évêque de Saint - Asaph, suffragant du cardinal Savelli, évêque, vice-gérent à Rome sous le pape Grégoire XIII. Ayant été chargé, en 1584, de desservir la chapelle de Notre-Dame aux Miracles, il fut obligé de quitter la direction de l'hôpital.

Ce fut dans la même année qu'il institua sa congrégation pour le service des malades. Il fit porter à ceux qui y furent admis un habit noir, avec un manteau de même couleur. Les règles qu'il leur donna étoient en petit nombre. Ils alloient tous les jours à l'hôpital du Saint-Esprit, où ils servoient les pauvres avec autant de zèle et de ferveur que si c'eût été Jésus-Christ en personne. Ils faisoient les lits des malades, et exerçoient, par rapport à eux, les fonctions les plus dégoûtantes; ils les exhortoient encore, par des discours touchans, à se bien préparer à la réception des derniers sacremens, pour obtenir de Dieu la grâce d'une bonne mort.

Le Saint trouva des adversaires puissans qui voulurent le traverser dans ses bons desseins, et qui lui suscitèrent de grandes difficultés ; mais par sa confiance en Dieu, il vint à bout de surmonter tous les obstacles, En 1585, ses amis lui rèrent une maison commode pour loger sa conprocuTome VI.

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