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mains du cardinal Ginnasio, protecteur de son ordre. Lorsque le saint sacrement fut dans sa chambre, il dit, les larmes aux yeux : « Je re>> connois, Seigneur, que je suis le plus grand » des pécheurs, et que je ne mérite pas de rece» voir la faveur que vous daignez me faire; mais » sauvez-moi par votre infinie miséricorde. Je » mets toute ma confiance dans les mérites de » votre précieux sang. » Quoiqu'il eût purifié sa conscience par la confession, il craignoit encore de n'être pas assez bien disposé. Il avoit cependant mené une vie très- sainte, et il s'étoit confessé tous les jours avec les plus vifs sentimens de componction. Lorsqu'on lui administra le sacrement de l'extrême-onction, il fit un discours fort touchant à ses religieux, Il mourut le 14 Juillet 1614, comme il l'avoit prédit, à l'âge de soixante-cinq ans. On l'enterra auprès du grand autel de l'église de Sainte-Marie - Magdeleine. Plusieurs miracles s'étant opérés à son tombeau, on leva son corps de terre, et on le mit sous l'autel même. On l'a depuis renfermé dans une châsse. Benoît XIV béatifia le serviteur de Dieu en 1742, et le canonisa en 1746.

S. HENRI II, EMPEREUR.

Tiré de sa vie authentique, publiée par Surius et d'Andilly, ainsi que des histoires de Sigebert, de Glaber, de Dithmar, de Lambert d'Aschaffembourg. Voyez Leo Urbevetanus, in duplici Chron. pap. et imperat. dans les Deliciæ eruditorum, t. I et II, et Aventin, Annal. Bavar.

L'AN 1024.

SAINT HENRI, surnommé le Pieux et le Boiteux, naquit en 972. Il eut pour père Henri, duc de Bavière, et pour mère, Giselle, fille de Conrad,

roi de Bourgogne. Il étoit proche parent des trois empereurs qui portèrent le nom d'Othon (a). Saint Wolfgang, évêque de Ratisbonne, l'un des plus savans et des plus zélés prélats de toute l'Allemagne, fut chargé du soin de son éducation; il le forma encore plus par ses exemples que par ses leçons, et il le vit avec joie faire de rapides progrès dans les sciences et dans la vertu. Le jeune prince, qui étoit tendrement attaché à son maître, ressentit une vive douleur lorsque la mort le lui enleva en 994.

L'année suivante, il succéda à son père dans le duché de Bavière. L'empereur Othon, son cousin issu de germain, mourut le 24 Janvier 1002, à Paterno, en Italie (b). Comme ce prince n'avoit

(a) Il descendoit de Henri, duc de Bavière, fils de l'empereur Henri P'Oiseleur, et frère d'Othon-le-Grand.

(6) L'empire d'Occident, qui avoit été détruit sous Augustule par le roi des Hérules, fut rétabli en 800, dans la personne de Charlemagne. La couronne impériale resta quelque temps dans les différentes branches de la maison de ce monarque, tantôt en France, tantôt en Allemagne, et quelquefois dans l'une et l'autre, soumises au même prince. Louis IV, fils de l'empereur Arnoul, dernier rejeton de la race carlovingienne, fut un prince foible qui mourut en 911, à l'âge de dix-huit ans, sans laisser de postérité. Voyez M. l'abbé Grandidier, Hist. de l'Eglise de Strasbourg, t. II.

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Les états d'Allemagne étoient alors partagés en deux classes. La première, composée des états de la France orientale, comprenoit les peuples anciennement soumis à Charlemagne, savoir, les Bavarois, les Suabes et les Franconiens les états de la Saxe formoient la seconde classe. Ces deux classes réunies élurent roi Conrad, comte de Franconie, petit-fils d'Arnoul, par Glismonde, sa mère. Le royaume de Germanie devoit revenir de droit à la branche de Charlesle-Chauve, la seule qui subsistoit encore des trois que les fils de Louis-le-Débonnaire avoient formées. Charles-le-Simple étoit alors roi de France; mais les Allemands, oubliant la justice de ses droits, parce qu'il étoit incapable de les faire valoir, élurent un roi tiré du corps de leur nation. A Conrad succéda en 919, Henri I, duc de Saxe, surnommé l'Oiseleur, qui fut successivement remplacé, en 936, 973 et 983, par son fils, son petit-fils et son arrière-petit-fils, nommés Othon;

jamais été marié, sa couronne devint l'objet de l'ambition des plus puissans seigneurs de la Germanie. Les principaux contendans furent Henri, duc de Bavière, et Herman, duc de Suabe et d'Alsace. Le premier l'emporta, et fut sacré à Mayence roi de Germanie le 8 de Juillet, par l'archevêque Willégise, assisté des suffragans de sa province. La réputation de piété, de justice, de douceur et de modération dont il jouissoit, avoit déterminé les prélats et les grands à le choisir pour chef du corps germanique. Il justifia la haute idée qu'on avoit conçue de lui, par la sagesse de son gouvernement, ainsi que par l'assemblage des vertus chrétiennes, royales et militaires. Henri, peu de temps après son avènement au trône, se démit du duché de Bavière en faveur de Henri, son beau-frère, surnommé l'Ancien.

Connoissant le danger auquel exposent les grandeurs humaines, il s'appliqua à bien connoître toute l'étendue de ses devoirs, pour les remplir fidèlement. Il prioit, il méditoit la loi de Dieu, et vint ensuite saint Henri, dont nous écrivons la vie, et qui eut pour successeurs Conrad II, Henri II, Henri III, Henri IV et Henri V de la maison des ducs de Franconie. Après la mort de Lothaire II, arrivée en 1137, le trône impérial passa dans la maison des ducs de Suabe et d'Alsace, et y resta jusqu'à la mort de Conrad IV, qui arriva en 1254. Rodolphe I, comte de Habsbourg et landgrave de la Haute-Alsace, fut élu empereur en 1273; de lui descendit Albert II, duc d'Autriche, qui fut élevé sur le trône impérial en 1438. Depuis ce temps-là, cette dignité n'est guères sortie de la maison d'Autriche. Voyez l'Abrégé chronolog. de l'histoire d'Allemagne, par M. Pfeffel, ouvrage excellent pour les recherches et l'exactitude.

L'ancienne maison ducale de Saxe remontoit à Wittekindle-Grand, dernier roi des Saxons, qui soutint une longue guerre contre Pepin et Charlemagne. S'étant soumis au second de ces princes, et ayant embrassé le christianisme, il fut baptisé par saint Lulle en 785. Charlemagne le fit ensuite premier duc de Saxe. Saint Henri II descendoit de Wittekindle-Grand. Il fut le cinquième empereur de sa famille.

s'exerçoit à la pratique de l'humilité, afin de se prémunir contre l'orgueil, et de ne point se laisser éblouir par l'éclat des honneurs. Toujours il avoit devant les yeux la fin que Dieu s'étoit proposée en l'élevant si haut de là son zèle à procurer la gloire du Seigneur et l'exaltation de l'église, à entretenir la paix dans ses états, et à chercher en tout le bonheur de ses sujets.

En 1005, il fit assembler un concile national à Dortmond, en Westphalie, pour régler divers points de discipline, et pour maintenir plus sûrement l'observation des canons de l'église. Il procura aussi la convocation de plusieurs synodes provinciaux qui s'assemblèrent pour le même objet. Il assista lui-même à ceux qui se tinrent à Thionville en 1003, et à Francfort en 1007, pour l'érection de l'évêché de Bamberg, auquel il unit les abbayes de Schutteren et de Gengenbach.

S'il s'engagea dans des guerres, ce fut uniquement dans la vue de défendre ses peuples, et ses entreprises militaires furent toujours couronnées par le succès. Quelques-uns de ses sujets s'étant révoltés contre lui au commencement de son règne, il les réduisit par son courage, et les gagna par sa clémence. Les mécontens mirent bas les armes, et le prince oublia le crime dont ils s'étoient rendus coupables.

Deux ans après, il étouffa une autre révolte qui s'étoit élevée en Italie. Ardovin ou Hardwick, seigneur lombard, étoit le chef des rebelles, et il les avoit tellement mis dans ses intérêts, qu'ils le couronnèrent roi à Milan. Ce seigneur ayant été défait, se soumit et obtint sa grâce; mais il se révolta une seconde fois. L'empereur marcha de nouveau contre lui, le vainquit en bataille rangée, et le dépouilla de tous les domaines qu'il possé

doit ; il laissa cependant la vie au coupable. Hardwick se retira dans un monastère, et y prit l'habit.

Le Saint, après sa victoire, vint à Pavie, où il passa les fêtes de Noël de l'année 1013. S'étant ensuite rendu à Rome, il y entra le 22 Février 1014, accompagné de la reine Cunégonde, et d'un grand nombre d'évêques, d'abbés et de seigneurs tant de la Germanie que de l'Italie. Le pape Benoit VIII le reçut sur les degrés de l'église de Saint-Pierre, et après l'y avoir introduit, le couronna empereur avec son épouse. Henri confirma et renouvela les donations que ses prédécesseurs avoient faites au saint siége, de la ville de Rome, de l'exarcat de Ravenne, et de plusieurs autres domaines en Italie (c). Il revint ensuite à

(c) On peut voir sur l'authenticité des diplomes de Henri II, de Pepin, de Charlemagne et d'Othon, la dissertation que l'abbé Cenni fit imprimer à Rome en 1754, sous le titre de Esame de Diplomi d'Ottome è S. Arrigo.

Le siége de Rome possédoit de grands biens, même durant les premières persécutions. C'est ce qui se prouve par les aumônes immenses que faisoient alors les papes, et dont parle saint Denis de Corinthe, et après lui saint Basile et saint Jean Climaque. Après la conversion de Constantin, les princes accordèrent aux papes d'amples possessions pour le service de l'église. Cenni montre dans son Esame de Diplomi di Ludovico pio, que du temps de saint Grégoire-le-Grand, les papes étoient fort riches; qu'ils avoient une juridiction très-étendue, et le droit de punir les criminels par leurs juges, dans la Sicile, la Calabre, la Pouille, la Campanie, l'exarcat de Ravenne, le territoire de Sabine, la Dalmatie, l'Illyrie, la Sardaigne, l'île de Corse, la Ligurie, les Alpes cottiennes, et un petit état des Gaules. Quelques-uns de ces territoires ou états comprenoient plusieurs évêchés, comme on le voit par saint Grégoire, l. 7, ep. 39, indict. IÍ.

Les Alpes cottiennes, qui appartenoient aux papes, comprenoient Gênes et la côte de la mer qui s'étend depuis cette ville jusqu'aux Alpes, qui séparent la France de l'Italie. Voyez Thomassin, l. 1 de Discip. eccles. c. 27, n. 17, et Baronius sous l'an 712, p. 9. (Ce dernier prouve ce qu'il avance par le témoignage d'Oldrade, évêque de Milan.) On lit dans Paul discre, l. 6, c. 43, que les Lombards s'emparèrent des Alpes

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