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Pavie, où il célébra la fête de Pâques. Après avoir apaisé les troubles de la Lombardie, il reprit le

cottiennes qui appartenoient au siége de Rome. Patrimonium Alpium cottiarum quæ quondam ad jus pertinuerant apostolicæ sedis, sed à Longobardis multo tempore fuerant ablatæ. Le P. Cajetan marque dans son Isagoge ad Historiam Siculam, les différens états que le siége de Rome possédoit anciennement en Sicile.

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Les papes avoient beaucoup de part au gouvernement civil de Rome. C'étoit à eux, dit saint Grégoire-le-Grand, l. 5, ep. 40, aliàs, l. 4, ep. 31 ad Maurit., à pourvoir la ville de blé. Il étoit, dit-il encore, l. 5, ep. 42, aliàs l. 4, ep. 35, obligé de veiller contre les artifices des ennemis, ainsi que contre la trahison des généraux et des gouverneurs romains. Il établit, l. 2, ep. 11, aliàs ep.7, le tribun Constance gouverneur de Naples. Anastase le bibliothécaire rapporte que les papes Sisinnius et Grégoire II réparèrent les murailles de Rome, et la mirent en état de défense. Thomassin, de Benef. 3, part. l. 1, c. 29, n. 6, conclut de ces faits et de plusieurs autres semblables, que les papes avoient la principale administration dans Rome et dans l'exarcat; qu'ils faisoient des traités de paix, détournoient les guerres, repoussoient les ennemis, et défendoient les villes qui avoient été reprises sur eux.

Malgré l'invasion des Lombards, les empereurs ne diminuèrent rien des impôts excessifs qu'ils levoient sur les Romains; ils les abandonnèrent même à la fureur des barbares, ayant déjà assez de peine à se soutenir en Orient contre les Sarrasins. Durant ces temps de troubles, la confusion se mit par-tout. Les peuples d'Italie se choisirent des chefs, et se donnèrent des princes en plusieurs endroits au commencement du huitième siècle. Ils ne voulurent point écouter le pape Grégoire II, qui, au rapport d'Anastase le bibliothécaire, les exhortoit à rester fidèles à l'empereur: Ne desisteret ab amore et fide Romani imperii admonebat. Quoique Léon l'Isaurien et son fils Constantin Copronyme persécutassent les catholiques, les papes Zacharie et Etienne II n'en furent pas moins fidèles à les respecter, et à leur obéir dans tout ce qui concernoit le gouvernement civil. Sur la menace que fit Léon de détruire les images, et de profaner les reliques des apôtres qui étoient à Rome, le peuple devint furieux, et renversa les images de ce prince, qu'il avoit précédemment reçues avec honneur. Le pape Etiene II exhorta l'empereur à mettre fin à la persécution, et lui donna en même temps à entendre combien il étoit dangereux de pousser à bout un peuple irrité, ajoutant qu'il ne répondoit pas de ce qui pourroit arriver, quoiqu'il fût dans la disposition de mettre tout en œuvre pour prévenir une révolte. Tunc projecta laureata tua concul

chemin des Alpes pour retourner en Germanie; il visita ensuite le monastère de Cluny, auquel il

caverunt..... aitque : Romam mittam, et imaginem S. Petri confringam.... quòd si quospiam miseris, protestamur tibi, innocentes sumus à sanguine quem fusuri sunt. Voyez dans les Bollandistes, sous le 9 d'Août, l'histoire des sacriléges et des cruautés que les iconoclastes exercèrent en Orient.

Les historiens grecs disent que le pape Grégoire II, pour se soustraire à la fureur des iconoclastes, avoit secoué avec l'Italie le joug de l'obéissance due à l'empereur; mais ils se trompent, comme l'a montré le P. Thomassin. Voici de quelle manière s'exprime le P. Alexandre, diss. 1, sect. 8, en parlant de Grégoire II: « Ce savant pape n'ignoroit pas » la tradition des Pères, dont il ne s'est jamais écarté. En » effet, les Pères ont toujours enseigné que les sujets sont » tenus d'obéir à leurs princes, quoique infideles ou hérétiques, dans les choses qui concernent les droits de la sou» veraineté. »

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Quand les empereurs refusoient de défendre l'Italie contre les barbares, les papes imploroient le secours de la France au nom du peuple, qui regardoit les monarques français comme ses pères et ses protecteurs, et comme les principaux chefs de l'état. Voyez Thomassin, p. 3, de Benef. l. 1, c. 29.

Le continuateur de Frédégaire semble dire que le pape Grégoire III, de concert avec le peuple, créa Charles-Martel patrice de Rome; titre qui n'emportoit alors que l'obligation de protéger l'église et les pauvres; du moins est-ce ainsi que l'expliquent, d'après Paul diacre, le P. Pagi et M. de Marca, de Concor. l. 3. c. 11, n. 6.

Le pape Zacharie conclut un traité de paix avec Luitprand, roi des Lombards; il fit ensuite une trève de vingt ans avec Rachis, roi des mêmes peuples. Ce prince ayant pris l'habit dans l'ordre de saint Benoît, la couronne passa à son frère Astolphe, qui viola le traité. Le pape Etienne II, qui avoit succédé à Zacharie en 752, envoya de riches présens à Astolphe, et le pria de ne point porter la guerre dans l'exarcat; mais il ne put obtenir ce qu'il demandoit. Il eut alors recours à Pepin, qui envoya des ambassadeurs au roi des Lombards pour le sommer de restituer au saint-siége ce qu'il lui avoit enlevé, et de réparer les dommages qu'il avoit causes aux Romains. Sur le refus que fit Astolphe d'obeir, Pepin passa en Italie avec une armée, défit les Lombards, assiégea et prit leur roi dans Pavie. Il lui rendit cependant son royaume, n'exigeant de lui d'autre condition, sinon qu'il vécût en bonne intelligence avec le pape. On vit bientôt que les promesses d'Astolphe n'avoient point été sincères. En effet, Pepin ne fut pas plutôt sorti d'Italie, qu'il reprit les armes et mit tout à feu et à sang dans l'état ecclésiastique. Le prince français

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donna le globe et la couronne d'or enrichis de pierres précieuses dont le pape lui avoit fait pré

revint avec son armée, battit de nouveau les Lombards, et fit encore leur roi prisonnier à Pavie. Il lui rendit son royaume une seconde fois, avec menace cependant de lui ôter la vie s'il osoit dans la suite tourner ses armes contre le pape. Il lui enleva l'exarcat de Ravenne dont il s'étoit emparé, et le donna au saint-siége. Cette restitution se fit en 755, selon Eginhard. Redditam sibi Ravennam et Pantapolim, et omnem exarchatum ad Ravennam pertinentem ad S. Petrum reddidit. Thomassin observe à ce sujet que ce que donnoit Pepin ne pouvoit appartenir aux empereurs de Constantinople. Ils s'étoient dépouillés de tout droit aux térritoires dont il s'agit, en les laissant plusieurs années sans secours, et en souffrant que les Lombards en fissent la conquête : ainsi les pays que Pepin et Charlemagne donnèrent aux papes leur appartenoient à titre de vainqueurs. Les peuples qu'on avoit abandonnés en proie à la fureur des barbares, durent aussi redevenir libres, et acquirent le droit de se faire une nouvelle forme de gouvernement. Voyez Thomassin, p. 3 de Benef. l. 1, c. 29, n. 9.

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C'est une maxime que Puffendorf, Grotius, Fontanini, etc. ont démontrée par le consentement unanime de tous les auteurs anciens et modernes, et qui est fondée sur les lois des différentes nations, que celui qui fait la conquête d'un pays dans une guerre juste, nullement entreprise pour les premiers possesseurs, ni en vertu d'une alliance contractée avec eux, n'est point obligé de leur restituer ce pays qu'ils n'avoient ou pas voulu, ou pas pu défendre. Illud extrà controversiam est, si jus gentium respiciamus, quæ hostibus nos erepta sunt, ea non posse vindicari ab his qui antè hostes nostros ca possederant et amiserant. (Grotius de jure belli et pacis, l. 3, c. 6, 38.) Or, les Grecs avoient perdu par leur lâcheté l'exarcat de Ravenne. Si Pepin eût conquis l'Italie sur les Goths, ou l'Afrique sur les Vandales, avant que Justinien les eût réunies à l'empire dont elles avoient été démembrées par les barbares, auroit-il été obligé de les restituer aux empereurs ? Si les Bretons avoient repoussé les Saxons après que les Romains les eurent abandonnés à la fureur de ces peuples, auroit-on pu leur contester le droit de se regarder désormais comme une nation libre? Pourquoi trouveroit-on mauvais que les papes et le peuple romain auxquels les Grecs refusoient tout secours, en aient cherché ailleurs ? Ils ne s'adressèrent aux Français qu'après avoir long-temps sollicité inutilement la protection des empereurs de Constantinople; aussi Anastase le bibliothécaire, assure-t-il que le pape Etienne II avoit souvent imploré sans succès le secours de Léon contre Astolphe : Ut juxtà quod ei sæpiùs

sent; il visita aussi d'autres monastères qu'il rencontra sur sa route, et laissa dans chacun des marques de sa pieuse libéralité. Il passa par Liége et par Trèves, et arriva enfin à Strasbourg. Là, il convoqua, le 23 Juin 1014, une assemblée générale des seigneurs tant ecclésiastiques que laïques de la Germanie et de l'Italie, où il publia plusieurs lois pour maintenir la police de l'empire. scripserat, cum exercitu ad tuendas has Italiæ partes modis omnibus adveniret. Nous lisons dans le même auteur, que, quand l'empereur fit redemander à Pepin la restitution des contrées qu'il avoit conquises sur les Lombards, ce prince répondit que comme il s'étoit uniquement exposé aux dangers de la guerre pour la defense du siége de saint Pierre, et nullement pour d'autre fin, il ne souffriroit jamais qu'on dépouillât l'église romaine de ce qu'il lui avoit donné. Pepin donna au saint siége la ville de Rome avec son territoire l'exarcat de Ravenne et la Pentapole, qui contenoit Rimini, Pesaro, Fano, Senigallia, Ancône, Gubio, etc. Il retint la fonction de protecteur et de défenseur de l'église romaine, sous le titre de patrice.

Didier, roi de Lombardie, ayant depuis ravagé les terres de l'église romaine, Charlemagne entra en Italie avec une armée, pour lui faire la guerre ; il remporta sur lui la victoire, assiégea Pavie, qui fut obligée de se rendre, et mit fin au royaume des Lombards, en 773. Il se fit ensuite couronner roi d'Italie. Il voulut qu'on se servît dans la cérémonie d'une couronne de fer, telle que les Goths et les Lombards avoient coutume d'en porter; peut-être que cette couronne n'étoit qu'un emblème de la force et de la puissance. Quoi qu'il en soit, Charlemagne confirma au pape Adrien I la donation de Pepin, son père. Charles-le-Chauve et quelques autres princes ratifièrent la même donation, à laquelle ils donnèrent encore plus d'étendue. Charlemagne ayant été couronné empereur d'Occident, en Soo, par le pape Léon III, Irène, alors impératrice de Constantinople, le reconnut pour Auguste deux ans après, en quoi elle fut depuis imitée par l'empereur Nicéphore III. Les Grecs ratifièrent en même temps le partage qui avoit été fait de l'Italie.

Cette note est longue, mais elle étoit nécessaire pour éclaircir un point d'histoire que quelques modernes ont fort em brouillé, peut-être encore plus par malignité que par ignorance. Voyez les Monumenta dominationis pontificia de Genni, imprimés à Rome en 1760; une dissertation d'Orsi sur le même sujet; Cenni, Esame di Diploma, etc.; Joss, Assémani, Hist. Ital. Scriptor. t. III, C, 5.

Wérinhaire, évêque de cette ville (d), étoit alors occupé du bâtiment de sa cathédrale. Cette église avoit été détruite tant en 1002 par les troupes de Herman, duc de Suabe et d'Alsace, qu'en 1007 par le feu du ciel. On jeta les fondemens de la nouvelle en 1015, et l'on travailla avec tant d'ardeur, que l'ouvrage fut porté, en 1028, jusqu'à la toiture; mais il ne fut plus continué depuis ce temps-là qu'avec une extrême lenteur, ce qui vint soit du défaut de zèle dans les évêques, soit de l'indifférence des fidèles, ou plutôt des incendies fréquens, des guerres et des malheurs publics. Quoi qu'il en soit, la cathédrale de Strasbourg ne fut achevée qu'en 1275. L'année suivante, on jeta les fondemens de la tour qui fait encore aujourd'hui l'admiration des étrangers: elle fut achevée en 1439 (e). L'empereur Henri fit aussi bâtir

(d) Wérinhaire, quarante - cinquième évêque de Strasbourg, dont on trouve la vie dans le tome III de l'église de cette ville, tiroit son origine d'Aldalric, duc d'Alsace au septième siècle. Il étoit fils de Kanzelin ou Lantold, comte d'Altembourg, frère de Raboton, dont descendent en ligne directe les comtes de Habsbourg et les archiducs d'Autriche et de Pirrtelon ou Berthold, comte de Brisgaw, auteur des anciens ducs de Zeringen et de la maison existante des margraves de Bade. Wérinhaire fut sacré évêque de Strasbourg, le 4 Mai 1001, et mourut le 28 Octobre 1028, à Constantinople, où l'empereur Conrad l'avoit envoyé en embassade. Il bâtit le château de Habsbourg, et il se nommoit lui-même Fundator Castri quod dicitur Habesbur, dans son testament pour l'abbaye de Murd, en Suisse, dont il fut également le fondateur. Če testament est de 1027.

(e) M. l'abbé Grandidier a fait connoître dans le premier livre de ses Essais hitor. et topogr. sur l'église cathédrale de Strasbourg, les diverses révolutions que cet édifice célèbre a éprouvées depuis son existence. La hauteur de la tour de cette église est de 490 pieds 3 pouces et demi de Strasbourg, qui font 436 772 pieds de roi ou de Paris, comme le même auteur l'a prouvé, p. 225 et suiv. La plus haute des pyramides d'Egypte ne la surpasse que de 30 pieds. Le dôme de SaintPierre de Rome n'a que 428 pieds de Paris; on n'en donne que 425 à la tour de la cathédrale de Vienne; la coupole de Saint

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