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de Chrétiens; évitons comme elle tout discours profane, vain et inutile. Quand il s'agit de délasser notre esprit, tâchons, autant qu'il est possible, que nos entretiens servent à nous rendre plus vertueux, ou du moins à augmenter en nous les connoissances utiles. Bannissons ces puérilités qui dégradent l'ame, et la rétrécissent. Nous réprimerions la démangeaison de parler, si nous pensions qu'elle a la vanité pour principe, et que cette vanité nous rend souvent criminels et toujours ridicules. En effet, rien n'est plus insupportable dans la société que ces parleurs continuels qui ne peuvent retenir leur langue, qui divulguent souvent ce qu'ils auroient intérêt de cacher, et qui mettent au jour leurs pensées avant de leur avoir laissé le temps de s'arranger dans leur esprit. Que nous nous épargnerions de peines, d'indiscrétions et de fautes de toute espèce, si nous étions plus réservés dans nos paroles! Travaillons donc à devenir plus maîtres de nous-mêmes, et à détruire, par la pratique du silence, une passion aussi dangereuse.

S. PROCESSE ET S. MARTINIEN, MARTYS.

PROCESSE ET MARTINIEN étoient du nombre de ceux auxquels les prédications et les miracles de saint Pierre et de saint Paul firent embrasser le christianisme à Rome. La foi pénétra jusque dans le palais de Néron, et plusieurs personnes attachées à son service crurent en Jésus-Christ. Saint Paul en parle dans son épître aux Philippiens (1).

Ce fut en 64 que Néron arma la cruauté des bourreaux contre les fidèles, dont le nombre aug(1) Phil. IV, 20.

mentoit de jour en jour (a). Le en jour (a). Le voyage qu'il fit dans la Grèce en 67, laissa un peu respirer l'église

(a) Néron montra tant de clémence les cinq premières années de son règne, qu'étant une fois obligé de signer l'arrêt de mort d'un criminel, il dit qu'il souhaiteroit ne point savoir écrire. Sénèque, son précepteur, et Burrhus, préfet du prétoire, dont il suivoit les conseils, ne laissèrent pas de décou vrir à travers cette modération, qu'il avoit un penchant à la cruauté. Ce fut pour cela que Sénèque écrivit, et lui adressa son traité de la clémence, que nous avons encore. Malheureusement ceux qui avoient sa confiance ne travaillèrent qu'à donner un autre objet à ses passions. Sénèque et Burrhus connivèrent à un commerce. impur, où il s'engagea dès sa jeunesse ; ce qui prouve combien étoit défectueuse la vertu même des plus sages d'entre les philosophes païens. Si les instituteurs de Néron s'imaginèrent qu'il falloit céder quelque chose pour sauver le reste, et passer certaines passions pour arrêter l'effet de celles qui devoient avoir plus d'influence sur l'état, ils virent par l'événement qu'ils s'étoient abusés par une fausse prudence. Il leur eût été bien plus glorieux de mourir que d'applaudir au moindre mal moral; mais le paganisme n'a jamais été capable de fournir des martyrs à la vertu. D'ailleurs, quand on connoît la nature des passions, on sait qu'il est très-dangereux de les flatter; qu'on ne peut bientôt plus les retenir dans les bornes qu'on vouloit leur prescrire, et que la tyrannie de leur pouvoir devient insurmontable. Cette vérité n'est que trop bien prouvée par l'exemple de Néron.

En effet, ce prince s'étant prévalu de l'indulgence qu'on avoit pour lui, s'abandonna en peu de temps à toute la fougue de ses désirs, sur-tout lorsqu'il commença à goûter le dangereux plaisir d'être maître de sa personne et de ses actions. Il se plongea publiquement, et sans aucun sentiment de honte, dans les plus infâmes débauches. Son cœur étoit si corrompu, qu'au rapport de Suétone, il étoit persuadé que tous les hommes lui ressembloient, avec cette seule différence qu'ils cachoient leurs crimes, et qu'ils étoieut encore hypocrites. Il y a un degré d'extravagance qui est inséparable du vice; mais cette extravagance, personne ne la porta jamais si loin que Néron. Tous ses projets annonçoient un insensé du premier ordre ; et rien ne flattoit plus son orgueil qu'une entreprise qui paroissoit impossible. Il méprisoit les règles que dictent la décence et la justice. Sa principale ambition étoit de chanter, de déclamer, et de jouer des instrumens sur le théâtre, ou de conduire un char dans le cirque. Malheur à quiconque refusoit de lui applaudir, ou ne lui laissoit pas remporter le prix ; il étoit égorgé, ou réservé à un genre de mort encore plus barbare. La cruauté étoit

de Rome. Il parcourut les principales villes de cette province, suivi d'une armée de pantomimes et de chanteuses, qui portoient des instrumens de musique, des masques et des habits de théâtre. Il se fit déclarer vainqueur dans tous les jeux publics, et on lui adjugea dix-huit cents couronnes différentes. Après avoir massacré la noblesse du pays, confisqué les biens des personnes riches, et pillé les temples, il revint à Rome pour y faire couler de nouveaux flots de sang. Saint Pierre et saint Paul scellèrent alors leur foi par un glorieux martyre. Processe et Martinien, leurs disciples, ne tardèrent pas à les suivre. Ils avoient, suivant l'auteur de leurs actes, la garde de la prison Mamertine, où les deux apôtres les instruisirent et les baptisèrent pendant qu'ils y furent détenus.

Saint Grégoire -le-Grand prêcha sa trentedeuxième homélie sur leur fête, dans une église où reposoient leurs corps. Les malades, dit ce Père, reçoivent la santé à leur tombeau ; les énergumènes y sont délivrés, et les parjures y sont tourmentés par les démons. L'ancienne église dont nous venons de parler étant tombée en ruines, le pape Paschal I transféra les reliques des deux martyrs dans celle de saint Pierre, sur le mont Vatican. On lit leurs noms dans les martyrologes de la plus haute antiquité.

Voyez saint Grégoire-le-Grand, hom. 32; Tillemont, Hist. le vice qui l'a principalement rendu l'objet de l'exécration du genre humain. Par le conseil de l'infâme Poppée, il fit assassiner sa mère Agrippine, en 58. Depuis ce temps-là, il n'eut point de plus grand plaisir que de tremper ses mains dans le sang de tout ce qu'il y avoit d'hommes illustres par leur naissance, leur courage et leur vertu, et principalement dans celui de ses proches. Octavie, sa femme, périt aussi, après avoir souffert toutes sortes de mauvais traitemens pendant plusieurs années.

Tome VI.

B

eccl. t. I, p. 179; et Hist. des emper.; Sollier, t. 1, Julii, P. 300.

S. OUDOCÉE,

III. ÉVÊQUE DE LANDAFF, EN ANGLETERRE.

CE Saint fut consacré à Dieu, dès son enfance, par ses parens, et élevé dans les principes du christianisme sous les yeux de saint Théliau, son oncle, évêque de Landaff. Il lui succéda sur le siége de cette ville vers l'an 580 (a). Mauric, roi de Glamorgan, avoit pour lui beaucoup de vénération, et le protégeoit dans toutes les circons→ tances où la gloire de Dieu étoit intéressée. Ayant été excommunié par le Saint pour avoir assassiné un prince nommé Cynedu, il se soumit humblement, fit de dignes fruits de pénitence, et fut enfin rétabli dans la communion de l'église. Saint Oudocée, mort vers la fin du sixième siècle, est nommé dans les calendriers d'Angleterre, sous le 2 de Juillet.

Voyez Ussérius, Antiquit. Britán. p. 291; Wharton, Anglia sacra, t. 11, p. 669; Alford, in Annal., et Lobineau, Vies des Saints de Bretagne, p. 89.

S.te MONÉGONDE, RECLUSE A Tours.

SAINTE MONEGONDE, née à Chartres, fut honorablement mariée par ses parens. Elle eut deux filles qui firent son bonheur dans le monde tant qu'elles vécurent. La mort les lui ayant enlevées,

(a) Selon les registres de Landaff, cités par Ussérius, saint Oudocée étoit fils de Budic II, prince de Cornouaille, dans l'Armorique, et il fut mis par son père entre les mains de saint Théliau, lorsque ce saint évêque fit un voyage dans l'Armorique; mais Ussérius se trompe lorsqu'il met ce voyage en 596. Nous apprenons de saint Grégoire de Tours, que Thierri, fils de Budic, fut fait prince de Cornouaille en 577, èt que son père étoit mort long-temps auparavant,

la douleur qu'elle ressentit fut d'abord excessive. Son extrême sensibilité lui fit comprendre que son attachement n'avoit point été renfermé dans de justes bornes, qu'il avoit affoibli dans son cœur l'amour de Dieu, et cette disposition où l'on doit être continuellement de se soumettre en tout et par-tout à la volonté du Ciel. La crainte d'offen+ ser le Seigneur arrêta donc le cours de ses larmes, et elle regarda le coup qu'elle avoit reçu comme un trait de la miséricorde de Dieu, qui avoit été obligé d'employer un remède violent pour guérir la plaie de son ame.

Fortement résolue d'abandonner un monde per fide, elle se bâtit à Chartres, du consentement de son mari, une cellule où elle se renferma pour y servir Dieu dans l'exercice continuel de la prière, et dans la pratique de toutes les austérités de la pénitence. Elle n'avoit d'autres meubles qu'une natte, sur laquelle elle prenoit la nuit quelques heures de repos, et d'autre nourriture que du pain bis et de l'eau.

Elle se retira depuis à Tours, et y continua le même genre de vie dans une cellule qu'elle fit bâtir auprès de l'église de Saint-Martin. Plusieurs femmes s'étant jointes à elle, il se forma à l'endroit où étoit sa cellule, un monastère de religieuses, dont on a fait depuis un chapitre de chanoines séculiers.

,

Sainte Monégonde mourut en 570, après avoir été long-temps un modèle accompli de vertu et de sainteté. Elle est nommée en ce jour dans le martyrologe romain. Elle est patronne de la célèbre collégiale de Chimay, en Hainaut,

Voyez saint Grégoire de Tours, Vit. Patr. c. 19, et de Glor. Confess. c. 24, et les Bollandistes, t. I, Julii, p. 309.

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