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partie du margraviat qui lui étoit échue. Il parcourut ensuite les différentes cours des princes de l'Europe, pour les engager à entreprendre une nouvelle croisade contre les Turcs, qui venoient de s'emparer de l'empire d'Orient. L'empereur Frederic IV, qui avoit donné en mariage Catherine d'Autriche, sa sœur, à Charles de Bade, frère de Bernard, mit ce dernier à la tête de l'entreprise. Bernard se rendit d'abord à la cour de Charles VII, roi de France, puis à celle de Louis, duc de Savoie. Il fut très-bien reçu par ces deux princes. Il partit de Turin au commencement de Juillet 1458, pour aller à Rome trouver le pape Calixte II; mais il tomba malade en route à Montiscalier, ville située sur le Pô, près de Turin. On le transporta dans le couvent des Franciscains, où il mourut le 25 de Juillet, laissant des marques non équivoques de sa sainteté (2). Il fut enterré dans la collégiale de Sainte-Marie de cette ville, près du grand autel.

Les vertus que Bernard de Bade avoit pratiquées dans le monde et dans la retraite, reçurent un nouvel éclat des miracles qui s'opérèrent à son tombeau, ainsi que dans la collégiale de la ville de Vic, appartenante à l'évêché de Metz, où le portrait du Saint avoit été placé par l'ordre de l'évêque George, son frère (3). Ces prodiges frappèrent si vivement le pieux prélat, qu'il en écrivit en 1478 aux magistrats de Montiscalier pour délibérer avec eux sur la béatification de Bernard, mort vingt ans auparavant. Le pape Sixte IV nomma, le 23 Décembre de la même année, des commissaires pour informer sur la vie et les miracles du vénérable Bernard. Il choisit de nou

(2) Philibert Pingoni, in Chron. Augusta Taurinorum. Meurisse, Hist. des Ev. de Metz, l. 3, p. 569.

veau, le 4 Août 1479, les évêques de Turin et de Carpentras pour continuer la procédure. Enfin le même pape publia, en 1481, le décret de la béatification du serviteur de Dieu, laquelle fut célébrée du vivant de la mère de Bernard et d'une partie de ses frères (4). George, évêque de Metz, mourut le 11 Octobre de l'an 1484. Christophe, margrave de Bade, fils de Charles, fit frapper dans les années 1501, 1512, 1513 et 1519, différentes médailles d'or et d'argent, où le bienheureux Bernard est représenté en casque et en cuirasse, la tête environnée d'une auréole, tenant d'une main l'étendard de Bade, et de l'autre l'écu de sa maison, avec cette inscription: Beatus Bernardus Marchio. On conserve son cilice dans le trésor de Bade-Dourlach. Le serviteur de Dieu est particulièrement honoré à l'abbaye de SaintVannes de Verdun (5). Sa mémoire obtint une nouvelle célébrité par les soins d'Auguste-George Simpert, dernier margrave de la branche de BadeBade (b), lequel fit confirmer la béatification par une bulle de Clément XIV, qui, au commencement de son pontificat, déclara le bienheureux Bernard patron du margraviat. Louis-Constantin de Rohan, cardinal-évêque de Strasbourg, par son mandement du 20 Juin 1770, étendit la fête du B. Bernard dans tout son diocèse, et la fixa au 24 Juillet; il ordonna en même temps de la célébrer du rit semi-double, et prescrivit le rit de se

(4) Les actes de cette béatification se trouvent dans les archives de l'évêché de Metz, à Vic.

(5) Calmet, Hist. de Lorraine, t. II, p. 705.

(6) Ce Margrave mourut à Radstadt, le 21 Octobre 1771, sans laisser d'enfans. En lui fut éteinte la branche catholique de la maison de Bade. Après sa mort, les deux margraviats furent réunis en la personne de Charles-Frédéric, margrave de Bade-Dourlach.

eonde classe dans les domaines du margraviat qui faisoient partie de son diocèse.

On trouve l'éloge des vertus du bienheureux Bernard dans Trithème, Chron. Hirsaug., p. 459; et dans Irenicus, in Exegesi Germaniæ, l. 3, c. 101. Sa vie, écrite en italien dans le siècle dernier par Jean-Baptiste Plancardi, a été traduite en allemand par le P. Hornig, jésuite, et imprimée à Strasbourg en 1686. Antoine Monbelli, patrice de la ville de Montiscalier, publia à Turin en 1722, in-4.°, la Corte sanctificata della Vita, e della virtu del B. Bernardo Marchese di Baden, protettore della cita di Moncalieri. Il a joint à cet ouvrage un poëme sur le serviteur de Dieu, dédié à Louis, margrave de Bade.

S. EUSTATHE, PATRIARCHE D'Antioche. Tiré de saint Athanase, de Sozomène, de Théodoret, Hist. l. 1, c. 6; de saint Jérôme, in Catal. c. 85. Voyez Tillemont, t. VII, p. 21; Ceillier, t. IV; le P. Bosch, in Vita S. Eustath. t. IV, Julii, p. 139, et Sollier, in Hist. chron, Patr. Antioch. t. IV, Julii, p. 35.

L'AN 338.

SAINT EUSTATHE eut pour patrie la ville de Side, en Pamphilie. Nous apprenons de saint Athanase (1), qu'il confessa généreusement la foi devant les persécuteurs, sans qu'on puisse toutefois déterminer si ce fut sous Dioclétien ou sous Licinius. Il étoit recommandable par son savoir et son éloquence mais il l'étoit beaucoup plus par son éminente sainteté, et par son zèle ardent à maintenir la pureté de la doctrine catholique, Ayant été placé sur le siége de la petite ville de Bérée, en Syrie, il s'acquit bientôt une grande (1) Hist. Arian. ad monachos, p. 346.

considération dans l'église, et il mérita de recevoir, en 323, une lettre particulière de saint Alexandre d'Alexandrie, au sujet d'Arius et de ses dogmes impies.

Antioche perdit la même année saint Philogone, son évêque, prélat illustre par le titre de confesseur qu'il avoit mérité dans la persécution de Licinius. On lui donna pour successeur un nommé Paulin, qui étoit peu propre à remplir les devoirs de cette place. Heureusement son épiscopat ne fut pas de longue durée; les ronces et les épines qu'il avoit laissées croître dans le champ de son église, demandoient une main habile qui sût les arracher du milieu du bon grain.

Personne ne paroissant plus capable qu'Eustathe de remédier aux maux qui s'étoient introduits, on le choisit, en 324, pour remplir le siége d'Antioche, qui étoit alors le troisième du monde chrétien. Il s'opposa fortement à sa translation; mais il fut obligé d'acquiescer à la fin. Sa résistance venoit de ce que ces sortes de translations étoient défendues par les canons de l'église, comme elles le sont encore aujourd'hui, à moins qu'il n'en résultât de grands avantages pour la gloire de Dieu et pour l'utilité du prochain. On avoit voulu, parlà, fermer la porte du sanctuaire à l'ambition et à l'avarice, et attacher les évêques à un diocèse qu'ils devoient gouverner toute leur vie. Eustathe, plein de zèle pour l'église, travailla fortement dans le concile de Nicée à faire maintenir la discipline ecclésiastique sur l'article dont nous parlons, et il eut beaucoup de part aux règlemens que l'on dressa pour empêcher que les évêques ne passassent d'un siége à un autre (2); il se dis(2) Conc. Nicæn. can, 15.

tingua aussi dans la même assemblée par son zèle contre l'arianisme.

De retour à Antioche, il y tint un concile pour rétablir la paix dans son église, qui étoit déchirée par diverses factions. Il se montra fort sévère dans l'examen de ceux qu'il recevoit parmi le clergé. Il rejetoit toutes les personnes dont la foi ou les mœurs étoient suspectes. Plusieurs de ceux qu'il avoit refusés embrassèrent depuis l'arianisme, ce qui justifia la conduite qu'il avoit tenue à leur égard. Il n'oublia jamais, au milieu des fonctions du ministère, qu'il devoit principalement s'appliquer à sa propre sanctification. Après avoir orné son ame de toutes sortes de vertus, il étoit ensuite plus en état de répandre sur les autres de sa plénitude. Il envoya aussi, dans les diocèses de la juridiction de son patriarcat, des hommes capables d'instruire et d'encourager les fidèles. Eusèbe, archevêque de Césarée, en Palestine, dont l'église étoit jusqu'à un certain point soumise à celle d'Antioche, ayant favorisé l'hérésie d'Arius, Eustathe en conçut une vive douleur, et son zèle en fut extrêmement alarmé (a); ce zèle fut la cause de l'orage violent qui se forma contre lui.

Le saint patriarche d'Antioche attaqua vigoureusement Eusèbe de Césarée, et l'accusa de donner atteinte à la doctrine de Nicée. Sur cette accusation, Eusèbe de Nicomédie, arien déclaré, résolut, avec plusieurs de ses amis, de perdre Eustathe à quelque prix que ce fût. Il feignit d'avoir envie de voir Jérusalem, où l'on avoit fait de nouveaux embellissemens; il se rendit donc dans cette ville, accompagné de Théognis de Nicée, son confident. Il y trouva Eusèbe de Cé

(a) Voyez après la vie de saint Eustathe, la notice de la vie et des écrits d'Eusèbe de Césarée. Tome VI.

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