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temps fait sa fête le 17 de Février, qui fut peutêtre le jour de sa translation.

Voyez Doublet, Félibien, le Cointe, Mabillon, et sur-tout M. l'abbé Grandidier, Hist. de l'église de Strasbourg, t. 1, p. 427-433.

S. ALEXIS, CONFESSEUR.

Tiré d'un poëme divisé en odes, et composé par Joseph-leJeune, qui florissoit dans le neuvième siècle ; d'une vie anonyme du saint, écrite dans le dixième, et citée par les Bollandistes; d'une homélie de saint Adalbert, évêque de Prague et martyr, ainsi que de plusieurs autres monumens authentiques. On peut consulter sur toutes ces pièces, Pinius, t. IV, Julii, p. 238 et seq. Le docte Bollandiste réfute solidement les imaginations que Baillet a débitées sur la vie de ce saint Alexis. La mémoire de ce saint a été aussi pleinement vengée par Nérinio, abbé des Hiéronymites de Rome, dans une dissertation de Templo et Cœnobio SS. Bonifacii et Alexii, laquelle fut imprimée à Rome en 1752, in-4. Voyez sur les actes chaldaïques du même saint, M. Jos. Assémani, in Calend. univ. ad 17 Martii, t. VI, p. 187, 189, et Bibl. orient. t. I, p. 401.

Cinquième siècle.

SAINT Alexis fut un rare modèle du mépris du monde. Son père, qui étoit un riche sénateur de Rome, lui fit donner une excellente éducation d'autant plus qu'il n'avoit pas d'autre fils. Le jeune Alexis trouva dans sa famille de grands exemples de charité, et son cœur naturellement tendre et généreux, profita singulièrement de cet avantage. Il apprit qu'on ne pouvoit faire un meilleur usage des richesses, que de les partager avec les pauvres, et qu'étant ainsi distribuées en aumônes, elles formoient un trésor dans le ciel pour l'éternité. Dès sa plus tendre jeunesse, il ne se contenta pas de donner aux indigens tout ce qui étoit à sa disposition; il employoit encore toutes sortes de moyens pour obtenir des autres les secours dont

il savoit que les malheureux avoient besoin. Lå manière dont il soulageoit l'indigence ajoutoit un nouveau prix à ses aumônes. On eût dit qu'il regardoit les pauvres comme ses bienfaiteurs ; et qu'il se tenoit pour obligé envers ceux qui avoient part à ses libéralités, tant il leur montroit d'affection et de tendresse.

A mesure qu'il croissoit en âge, le désir de l'immortalité se développoit dans son ame. Bientôt il ne goûta plus que les choses du ciel. L'idée seule d'un bonheur sans fin l'éleva au-dessus des biens périssables de la terre. Il ne vivoit plus que pour l'éternité. Tout lui paroissoit petit en comparaison de la douce espérance qui flattoit son cœur. Il trouvoit tant de charmes à la nourrir dans son ame, qu'il résolut de s'éloigner de tout ce qui seroit capable de l'en distraire. Son nom et ses richesses furent les premières tentations qu'il lui fallut vaincre; mais ce n'étoit pas là le plus grand sacrifice qu'il eût à faire. Ses parens voulurent absolument qu'il s'engageât dans le mariage; ils lui proposèrent un parti sortable, et le jour des noces fut ar rêté. Par condescendance pour sa famille, il épousa celle qu'on lui avoit choisie; mais il usa de la liberté que laisse l'église, avant la consommation du mariage, d'embrasser un état plus parfait : ainsi, le jour même de ses noces, il s'enfuit secrètement, et se retira dans un pays éloigné de sa patrie, à la faveur d'un habit déguisé. Il fixa sa demeure dans une petite cabane voisine d'une église dédiée sous l'invocation de la sainte Vierge.

Ses vertus cependant fixèrent sur lui les regards de ceux au milieu desquels il vivoit, et l'on crut s'apercevoir qu'il étoit un homme d'un rang distingué. Alexis se voyant découvert, retourna dans sa patrie quelque temps après. Il se présenta à la

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maison de son père sous l'extérieur d'un pauvre pélerin, et on lui accorda un petit domicile où il passa le reste de sa vie sans se faire connoître. Il bénissoit le Seigneur toutes les fois qu'il avoit occasion de souffrir des injures et les mauvais traitemens des domestiques. Il étoit près de rendre le dernier soupir lorsqu'il déclara à ses parens qui il étoit.

Saint Alexis florissoit, selon la plus commune opinion, sous le pontificat d'Innocent I, qui mourut en 417. On l'enterra sur le Mont-Aventin, et toute la ville de Rome assista à ses funérailles. On y trouva son corps en 1216, et il se garde aujourd'hui dans une magnifique église bâtie en cet endroit, laquelle porte le nom de Saint-Boniface, et de Saint-Alexis; elle est un titre de cardinal, et appartient aux Hieronymites. Le nom de notre Saint se lit dans les calendriers des Latins, des Grecs, des Syriens, des Maronites et des Ar

méniens.

Les voies extraordinaires par lesquelles Dieu se plait à conduire quelques ames privilégiées, sont moins l'objet de notre imitation que de notre admiration; mais il n'est aucune de ces ames qui ne nous offre des exemples à suivre. Si elles eurent une sainte avidité pour les humiliations, ne devons-nous pas au moins nous efforcer de faire un bon usage de celles que la Providence nous envoie? Non, nous ne serons jamais véritablement humbles, si nous ne saisissons toutes les occasions de déraciner de nos cœurs l'orgueil qui le tyrannise. Le fatal poison de ce vice, infecte tous les états; il se glisse dans toutes les conditions; les plus secrets replis de nos ames lui servent de retraite de tous nos ennemis, c'est toujours le dernier vaincu. Les actions les plus louables en

elles-mêmes, sont souvent dénaturées par sa malignité. Sans cesse il faut être en garde contre ses assauts; mais ce qui le rend plus redoutable, c'est que plus les plaies qu'il fait à nos ames sont profondes, moins nous sommes en état de les sentir et d'y apporter remède.

S. SPÉRAT ET SES COMPAGNONS, ORDINAIREMENT APPELÉS MARTYRS SCILLITAINS.

L'EMPEREUR Sévère ayant vaincu les rois qui avoient pris le parti de Niger contre lui, publia des édits sanglans contre les Chrétiens. Ce fut dans la dixième année de son règne qui étoit la 202. de Jésus-Christ. Les fidèles n'avoient pas laissé d'être auparavant persécutés en plusieurs endroits. Les gouverneurs des provinces s'autorisoient des lois de l'empire, qui proscrivoient les religions étrangères, et des édits de quelques prédécesseurs de Sévère, lesquels n'avoient point été révoqués: aussi voyons-nous que le proconsul Saturnin excita, en 200, une violente persécution en Afrique.

Les premiers Chrétiens qui souffrirent à Carthage furent les douze martyrs scillitains, ainsi nommés de Scillite, ville de la province consulaire, qu'on leur donne communément pour patrie. Âyant été arrêtés le 16 Juillet, on les conduisit devant le tribunal du proconsul. Les principaux d'entr'eux étoient trois hommes, Spérat, Narzal, Cittin, et trois femmes, Donate, Seconde, Vestine. Le proconsul les assura que l'empereur oublieroit leur désobéissance, et qu'il leur pardonneroit s'ils sacrifioient aux dieux des Romains; mais Spérat répondit généreusement au nom de tous ses compagnons: « Nous n'avons commis

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» aucun crime; nous n'avons insulté personne; » au contraire, lorsqu'on nous a maltraités, nous » en avons remercié le Seigneur. Sachez donc » que nous n'adorons que le seul vrai Dieu, qui » est le maître et l'arbitre de toutes choses et » c'est pour nous conformer à sa loi que nous » prions pour ceux qui nous persécutent injuste»ment. » Le proconsul les pressant de jurer par le génie de l'empereur, Spérat reprit » Je ne >> connois point le génie de l'empereur de ce » monde; mais je sers le Dieu du ciel, qu'aucun » homme n'a vu, ni ne peut voir. Je n'ai jamais >> commis de crime punissable par les lois de l'état. » J'ai toujours payé les droits dus au prince, que » je regarde comme mon seigneur sur la terre; » mais je n'adore que mon Dieu, qui est le Roi » des rois, et le maître souverain de toutes les na» tions de l'univers. Encore une fois, je ne suis » coupable d'aucun crime; ainsi je n'ai mérité » aucune punition. » Là-dessus le proconsul ordonna qu'ils fussent menés en prison, et qu'on les mit aux ceps jusqu'au lendemain.

Le jour suivant, le proconsul étant assis sur son tribunal, se les fit amener, et dit aux femmes d'honorer le prince, et de sacrifier aux Dieux. Donate répondit: « Nous rendons à César ce qui >>> appartient à César; mais nous n'adorons que » Dieu, et nous n'offrons qu'à lui des sacrifices. » Je suis aussi chrétienne, dit Vestine. je crois >> aussi en mon Dieu, dit Seconde, et je veux lui >> être toujours fidelle. Quant à vos dieux, jamais >> nous ne nous déterminerons à les servir et à les >> adorer. » Le proconsul ayant ordonné qu'on les remit en prison, fit approcher les hommes, puis adressant la parole à Spérat, lui dit : « Persistes» tu encore dans ta première résolution? Es-tu

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