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tres, sur lequel il y avoit un autel. Il enferma ensuite d'une bonne muraille tout le Mont-Vatican, où il se forma un nouveau quartier ou une nouvelle ville, qui prit le nom de Léonine. Non-seulement l'empereur Lothaire y consentit, mais il aida encore le Saint par ses libéralités. Léon fit aussi réparer les murs de Rome, qu'il flanqua de quinze tours.

Lorsque Rome fut en état de défense, les Sarrasins marchèrent vers Porto, dans le dessein de piller cette ville. Les Napolitains envoyèrent une armée au secours des Romains, et le pape s'étant rendu à Ostie où étoient ses troupes, il leur donna sa bénédiction, et tous les soldats reçurent la communion de ses mains. Les Sarrasins furent défaits, et tous furent tués ou mis en fuite.

Léon, persuadé que les péchés du peuple étoient la principale cause des malheurs publics, s'appliqua fortement à la réformation des mœurs et au rétablissement de la discipline ecclésiastique. Il tint à Rome un concile où se trouvèrent soixantesept évêques; et pour faire un exemple, il déposa Anastase, cardinal-prêtre de Saint-Marcel, pour n'avoir pas résidé dans sa paroisse. Il adressa à tous les évêques et à tous les pasteurs une homélie sur leurs devoirs, que nous avons encore (a). La piété s'y trouve réunie au savoir et à la solidité.

Ethelwolph, roi d'Angleterre, ayant fait un pélerinage à Rome en 854, le saint pape l'y reçut avec les plus grandes marques d'honneur.

Saint Léon fut aussi favorisé du don des miracles. On rapporte qu'il éteignit, par le signe de la croix, un violent incendie qui alloit gagner l'église du prince des apôtres. Il mourut le 17

(a) Le P. Labbe l'a publiée d'après des Mss. du Vatican; elle se trouve aussi dans le pontifical romain.

Juillet 855, et eut pour successeur immédiat Benoit III, prêtre de l'église de Saint-Calixte (b).

(b) La fable de la papesse Jeanne, qui siégea entre saint Léon IV et Benoît III, ne mérite point une réfutation sérieuse. Qu'on lise l'auteur des annales de saint Loup de Ferrières, de saint Bertin, p. 103, ad Benedict. III; Odon et Reginon dans leurs chroniques, Hincmar, dans sa lettre vingt-sixième, adressée au pape Nicolas I, successeur de Benoît III, tous s'accordent à mettre Benoît III immédiatement après saint Léon IV. Photius, l. de Process. Spir. Sanct., et Métrophane de Smyrne, l. de Divinit. Spir. Sanct. l'un et l'autre ennemis déclarés du saint siége, et qui étoient contemporains, ainsi que les autres auteurs que nous venons de citer, disent expressément la même chose; aussi Blondel, tout violent calviniste qu'il étoit, a-t-il composé une dissertation pour démontrer la fausseté de l'histoire de la prétendue papesse.

Le premier auteur où elle se trouve est Marianus Scotus, qui écrivit une chronique à Mayence, en 1083; de là elle passa dans la chronique de Martinus Polonus, dominicain, qui florissoit en 1277; mais elle n'est point dans le véritable manuscrit de cet ouvrage, qui se garde dans la bibliothèque du Vatican, comme nous l'assure Léon Allatius; elle n'est point non plus dans d'autres anciens manuscrits, selon Burnet (Nouvelles de la Rép. des Lettres, Mars 1687), et selon Casleu, (Catal. Bibl. Reg. Londin. p. 102. ) Le savant Lambécius, garde de la bibliothèque impériale à Vienne, a dé montré aussi, Catal. vol. 2, p. 860, qu'elle n'étoit point dans les manuscrits qui passent pour les plus anciens et les plus exacts. Il dit la même chose, et sur les mêmes autorités, de la chronique de Marianus Scotus.

Le nom de la prétendue papesse Jeanne s'est glissé, on ne sait comment, dans la chronique de Sigebert, qui fut écrite en 1112; car il ne se lit point dans le manuscrit original que Lemire trouva à Gemblours, et donna au public. Quoi qu'il en soit, on ne doute point que les fourrures mises à ce sujet dans la chronique de Marianus Scotus, n'aient été la source où les écrivains postérieurs ont puisé. Au reste, le récit des fourbes se détruit par lui-même. Ils font siéger leur papesse deux ans et cinq mois, et prétendent qu'elle avoit étudié à Athènes, où il n'y avoit plus d'écoles depuis long-temps. Nous ne nous arrêterons point aux contes que l'on a débités à cette occasion, sur un certain siége de porphyre que l'on voit dans un garde-meuble de l'église de SaintJean-de-Latran.

Il y a dans le même endroit deux siéges semblables; celui que l'on montre aux voyageurs est d'un travail achevé, et d'une antiquité qui remonte jusqu'aux beaux jours de l'an

SYMPHOROSE, etc. (18 Juillet.) 295 C'étoit un homme d'une vertu reconnue et d'une humilité profonde, qui mit tout en œuvre pour ne point accepter le souverain pontificat. Ce même Anastase, que saint Léon avoit déposé, parvint à se faire élire pape, et à mettre dans ses intérêts l'empereur Louis II; mais le peuple persista dans le choix qu'il avoit fait de Benoît III, lequel fut intronisé le 1. Septembre de la même année 855 (c),

Voyez Sollier, t. IV, Julii, p. 302.

Ste. SYMPHOROSE,

ET SES SEPT FILS, MARTYRS.

Tiré de leurs actes sincères, publiés par D. Ruinart. Ils sont attribués dans quelques manuscrits au célèbre Jules Africain, qui avoit composé une chronologie depuis le commencement du monde jusqu'au règne d'Héliogabale, que nous n'avons plus, mais dont Eusèbe parle comme d'un ouvrage exact et achevé. Voyez Ceillier, t. I, p. 668.

L'AN 120.

LA persécution excitée par Trajan fit sentir ses ravages jusqu'à la première année du règne d'Adrien, et ce fut là, selon Sulpice Sévère, l'époque de la quatrième persécution générale. Adrien cependant prit des sentimens plus favorables au christianisme, et défendit vers l'an 124, de poursuivre ceux qui le professoient. On croit qu'il fut cienne Rome. L'art de sculpter le marbre étoit perdu bien avant le neuvième siècle, et il ne reparut en Europe que du temps du célèbre Côme de Médicis. Il est assez probable que ce morceau servoit aux bains ou à quelques cérémonies superstitieuses.

Voyez sur la fable de la papesse Jeanne, Lambécius, Blon del, Léon Allatius, le P. Alexandre, Boerhaave, etc.

(c) C'est ce que rapporte Anastase le bibliothécaire, qui vivoit alors, et qui écrivoit avant l'année 870. Cave dit, en parlant de cet auteur, que c'étoit le plus habile homme et le plus bel ornement de son siècle.

SYMPHOROSE, etc. (18 Juillet. ) déterminé à ce parti par l'impression que firent sur lui les apologies de Quadrat et d'Aristide, ainsi que la lettre que Sérénius Granianus, proconsul d'Asie, lui écrivit en faveur des Chrétiens (a). Il marqua même de la vénération pour Jésus-Christ, qu'il ne regardoit pas à la vérité, comme le Sauveur du Monde, mais comme un être d'une nature nouvelle et extraordinaire; il mit son image à côté de celle d'Apollonius de Tyane (b).

(a) Adrien, né à Italica, près de Séville, en Espagne, étoit cousin-germain de Trajan, qui l'adopta, et auquel il succéda sur le trône impérial, en 117. Il avoit une passion extrême pour tout ce qui étoit extraordinaire, et une connoissance peu commune des mathématiques, de l'astrologie judiciaire, de la physique, de la musique, et généralement de tous les arts de curiosité. Mais, dit Bacon, c'étoit en lui un travers d'esprit, de vouloir tout comprendre, et de négliger ce qu'il y a de plus utile dans la sphère des connoissances humaines. Son inconstance égaloit sa légèreté. Sa vanité alloit si loin, qu'il faisoit mettre à mort ceux qui osoient se donner pour ses rivaux dans quelque art ou dans quelque science; aussi loua-t-on la prudence d'un particulier qui n'avoit point voulu disputer avec lui, et qui répondit à ceux qui lui en demandoient la raison, qu'il étoit juste de céder à celui qui commandoit trente légions.

Le commencement du règne d'Adrien fut cruel. On loue cependant ce prince pour deux choses qui le rendirent alors vraiment recommandable. 1. Ayant été élevé à l'empire, dit Spartien, il se défit de ses haines particulières, et oublia les injures qu'il avoit reçues, au point que quand il eut été fait empereur, il dit à un de ses plus grands ennemis : « Vous n'avez plus rien à craindre présentement. 2.o Un jour qu'il passoit, une femme se mit à crier : « Ecoutez-moi, » César. » Et comme il répondit qu'il n'avoit pas le temps, cette femme lui répliqua : « Ne soyez donc pas empereur. » Noli ergo imperare. » Frappé de ces paroles, il s'arrêta, et entendit les plaintes qu'on lui portoit.

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(6) La paix dont jouissoit alors l'église fut troublée pendant quelque temps. Les Chrétiens, que les idolâtres confondoient avec les Juifs, se trouvèrent enveloppés dans la disgrâce que ceux-ci s'attirèrent par leur révolte; et ce fut en punition de cette révolte qu'Adrien acheva de détruire Jérusalem, en 134. Nous lisons dans saint Paulin, ep. 11 ad Sever., que ce prince fit placer une statue de Jupiter à l'en

Ayant fait bâtir, vers l'an 120, un magnifique château à Tibur ou Tivoli (c), il l'enrichit de toutes les curiosités de l'art, que l'on y apporta des différentes provinces. Lorsqu'il le vit achevé, il en ordonna la dédicace, qui se fit avec les cérémonies usitées parmi les païens. On commença par des sacrifices, que l'on offrit dans le dessein d'engager les idoles à rendre des oracles. Telle fut la réponse des démons: « La veuve Sympho>> rose et ses sept fils nous tourmentent chaque » jour en invoquant leur Dieu; si vous les portez » à sacrifier, nous vous promettons d'écouter fa>> vorablement vos vœux. »

Symphorose vivoit à Tivoli avec ses sept fils, et employoit ses revenus, qui étoient considérables, à soulager les pauvres, et surtout les Chrétiens qui souffroient pour la foi. Elle étoit veuve de Gétulius ou Zoticus, qui avoit reçu la couronne du martyre avec son frère Amantius, et qui est honoré le io de Juin. Après la mort de l'un et de l'autre, Symphorose enterra leurs corps. Comme elle ne désiroit plus que de voir arriver le moment où elle leur seroit réunie dans la gloire avec ses fils, elle se préparoit continuellement à les suivre par la pratique des bonnes œuvres.

Adrien, dont la superstition avoit été alarmée par la réponse de ses dieux, ou de leurs prêtres, se fit amener Symphorose et ses fils. Symphorose vint avec joie, priant pour elle et pour ses enfans, et demandant à Dieu la grâce de confesser géné

droit où Jésus-Christ étoit ressuscité, et une statue de Vénus à l'endroit où il avoit été crucifié. Saint Jérôme, ep. 13 ad Paul., dit qu'il consacra à Bethlehem une grotte en l'honneur d'Adonis ou de Thammus, auquel il dédia aussi la grotte dans laquelle Jésus-Christ étoit né.

(c) Sur les bords rians de l'Anio, appelé aujourd'hui Teverone, à seize milles de Rome.

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