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dit sur le chevalet; et qu'on leur déchirât les côtés avec les ongles de fer. Auprès de l'instrument de leur supplice étoit une idole avec de l'encens, afin que la facilité de sacrifier les portât à se délivrer des tourmens; mais rien ne put ébranler leur constance. Juste expira sur le chevalet. Le juge assuré de sa mort fit étrangler Rufine, après quoi les corps des deux Saintes furent brûlés. Elles souffrirent en 304.

Voyez leurs actes, publiés par Maldonat, ainsi qu'Adon, Usuard, etc.

S. AURÈLE, ARCHEVÊQUE DE CARTHAGE.

SAINT AURÈLE fut choisi, en 388, pour gouverner l'église de Carthage dont il étoit archidiacre. La dignité de son siége n'étoit pas de beaucoup inférieure à celle d'un patriarche; elle lui donnoit une juridiction fort étendue sur les métropolitains de plusieurs provinces de l'Afrique. Il se lia d'une étroite amitié avec saint Augustin, de qui il reçut de sages avis sur la conduite qu'il devoit tenir à l'égard des Donatistes. Il montra un grand zèle pour ramener les schismatiques au centre de l'unité; il assembla divers conciles pour discuter les difficultés qu'ils proposoient, et prit tous les moyens qui lui parurent les plus propres à rétablir la paix dans l'église.

Son zèle ne brilla pas avec moins d'éclat dans l'affaire des Pélagiens. Il fut le premier qui condamna Célestius, disciple de Pélage, et cette condamnation se fit dans un concile tenu en 412. Quatre ans après, il condamna Pélage lui-même dans un autre concile. Il anathématisa la doctrine impie de cet hérésiarque, avant que saint Augustin se fût mis sur les rangs pour la combattre.

Ce saint évêque mourut en 423. Saint Fulgence lui donne de grands éloges (1). Saint Aurèle est nommé sous le 20 Juillet dans le calendrier d'Afrique, qui est du cinquième siècle.

Voyez les actes des conciles de Carthage, les annales de Baronius, Baillet, etc.

S. ULMER OU VILMER,

ABBÉ DE SAMER, EN PICARDIE.

CE Saint, issu d'une famille honnête, naquit dans le territoire de Boulogne, en Picardie. Ayant renoncé au monde dès sa jeunesse, il se retira parmi les frères convers de l'abbaye de Haumon, en Hainaut, où il fut employé à garder les troupeaux, et à couper du bois pour la communauté. L'esprit de prière qu'il possédoit dans un degré éminent, l'eut bientôt rendu l'admiration de tout le monastère. Il consentit par obéissance à recevoir les ordres sacrés, et même la prêtrise. Son amour pour la retraite lui fit demander la permission de vivre seul dans un ermitage près de la montagne de Cassel. Il revint depuis dans sa patrie, et fonda une abbaye dans un bois qui étoit sur une des terres de son père. C'est l'abbaye de Samer, ainsi appelée par corruption de son fondateur, et qui appartient aujourd'hui à la congrégation de Saint-Maur.

Le Saint, renfermé dans cette solitude, évitoit tout ce qui auroit été capable de le distraire, vivoit dans un recueillement continuel, et vaquoit presque sans cesse aux exercices de la contemplation. Il y continua ce genre de vie jusqu'à sa bienheureuse mort, qui arriva le 20 Juillet 710. Plusieurs miracles attestèrent sa sainteté. (1) L. 2, de Prædestin.

Il est nommé sous ce jour dans différens martyrologes.

Voyez sa vie anonyme, écrite avec beaucoup de fidélité, et publiée par Mabillon, Act. Ben. sect. 3, part. 1 P. Cuper, un des continuateurs de Bollandus, en a donné une , p. 234. Le édition plus complète, avec de nouvelles remarques, t. V, Julii, p. 81.

S. CESLAS

RELIGIEUX DE L'ORDRE DE S. DOMINIQUE.

CESLAS sortoit de la maison des comtes d'Odrovans; il étoit frère de saint Hyacinthe, et passa ses premières années près de Cracovie en Pologne, S'étant consacré à Dieu dans l'état ecclésiastique, il se rendit recommandable par sa piété, son savoir et l'innocence de ses moeurs. Il fut d'abord chanoine de Cracovie, puis conservateur de Sandomir. Les richesses qu'il possédoit furent employées au soulagement des pauvres. Il menoit la vie la plus pénitente et la plus mortifiée.

Dans un voyage qu'il fit en Italie avec Ives Konski son oncle, chancelier de Pologne, il prit à Rome, en 1218, l'habit de saint Dominique, ainsi que saint Hyacinthe son frère. Ayant quitté l'Italie, il annonça la parole de Dieu avec un succès merveilleux dans l'Allemagne et la Pologne. En 1222, il fonda à Prague un couvent où il rassembla cent vingt-six religieux. André, évêque de la ville, y prit lui-même l'habit, après avoir donné la démission de son siége, du consentement du pape Honorius III. Le Saint fonda dans la même ville un couvent de Dominicaines, où Marguerite, fille de Léopold, archiduc d'Autriche, et veuve de Henri, roi des Romains, y fit depuis profession. Cette princesse voulut par humilité n'être

que sœur converse.

Saint Ceslas envoya vingt-sept religieux de son ordre prêcher la foi dans la Bosnie, et ils reçurent tous la couronne du martyre. Il prêcha luimême dans la Silésie, et résida long-temps à Breslaw. Ce fut lui qui conduisit sainte Hedwige dans les voies de la perfection. Il peupla les royaumes du nord de fervens serviteurs de Dieu. Il joignit au don de prophétie celui des miracles.

Les Tartares d'Asie, au nombre de cinq cent mille hommes, étant venus en 1240, attaquer l'Occident, portèrent la désolation dans la Russie, la Bulgarie, l'Esclavonie, la Pologne, la Hongrie, et sur les frontières de l'Allemagne. Ils tuèrent Henri II, surnommé le Pieux, duc de Silésie, dans la fameuse journée de Wolstadt, et marchèrent contre Breslaw. Les habitans de la ville, après avoir brûlé ou caché leurs effets les plus précieux, se retirèrent dans la citadelle. Saint Ceslas les y accompagna pour les assister et les consoler. Les prières qu'ils adressoient sans cesse à Dieu pour leur délivrance, furent enfin exaucées. Les barbares avoient fait une large brèche, et se préparoient déjà à escalader les murailles; mais le Saint, qui venoit d'offrir les divins mystères, n'eut pas plutôt paru, qu'il tomba du ciel un globe de feu sur le camp des infidèles, dont la terreur et la confusion s'emparèrent tout à coup; en même temps les assiégés firent une vigoureuse sortie. Les Tartares, dont plusieurs périssoient par les flammes, voyant que le ciel combattoit visiblement contre eux, prirent la fuite et abandonnèrent leur entreprise. Ce fut ainsi que ces barbares, qui avoient renversé tant de trônes, furent arrêtés dans leurs victoires par les prières d'un humble serviteur de Dieu, qui en cette occasion renouvela les prodiges d'Elie et d'Elisée.

Les circonstances de ce miracle sont attestées par d'anciens monumens qui se gardent encore dans les archives publiques de Breslaw; on en trouve aussi le récit dans l'histoire de Pologne, par Martin Cromer, évêque de Warmie; dans Longinus, et dans les autres historiens du Nord.

Saint Ceslas mourut au mois de Juillet de l'année 1242. Ses reliques sont à Breslaw dans une belle chapelle. Le culte qu'on lui rendoit de temps immémorial, fut approuvé par Clément XI en 1713.

Voyez le P. Touron, Vie de saint Dominique, p. 622; Bzovius, t. XIII; Longinus, Histor. Polon.; Mathias de Miacovia, in Chronicis Poloniæ, et Benoît XIV, de Canoniz. l. 2. c. 34, p. 264.

S. JEROME ÉMILIANI, INSTITUTEUR DE
CONGREGATION DES CLERCS RÉGULIERS,
SOMASQUES.

LA

DITS

JEROME EMILIANI, d'une famille noble de Venise, prit dans sa jeunesse le parti des armes. Il avoit reçu une éducation chrétienne; mais il se laissa bientôt entraîner par le torrent des passions. Il servit avec distinction dans les guerres que la république eut à soutenir à la fin du quinzième siècle. Ayant été choisi gouverneur de Castelnovo, sur les frontières de Tréviso, il fut fait prisonnier, et chargé de fers. L'état où il se voyoit réduit le fit rentrer en lui-même: il sanctifia ses souffrances par la pénitence et la prière. Il recouvra la liberté, et il attribua sa délivrance à la protection de la sainte Vierge. Arrivé à Tréviso, il suspendit ses chaînes devant un autel consacré au Seigneur sous l'invocation de la mère de Dieu.

Lorsqu'il fut de retour à Venise, il se consacra sans réserve à la pratique de toutes les vertus

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