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chrétiennes. Il fit sur-tout éclater sa charité durant une famine et une maladie épidémique qui firent de grands ravages. Il pourvut abondamment aux besoins des pauvres. Touché du sort des malheureux enfans que la mort avoit privés de leurs parens, il loua une maison où il les réunit, et où il se chargea du soin de les nourrir, de les entretenir, de leur enseigner la doctrine chrétienne, et de leur inspirer des sentimens de vertu. Il établit depuis de semblables hôpitaux pour les orphelins à Bresse, à Bergame et en d'autres lieux. Son zèle pour la gloire de Dieu lui fit aussi fonder des maisons de retraite pour les filles pénitentes. Il ne s'agissoit plus que de choisir le lieu où l'on formeroit, par des exercices convenables, les membres de la nouvelle congrégation. Le Saint se détermina pour Somasque, village situé sur les frontières de l'état de Venise, entre Bergame et Milan. Il fit long-temps sa résidence dans la maison qu'il s'y étoit procurée. C'est de là que ses disciples furent appelés clercs réguliers somasques. On leur a donné aussi quelquefois le nom de congrégation de Saint-Maïeul, parce que ce Saint est patron d'un collége de Pavie, dont saint Charles Borromée donna la conduite à cette congrégation,

L'institut de saint Jérôme Emiliani avoit et a encore aujourd'hui pour but principal, l'instruction des enfans et des jeunes ecclésiastiques. Ceux qui l'embrassèrent du vivant du bienheureux fondateur, étoient tous laïques, et il n'étoit approuvé que comme une congrégation pieuse. Le serviteur de Dieu mourut à Somasque le 8 Février 1537, d'une maladie contagieuse qu'il avoit gagnée en servant les malades. Il fut béatifié par Benoît XIV, et canonisé par Clément XIII En

1769, le saint siége approuva un office composé en son honneur, et permit de lé réciter, le 20 de Juillet.

En 1540, la congrégation des Somasques fut approuvée comme ordre religieux, par Paul III. Pie V et Sixte V confirmèrent cette approbation sous la règle de saint Augustin, l'un en 1571, et l'autre en 1586. Les Somasques n'ont de maisons qu'en Italie et dans les cantons suisses qui professent la religion catholique. Leur ordre est divisé en trois provinces, celle de Lombardie, celle de Venise et celle de Rome. Le général est triennal, et tiré alternativement de chacune de ces provinces.

Voyez la vie de saint Jérôme Emiliani, écrite en latin par Augustin Turtura, Milan, 1620, in-8.o; Hélyot, Hist. des Ordres rel. t. IV, p. 223, etc.

S.te PRAXÈDE, VIERGE.

SAINTE PRAXÈDE, étoit fille de Pudens, sénateur romain, et sœur de sainte Pudentienne. Ce fut sous le pontificat de Pie I, et sous le règne de l'empereur Antonin le Pieux, qu'elle édifia la ville de Rome par l'éclat de ses vertus. Elle avoit de grands biens, qu'elle employa à soulager les pauvres, et à pourvoir aux besoins de l'église. Elle tâchoit d'avoir quelque part à la couronne des martyrs par les consolations et les secours qu'elle leur procuroit. On admiroit sur-tout en elle un grand amour pour la prière, le jeûne et les veilles. Elle mourut en paix, et fut enterrée auprès de sa sœur sur la voie Salarienne. Bède et les autres martyrologistes la qualifient vierge.

Il est parlé dans la vie du pape Symmaque d'un titre qui portoit anciennement à Rome le nom de

sainte Praxède. Cette église fut réparée par les papes Adrien I et Paschal I; elle le fut aussi par saint Charles Borromée, qui en prit son titre de cardinal.

Les premiers Chrétiens ne vivoient que pour le ciel; continuellement ils avoient les yeux de l'esprit fixés sur le souverain bien. Connoître et aimer Dieu, voilà quel étoit l'objet de leurs pensées et de leurs actions; tout ce qui eût été capable de les en détourner, leur paroissoit digne de mépris et d'horreur. Cette attention à Dieu, que rien n'interrompoit jamais, les soutenoit dans la retraite; elle communiquoit la vie à leurs bonnes œuvres, et leur donnoit en quelque sorte des ailes pour s'élever au ciel dans leurs exercices; elle les animoit à la ferveur dans la pratique du bien; elle les faisoit triompher des plus grands obstacles et des plus rudes tentations; elle les empêchoit de succomber sous le poids des épreuves et des afflictions.

S. ZOTIQUE,

ÉVÊQUE DE COMANE, EN CAPPADOCE, MARTYR. CE que nous savons de saint Zotique de Comane se réduit à très-peu de chose. Il fut le premier qui découvrit les erreurs et les impostures des Cataphryges ou Montanistes ; il les attaqua avec beaucoup de zèle, les condamna publiquement, et fit voir l'illusion des prétendues prophéties de ces hérétiques. Au triomphe qu'il avoit remporté sur l'hérésie et l'imposture, il joignit la couronne du martyre, qu'il reçut durant la persécution de l'empereur Sévère, vers l'an 204.

Voyez Eusèbe, Hist. l. 5, c. 16, et les anciens martyrologes.

S. BARHADBESCIABAS, DIACRE ET MArtyr.

La quinzième année de la grande persécution que le roi Sapor II avoit excitée contre l'église de Perse, Barhadbesciabas, diacre de la ville d'Arbèle, fut arrêté et étendu sur le chevalet, par l'ordre de Sapor-Tamsapor, gouverneur de l'Adiabène. Pendant qu'on le tourmentoit, les bourreaux ne cessoient de lui crier : « Adore le feu et >> l'eau, et mange du sang des animaux; par-là, >> tu vas recouvrer ta liberté. » Le saint diacre montroit, par la sérénité de son visage, que la joie intérieure dont son ame étoit comme inondée surpassoit de beaucoup la violence des tourmens qu'il ressentoit en son corps. Il disoit souvent au juge: «Ni vos ordres, ni ceux de votre roi, ni »les supplices, quels qu'ils soient, ne seront ca »pables de me séparer de l'amour de Jésus» Christ. Je n'ai servi que lui dès mon enfance, jusqu'à l'âge où je suis parvenu. >> » Le juge l'ayant condamné à perdre la tête, ordonna qu'il fût exécuté par un chrétien apostat, qui se nommoit Aghée. Barhadbesciabas attendoit avec joie le moment qui devoit l'associer à la compagnie des anges; mais la crainte empêcha l'apostat de lui ôter la vie d'un seul coup. Il le frappa sept fois au col, sans pouvoir détacher la tête du reste du corps. Hors de lui-même, il lui enfonça son glaive dans le cœur pour l'achever. Le juge fit garder le corps du Saint, afin que les Chrétiens ne l'enlevassent point; mais deux clers l'emportèrent pendant la nuit, et l'enterrèrent à la manière des romains. Le saint diacre souffrit le 20 de Juillet, l'an de Jésus-Christ 354, le 45. de Sapor II.

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Voyez ses actes sincères, écrits en chaldaïque, et publiés par M. Assémani, t. I, p. 129.

S. VICTOR DE MARSEILLE, MARTYR. L'EMPEREUR Maximien, les mains encore fumantes du sang de la légion thébéenne, et de celui de plusieurs autres martyrs, qu'il avoit répandu dans différentes provinces des Gaules, vint à Marseille, où il y avoit une église aussi nombreuse que florissante. Son arrivée remplit de crainte les fidèles qui la composoient. Dans cette consternation générale, un officier chrétien nommé Victor, alloit durant la nuit, de maison en maison, visiter les frères, pour les exhorter au mépris de la mort, et pour leur inspirer le désir des biens éternels.

Ayant été surpris dans une action si digne d'un soldat de Jésus-Christ, on le conduisit devant les préfets Astérius et Eutychius. Ceux-ci lui représentèrent le prétendu danger qu'il couroit, et lui dirent qu'il y avoit de la folie de s'exposer à perdre le fruit de ses services avec la faveur du prince, en adorant un homme mort. C'étoit ainsi qu'ils appeloient Jésus Christ. Victor leur répondit qu'il renonçoit à tous les avantages dont il ne pourroit jouir qu'en devenant infidèle à JésusChrist, le Fils éternel de Dieu, qui avoit daigné se faire homme pour notre salut, mais qui s'étoit ressuscité lui-même après sa mort, et qui régnoit avec son Père céleste, auquel il étoit parfaitement égal en toutes choses. Cette réponse excita par-tout des cris tumultueux d'indignation et de rage; mais comme le prisonnier étoit un homme de qualité, on l'envoya à l'empereur. L'air furieux de Maximien ne fut point capable d'ébranler la Tome VI. Q *

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