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première fois à Douai, en 1616, avec des commentaires d'Alard Gazet, bénédictin de Saint-Vaast d'Arras. Deux ans après, on les réimprima à Arras, avec des notes plus étendues. On en a donné depuis différentes éditions à Paris, à Lyon et à Francfort.

Voyez Cuper, Act. Sanct. ad 23 Julii, t. V, à pag. 458 ad pag. 482, et D. Rivet, Hist. litt. de la Fr. t. II, p. 215.

S. ARBOGASTE,

DIX--NEUVIÈME ÉVÊQUE DE STRASBourg.

SAINT ARBOGASTE naquit dans la partie méridionale de la France, que nous appelons la Guienne, et qui portoit autrefois le nom d'Aquitaine (a). Ses parens tenoient un rang distingué dans le pays; il les quitta quelque temps avant l'année 667, pour se retirer en Alsace. Îl s'établit à trois lieues de Haguenau, dans la forêt qu'on appela depuis Heiligen-Forst, ou la forêt sainte, à cause des miracles qu'Arbogaste opéra dans cette solitude, des saints anachorètes qui l'habitèrent, et des monastères qu'on y construisit. Il y bâtit une église sous l'invocation de la sainte Vierge et de saint Martin de Tours, avec un monastère que Dagobert II enrichit de ses libéralités peu après, et qui prit le nom de Surbourg, de la rivière voisine. Dagobert, nouvellement rétabli sur le trône d'Austrasie, le choisit, en 673, pour remplacer Rothaire, évêque de Strasbourg. Le prince fit ce choix pour témoigner sa vénération pour les vertus d'Arbogaste, et en même temps par reconnoissance de ce que Sigebert son fils, qui s'étoit blessé dangereusement en tombant de

(a) Quelques-uns donnent l'Ecosse pour patrie à saint Arbogaste, d'autres le font naître en Irlande; mais les historiens d'Alsace prétendent qu'il naquit dans l'Aquitaine, et ils s'accordent en ce point avec les anciens bréviaires de Strasbourg, et avec Uthon, auteur de la vie du Saint.

cheval à la chasse dans la forêt d'Ebersmunster, avoit été guéri par les prières du serviteur de Dieu. Deux ans après, il donna à la cathédrale de Strasbourg la terre de Rouffach, le palais d'Isenbourg qu'il habitoit, avec le territoire qui en dépendoit.

Saint Arbogaste mourut le 21 Juillet 678. Il donna à sa mort une marque éclatante de son humilité, en demandant d'être enterré hors de la ville, sur une colline où l'on exécutoit les criminels. Les miracles qui s'opérèrent à son tombeau le rendirent bientôt célèbre. Saint Florent son successeur leva son corps de terre, et l'exposa à la vénération publique. On bâtit dans le lieu de sa sépulture une chapelle sous l'invocation de saint Michel. Ses reliques furent transférées dans l'église abbatiale de Surbourg avant le dixième siècle. Deux siècles après, on les divisa en deux parties: l'une resta à Surbourg, et s'y est conservée jusqu'en 1632, qu'elle fut perdue pendant la guerre des Suédois; on déposa l'autre dans le monastère de Saint-Arbogaste, qui venoit d'être fondé près de Strasbourg pour des chanoines réguliers de l'ordre de saint Augustin. Cette seconde partie se perdit aussi lorsque les Luthériens de Strasbourg détruisirent le monastère en 1530. Notre Saint est patron du diocèse de Strasbourg. On y célèbre sa fête, avec octave, le dimanche qui précède immédiatement le vingt-cinquième jour de Juillet.

Voyez la vie de saint Arbogaste, écrite vers le milieu du douzième siècle, par Uthon, évêque de Strasbourg : c'est la même que celle qui a été publiée par le P. Bosch, Act. SS. t. V, Julii. Voyez sur-tout M. l'abbé Grandidier, Hist. de l'égl. de Strasbourg, t. I, l. 2, p. 204–224, l. 4, p. 338 et 377, t. II, p. 339, 340, 341.

S.te MARIE-MAGDELEINE.

MARIE-MAGDELEINE, si célèbre dans l'église par son tendre et constant attachement pour JésusChrist, étoit Galiléenne de naissance (a) Le sur

(a) Les évangélistes parlent d'une femme qui étoit pécheresse (Luc VII), de Marie de Béthanie, soeur de Lazare (Jean XI, 1; XII, 1; Marc XIV, 3; Matt. XXVI, 6; ) et de Marie-Magdeleine qui suivoit Jésus de la Galilée, et qui le servoit. Plusieurs graves auteurs pensent qu'il s'agit d'une seule et même femme; qu'elle tomba dans sa jeunesse en certains désordres; qu'en punition de sa vie criminelle, elle fut possédée de sept démons; qu'elle alla trouver Jésus dans la maison de Simon le Pharisien; qu'elle mérita, par la vivacité de sa compouction, que le Sauveur l'assurât du pardon de ses péchés, et qu'en conséquence elle fut délivrée des sept démons dont elle étoit possédée ; que de concert avec Lazare, son frère, et Marthe, sa sœur, elle quitta la Galilée pour aller s'établir à Béthanie, où Jésus honoroit souvent leur maison de sa présence. Voyez Clément d'Alexandrie, l. 2. Pædag. n. 8; Ammonius, harm. 4 evang.; Saint Grégoire-le-Grand, hom. 25 et 33 in evang. Le plus grand nombre des Latins ont suivi cette opinion jusqu'au seizième siècle. On en doit cependant excepter saint Ambroise, l. de Virgin. et l. 6 in Luc ; saint Jérôme, in Matt. XXVI, 1. 2 contra Jovin. c. 16, præf. in Osée. et ep. 150; saint Augustin, tr. 49 in Joan. n. 3'; Albert-le-Grand et saint Thomas d'Aquin, qui ont laisse la question indécise. Les deux derniers disent que de leur temps le sentiment général des Latins étoit que les femmes nommées par les évangélistes ne devoient point être distinguées, au lieu que les Grecs les distinguoient.

Baronius, Jansenius de Gand, Maldonat, le P. Alexandre, sect. 1, diss. 17, le P. Lami, harmon. evang. et ep. Gal., le P. Mauduit, Anal. des Evang. t. II, le P. Pezron, le P. Sollier, Act. Sanct. t. V, Julii, p. 187, et d'autres auteurs estimés, ont écrit fortement en faveur de l'opinion de saint Grégoire-le-Grand.

Ceux qui soutiennent la négative, citent pour eux les constitutions apostoliques, l. 3, c. 6; saint Théophile d'Antioche, in 4 evang.; saint Irénée, l. 3, c. 4; Origène, hom. 35 in Matt. et kom. 1, vel. 2, cant.; saint Chrysostome, hom. 81 in Matt. 26, et hom. 61 in Joan.; saint Macaire, hom. 12, et presque tous les Grecs. De très-savans critiques modernes se sont déclarés pour la même opinion. Voyez Casaubon, Exercit. 4 in Baron, ;* Estius, or. 14; Boulanger, diatrib. 3, p. 15;

nom de Magdeleine paroît lui avoir été donné de Magdala, ou plutôt Magdalum, château situé près

Turrien, in consens. l. 3, c. 6; Salmeron, t, IX, tr. 49; Zagers, Franciscain, in Joan. 11; Mauconduit, Anquetin Tillemont, t. II, p. 30 et 512; Hammond, etc. Toinard et Calmet regardent comme plus honorable le sentiment de ceux qui distinguent Magdeleine et la sœur de Lazare; ils ajoutent que Magdeleine ne quitta point le Sauveur la dernière année de sa vie, et qu'elle paroît l'avoir suivi de la Galilée à Jérusalem lorsqu'il y vint célébrer la Pâque Matt. XXVII, 56 57; Marc. XV, 40, 41; Luc. XXIII, 49), temps auquel la sœur de Lazare étoit à Béthanie avec son frère et Marthe. (Joan. XI, 1.) Effectivement ces deux femmes semblent avoir des marques distinctives dans l'écriture. L'une est appelée Magdeleine, et comptée parmi les femmes qui suivirent Jésus de la Galilée; l'autre au contraire est désignée sous le titre de sœur de Lazare; et quoique celle-ci eût pu posséder des biens à Magdalum, en Galilée, et être venue originairement de ce pays, néanmoins cette distinction constante d'épithètes doit porter naturellement à ne pas la confondre avec Magdeleine.

Saint Irénée, Origène, saint Chrysostôme, etc. ne distinguent nulle part Magdeleine de la femme pénitente; et saint Luc, après avoir rapporté la conversion de la pécheresse, qui se fit à Naïm, ajoute, dans le chapitre suivant, que certaine femme, qui avoit été délivrée par le Sauveur de ses infirmités et de sept esprits impurs, le suivit. L'évangéliste, parlant des femmes qui étoient à la suite de Jésus, nomme Marie-Magdeleine, qui avoit été délivrée de sept démons. Ces autorités paroissent être un motif raisonnable de conclure que Magdeleine et la femme pécheresse sont une même per

sonne.

Malgré cela, on peut dire que cette dispute est du nombre de celles qui ne seront pas sitôt terminées. La raison en est que le texte de l'écriture n'est point assez clair, et que l'autorité des anciens ne fournit point de preuves démonstratives.

Le brèviaire romain suppose que la femme pénitente, Marie-Magdeleine, et Marie, sœur de Lazare, ne sont qu'une seule et même personne, et en marque la fête au 22 Juillet ; mais ces deux Saintes ont des offices différens dans plusieurs bréviaires. On peut assurer, dit Calmet ( dissert. sur les trois Maries), que l'opinion qui distingue Marie-Magdeleine de la femme pécheresse, ainsi que de Marie de Béthanie, est l'opinion dominante aujourd'hui parmi les savans.

Quant à nous, sans oser décider la question, nous nous bornerons à attribuer à sainte Marie - Magdeleine ce qui lui appartient incontestablement, et c'est d'après les historiens sacrés qui nous ont parlé d'elle, que nous allons donner sa vie.

du lac de Génésareth, autrement appelé mer de Galilée. Lorsque Jésus-Christ commença à prêcher l'évangile, elle étoit possédée de sept démons (b). Les miracles du Sauveur l'engagèrent à recourir à lui pour obtenir la guérison de son mal. Jésus la guérit, et chassa de son corps les sept démons qui la tourmentoient.

Magdeleine, par reconnoissance, s'attacha pour toujours à la personne du Sauveur. Elle le suivoit par-tout où il alloit, afin d'écouter les instructions qui sortoient de sa bouche sacrée, et de saisir toutes les occasions de le servir, et de partager avec lui ses biens temporels. Elle l'accompagna durant sa passion, et elle le suivit jusqu'au lieu de son supplice.

Il y a un grand mystère renfermé dans ces paroles de l'évangéliste: Auprès de la croix de Jésus étoient Marie sa mère, Marie de Cléophas, sœur de sa mère, et Marie-Magdeleine ( 1 ). Heureuse association! heureux état que d'être auprès de Jésus sur la croix, s'écrie le cardinal de Bérulle! Voilà un nouvel ordre tout spirituel et tout intérieur, invisible aux hommes, mais visible aux anges; un ordre d'ames crucifiées avec Jésus et par Jésus, auquel la croix du Sauveur donne naissance; un ordre de la croix et du ciel tout ensemble; un ordre d'amour par le martyre des cœurs, qui en mourant au monde ne vit

(6) Saint Grégoire-le-Grand et quelques interprètes, supposant que Marie-Magdeleine est la même que la femme pécheresse, entendent par ces sept démons, les péchés dont elle avoit contracté l'habitude, et qui lui furent pardonnés à sa conversion; mais un grand nombre d'autres interprètes, tels que Maldonat, Grotius, etc. prennent à la lettre les paroles de l'évangile. (Saint Luc VIII, 2), et pensent que la Magdeleine étoit réellement possédée de sept démons, qui sans doute la tourmentoient par intervalle, et que Jésus chassa. (1) S. Jean XIX, 25.

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