Images de page
PDF
ePub

Avons-nous moins de motifs que Marie-Magdeleine pour nous attacher à Jésus-Christ? Eh! quel cœur seroit assez insensible pour résister à l'atttrait d'un Homme-Dieu qui n'a soupiré qu'àprès le bonheur et le salut de l'homme; d'un Homme-Dieu dont tous les sentimens, tous les desseins, toutes les œuvres, tous les miracles, tous les mystères glorieux ou humilians ont le salut de l'homme pour principe et pour fin; d'un Homme-Dieu dont la naissance, dont la vie et la mort, dont la résurrection, la gloire permanente au plus haut des cieux, se rapportent à l'avantage et au salut de l'homme ! Quel seroit, dis-je, le cœur capable de résister à des réflexions si puissantes? Tâchons, avec le secours de la grâce, d'en pénétrer nos cœurs; elles produiront en nous la reconnoissance la plus vive, et l'attachement le plus tendre, le plus constant pour un Dieu qui nous a tant aimés, et qui est si digne d'être aimé.

S. VANDRILLE,

ABBÉ DE FONTENELLE, EN NORMANDIE. SAINT VANDRILLE, issu d'une des premières familles du royaume d'Austrasie, étoit proche parent de Pepin de Landen et de d'Erchinoald tous deux maires du palais, l'un en Austrasie, et l'autre en Neustrie. Il parut dans sa jeunesse à la cour de Dagobert I. Ce prince, qui l'estimoit, lui donna des emplois considérables, et le fit comte du palais.

Quoique placé au faîte des honneurs, le jeune Vandrille se préserva du poison de l'orgueil; il sut aussi mener une vie mortifiée au sein des plaisirs. Il veilloit soigneusement sur lui-même, pour

se prémunir contre la dissipation qui suit ordinairement le commerce du monde; souvent il se renfermoit dans la retraite pour converser avec Dieu, pour réfléchir sur ses devoirs, et s'entretenir avec le souverain médecin de ses misères spirituelles. Il s'engagea dans le mariage par complaisance pour sa famille ; mais le jour même de la cérémonie de ses noces, il proposa à sa femme, dont la vertu ne le cédoit point à la sienne, de vivre dans la continence. Elle y consentit, et tous deux de concert firent à Dieu le sacrifice de leur virginité.

Vandrille, libre de tout engagement, quitta la cour et les charges qu'il y possédoit; il se retira dans l'abbaye de Montfaucon, en Champagne, que saint Baudri avoit fondée depuis peu, et y prit l'habit en 629. Dagobert, qu'il n'avoit point consulté sur la démarche qu'il venoit de faire, l'obligea de revenir à la cour; mais sur les vives représentations qu'il lui fit touchant les motifs de sa conduite, il lui permit de retourner à Montfaucon. Peu de temps après, le serviteur de Dieu bâtit un monastère dans une de ses terres qui se nommoit Elisang.

Il fit deux voyages, l'un à Bobio et l'autre à Rome, pour se perfectionner dans les exercices de la vie monastique, en acquérant la connoissance des règles les plus approuvées en Italie. De retour en France, il passa dix ans dans l'abbaye de Romans sur l'Isère; croyant ensuite que Dieu l'appeloit ailleurs, il partit avec la permission de son abbé, et vint trouver saint Ouen, archevêque de Rouen, qui lui donna les ordres.

En 648, il fonda dans le pays de Caux le célèbre monastère de Fontenelle, qui depuis a pris son nom. Il s'y vit en peu de temps à la tête de

trois cents religieux. Sa vie étoit des plus austères: il dormoit peu, portoit un habillement grossier, et se montroit plus exact qu'aucun frère aux diverses observances de la communauté. Il fit bâtir plusieurs monastères en différens lieux, et eut également soin que les religieux qui les habitoient observassent fidellement leur règle.

Malgré la sollicitude qu'exigeoit la sanctification de tant de personnes confiées à ses soins, il trouvoit encore le temps d'instruire le peuple. Il prêcha l'évangile dans tout le pays de Caux, où Jésus-Christ étoit presque généralement méconnu. Il réforma les abus, et fit fleurir la piété là où le désordre avoit régné auparavant.

Il mourut le 22 Juillet 666, et fut enterré dans l'église de Saint-Paul, qui ne subsiste plus; son corps fut depuis transféré, par saint Bain, dans celle de Saint-Pierre, qui subsiste encore. On le porta à Gand en 944. Il s'est perdu durant la persécution des Calvinistes en 1578. On n'a plus que les deux bras du Saint, dont l'un avoit été précédemment donné à l'abbaye de Fontenelle, et l'autre à celle de Brône.

Voyez les deux vies de saint Vandrille, ap. Mabil. et Boll. Jul. t. V, p. 253; le Gallia Christ. nova, t. XI, p. 155, 166; l'histoire de la translation des reliques du Saint à Gand, et celle de ses miracles, avec les notes du père Bosch. Jul. t. V, p. 281; le P. Toussaint-du-Plessis, Descript. géogr. hist. de la Haute-Normandie.)

L'abbaye de Fontenelle ou de Saint-Vandrille a produit un grand nombre de Saints. Nous allons donner ici la notice de ceux dont nous n'avons point parlé, ou dont nous n'aurions point occasion de parler dans la suite (a).

(a) Ce que nous dirons est tiré des mémoires qu'on a bien voulu nous envoyer de l'abbaye de Saint-Vandrille.

SAINT LANDON ou LAUDON, huitième abbé de Fontenelle, fut fait évêque de Rheims en 731. Il mourut dans son abbaye en 733, et fut enterré dans l'église de Saint-Pierre. Il est dit de lui qu'il imita les saints abbés ses prédécesseurs. On l'honore le 16 Janvier. Son culte a éprouvé des vicissitudes.

[ocr errors]

SAINT HILDEBERT, quatrième abbé de Fontenelle. Ce fut entre ses mains que saint Wulfran à son retour de ses missions de la Frise, renouvela ses vœux. Il mourut en 700, regretté de tous ses religieux, et sur-tout des pauvres dont il avoit été le père. Il est honoré le 18 de Février. On garde ses reliques à Saint-Vandrille.

SAINT TRASAIR, seizième abbé de Fontenelle, sortoit d'une illustre famille de Bénévent en Italie, Il quitta le gouvernement du monastère en 816, et mourut simple religieux. On l'honore le 19 Février. En 1636, on tira ses reliques de dessous l'autel pour les mettre dans une châsse.

SAINT GRADULFE, vingt-huitième abbé de Fontenelle. Son élection se fit en 1031, lorsqu'il étoit occupé à fonder le monastère de la SainteTrinité sur le Mont-Sainte-Catherine, près de Rouen. Mauger, archevêque de cette ville, le demanda pour coadjuteur; mais le Saint mourut peu de temps après. Il est honoré le 6 de Mars. Ses reliques furent dispersées par les Calvinistes en 1562. On croit cependant en avoir encore une partie.

SAINT HITBERT OU HILDEBERT, dix-septième abbé de Fontenelle, honoré le 14 de Mars, ne. vécut que neuf mois après son élection, qui se fit en 816. On ne connoît ni să patrie, ni aucune circonstance de sa vie.

SAINT BENIGNE, onzième abbé de Fontenelle. Tome VI.

R*

Chilpéric étant monté sur le trône, il s'éleva de grands différends entre Ragenfrid et Charles Martel. Bénigne suivit le parti du dernier, ce qui le fit exiler à Saint-Germer-en-Fley, près de Beauvais. Il fut élu abbé de ce monastère; mais Charles Martel l'ayant rappelé à Fontenelle, il y mourut en 723, et fut enterré dans l'église de Saint-Paul. Ses reliques sont dans une châsse du grand autel. Il est honoré le 22 de Mars.

SAINT GENNADE fut élevé à la cour de Clotaire, et se lia d'une amitié fort étroite avec saint Ansbert, alors chancelier de France. Il se fit moine sous saint Vandrille, et assista à un concile provincial, où saint Ansbert de Rouen ssatua que tous les abbés de Fontenelle seroient tirés du monastère, et qu'ils ne dérogeroient en rien à la règle de saint Benoît. Il suivit saint Ansbert dans son exil, et fut élu abbé de Saint-Germer. Ayant abdiqué, il retourna à Fontenelle, où il mourut, et fut enterré aux pieds de saint Vandrille. Il est honoré le 6 d'Avril. Ses reliques se gardent à Saint-Vandrille. L'abbaye de Saint-Germer en obtint une portion en 1681.

SAINT VANDON, douzième abbé de Fontenelle, fut exilé à Troyes par Charles Martel, et rappelé par Pepin. Il mourut en 756, et fut enterré dans la chapelle de Saint-Nicolas de l'église de Saint-Pierre. Il est honoré le 17 d'Avril.

SAINT HARDUIN se fit religieux à Fontenelle en 749; il se retira ensuite, avec la permission de son abbé, dans une grotte voisine du monastère, où il vécut saiutement jusqu'en 811. Il employoit une partie de son temps à transcrire des livres. On l'enterra dans l'église de Saint-Paul. Il est honoré le 20 d'Avril.

SAINT EINARD, dix-huitième abbé de Fonte

« PrécédentContinuer »