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c'étoit, dans la réalité, pour lui donner le baptême. Hillel mourut après avoir reçu les divins mystères.

Joseph, dont nous écrivons la vie, et qui étoit du nombre de ceux que les Juifs appeloient apôtres, fut témoin de cette administration du baptême qui s'étoit faite en secret. Comme il avoit toujours été le confident d'Hillel, il prit soin de Judas son fils, qui succéda à son père dans la dignité de patriarche des Juifs. Ayant trouvé le livre des évangiles dans le trésor d'Hillel, il le lut avec un grand plaisir.

Cependant le jeune patriarche oublia les exemples que son père lui avoit laissés. Il tomba daus toutes sortes de désordres. Il en vint jusqu'à employer la magie pour séduire une femme chrétienne; mais l'effet de ses charmes fut arrêté par la vertu du signe de la croix. Joseph fut extrêmement surpris d'apprendre ce prodige. Il eut depuis un songe dans lequel il lui sembla voir JésusChrist qui lui adressoit ces paroles: « Je suis ce >> Jésus que vos pères ont crucifié; croyez en moi. » Il se sentit plus que jamais pénétré d'estime pour le christianisme. Etant allé dans la Cilicie pour ramasser les dîmes que l'on payoit au patriarche, il emprunta des Chrétiens le livre des évangiles. Les Juifs, déjà mécontens de sa conduite, le surprirent lorsqu'il lisoit ce livre; ils se jetèrent sur lui, le traînèrent à la synagogue, et le battirent cruellement. Ils se préparoient à lui faire souffrir un traitement encore plus indigne; mais l'évêque des Chrétiens le retira d'entre leurs mains.

Joseph, qui venoit de souffrir pour JésusChrist, ne tarda pas à augmenter le nombre de ses disciples; il crut en lui, et reçut bientôt après le baptême. Constantin-le-Grand, qui en

323 s'étoit rendu maître de l'Orient, lui donna le titre et le rang de comte, avec plein pouvoir de bâtir des églises dans la Palestine, par-tout où il le jugeroit convenable. Joseph commença par en construire une à Tibériade. Les Juifs employèrent mille artifices pour l'en empêcher; ils eurent recours à la magie, afin d'arrêter l'activité du feu dans ses fours chaux; mais s'étant fait apporter un vase rempli d'eau, il forma dessus le signe de la croix, en invoquant le nom de Jésus; puis jetant cette eau sur les fours, le feu prit aussitôt, et brûla avec beaucoup de force.

Les Ariens, ainsi que les Juifs, éprouvèrent le zèle de Joseph; aussi se réunirent-ils les uns et les autres pour le persécuter; mais la dignité de comte dont il étoit revêtu le rendit supérieur à leurs attaques, et le fit triompher de tous leurs efforts.

Lorsque l'empereur Constance persécuta les évêques attachés à la foi de Nicée, Joseph quitta Tibériade, et se retira à Scythopolis, ville voisine. Ce fut chez lui que logea saint Eusèbe de Verceil, que les Ariens bannirent en 355. Il n'y avoit dans toute la ville de maison catholique que la sienne. Il reçut encore chez lui d'autres grands serviteurs de Dieu, nommément saint Epiphane, qui apprit de son hôte même les diverses particularités qui sont ici rapportées. Il étoit alors dans la soixante-dixième année de son âge. On met sa mort vers l'an 366. Son nom se lit dans les martyrologes des Grecs et des Latins.

Voyez saint Epiphane, hæres. 30, c. 4; Tillemont, t. VII; Fleury, l. 11, n. 35; les Bollandistes, t. V, Julii, p. 238, et D. Gervaise, Vie de saint Epiphane, c. 18, 19, 20.

Tome VI.

S

S. MÉNÉLÉ, Abbé de Ménat, en Auvergne.

SAINT MÉNÉLÉ (a) naquit en Anjou, d'une famille illustre et alliée à la maison royale de France. Son amour extraordinaire pour la vertu fit craindre à ses parens qu'il ne quittât le monde ; ils résolurent donc de l'y retenir en le mariant de bonne heure. On lui proposa la fille d'un seigneur nommé Baronte, qui désiroit fort l'avoir pour gendre, et on l'obligea de recevoir un anneau que ce seigneur lui avoit envoyé, comme une marque qu'il consentoit au mariage de sa fille avec lui: mais le Saint, qui vouloit passer sa vie dans la continence, s'enfuit secrètement de la maison de son père.

Savinien et Constance, animés du même esprit, se joignirent à lui. Etant arrivés tous trois en Auvergne, ils rencontrèrent le bienheureux Chaffre ou Théofrède, alors procureur du monastère de Carméry (b). Ménélé l'ayant abordé, le pria de lui indiquer quelque maison où il put se faire instruire dans la piété. Chaffre lui persuada de le suivre; il le présenta à saint Eudes son abbé, qui lui donna l'habit, ainsi qu'à Constance et à Savinien ses compagnons.

Au bout de sept ans, Ménélé quitta Carméry, avec Constance et Savinien, et vint se fixer au monastère de Ménat, à sept lieues de Clermont. Il le fit rebâtir, et mérita d'en être regardé comme le second fondateur. Il le gouverna durant plu

(a) En latin Meneleus et Menelaus. Le peuple l'appelle en quelques endroits saint Mauvis et saint Manevieu.

(6) Ainsi appelé de Carment, duc du pays, qui l'avoit fondé. Il prit dans la suite le nom de saint Théofrède ou de saint Chaffre. Il étoit dans l'Auvergne, à quatre lieues du Puy, en Vélay.

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sieurs années avec une grande réputation de sainteté, et y mourut en 720. Sa mémoire est en singulière vénération dans l'Auvergne et l'Anjou. On lit son nom dans le martyrologe d'Usuard, sous le 22 de Juillet.

Voyez Mabillon, sect. 3, Ben. part. 1; Labbe, Bibl. nov. t. 11, p. 591; Branche, Vies des saints d'Auvergne, et Baillet, sous le 22 de Juillet.

S. APOLLINAIRE, ÉVÊQUE DE Ravenne. Voyez Pinius, Act. Sanct. Jul. t. V, p. 329, et Farlat, Illirici sacri, t. I, p. 259.

SAINT APOLLINAIRE fut le premier évêque de Ravenne. Il est dit dans le véritable martyrologe de Bède, qu'il siégea vingt ans, et qu'il versa son sang pour le nom de Jésus-Christ sous l'empereur Vespasien. Selon l'auteur de ses actes, il fut disciple de saint Pierre, qui l'établit évêque de Ravenne. On peut suivre en ce point les actes du Saint, quoique d'ailleurs ils méritent peu de foi. La circonstance dont il s'agit s'accorde avec l'histoire du temps, et se trouve de plus appuyée d'autres autorités.

SU

Saint Pierre Chrysologue, l'un des plus célèbres évêques de Ravenne, nous a laissé un discours en l'honneur de saint Apollinaire (1), dans lequel il lui donne souvent le titre de martyr; mais il ajoute que quoiqu'il eut à différentes reprises versé une partie de son sang pour la foi, et qu'il désirât ardemment faire à Jésus-Christ le sacrifice de sa vie, Dieu cependant le conserva long-temps à son église, et ne permit point que les persécuteurs le condamnassent à mort; ainsi il paroît qu'il n'a été appelé martyr qu'à cause (1) Serm. 128.

des tourmens qu'il souffrit pour la défense du christianisme, et auxquels il survécut du moins quelque temps.

Son corps se gardoit autrefois à Classe, ancien port de mer situé à quatre milles de Ravenne, et qui est encore une espèce de faubourg de cette ville. En 549, on transporta ses reliques dans une voûte de la même église (a). Saint Fortunat exhortoit ses amis à faire des pélerinages au tombeau du saint évêque de Ravenne. Saint Grégoirele-Grand vouloit que l'on fit jurer devant le même tombeau, pour découvrir la vérité que cachoient des disputes contentieuses. Le pape Honorius fonda une église à Rome, en l'honneur de saint Apollinaire vers l'an 630. Le nom de ce Saint se lit dans tous les martyrologes, et la vénération qu'on a toujours eue pour sa mémoire prouve qu'il étoit doué de l'esprit apostolique, et qu'il possédoit dans le plus haut degré les vertus des premiers disciples du Sauveur.

La vertu des Saints étoit véritable, parce qu'elle étoit fondée sur l'humilité, et supérieure à toutes les épreuves; au contraire, celle des philosophes païens n'avoit qu'une apparence de réalité. «Quelle ressemblance, disoit Tertullien, peut-il » y avoir entre un philosophe et un chrétien, >> entre un disciple de la Grèce et un disciple du » ciel, entre un homme avide d'une frivole répu»tation, et un homme qui ne cherche que son » salut (b); entre celui qui n'est vertueux que de paroles, et celui qui l'est d'action? Un philo» sophe, selon saint Jérôme, est un animal pas

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(a) C'est ce que l'on apprend d'une inscription qui existe encore. Voyez Mabil. Iter. Italic. p. 41.

(b) Fuma negociator et vitæ. Tertul. Apol. c. 46.

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