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»sionné pour la gloire, un vil esclave des applau» dissemens du vulgaire (c).

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Lactance s'exprime ainsi en parlant de Cicéron, qui ayant connu la vanité du culte des idoles, n'osa dire la vérité au peuple, de crainte d'attaquer les religions établies. « Que faire d'un hom» me qui, connoissant qu'il est dans l'erreur, va > heurter volontairement contre un rocher pour » que le peuple imito son exemple; qui ne >> fait point usage de sa sagesse pour la conduite » de sa vie ; qui se prend lui-même au piége, » pour y entraîner les autres, quoiqu'il eût dû employer ses lumières à les retirer de l'erreur? » O Cicéron! si vous avez quelque courage, es»sayez de dissiper l'ignorance dans laquelle le >> peuple est plongé. C'est une entreprise digne » de votre éloquence. Vous n'avez pas à craindre » que votre art vous abandonne ici, vous qu'il a » fait triompher dans la défense de tant de mau» vaises causes; mais vous craignez d'être empri» sonné comme Socrate, et c'est ce qui vous em» pêche de vous déclarer le défenseur de la vérité. » Quoi donc, n'êtes-vous pas un sage? Et à ce » titre, ne devez-vous pas mépriser la mort ? Ne >> vous seroit-il pas infiniment plus glorieux de » mourir victime de votre zèle pour la vérité, » que victime du ressentiment d'Antoine que Vous > aviez si maltraité dans vos discours? Oui, certes, » la composition de vos Philippiques vous a pro» curé moins de gloire que vous n'en eussiez re» tiré des peines que vous vous seriez données » pour détromper vos semblables, et les amener » à la connoissance de la vérité (2). »

(c) Philosophus gloriæ animal, et popularis auræ vile mancipium. S. Hieron. ep. ad Julian.

(2) Lactance, l. de Orig. erroris, §. 3.7

Les philosophes païens n'aimoient point assez la vérité pour en prendre la défense aux dépens de leur vie. Platon dissimula ce qu'il pensoit de la Divinité, pour ne pas boire de la ciguë comme Socrate. Il n'y a que la religion chrétienne qui détermine à se déclarer hautement pour la vérité, parce que ceux qui la professent sont au-dessus de toutes les considérations humaines, et que l'attente des biens futurs leur fait faire les sacrifices les plus pénibles à la nature.

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S. LIBOIRE, QUATRIÈME ÉVÊQUE du Mans.

SAINT LIBOIRE sortoit d'une famille illustre établie dans les Gaules. Il mérita par l'innocence de ses mœurs et la sainteté de sa vie, d'entrer dans le clergé de l'église du Mans, et d'être élevé au sacerdoce, il aimoit singulièrement la retraite et la prière. Lorsqu'il s'entretenoit avec les gens du monde, c'étoit toujours sur des sujets de piété. Il choisissoit même ses amis parmi les personnes qui composoient le clergé, et ne se lioit qu'avec ceux dont les discours et les actions pouvolent lui inspirer une nouvelle ferveur. Son unique désir étoit d'atteindre à la perfection de son état.

Ses vertus et son savoir fixèrent sur lui tous les yeux; aussi tous les suffrages se réunirent-ils en sa faveur, lorsqu'il fallut en 348 donner un pasteur à l'église du Mans. Il se montra infatigable dans l'exercice de ses fonctions. Il joignit à la prière de longues veilles et des jeûnes rigoureux. Son amour pour les pauvres le rendoit saintement prodigue dans la distribution de ses aumônes. Il fonda plusieurs églises, et les pourvut abondamment de tout ce qui étoit nécessaire à

la célébration du service divin. Il mourut vers l'an 397, dans la quarante-neuvième année de son épiscopat. Ses reliques furent transportées à Paderborn en 836. Il est patron de cette ville.

Voyez Tillemont, t. X, p. 307, et Fleury, l. 28, n. 61, p. 495.

S. LOUP, Évêque de Troyes.

Tiré de son ancienne vie qui est exacte, et qui se trouve dans Surius. Le P. Bosch l'a redonnée avec des uotes, Act. Sanct. Julii, t. VII, p. 19. Voyez Ceillier, t. XV, p. 40; Tillemont, t. XVI, p. 127; Rivet, Hist. litt. de la Fr. t. II, p. 486; Calmet, Hist. de Lorraine, t. I, l. 6, n. 44, p. 274; Camusat, Cat. Episc. Trecens. p. 153, et Antiq. Tricas. 1610, in-8.

L'AN 478.

SAINT LOUP Sortoit d'une famille illustre établie à Toul. Ayant fait d'excellentes études, il parut au barreau, et y plaida avec beaucoup de réputation. Il épousa Piméniole, sœur de saint Hilaire d'Arles, qu'il trouva aussi disposée que lui à servir Dieu avec ferveur. Lorsqu'ils eurent passé six ans ensemble, ils résolurent de mener un genre de vie plus parfait. Ils se séparèrent d'un mutuel consentement, et s'engagèrent l'un et l'autre par vœu à garder toujours la continence. Loup se retira dans la célèbre abbaye de Lérins, gouvernée alors par saint Honorat. Il vécut un an dans la plus parfaite régularité, ajoutant encore diverses austérités à celles qui se pratiquoient parmi les frères.

Il avoit vendu, lors de sa retraite, une grande partie de ses biens, qu'il avoit distribuée aux pauvres. Lorsque saint Honorat eut été placé sur le siége d'Arles, Loup fit un voyage à Mâcon, en

Bourgogne, pour se défaire d'une terre qu'il possédoit dans le pays, afin de n'avoir plus rien en propre, et de pratiquer la plus exacte pauvreté. Ayant employé en bonnes œuvres les fonds provenant de la vente, il se disposoit à retourner à Lérins; mais les députés de l'Eglise de Troyes le demandèrent pour évêque. Cette église le donnoit pour successeur à saint Ours, mort en 426. Notre Saint fit d'inutiles efforts pour s'opposer à son élection, il fut sacré par les évêques de la province de Sens.

Sa nouvelle dignité ne lui fit rien changer à son nouveau genre de vie. Ce fut toujours la même humilité, la même mortification et le même amour pour la pauvreté. Cet amour de la pauvreté paroissoit sur-tout dans son habillement. Il couchoit sur des planches, et veilloit dans l'exercice de la prière, de deux nuits l'une. Souvent il passoit trois jours sans prendre aucune nourriture, et après un jeûne si rigoureux, il ne mangeoit qu'un peu de pain d'orge. Il vécut de la sorte plus de vingt ans, toujours occupé de ses fonctions qu'il remplissoit avec un zèle apostolique.

Vers la fin du quatrième siècle, Pélage et Célestius dogmatisèrent en Orient, dans l'Afrique et dans l'Italie. Ils nioient le péché originel, et la nécessité de la grâce de Jésus-Christ. Agricola, disciple de ces hérésiarques, avoit répandu leurs erreurs dans la Grande-Bretagne. Les catholiques de cette île eurent recours aux évêques des Gaules, et les prièrent de leur envoyer des ministres évangéliques qui pussent arrêter le cours du mal. Les prélats auxquels ils s'étoient adressés s'assemblèrent en 429, pour délibérer sur les moyens de secourir les Bretons. On élut dans l'assem

blée, qui paroît s'être tenue dans la ville d'Arles, saint Germain d'Auxerre et saint Loup de Troyes, pour aller combattre l'hérésie. Ces deux Saints, brûlant de zèle pour la gloire de Jésus-Christ, acceptèrent la commission dont on les chargeoit avec d'autant plus de plaisir, qu'elle étoit plus pénible et plus laborieuse. Ayant passé dans la Grande-Bretagne, ils y attaquèrent l'erreur, vinrent à bout de l'en bannir par leurs prières, leurs prédications et leurs miracles.

et

Le saint évêque de Troyes, de retour dans son diocèse, travailla avec un nouveau zèle à la réformation des mœurs de son troupeau. Il montra dans cette entreprise autant de sagesse que de piété aussi saint Sidoine Apollinaire lui a-t-il donné les plus beaux éloges; il l'appelle « le père » des Pères, l'évêque des évêques, le chef des » prélats des Gaules, la règle des mœurs, la co»lonne de la vérité, l'ami de Dieu, le médiateur » des hommes auprès du ciel. »

Le saint évêque couroit après toutes les brebis égarées, et ses travaux furent souvent couronnés d'un succès qui sembloit tenir du prodige. Nous en citerons un exemple. Un nommé Gallus, de son diocèse, avoit quitté sa femme, et s'étoit retiré à Clermont. Saint Loup, vivement affligé de sa faute, résolut de mettre tout en œuvre pour le faire rentrer dans son devoir. Il écrivit à ce sujet à saint Sidoine, pour lors évêque de Clermont. Sa lettre étoit pleine de force; mais une douceur insinuante tempéroit le ton de fermeté qui y régnoit. Gallus l'ayant lue fut saisi d'une crainte salutaire qui le persuada de prendre des sentimens plus chrétiens, et qui le fit sur-le-champ retourner avec sa femme. Sur quoi saint Sidoine s'écrie (1) L. 6, ep. 1.

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