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avec admiration : « Qu'y a-t-il de plus merveil» leux qu'une réprimande qui convertit un pé» cheur, en lui faisant aimer celui par lequel il » a été repris! » Cette lettre de saint Loup, et plusieurs autres qu'il avoit adressées à différentes personnes, ne sont point parvenues jusqu'à nous; mais nous avons celle qu'il écrivit en 471 à saint Sidoine (2), pour le féliciter sur sa promotion à l'épiscopat, dont il lui montre en même temps les travaux, les difficultés et les dangers. Il l'exhorte fortement à remplir ses devoirs, et sur-tout à la pratique de l'humilité.

Dans le même temps, l'empire d'Occident fut affligé de diverses calamités par les incursions des barbares. Attila, roi des Huns, fondit sur les Gaules avec une armée innombrable. Il s'appeloit lui-même le fléau de Dieu, se croyant destiné à punir les péchés des peuples. Déjà Rheims Cambrai, Besançon, Auxerre et Langres avoient ressenti les effets de sa fureur. Ses coups alloient tomber sur Troyes: les habitans de cette ville étoient dans la plus grande consternation, saint Loup intercéda pour son peuple auprès de Dieu, auquel il adressa, durant plusieurs jours, des prières ferventes, accompagnées de larmes, de jeûnes, et de plusieurs autres bonnes œuvres. Enfin, mettant sa confiance dans la protection du ciel, il prit ses habits pontificaux, et alla trouver Attila, qui étoit à la tête de son armée. Le prince barbare, quoique infidèle, fut pénétré de respect à la vue du saint évêque, suivi de son clergé en procession, et précédé de la croix. Lorsque le serviteur de Dieu fut auprès du roi des Huns, il lui adressa la parole, en lui demandant qui il étoit. « Je suis, dit Attila, le fléau de Dieu, » (2) Ap. d'Achery, Spicil, t. V, p. 579.

>> Nous respectons, reprit le Saint, ce qui nous » vient de la part de Dieu; mais si vous êtes le » 'fléau avec lequel le ciel nous châtie, souvenez» vous de ne faire que ce qui vous est permis par » la main toute-puissante qui vous meut et vous » gouverne.» Attila, frappé de ce discours, promit d'épargner Troyes. Ainsi les prières de saint Loup protégèrent une ville dépourvue de tout secours, contre une armée de quatre cent mille hommes qui, ayant ravagé la Thrace, l'Illyrie et la Grèce, avoit passé le Rhin, et porté ensuite la désolation dans les contrées les plus fertiles de la France.

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Attila ayant fait retirer ses troupes de devant Troyes, s'avança dans la plaine de Mery-surSeine, à cinq lieues de cette ville. Il y fut attaqué et défait par les Romains que commandoit le brave Aëtius. Durant sa retraite, il envoya chercher saint Loup, et le pria de l'accompagner jusqu'au Rhin, s'imaginant que la présence d'un si grand serviteur de Dieu seroit une sauve-garde assurée pour lui et pour son armée. Lorsqu'il le renvoya il se recommanda instamment à ses prières. Cette action du saint évêque déplut aux généraux de l'empire; on le soupçonna d'avoir favorisé l'évasion des barbares, et il fut obligé de quitter Troyes pour deux ans : mais il triompha, par sa patience et sa charité, de l'envie et de la malice des hommes. On lui permit de revenir dans son diocèse, où il mourut en 478, après l'avoir gouverné cinquante-deux ans. On garde son corps à Troyes dans l'église qui porte son nom. Il y avoit anciennement en Angleterre plusieurs églises dédiées sous son invocation (a).

(a) Selon Camden, la famille de Sentlow, en Angleterre vient de saint Loup, appelé quelquefois saint Leu par le vulgaire.

Saint Loup forma plusieurs saints évêques qui furent ses disciples, comme Polychrone de Verdun, Sévère de Trèves, Alpin de Chalons-surMarne, et Camélien de Troyes. On l'honore le 29 de Juillet dans les diocèses de Paris, de Soissons, de Toul, de Toulouse et de Metz.

Ce fut par la prière, que les Saints opérèrent de si grands prodiges. Moïse prie, et plusieurs milliers d'hommes ont la vie conservée; il fait au ciel une espèce de violence, et le bras du Seigneur est désarmé (3). Elie prie, et le feu et la pluie descendent du ciel. Manassès prie dans la prison, il trouve miséricorde, et est rétabli sur son trône, Ezéchias prie, et la santé lui est rendue, et sa vie prolongée de plusieurs années. Les Ninivites prient, et ils obtiennent miséricorde. Esther et Judith prient, et elles sauvent le peuple de Dieu. Daniel prie, et les lions respectent sa vie. Enfin, la prière brise les chaînes de saint Pierre, et délivre sainte Thècle de la violence du feu. C'est encore par la prière, que plusieurs serviteurs de Dieu ont souvent commandé à la nature, défait des armées, chassé les démons, guéri les malades, ressuscité les morts, écarté les fléaux du monde, qui, selon la remarque d'un ancien Père, ne subsiste que par les prières des Saints (b).

S. CHRISTINE, VIERGE ET MARTYRE. SAINTE CHRISTINE Souffrit diverses tortures pour la foi, et fut condamnée à une mort cruelle durant la persécution de Dioclétien. On l'exécuta

(3) Exod. XXXII, 10.

(b) Sanctorum precibus stat mundus. Rufin. præf. in vitas Patrum.

à Tyro, ville située dans une île formée par le lac Bolsène, en Toscane, laquelle a été depuis engloutie par les eaux. Ses reliques se gardent présentement à Palerme, en Sicile. La mémoire de cette Sainte est en grande vénération chez les Grecs et les Latins. On trouve son nom dans le Martyrologe dit de saint Jérôme, dans celui de Bède, etc.

Voyez Ughelli, Ital. sacr. t. V, et Pinius, Act. Sanctor. t. V, Julii, p. 495.

S. WULFHAD ET S. RUFFIN, MARTYRS.

SAINT WULFHAD et saint RUFFIN étoient frères, et fils de Wulfère, roi de Mercie. Ils furent baptisés secrètement par saint Chad, évêque de Litchfield, vers l'an 670. Un jour qu'ils étoient en prières l'un et l'autre, leur père les fit inhumainement massacrer. Wulfère commit ce crime par une suite de cette politique qui lui faisoit alors favoriser l'idolâtrie. Penda son père avoit persécuté les Chrétiens; mais Peada son frère, auquel il avoit succédé, se déclara pour le christianisme et permit qu'on l'établît dans son royaume. Wulfère abandonna depuis le culte des idoles. On lit dans Florent de Worcester, qu'il fut baptisé en 675, peu de temps avant sa mort. Bède met son baptême près de vingt ans plutôt, et le donne pour parrain à Edelwach, roi des West-Saxons. Si l'on suit le sentiment de ce dernier auteur, il faut dire que ce prince retomba dans l'idolâtrie, du moins pour quelque temps, à moins que l'on n'aime mieux croire avec Aradshaw, que l'assassinat des deux princes fut commis par des courtisans païens sans la participation du roi.

La reine Emmelinde, mère des deux princes,

les fit enterrer à Stone, lieu ainsi nommé à cause d'un grand monceau de pierres qu'on avoit formé sur leur tombeau selon la coutume des Saxons ; elle se servit ensuite de ces pierres pour bâtir en cet endroit une église, laquelle prit le nom des deux martyrs, qui étoient patrons du bourg et du prieuré de Stone.

(Voyez les actes de ces Saints dans l'histoire de l'abbaye de Peterborough; l'Itinéraire de Léland, et le P. Cuper, Act. Sanct. t. V, Julii, p. 71).

L'église britannique honoroit encore autrefois en ce jour sainte Lewine et saint Déclan.

SAINTE Lewine, vierge bretonne, reçut la couronne du martyre sous les Saxons avant que ces peuples se fussent convertis à la foi. Son corps s'est gardé long-temps à Seafort, près de Lewes, dans le pays de Sussex. En 1058, on porta en Flandre ses reliques avec celles de sainte Idaberge, vierge, et une partie de celles de saint Oswald, et elles se gardent encore à Berg-Saint-Winox. Elles ont été honorées d'un grand nombre de miracles, sur-tout au temps de la translation dont nous venons de parler, et les centuriateurs de Magdebourg en conviennent eux-mêmes. Nous avons l'histoire de ces miracles, écrite par Drogon, qui avoit été témoin oculaire de plusieurs. ( Voyez cet ouvrage, publié par Sollier, t. V, Julii, p. 608, et Alford, in Annal. ad an. 687, n. 21.)

SAINT DECLAN, premier évêque d'Ardmore, en Irlande, siége présentement uni à celui de Lismore. Il prêcha la foi aux Irlandois quelque temps avant l'arrivée de saint Patrice, et mourut dans le sixième siècle. On l'honoroit avec beaucoup de dévotion dans la vicomté de Dessée, an

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