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saint Jacques à Compostelle; il donne aussi l'histoire authentique de plusieurs miracles opérés par l'intercession du saint apôtre, ainsi que celles de diverses apparitions par lesquelles il protégea visiblement les armées chrétiennes contre les Maures d'Espagne (e).

Il y a dans ce royaume un ordre militaire qui porte le nom de saint Jacques, et qui est surnommé le Noble. Il fut institué par Ferdinand II, en 1175.

L'église étant encore dans son berceau, perdit dans la personne de saint Jacques une de ses principales colonnes : mais il plut à Dieu de la glorifier par le témoignage illustre que lui rendit cet apôtre; il vouloit de plus montrer par-là qu'il étoit lui-même le soutien et l'appui de son église. En effet, cette sainte épouse de Jésus-Christ ne perdoit rien de sa fermeté lorsqu'on lui enlevoit ses pasteurs et ses chefs; elle se fortifioit même et s'étendoit par la violence des persécutions: aussi notre apôtre remit - il avec confiance son cher troupeau entre les mains de Dieu; il lui recommanda la perfection de son ouvrage, en même temps qu'il se réjouissoit d'aller à Jésus-Christ, et de sacrifier sa vie pour lui.

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Quand nous nous trouvons dans les épreuves, pourrions-nous hésiter à boire le calice qui nous est présenté par la main de Dieu, et que Jésus, notre chef, a daigné, par un choix pleinement libre, boire pour l'amour de nous ? Il nous demande tendrement si nous pouvons boire son calice; il nous y invite par son exemple; il nous y

(e) Voyez sur la translation du corps de saint Jacques à Compostelle, le P. Florès, savant religieux augustin, et recteur du collège royal d'Alcala, Espana sagrada, t. 111, Append. p. Let LVI. Le premier volume du bon ouvrage, intitulé: Espana sagrada, fut imprimé en 1747.

encourage en nous mettant la gloire du ciel devant les yeux. Implorons humblement le secours de sa grâce, sans laquelle nous ne pouvons rien, et prenons avec joie ce calice de salut que sa main divine nous présente.

S. CHRISTOPHE, MARTYR.

Le nom et le culte de ce Saint sont aussi célèbres que les actes de son martyre sont différens. Les Orientaux ont toujours eu pour lui beaucoup de vénération, et ils célèbrent sa fête le 9 de Mai. L'église d'Occident ne la célèbre que le 25 de Juillet, jour auquel elle est marquée dans les anciens martyrologes, et sur-tout dans celui qui porte le nom de saint Jérôme; mais quelle que soit la diversité des circonstances de son martyre, et des jours où l'on en fait l'office, il n'en est pas moins certain que nos ancêtres avoient pour lui une dévotion singulière.

Comme saint Ignace d'Antioche avoit pris le surnom de Théophore, pour exprimer plus sensiblement son amour envers Jésus-Christ, on croit aussi que le saint martyr dont nous parlons prit, par le même motif, le surnom de Christophore ou Christophe (a). On le représentoit d'une taille gigantesque, portant l'enfant Jésus sur ses épaules et traversant la mer mais tout cela est allégorique, et, comme l'a remarqué Baronius, ces statues énormes que l'on voit encore aujourd'hui dans plusieurs églises gothiques, font allusion au nom de Christophe, et la mer de tribulations par

(a) Christophore, infixum quòd eum usque in corde gerebas, Pictores Christum dant tibi ferre humeris, elc.

Vida Hym. 26, t. II, p. 150.

laquelle doivent passer tous les fidèles pour parvenir au ciel, leur port et leur patrie.

L'opinion la plus commune est que le Saint fut martyrisé en Lycie, et que ses reliques, après avoir été transférées à Tolède, le furent ensuite à l'abbaye de Saint-Denis, en France, où elles se gardent encore. Le bréviaire Mozarabe, attribué à saint Isidore, atteste la première de ces translations. Les fidèles eurent souvent recours à l'intercession de saint Christophe dans le temps de peste (b).

Voyez Pinius, Act. Sanct, t, VI, Julii, p. 125.

S.te THÉE ET S.te VALENTINE, VIERGES, ET S. PAUL, MARTYRS. ́

L'EMPIRE, qui n'avoit plus Dioclétien pour maître, fut occupé tout à la fois par six princes différens en 308. Galère, Licinius et Maximin régnoient en Orient; Constantin, Maxence et Maximien-Hercule qui avoit repris la pourpre, gouvernoient l'Occident. Au milieu des troubles qui agitèrent ces deux parties du monde, l'Eglise eut encore des larmes à répandre sur la mort de ses enfans. Firmilien, gouverneur de la Palestine,

(b) On croyoit autrefois qu'on ne pouvoit mourir subitement dès que l'on avoit vu la figure de saint Christophe. Cette opinion donna lieu à ces statues que l'on faisoit colossales pour les faire remarquer plus facilement. On voit encore la figure de ce Saint dans sa stature colossale peinte à une des fenêtres de la cathédrale de Strasbourg; on y a vu jusqu'en 1531 sa statue haute de trente-six pieds; on la trouvoit aussi dans le chœur de la collégiale de Saint-Pierre-le-Vieux à Strasbourg, avec cette inscription :

Christophori sancti speciem quicumque tuetur,
Illo namque die nullo languore gravetur.

Voyez M. l'abbé Grandidier, Essais historiques sur la cathé drale de Strasbourg, p. 73 et 257.

fut un des plus ardens à les tourmenter. Nous allons citer quelques exemples de sa cruauté.

Il y avoit dans la Thébaïde un grand nombre de Chrétiens condamnés au travail des carrières de Porphyre. Quatre-vingt-dix-sept de ces confesseurs furent détachés des autres, et on les conduisit dans la Palestine devant Firmilien, qui voyant leur constance inébranlable, leur fit brûler d'abord le jarret gauche; il ordonna ensuite qu'on leur crevât l'œil droit, et qu'on y mît le feu pour le consumer entièrement, après quoi il les envoya travailler aux mines qui étoient dans le voisinage du Mont-Liban. Il fit souffrir divers genres de tortures à plusieurs autres fidèles qu'on lui amena des différentes villes de Palestine; mais il se surpassa lui-même dans sa fureur lorsqu'on lui présenta ceux qui avoient été arrêtés à Gaze, pendant qu'ils assistoient à la lecture des livres saints.

Il y avoit parmi eux une vierge qui se nommoit THEE. Firmilien l'avoit menacée de la faire exposer dans un lieu de prostitution, elle lui reprocha ses injustices et la corruption de son cœur. Pour la punir de sa hardiesse, le gouverneur ordonna qu 'elle fût battue cruellement, puis étendue sur le chevalet, où elle eut les côtés déchirés avec les ongles de fer. Ce spectacle arracha des cris à une autre vierge chrétienne nommée VALENTINE, qui du milieu de la foule dit au gouvernéur: « Com>> bien de temps tourmenterez-vous encore ma » sœur ? Valentine fut arrêtée sur-le-champ, et conduite devant le tribunal, où elle protesta qu'elle ne sacrifieroit jamais. On voulut l'y forcer, en la traînant au pied de l'autel; mais elle se débattit vigoureusement, et renversa l'autel avec tout ce qui étoit dessus. Firmilien, transporté de

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rage, lui fit déchirer les côtés avec encore plus de cruauté qu'aux autres. Enfin, ne pouvant la vaincre, il ordonna de la lier avec Thée, pour les brûler toutes deux ensemble. La sentence fut exécutée le 25 Juillet 308.

Le même jour, PAUL, l'un des plus illustres confesseurs, fut condamné à perdre la tête. Il demanda quelques instans au bourreau lorsqu'il étoit sur le point de l'exécuter; les ayant obtenus, il éleva sa voix au Seigneur, et le pria de rendre la paix à son église; il le pria aussi de regarder les Juifs d'un oeil favorable, et d'accorder la même grâce aux Samaritains; puis il fit des vœux pour que les païens fussent éclairés de la lumière de la foi, et qu'ils parvinssent à une piété sincère. Il n'oublia point non plus ceux qui alloient être les spectateurs de son supplice. Enfin, il pria pour son juge, pour son prince, et pour son bourreau. Cette prière finie, il présenta le cou, et l'exécuteur lui coupa la tête.

Peu de temps après, cent trente confesseurs d'Egypte, ayant eu par l'ordre de Maximin, un pied mutilé et un œil crevé, furent envoyés aux mines, les uns en Palestine, et les autres en Cilicie.

Voyez Eusèbe, de Martyr. Palestin. c. 8; Tillemont, t. V, et Orsi, t. IV.

S. CUCUFAT, MARTYR EN ESPAGNE.

SAINT CUCUFAT est honoré sous différens noms en France et en Espagne (a). Scillite, ville d'Afrique, fut sa patrie. Ses parens étoient des plus

(a) On l'appelle saint Congat à Barcelone, saint Quiquenfat à Ruel, près de Paris, et saint Guinefort dans plusieurs paroisses de France,

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