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distingués du pays. Il les quitta pour se soustraire aux suites de la persécution suscitée par Dioclétien. Ayant pris saint Félix pour compagnon, il passa d'abord en Mauritanie, puis en Espagne. A peine étoit-il arrivé à Barcelone, qu'il fut arrêté. On le conduisit devant le gouverneur Dacien, qui, sur le refus qu'il fit de sacrifier aux idoles, le condamna à souffrir diverses tortures, puis à perdre la tête. Son martyre arriva vers l'an 303. Saint Félix fut martyrisé peu de temps après à Girone. On lit dans les actes de saint Gucufat que ses reliques furent apportées d'Espagne en France, et que Fulrad, abbé de Saint-Denis, les déposa dans l'église du monastère de Léberan, au diocèse de Strasbourg, dont il étoit fondateur. Cette translation se fit le 16 de Février. Les reliques du saint martyr restèrent à Léberan jusqu'en 835, qu'Hilduin, abbé de Saint-Denis, les fit apporter le 25 Août dans son abbaye, où elles sont honorées aujourd'hui. Les Espagnols prétendent que le corps de saint Cucufat est à Barcelone, et qu'on ne porta en France que son chef.

Voyez Prudence, hym. 1; Chastelain, not. sur le martyr. sous le 16 Février, p. 656; le P. Bosch, Act. SS. t. VI, Julii, p. 161; le bréviaire de Paris, sous le 25 Juillet, et M. l'abbé Grandidier, Hist. de l'église de Strasbourg, t. 1, p. 431.

S.te GLOSSINE, VIERGE, ABBESSE A METZ.

SAINTE GLOSSINE ou GLODESINDE (a) étoit fille du duc Wintron, l'un des premiers seigneurs de la cour d'Austrasie. Elle résolut, dès sa jeunesse, de passer toute sa vie dans la virginité. Cette résolution lui attira plusieurs mauvais traitemens de la part de sa famille, qui vouloit l'engager dans

(a) En latin Chlodesindis.

le mariage. Ayant pris le voile à Metz, où elle s'étoit réfugiée pour faire échouer les desseins de ses parens, elle se retira à Trèves, auprès de Rothilde sa tante, femme de la plus éminente vertu. Lorsqu'elle n'eut plus besoin de guide, elle revint à Metz, et y assembla une communauté de filles, avec lesquelles elle pratiquoit les conseils évangéliques. Elle fit bâtir depuis un monastère sur un fonds qui lui fut donné par sa famille, et y conduisit toutes les personnes qui étoient venues se mettre sous sa conduite. Elle gouverna six ans sa communauté avec une sagesse admirable. On vit toujours en elle un modèle accompli d'humilité, de mortification, de ferveur et de chasteté. Elle mourut à l'âge de trente ans; mais on ne sait point l'année de sa mort. On est partagé sur le siècle où elle florissoit : les uns la mettent dans le septième, et les autres dans le huitième. Elle fut d'abord enterrée dans l'église des apôtres, dite aujourd'hui de Saint- Arnoul. Vingtcinq ans après sa mort, ses reliques furent transportées dans l'abbaye de son nom, occupée présentement par des religieuses bénédictines.

Voyez sa vie, écrite dans le dixième siècle par le B. Jean, abbé de Gorze. Elle a été publiée par le P. Labbe, Bibl. Mss. t. I. Mabillon en a donné une édition encore plus correcte, sect. 2, Ben. Voyez aussi Baillet, sous le 25 de Juillet.

S.te ANNE, MÈRE DE LA SAINTE VIERGE. Voyez Cuper, l'un des continuateurs de Bollandus, t. VI, Julii, p. 233.

SAINTE ANNE, dont le nom, qui est hébraïque, signifie gracieuse, épousa saint Joachim, et de ce mariage naquit la sainte Vierge. Ils sont l'un et l'autre publiquement honorés dans l'église dès les premiers siècles. Saint Jean Damascène donTome VI.

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ne de grands éloges à leur vertu. L'empereur Justinien I fit bâtir à Constantinople une église sous l'invocation de sainte Anne, vers l'an 550 (1). On lit dans Codinus que l'empereur Justinien II en fonda une autre en 705. Le corps de la Sainte fut apporté, dit-on, de la Palestine à Constantinople en 710; et c'est depuis ce tempslà que plusieurs églises d'Occident se vantent d'avoir quelques portions de ses reliques. Il s'est opéré un grand nombre de miracles par son intercession, et l'on en trouve l'histoire dans le recueil des Bollandistes (2). Dieu voulut montrer par ces prodiges combien il approuvoit la dévo tion des fidèles envers une Sainte qui fut un modèle accompli de vertu pour les personnes enga gées dans l'état du mariage.

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Ce fut sans doute un grand honneur pour sainte Anne, que d'être destinée à donner au monde la, mère de Dieu; mais il lui revient beaucoup plus. de gloire d'avoir formé le cœur de Marie à la vertu et à l'innocence. Elle fut, dans les mains de Dieu, le principal instrument de notre salut, en préparant ce vase d'élection que le Saint des Saints. devoit employer pour remplir les vues de son amour, L'église célébrera dans tous les âges la piété maternelle de sainte Anne, et la gloire de sa fille rejaillira sur elle de génération en génération. Puisse son exemple réveiller le soin des pères et des mères! Leur devoir le plus sacré est d'élever leurs enfans dans la crainte du Seigneur; par-là ils honorent Dieu, perpétuent la gloire de son nom sur la terre, et se sanctifient euxmêmes. Saint Paul est formel sur cet article. II: dit que les parens ne se sauvent qu'autant qu'ils

3) Propede pago.

(1) Procope, de Edif. Justin. l. 1, c. à.

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s'appliquent à bien élever leurs enfans. Il ne vouloit point qu'on admit au service des autels ceux, dont les enfans ne justifioient point par une conduite édifiante l'éducation chrétienne qu'ils avoient dû recevoir.

Eh! pourquoi tant d'empressement pour procurer des honneurs et des richesses à ses enfans? Pourquoi tant de soin pour leur donner les grâcess du corps, et leur inspirer le goût de la frivolité, tandis qu'on néglige de les former à la vertu, qui seule peut les rendre heureux ? Cette réflexion faisoit verser des larmes au philosophe Cratès quoique païen de religion. Il eût souhaité monter sur le lieu le plus élevé de sa ville, pour crier en suite de toutes ses forces: «Citoyens, à quoi >> pensez-vous ? Tout votre temps se passe >>>ser des richesses pour vos enfans, et vous ne » prenez aucun soin de cultiver leurs ames, com» me s'il étoit plus important de leur laisser des >> biens que. de la vertu. »

à amas

S. GERMAIN, ÉVÊQUE D'AUXERRE.

Tiré de sa vie, écrite par le prêtre Constance, auteur presque: contemporain, et louée par saint Sidoine Apollinaire, qui florissoit dans le même temps; de Bède, et de Nennius, historien breton, qui écrivoit en 620. Voyez encore l'Itiné raire de Léland, Brown-Willis, Ussérius, Fleury, Tillemont, t. XV; Rivet, Hist. litt. de la Fr. t. II, p. 256, et le Recueil des lettres sur la vérification des reliques de S. Germain d'Auxerre, imprimé en 1753, in-8o.

L'AN 448!

GERMAIN naquit à Auxerre vers l'an. 380, de. parens distingués par leur noblesse. Après avoir fait ses premières études dans les Gaules, il alla étudier à Rome l'éloquence et le droit civil. Les progrès qu'il fit dans ces deux sciences le mirent.

bientôt en état de plaider avec distinction devant le préfet du prétoire. Il épousa une femme de grande qualité, qui se nommoit Eustachia. Son mérite l'ayant fait connoître à l'empereur Honorius, il fut élevé par ce prince à des places fort honorables. Il eut enfin celle de duc ou général des troupes de sa province, ce qui l'obligea de retourner à Auxerre.

A la vérité, on ne remarquoit point en lui de vices grossiers; mais toute sa religion se bornoit à observer ce que dictent les principes de la probité naturelle. Ses vertus étoient purement humaines. Il ne connoissoit point cet esprit d'humilité, de mortification et de prière qui est la base du christianisme. Il aimoit passionnément la chasse; et quand il avoit tué quelque bête, il en suspendoit la tête aux branches d'un grand arbre qui étoit au milieu de la ville. Cette coutume venoit tout au plus d'un fond de vanité; mais comme les païens faisoient par superstition quelque chose de semblable, Germain étoit pour les fidèles un sujet de scandale. Saint Amateur, qui occupoit alors le siége d'Auxerre, l'en avertit plusieurs fois il ne fut point écouté. Enfin un jour que le jeune duc étoit absent, il fit couper l'arbre. Germain en ayant été instruit entra dans une grande colère, et menaça le saint évêque de tirer vengeance de la conduite qu'il avoit tenue.

Cependant Dieu fit connoître à saint Amateur qu'il mourroit bientôt, et qu'il destinoit Germain lui-même à être son successeur. Le Saint alla surle-champ trouver Jules, préfet des Gaules, qui résidoit à Autun, pour lui demander la permission de mettre Germain au nombre des clercs. Sans cette permission, aucun officier ne pouvoit changer d'état. Jules l'ayant accordee, saint Amateur

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