Images de page
PDF
ePub

S. PALLADE, APÔTRE DES SCOTS.

Tiré de saint Prosper et des autres historiens, cités par Ussérius, Antiquit. Brit. eccles. c. 16, p. 416, 424. Voyez Keith, nov. Catal. Episc. Scot. p. 233, et les Bollandistes, sous le 6 de Juillet, t. II, Julii, p. 286.

Vers l'an 450.

Le nom de Pallade, que portoit ce Saint, montre qu'il étoit Romain. La plupart des auteurs s'accordent même à dire qu'il étoit diacre de l'église de Rome. Au moins lisons-nous dans la chronique de saint Prosper, qu'un Pélagien, nommé Agricola, ayant troublé par ses erreurs les églises britanniques, le pape Célestin envoya en Angleterre, sur les représentations du diacre Pallade, saint Germain, évêque d'Auxerre, en qualité de légat, et que le saint évêque, après avoir exterminé l'hérésie de Pélage, ramena les Bretons à la foi catholique (a). L'intérêt que prenoit Pallade aux îles britanniques ne se borna pas là; et l'on ne peut guère douter qu'il ne soit ce même Pallade qui partit de Rome en 431 par l'ordre du pape Célestin, et qui fut établi premier évêque des Scots qui croyoient en Jésus-Christ.

On voit par les vies de saint Albée, de saint

(a) Ad actionem Palladii diaconi, papa Cœlestinus Germanum Antissiodorensem episcopum vice suâ mittit, et deturbatis hæreticis, Britannos ad catholicam fidem dirigit. Saint Prosper, in Chron. ad an. 429.

Nec segniore curâ ab hoc eodem morbo Britannias liberavit (Cœlestinus) quandò quosdam inimicos gratiæ, solum suæ originis occupantes, etiam ab illo secreto exclusit Oceani, et ordinato Scotis episcopo, dum romanam insulam studet servare catholicam, fecit etiam barbaram christianam. Saint Prosper, contra Collator. c. 21.

Ad Scotos in Christum credentes ordinatur à papa Cœlestino Palladius, et primus episcopus mittitur. Idem in Chron. ad an. 431.

Déclan, de saint Ibar et de saint Kiaran (1), que ces quatre Saints prêchèrent séparément la foi dans les différentes contrées de l'Irlande, qui étoit leur patrie, quelque temps avant la mission de saint Patrice. Ibar avoit été converti dans la Bretagne, les trois autres avoient été instruits à Rome dans les principes du christianisme. Les auteurs de leur vie disent qu'ils repassèrent tous en Irlande, et qu'ils furent honorés du caractère épiscopal. Cette dernière circonstance ne paroît pas bien certaine, puisqu'on lit dans la chronique de saint Prosper, que saint Pallade fut le premier évêque des Scots.

Jean de Timouth rapporte que saint Kiaran, surnommé Saigrius, est appelé saint Piran dans le pays de Cornouaille; qu'il vécut trente ans en Irlande avant d'aller à Rome; qu'il demeura vingt ans dans cette ville; qu'y ayant été sacré évêque, il revint dans sa patrie, où il arriva trente ans avant la mission de saint Patrice. Selon le même auteur, il mourut depuis dans le pays de Cornouaille, près de Padstow. Ussérius met la naissance de ce Saint en 352, et sa mission ou son retour de Rome en 402 (2).

Il est présentement aisé de comprendre comment il a été dit de Pallade qu'il fut envoyé en qualité d'évêque aux Scots qui croyoient en JésusChrist, quoique le nombre des fidèles fut trèspetit dans ce temps -là. Saint Prosper, après avoir loué le pape Célestin du soin qu'il prenoit de bannir le pélagianisme de la Bretagne, ajoute (3), « qu'il ordonna aussi un évêque pour les » Scots, et que, non content de conserver la foi » dans l'île romaine, il travailloit en même temps

(1) Voyez Ussérius, Antiq. Brit. eccl. c. 16, p. 408, 412. (2) Ibid. p. 412. (3) Contra Collat. c. 44.

» à rendre chrétienne une île barbare (b). » Us sérius observe que par cette ile barbare, on doit entendre l'Irlande. En effet, quoiqu'une partie de l'Ecosse n'ait jamais été soumise aux Romains, et que dans les premiers temps elle ait été principalement habitée par les Pictes, on n'a pu cependant la regarder comme une île séparée de la Bretagne. On sait d'ailleurs que la lumière de la foi fut portée chez les Pictes, qui n'étoient point du territoire que les Romains possédoient dans la Bretagne, peu après la mort des apôtres (4); ainsi les peuples auxquels saint Pallade fut envoyé, et dont une partie avoit au moins une teinture de christianisme, étoient les Scots établis en Irlande. Selon quelques auteurs (c), saint Pallade, dont la mission a été antérieure à celle de saint Patrice, fut d'abord chassé du pays par le roi de Leinster; ils ajoutent qu'il retourna dans le nord de la Bretagne, où il avoit premièrement exercé son zèle. Il est naturel de conclure de là qu'il avoit été envoyé à toute la nation des Scots, dont plusieurs colonies avoient passé depuis peu dans le nord de la Bretagne, et s'étoient emparées d'une partie du pays connu sous le nom d'Ecosse (d).

(b) Le P. Sollier, un des continuateurs de Bollandus, donne comme un fait certain, t. II, Jul. p. 286, que saint Pallade n'étant encore que diacre, fit une mission parmi les Scots, et qu'il en convertit plusieurs ; il ajoute qu'ensuite le Saint retourna à Rome, qu'il y fut sacré évêque, et qu'il fut renvoyé chez les mêmes peuples en 431.

(4) Voyez Tertullien, Eusèbe, saint Chrysostome, etc.

(c) Ce sont les auteurs irlandais des différentes vies de saint Patrice.

(d) M. Ma-Geoghegan montre dans son histoire de l'Irlande, t. I, que les Scots étoient Scythes d'origine. On dit qu'ils s'établirent d'abord dans la Galice et dans une partie du Portugal, sur-tout aux environs de Bragance, que les écrivains modernes d'Irlande ont prétendu avoir été ainsi appelée de Bréogan, chef de la colonie. Ils appellent Milésius le petit-fils de ce Bréogan, et lui donnent pour femme une certaine Scota,

Les Scots étoient un peuple grossier et barbare dans le quatrième et le cinquième siècle : c'est ce que nous apprenons des historiens qui parlent des mœurs des anciens Irlandais, et de plusieurs auteurs ecclésiastiques (e).

dont le nom passa à toute la nation, lorsqu'elle vint d'Espagné en Irlande mais ce sont là des conjectures que nous abandonnons aux lecteurs. Rien de plus difficile que de découvrir la vérité, lorsqu'il s'agit de l'origine des peuples; du moins ne peut-on se flatter de parvenir à ce degré de certitude qui satisfait un esprit éclairé. M. Ma-Geoghegan regarde la langue irlandaise comme une langue-mère. Il est assez probable que l'Irlande fut d'abord habitée par les Bretons. La langue de ces peuples étoit originairement la même que celle des Celtes ou des anciens Gaulois. Celle que les Scots introduisirent, et qui prévalut dans la suite, n'a d'affinité avec aucune langue connue. Quelques modernes ont prétendu qu'elle étoit un dialecte du biscayen, et que l'une et l'autre langues avoient une origine commune, c'est-à-dire, qu'elles venoient du celtique; mais l'opinion de M. Ma-Geoghegan paroît mieux appuyée : elle est d'ailleurs confirmée par le suffrage de M. Buttner, savant professeur de Gottingen, qui, après avoir passé plusieurs années à comparer ensemble toutes les langues contant anciennes que modernes, assure qu'il n'y en a 'peut-être point qui different plus entre elles, soit pour l'orthographe, soit pour l'idiôme, que le biscayen et l'Irlandais. (Monthly Review For March, 1759, p. 266.

nues,

Bollandus assure, d'après les auteurs de la vie de saint Patrice, que ce Saint enseigna le premier l'alphabet aux Irlandais; mais M. Ma-Geoghegan croit, contre l'opinion du savant M. Innes, écossais, que ceci doit seulement s'entendre de l'alphabet romain; il avance même, fondé sur d'anciens monumens qu'avant l'arrivée de saint Patrice, les Scots avoient un alphabet fort différent, qu'ils nommoient Milesien, de Milésius. Le docteur Wurner, dans sa nouvelle histoire d'Irlande, tâche d'appuyer ce sentiment par de nouvelles preuves. Cette dispute partage encore les savans de la Grande-Bretagne et d'Irlande, et nous en attendons l'éclaircissement. Il nous paroît jusqu'ici plus probable que les anciens Irlandais avoient quelque connoissance d'un alphabet avant l'arrivée de saint Patrice.

(e) Voyez Camden, saint Jérôme, l. 2, adv. Jóvinian. t. II, p. 93, edit. Veter, qui assure avoir vu dans les Gaules quelques Scots; et saint Prudence, Apotheos. v. 284, p. 171. Voyez aussi le commentaire de Giselinus sur saint Prudence, ibid. p. 464. Quelques auteurs cependant, au lieu de lire Scotus avec le commentateur cité, lisent Cottu ( sur les Alpes ) ou Gothus,

Saint Pallade, selon la chronique de saint Prosper, arriva chez les Scots sous le consulat de Bassius et d'Antiochus, l'an 431 de J. C. (5). On comprend aisément combien la mission qu'il entreprit dut lui coûter de peines et de fatigues. Les Scots ayant été s'établir dans le nord de la Bretagne, vers le temps où les Romains commencerent à abandonner le pays, le Saint les y suivit : il prêcha parmi eux avec beaucoup de zèle, et forma une église fort nombreuse (f). Les histo

[ocr errors]

Voyez Ussérius, p. 418.

5) Nous allons donner les noms des principaux d'entre les

premiers Saints d'Ecosse, d'après un ancien calendrier écossais, publié par M. Robert Keith.

[ocr errors]

— 21, saint

JANVIER 8, saint Néthalan, év. C. l'an 452.
Vimin, év. en Ecosse, l'an 715.
év. en Ecosse, l'an 720.-
Ecosse, l'an 814.

29, saint Makwolock, - 30, saint Macglastien, év. en

FÉVRIER. 7, Saint Ronan, év. C. en Ecosse, l'an 603. MARS. 1, Saint Minan, archidiacre, C. en Ecosse, l'an 879, et saint Marnan, év. en Ecosse, l'an 655. — 4, saint Adrien, év. de Saint-André, M. Il fut mis à mort par les Danois en 874, et enterré dans l'île de Man. — 6, saint Frédoline, C. l'an 500. 11, saint Constantin, roi d'Ecosse, puis moine et martyr, l'an 556. 17, saint Kyrin ou Kyrstin, surnommé Boniface, év. de Rosse, l'an 660.

AVRIL. 1, Saint Gilbert, év. de Caithness, l'an 1140. 12, saint Tarnan ou Ternan, archevêque des Pictes, qu'on dit avoir été sacré par saint Pallade, vers l'an 450. — 16, saint Mann ou Mans, M. d'Orkney, l'an 1104. 19, la translation

du

corps de sainte Marguerite à Dumferline. JUILLET. 6, Saint Pallade ou Padie, apôtre des Scots. AOUT. 10, Saint Blanc, év. C. en Ecosse.

27, saint Malrube, ermite martyrisé en Ecosse, par les Danois, en 1040. SEPTEMBRE. 16, Saint Minian, év. C. en 450,

d'autres, cent ans après.

ou Galloway.

[ocr errors]

22,

ou, selon

saint Lolan, év. de Whitern

OCTOBRE. 25, Saint Marnoc, év. C. mort à Kilmarnoc dans le quatrième ou le cinquième siècle.

NOVEMBRE. 2, Saint Maure, dont Kilmures tire son nom l'an 899. 12, saint Macar, év. de Murray, C. M. l'an 887. Saint Germain, év. C. qu'on dit avoir été sacré évêque des îles par saint Patrice. C'est sous son invocation qu'est dédiée la cathédrale de Man.

Saint Macull, autrement appelé Machille ou Mauchold,

« PrécédentContinuer »