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rême; ainsi que les autres ordonnances de l'église dans tous ses états. Sa ferveur et son humilité excitoient le respect et l'admiration; sa bienfaisance et sa charité pour chacun de ses sujets, et principalement pour les pauvres, lui gagnoient

tous les cœurs.

Depuis long-temps elle désiroit pouvoir servir Dieu dans la retraite. Elle voulut au moins faciliter aux autres le moyen de vaquer nuit et jour pour elle aux exercices de la prière. Ce fut ce qui la détermina à fonder un monastère de religieuses dans l'ile de Shepey, sur la côte de Kent; mais elle ne l'acheva qu'en 664, après la mort de son mari. La communauté fut en peu de temps composée de soixante-quatorze religieuses.

Sexburge, frappée de la réputation qu'avoit le monastère d'Ely, s'y retira, avant l'année 679, pour ne plus s'occuper que de sa sanctification; elle en eut le gouvernement après sainte Etheldrède ou Audry, sa sœur. Il y avoit quinze ans qu'elle étoit abbesse, lorsqu'elle fit lever de terre le corps de cette Sainte. Elle mourut dans un âge fort avancé, le 6 de Juin, vers la fin du septième siècle.

Le monastère de Shepey, connu sous le nom de Mynstre de Shepey, fut détruit par les Danois. On le rebâtit en 1130, et Guillaume, archevêque de Cantorbéry, le dédia sous l'invocation de la sainte Vierge et de sainte Sexburge. Il y a eu des religieuses bénédictines jusqu'à la destruction des abbayes en Angleterre.

Sainte Erménilde, fille d'Ercombert et de sainte Sexburge, épousa Wulpher, roi de Mercie; mais après la mort de son mari, elle se retira à Ely, pour y servir Dieu avec sa mère et avec ses

deux tantes maternelles, sainte Audry et sainte Withburge.

Sainte Wéréburge, fille de Wulpher et de sainte Erménilde, se fit religieuse à Hearburgh, monastère qu'on croit avoir été auprès de Stanford ou Croyland. On y a vénéré ses reliques jusqu'au neuvième siècle, qu'elles furent transférées à Leicester.

Voyez Bède et Capgrave; la Narratio de Sanctis qui in Anglia quiescunt: ap. Hickes, diss. p. 117, Thesaur. t. I; le Mo nasticon Anglic. t. I, p. 88 et 152; Weever, Funer. Monum. p. 283, et le Kalendarium in quo annotantur dies obitûs sorò... rum monasterii de Shepey, Ms. Bibl. Cotton.

S.te GODELIÈVE,

VULGAR MENT S.te GODELEINE.

CETTE Sainte (a) étoit du diocèse de Térouane. Son père et sa mère joignoient une fortune considérable à la noblesse du sang. Elle cultiva, dès son enfance, les heureuses dispositions que Dieu lui avoit données pour la vertu. Son père la maria à un gentilhomme flamand nommé Bertou. Il ne se fût point sans doute déterminé à ce choix, s'il eût connu celui qu'il prenoit pour gendre. En effet, Bertou étoit un homme brutal, sans honneur et sans religion. Il conçut pour son épouse la plus forte aversion, et fit entrer sa mère dans ses sentimens; non-seulement il ne voulut point habiter avec elle, mais il la laissa seule sans secours et sans consolation. Godeliève profita de sa solitude pour vivre dans les exercices propres de la retraite, sans manquer cependant aux devoirs de son état.

La sagesse de sa conduite ne changea point le cœur de son mari; il passa de l'aversion à la haine, (a) En latin Godoleva.

et ne chercha plus que les moyens de rompre une chaîne qui lui paroissoit insupportable. Il accabla sa femme de toutes sortes de mauvais traitemens, et ne rougit pas de la livrer à un valet, qu'il chargea de lui faire mille outrages; à peine permettoit-il qu'on lui donnât de quoi subsister. La Sainte souffroit avec patience une aussi rude épreuve, se contentant de prier pour la conversion de ceux qui la persécutoient. A la fin cependant, les choses en vinrent à un point que sa vie n'étoit plus en sûreté. Elle s'enfuit secrètement, et se retira chez son père. L'affaire fut portée au juge ecclésiastique, qui décida en faveur de Godeliève. Bertou se soumit, parce qu'il craignoit le comte de Flandre; il reprit donc sa femme, et promit de la mieux traiter à l'avenir.

Mais Godeliève s'aperçut bientôt que la réconciliation n'avoit point été véritable. Les mauvais traitemens recommencèrent; Bertou résolut même de faire ôter la vie à sa femme. Il prétexta un voyage pour être absent le jour auquel deux scélérats s'étoient chargés de l'exécution de son horrible dessein. Godeliève fut étranglée pendant la nuit; après quoi on la remit dans son lit, et l'on publia qu'elle étoit morte subitement : mais on découvrit sans peine quel avoit été le principal auteur du crime. Cet accident arriva le 6 Juillet 1070, selon la plus commune opinion. La sainteté de la servante de Dieu fut attestée par plusieurs miracles. On assure qu'en conséquence d'un de ces miracles, Bertou et sa mère se convertirent, et qu'ils expièrent leurs péchés par la pénitence.

Voyez dans Surius, la vie de sainte Godeliève, écrite par un auteur contemporain. Cet auteur est Drogon ou Dreux, qui étoit moine de Ghistel, où la Sainte demeuroit, et qui fut depuis évêque de Térouane.

S. PANTÈNE, PÈRE DE L'ÉGLISE.

Tiré de saint Jérôme, Catal. de Clément d'Alexandrie, et d'Eusèbe. Voyez Ceillier, t. II, p. 273.

CE grand homme, digne des temps apostoliques, florissoit dans le second siècle de l'église. Il étoit Sicilien de naissance, et faisoit profession de la philosophie stoïcienne. Son éloquence lui á mérité, de la part de Clément d'Alexandrie, le titre d'Abeille de Sicile. L'amour qu'il avoit pour la vertu lui, inspira de l'estime pour les Chrétiens, et il se lia étroitement avec quelques-uns d'entre eux. Frappé de l'innocence et de la sainteté de leur vie, il se désabusa des superstitions du paganisme, et ouvrit les yeux à la lumière de l'évangile.

Après sa conversion, il étudia les livres saints sous les disciples des apôtres. Pour en acquérir une plus parfaite intelligence, il alla fixer sa demeure à Alexandrie, en Egypte. Il y avoit dans cette ville une célèbre école où l'on enseignoit la doctrine chrétienne, et qui devoit son établissement aux disciples de saint Marc.

Pantène fit de rapides progrès dans la science des saintes lettres; mais il cachoit par humilité ses rares talens. On les découvrit bientôt malgré lui, et on le tira de l'obscurité dans laquelle il avoit cherché à vivre inconnu. Il fut mis à la tête de l'école des Chrétiens quelque temps avant l'année 179 de Jésus-Christ, qui étoit la première du règne de l'empereur Commode. Sa capacité, jointe à l'excellente méthode qu'il suivoit en enseignant, lui acquit une réputation dont ne jouirent jamais les plus fameux philosophes. Ses leçons, qui étoient un composé du suc des fleurs qu'il ra

massoit dans les écrits des prophètes et dans ceux des apôtres, portoient la lumière de la science et l'amour de la vertu dans les ames de tous ceux qui venoient l'entendre. C'est le témoignage que lui rend Clément d'Alexandrie, un de ses disciples. Les Indiens, que le commerce attiroit à Alexandrie, eurent occasion de connoître saint Pantène; ils le prièrent de passer dans leur pays pour y combattre la doctrine des bracmanes par celle de Jésus-Christ. Il se rendit à leurs instances, quitta son école, et partit pour les Indes avec la permission de son évêque, qui l'établit prédicateur de l'évangile pour les nations Orientales. Cet évêque étoit Démétrius, qui fut placé sur le siége d'Alexandrie en 189.

Nous apprenons d'Eusèbe que saint Pantène, en arrivant dans les Indes, y trouva quelques semences de la foi qui y avoient été jetées précédemment; il y vit aussi un livre de l'évangile de saint Matthieu en hébreu, qui avoit été laissé dans le pays par saint Barthélemi. Etant revenu à Alexandrie quelques années après, il y apporta ce livre avec lui.

L'école de cette ville étoit alors gouvernée par le célèbre Clément. Saint Pantène continua toujours d'enseigner; mais il ne le fit plus qu'en particulier. I exerça cet emploi jusqu'au règne de Caracalla, et par conséquent jusqu'à l'année 216. Rufin dit (a) que ce grand homme termina par une heureuse mort une vie noble et excellente. On lit son nom sous le de Juillet dans tous les mar7 tyrologes d'Occident.

La beauté et la sainteté de la morale évangélique, qui opérèrent la conversion de saint Pantène, se font principalement sentir lorsqu'on les com(1) Hist, l. 5, e. 10.

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