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marque de corruption. Elle est nommée sous le 7 de Juillet, dans le martyrologe romain, ainsi que dans ceux de France et d'Angleterre. (Voyez Sollier, ad diem 7 Julii, t. II, p. 481.

Les martyrologes anglais joignent à sainte Edelburge, sainte Earcongote, sa nièce. Celle-ci étoit fille d'Ercombert, roi de Kent, et de sainte Sexburge. Elle suivit sa tante à Faremoutier, y prit l'habit avec elle, et y mourut après avoir donné l'exemple de toutes les vertus. Bède assure qu'il s'opéra des miracles par son intercession.

Héreswide, femme du roi Anna, qui avoit été la mère de tant de Saints, se voyant libre par la mort de son mari, vint aussi en France, et s'y consacra à Dieu dans le monastère de Cale ou de Chelles, à cinq lieues de Paris. Ce monastère, fondé par sainte Clotilde, avoit été principalement doté par sainte Bathilde. Héreswide y termina sa vie par une mort précieuse devant le Seigneur.

Voyez sur l'abbaye de Chelles, Lebœuf dans son Histoire du diocèse de Paris, t. VI, et Sollier, sous le 7 Juillet, p. 481.

S. BENOIT XI, PAPE.

NICOLAS BOCASINI, depuis pape sous le nom de Benoit XI, étoit de la ville de Tréviso, qui formoit alors un état indépendant, mais qui, depuis l'an 1336, est soumise aux Vénitiens. Il vint au monde en 1240, et commença ses études dans sa patrie; il alla les achever à Venise, où il prit l'habit de saint Dominique étant encore fort jeune. S'il montra beaucoup d'ardeur pour se perfectionner dans la connoissance des saintes lettres, il n'en montra pas moins pas moins pour s'exercer à la pratique de toutes les vertus. Quatorze ans après son entrée chez les Dominicains, il fut envoyé, en

qualité de professeur et de prédicateur, à Venise et à Bologne, afin qu'il fit part aux autres des trésors spirituels qu'il avoit amassés dans le silence et la retraite. Nous avons encore aujourd'hui plusieurs sermons de lui, et des commentaires qu'il composa sur l'écriture sainte.

Ayant été élu général de son ordre en 1296 (a), il écrivit une lettre circulaire, dans laquelle il exhortoit ses frères d'une manière fort touchante à l'amour de la pauvreté, de l'obéissance, de la retraite, de la prière et de la charité (b). L'année suivante, le pape Boniface VIII l'envoya en France, avec la qualité de nonce, pour être médiateur de la paix entre ce royaume et celui d'Angleterre. Pendant qu'il travailloit à ce grand ouvrage, il fut créé cardinal. Il en apprit la nouvelle avec douleur, parce qu'il redoutoit les dignités ecclésiastiques; il versa même des larmes, et n'auroit point accepté le cardinalat, si le pape ne le lui eût ordonné. Peu de temps après, il fut nommé évêque d'Ostie et doyen du sacré collége.

En 1301, il passa en Hongrie, avec le titre de légat à latere, pour étouffer l'esprit de discorde qui avoit formé diverses factions, et qui avoit déjà causé beaucoup de ravages dans le pays. Il se conduisit avec tant de sagesse, que la paix succéda aux troubles. Il abolit aussi certaines pratiques supersititieuses, et d'autres abus d'où résultoient de grands scandales. Les légations qu'il exerça en Autriche et à Venise ne firent pas moins d'honneur à la sagesse et à la vivacité de son zèle.

Boniface VIII étant mort le 11 octobre 1303, les cardinaux entrèrent au conclave onze jours

(a) Il fut le neuvième général de son ordre.

(b) Cette lettre a été publiée par D. Martène, Anecdot., t. IV.

après, et dès le lendemain ils élurent tout d'une voix Bocasini pour lui succéder. Le Saint fut saisi de frayeur en apprenant cette nouvelle; mais on l'obligea d'acquiescer à son élection, et on l'intronisa le dimanche suivant. On ne lui vit rien changer dans sa première manière de vivre. Sa mère ayant pris des habits magnifiques pour se présenter devant lui, il ne consentit à la voir que quand elle parut avec des vêtemens conformes à son état et à sa condition.

Rome étoit alors déchirée par des dissensions civiles, et sur-tout par les factions des Colonnes, ennemis de Boniface VIII. Benoit, par sa prudence, sa modération et sa douceur, rétablit la tranquillité publique. Il pardonna à tous les rebelles, excepté à Sciarra Colonne et à Guillaume de Nogaret, qui restèrent toujours sous la première sentence de proscription. Il pacifia le Danemarck et les autres royaumes du nord; il fit aussi cesser les troubles qui agitoient l'état et l'église de France. Par ses soins, Venise et Padoue se réconcilièrent sans répandre de sang. Il travailla de concert avec Hélène, reine de Servie, à procurer la conversion d'Orose, fils de cette princesse. Enfin, ce bon pape fut le martyr de la paix, de la conservation de laquelle il avoit été occupé toute sa vie. Il mourut à Pérouse le 6 Juillet 1304, à l'âge de soixantetrois ans, n'ayant siégé que huit mois et dix-sept jours. On dit que sa mort fut causée par du poison que lui donnèrent secrètement quelques-uns des ennemis de la tranquillité publique. Il s'opéra à son tombeau des miracles dont la vérité fut constatée par l'évêque de Pérouse, et qui sont rappor tés par Platine et les autres historiens.

Voyez la collection des conciles, t. X; la vie du Saint, donnée par Pagi, dans ses annales, et dans un ouvrage

exprès composé par le savant Père Pierre-Thomas Campana, Dominicain. Voyez aussi la vie de saint Benoit XI, ou le caractère de la sainteté du P. Benoît XI, Toulouse, 1739; le P. Touron, Hom. illustr. t. I, p. 655; et Benoît XIV, de Canoniz. t. IV, Append. et in novo Martyrol. Rom. ad diem 7 Julii.

S.te ELIZABETH, REINE DE PORTUGAL.

Tirée de sa vie, qui est fort authentique, et qui a été écrite par un religieux de saint François; de Mariana, et des autres historiens d'Espagne. Voyez Janning, un des continuateurs de Bollandus, t. II, Jul. ad diem 4, p. 169.

L'AN 1336.

ÉLIZABETH étoit fille de Pierre III, roi d'Aragon, et petite-fille de Jacques I, surnommé le Saint pour ses vertus, et le Conquérant à cause de la prise de Maïorque et de Valence. Elle eut pour mère, Constance, fille de Mainfroi, roi de Sicile, et petit-fils de l'empereur Frédéric II. Elle naquit en 1271, et fut nommée au baptême Elizabeth, de sainte Elizabeth de Hongrie, sa tante, qui avoit été canonisée par Grégoire IX, en 1235. Sa naissance réconcilia son grand-père et son père, dont les divisions troubloient le royaume d'Aragon. Le roi Jacques se chargea du soin d'élever sa petite-fille, et la laissa, en mourant, déjà toute pénétrée des plus sublimes maximes de la piété, quoiqu'elle n'eût point encore six ans accomplis (a).

Pierre III étant monté sur le trône d'Aragon, ne mit auprès de sa fille que des personnes vertueuses, dont les exemples pussent continuellement lui servir de leçons. La jeune princesse étoit d'une douceur admirable de caractère, et n'avoit de goût que pour les choses qui portoient à Dieu.

(a) Jacques I, roi d'Aragon, mourut en 1276, après un règue de soixante-trois ans.

C'étoit lui faire un grand plaisir que de la mener à l'église ou à quelque exercice de religion. Dès l'âge de huit ans, elle pratiquoit déjà la mortification; inutilement on lui alléguoit qu'elle étoit trop jeune, pour l'engager à modérer sa ferveur. Par une suite de cette ferveur, elle portoit une sainte envie à tous ceux qu'elle voyoit faire le bien. A la mortification des sens, elle joignoit celle de la volonté, et un amour extraordinaire de la prière, afin d'obtenir la grâce de réprimer ses passions, et même d'en prévenir les révoltes; par-là elle vint à bout de se vaincre parfaitement, et d'acquérir une humilité profonde. Comme la vertu lui paroissoit le plus précieux de tous les avantages, elle avoit en horreur tout ce qui eût été capable de la dissiper, et se montroit l'ennemie déclarée de tous les vains amusemens du monde. Tout autre chant que celui des psaumes et des hymnes de l'église lui étoit insipide; chaque jour elle récitoit le bréviaire, et le faisoit avec autant de soin que l'ecclésiastique le plus fervent. Les pauvres l'appeloient leur mère, à cause de la charité compatissante avec laquelle elle pourvoyoit à leurs besoins.

Lorsqu'elle eut atteint sa douzième année, on la maria à Denys, roi de Portugal. Ce prince avoit moins considéré en elle la vertu que l'éclat de la naissance, et les belles qualités du corps et de l'esprit; il lui laissa cependant la liberté de vaquer à ses exercices, et il ne put refuser son admiration à la piété de son épouse. Semblable à Esther, la reine de Portugal ne fut point éblouie par l'appareil des grandeurs humaines; elle fit une sage distribution de son temps, pour allier les devoirs du christianisme avec ceux de son état. Jamais elle ne manquoit à ses pratiques de dévotion, à moins Tome VI.

E

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