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prononcer des peines contre tous ceux qui pourraient violer les devoirs des Citoyens envers la Nation, et des Citoyens envers les Citoyens.

LIII.

On doit demander, comme une chose indispensable, qu'il soit publié, après chaque séance des États-Généraux, un bulletin très-exact qui rende compte des motions qui auront été faites, en nommant ceux qui les auront faites, et en racontant avec le plus grand détail tout ce qui se sera passé à chaque séance. Ce bulletin doit avoir lieu à perpétuité, durant la tenue des États-Généraux.

LIV.

On doit demander, comme une chose utile et convenable, que les États-Généraux soient tenus dorénavant dans Paris, chef-lieu de la France.

LV.

Telles sont les instructions que le Tiers - État de la ville de Paris pourrait donner à ses Représentans. Ces instructions n'enchaîneraient pourtant pas leur opinion; mais il est à désirer qu'ils s'en pénètrent bien. Quand la Constitution sera établie d'une manière solide, il sera tems de s'occuper des impôts qui paraîtront nécessaires.

LVI.

Les Représentans du Tiers-État de la ville de Paris ne doivent, sous aucun prétexte, faire scission dans l'Assemblée des États-Généraux, ni

pro

tester contre ce qui sera statué dans cette Assemblée. Il est digne d'eux d'offrir l'exemple de bons Citoyens, qui connaissent l'étendue de leurs pouvoirs, mais qui n'en passent point les bornes. Si les mandataires de la Nation pouvaient, dans l'assemblée générale, négliger ses intérêts, je dis même dans les points les plus importans, une partie de ces mandataires ne doit pouvoir, en aucune façon, refuser d'obéir pour ses mandans à la volonté générale: autrement il y aurait autant de puissances législatives en France qu'il y a de villes jouissant du droit de représentation aux États-Généraux. Si quelqu'une des idées contenues dans cet Écrit, idées qui sont toutes fondées sur le droit naturel, ou si quelque idée particulière des Représentans du Tiers-État de la ville de Paris n'était point adoptée par les États-Généraux, après avoir défendu avec énergie et courage tout ce qu'ils croiront la vérité, le devoir des Représentans du Tiers-État de la ville de Paris est de se soumettre pour leurs Représentés; leur devoir est d'attendre tout de l'opinion publique et du tems, qui font justice des erreurs. Une nouvelle Assemblée d'États-Généraux peut seule casser, corriger ou compléter, les lois posées par une Assemblée d'États-Généraux.

LETTRE

AUX AUTEURS DU JOURNAL DE PARIS.

27 février 1792.

MESSIEURS,

On a publié dans le supplément au Journal de Paris du dimanche 26 février une opinion sur les sociétés des Amis de la Constitution; elle est signée: André Chénier. Beaucoup de personnes ont cru qu'elle était de l'auteur de Charles IX et de Caius Gracchus. Je déclare que je n'ai point eu de part à cet article; qu'il renferme une opinion directement contraire à la mienne; et que je me ferai toujours honneur d'être membre de la société des Amis de la Constitution, séante aux Jacobins de Paris.

J'ai l'honneur d'être, etc.

LETTRES

AU MONITEUR.

I.

SUR LES SOCIÉTÉS DES AMIS DE LA CONSTITUTION1.

Ce 4 mars 1792.

DEPUIS quelques mois on a vu se développer un plan régulier d'attaque, dirigé contre les sociétés des amis de la Constitution. Les journaux ouvertement contre- révolutionnaires, les jour

1. Cet écrit fut composé dans les derniers tems de l'ancien ministère*. Je l'avais annoncé; et je me préparais à le publier, quand le Roi choisit de nouveaux ministres. Voyant le mauvais succès de la petite guerre faite aux Jacobins, je me crus dispensé d'entamer une discussion polémique avec mon frère. Cependant les attaques se renouvellent; et l'on semble provoquer ma réponse: la voici. (Note de Chénier.)

* Ce ministère était composé des citoyens Montmorin, de Narbonne, et de Bertrand de Molleville, en remplacement desquels furent 'nommés MM. Delessart, De Grave, et Lacoste. (Note de l'Éditeur.)

naux modérateurs, le club constituant, les cinq ou six minorités qui donnent sans cesse le nom de factieux à l'immense majorité de la Nation : tout s'était réuni pour cette grande affaire. Le cri paraissait universel; et les nombreux ennemis des Jacobins se promettaient hautement leur dissolution prochaine. Une petite maladresse a déconcerté tant de manoeuvres savantes. Le ministre de l'Empereur dénonce à son tour les Jacobins, comme des hommes intraitables qui ne veulent point de chambre haute, qui défendront jusqu'à la mort l'égalité politique et la souveraineté du Peuple, cette partie accessoire de notre Constitution. Des hommes, trop méfians, ont douté de l'intérêt sincère que la liberté française inspirait à Léopold; et cette dénonciation diplomatique leur semblait réfuter suffisamment toutes les autres. Cependant, il est nécessaire d'examiner à fond des accusations qui se multiplient chaque jour, et de combattre des déclamations par des raisonnemens. Entre les ennemis des Jacobins, je ne m'adresse qu'à ceux qui font profession d'aimer la liberté, de chérir la Constitution tout entière. On a distingué dans ce nombre un citoyen qui m'est uni par les liens du sang et de l'amitié1. La connais

1. André Chénier, son frère aîné. Voyez dans le tome deuxième des œuvres de ce dernier l'écrit intitulé: De la

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