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si le choix du Peuple portait ces hommes illustres à la Convention nationale, quel spectacle imposant et solennel offrirait cette Assemblée qui va déterminer de si grands destins! L'élite des hommes réunis de tous les points de la terre ne semblerait-elle pas le congrès du monde entier? Ce n'est point par des inepties diplomatiques, par des négociations tortueuses entre des cours qui sont convenues de se tromper mutuellement, mais par de telles adoptions qu'il est possible de réaliser cette fraternité universelle, premier vœu des philosophes, premier but de l'ordre social. C'est ainsi que la Liberté s'élèvera sur les débris de l'édifice féodal et du colosse monarchique, et que toutes les Nations pourront se reposer un jour sous l'ombrage de l'Égalité.

L'Assemblée nationale applaudit, et ordonna l'impression de la pétition.

RÉPONSE DU PRÉSIDENT'.

L'orgueilleuse bienfaisance de Louis XIV allait chercher des adulateurs dans les savans des cours

1. Le député Hérault occupait alors le fauteuil. (Note de l'Éditeur.)

étrangères, et leur payait l'encens qu'il en recevait avec les sueurs et le sang du Peuple. La France libre ne donne point de l'or, parce qu'elle ne mendie point des éloges. Satisfaite d'associer à sa gloire les grands hommes des contrées lointaines qui ont osé parler le langage de la Liberté et de l'Égalité au milieu de leurs citoyens esclaves, elle leur déclare son estime; et l'Assemblée leur dira, sans doute: Vous êtes citoyens français.

ESPRIT PUBLIC.

DES DISCOURS DE LA RÉVEILLIÈRE'.

25 fructidor an V (11 septembre 1797, vieux style.)

Les discours énergiques prononcés le 10 fructidor par le président du Directoire exécutif ont jeté l'alarme dans le camp ennemi; et La Réveillière est devenu le point de mire de tous les journaux royalistes. En même tems, il a rempli l'attente des amis de la Liberté il a exposé à la France et à l'Europe la véritable situation de la République Française; et cette situation, bien con

:

1. Voyez, dans le Moniteur du 13 fructidor an V (30 août 1797, vieux style), la réponse de La Réveillière Lépeaux, président du Directoire, au citoyen Visconti, député en qualité de ministre plénipotentiaire de la République Cisalpine près la République Française, et le discours qu'il adressa au général Bernadotte, envoyé par Bonaparte, et chargé de remettre au Directoire plusieurs drapeaux, restant de ceux conquis par l'armée d'Italie à Rivoli. (Note de l'Éditeur.)

nue, cesse par là même d'être dangereuse. Dans sa réponse au brave général Bernadotte, le président du Directoire a eu le courage d'énoncer cette vérité incontestable pour tout ce qui n'est pas dévoué à la servitude: qu'une autorité constituée quelconque n'est rien que par la Constitution, et que son pouvoir a cessé d'étre légitime du moment qu'elle a violé cette Constitution sacrée. Oui, c'est aujourd'hui plus que jamais qu'il faut proclamer ces principes tutélaires; c'est aujourd'hui qu'il faut combattre sans ménagement cette absurde théorie qui tendrait à conférer au Corps législatif une dictature monstrueuse. Je sais bien qu'on a été plus loin encore, et que l'on a laissé usurper par les commissions des inspecteurs des deux conseils une portion même du Gouvernement: ce qui est non-seulement contraire à la Constitution, mais encore éversif de toute liberté et de tout systême social. Ces erreurs sont graves sans doute; mais elles le sont trop pour être durables; et le tems n'est pas loin où l'on rira universellement de la misérable influence de certains hommes qui les ont propagées.

En supposant que plusieurs membres des Conseils ou du Directoire soient persuadés de ce prétendu principe, que le Corps législatif peut tout sans restriction, et que, lorsque la majorité des

deux conseils a prononcé sur quoi que ce soit, il ne reste au Directoire exécutif aucun droit, aucun moyen de défendre la Constitution violée, il faut, du moins, qu'ils se donnent la peine de réfléchir aux conséquences nécessaires de cette singulière doctrine. Sans parler des discours édifians sur la religion de nos pères, sur l'absolue nécessité des cloches, et sur tous les maux enfantés par cette damnable philosophie, qui a détruit en France l'empire des rois et celui des prêtres; sans rappeler les nombreuses propositions faites chaque jour au Conseil des Cinq-cents pour anéantir la prérogative constitutionnelle du Directoire, n'a-t-on pas fermé les associations politiques contre le texte formel de la Constitution'? Par deux résolutions consécutives en faveur des prétendus fugitifs de Toulon et du Bas-Rhin, le conseil des Cinq-cents n'a-t-il pas adopté, malgré le texte formel de la Constitution, des exceptions nouvelles aux lois rendues sur les émigrés 2? Et, si, dans de meilleures circonstances, le Corps législatif, encore mieux composé, se permettait contre la majorité terroriste du Directoire exécu

1. Ce décret, rendu par le Conseil des Cinq-cents, est daté du 18 fructidor 1797. (Note de l'Éditeur.)

2. Voyez le Moniteur du 20 fructidor 1797. (Note de l'Éditeur.)

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