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Le 1er juillet prochain sera inauguré le chemin de fer du Congo, de Matadi au Stanley-Pool.

Quelques membres de la presse parisienne sont invités à cette cérémonie qui aura un grand retentissement en Belgique. De son côté, le Commissaire général du gouvernement du Congo francais, assisté de quelques hauts fonctionnaires, représentera le ministère des Colonies et la colonie du Congo français.

Nous demandons à tous les Français qui feront le voyage de regarder plus loin que le Pool: qu'ils ne s'en tiennent pas à la vue d'une locomotive fuyant au travers de paysages nègres et franchissant des forêts vierges ou des fleuves inconnus.

S'ils ont le droit de louer pleinement le présent, en rendant hommage à la hardiesse de conception, à la persévérance et à l'activité déployées dans l'exécution; s'ils peuvent, à bon droit, féliciter la colonie française de bénéficier actuellement d'une création qu'elle eût pu, elle-même, réaliser; ils ont le devoir d'examiner quelle situation cela peut nous créer dans l'avenir, quelle influence cela peut exercer sur le développement ultérieur de nos possessions de l'Afrique équatoriale, et si les avantages actuels ne se transformeront pas un jour en désavantages économiques ou même en dangers politiques.

L'orographie du bassin du Congo montre que la portée du chemin de fer de Matadi dépasse de beaucoup le Stanley-Pool, et s'étend jusqu'au Tchad et au Haut-Nil inclusivement.

« Le chemin de fer du Congo desservira le Tchad et le Nil. »

Ce n'est pas nous qui prophétisons, c'est le Major Thys, le créateur de ce puissant système.

Le Tchad et le Haut-Nil, à la conquête desquels nous parvenons enfin, après de longs efforts et grâce aux travaux actuels des Liotard,des Marchand, des de Bonchamps, des Cazemajou, des Gentil, des de Béhagle, des Bonnel de Mézières sont les nœuds de notre politique d'expansion africaine. Et si, insoucieux des projets annoncés par nos voisins, ou mal informés sur les véritables intérêts de la France en Afrique, les Français qui inaugureront et célèbreront une création en soi fort belle, à presque tous égards, fermaient involontairement ou volontairement les yeux sur les conséquences ultérieures de cette création et des projets qui lui font suite, nous nous trouverions, d'ici quelques années, avoir bénévolement perdu le bénéfice économique d'une œuvre politique qui fut bien conçue et qui aura été bien exécutée.

Le problème qui se pose est des plus importants: nous jouons l'avenir économique de notre centre africain.

Dès aujourd'hui nous appelons l'attention et la clairvoyance de nos compatriotes sur une question que nous jugeons vitale.

Le chemin de fer de la Côte d'Ivoire. Notre collaborateur P. Bourdarie consacre, dans le Tour du Monde, n° du 4 juin, une étude intéressante à une voie de communication entre la mer et Kong. Voici, d'après lui, quel serait le mode de réalisation de cet inté

ressant projet : Utiliser le cours de la rivière Comoé sur les 50 kilomètres de navigation qu'il offre. Rendre le plus commode et le plus rapide possible cette navigation de son point terminus à la mer.

Partir de ce point terminus comme base pour assurer la sécurité absolue des routes indigènes qui mènent à Kong. Fortifier cette ville de façon que Samory n'ait plus la tentation d'y revenir.

Enfin, établir sur ce tracé la voie ferrée qui ne paraît pas devoir présenter de très grandes difficultés.

États-Unis.Convention commerciale franco-américaine. Depuis le vote du nouveau tarif américain, des négociations étaient pendantes entre les États-Unis et la France, pour l'application réciproque de certaines parties du tarif minimum français et de la section III du tarif américain (tarif Dingley).

Ces négociations viennent d'aboutir. Un accord est intervenu le 28 mai, à Washington, entre M. Kasson, sous-secrétaire d'État, et M. Jules Cambon, ambassadeur de France.

Les avantages provisoires qui avaient été concédés dès 1893 au commerce américain lui sont maintenus en France et en Algérie; le gouvernement français lui accorde, en outre, le bénéfice du traitement de la nation la plus favorisée pour la charcuterie et les saindoux qu'une loi récente a inscrits aux deux tarifs en relevant les droits qui leur sont applicables.

Par contre, les États-Unis accordent à la France, à titre privatif, des réductions sur les droits actuellement appliqués aux tartres, eaux-devie et autres spiritueux, objets d'art, vins non mousseux et vermouts.

Le dégrèvement sur les droits de douane ainsi obtenu pour les produits français est évalué à 2 millions 1/2. L'arrangement est applicable depuis le 1er juin.

Chine. Le Times annonce qu'en vertu d'une convention signée par le Tsung-li-Yamen, le 9 juin, la Grande-Bretagne obtient la concession à bail, pour une durée de quatre-vingt-dix-neuf ans, de territoires situés en face de Hong-Kong. La superficie totale de ces territoires serait de 200 milles carrés. La Chine garderait la côte nord de la baie de Mirs et de la baie de Deep; mais elle céderait à bail à l'Angleterre les eaux de ces deux baies. Alors, que devient la promesse faite par la Chine à la France de ne point faire de concessions territoriales dans les provinces méridionales en dehors de notre consentement?

RENSEIGNEMENTS ÉCONOMIQUES

I. EUROPE.

États Scandinaves. - Progrès du commerce extérieur de la Norvège 1. Le commerce extérieur de la Norvège croit d'année en année comme quantité et comme valeur. C'est ce qu'il serait facile de montrer par l'examen d'une série de chiffres; en retenant seulement ceux des années 1895 et 1896, on constate que les importations de 1896 ont été supérieures comme quantité et comme valeur à celles des années précédentes; quant aux exportations, elles ont été plus fortes de 10 % environ. Voici d'ailleurs les chiffres des deux dernières années:

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Soudan français. Les marchands haoussas dans les pays baribas. -Les pays baribas, c'est-à-dire les pays situés sur la rive droite du Niger qui constituent la suture entre le Soudan français et le Dahomey, sont des pays riches par eux-mêmes, où deux saisons des pluies, séparées par deux saisons sèches, donnent au sol une grande fertilité et permettent de faire deux récoltes chaque année. Ils constituent un vaste champ d'exploitation que mettent en valeur, à l'heure actuelle, les commerçants haoussas du Sokoto. Ces marchands viennent, en grand nombre, des riches pays situés sur la rive gauche du Niger, franchissent le fleuve à Ilo, et pénètrent ensuite dans les contrées comprises dans la boucle du Niger. Ils les traversent en y faisant beaucoup d'échanges et vont, aux marchés voisins de la côte du golfe de Guinée, s'approvisionner en objets de fabrication euro

1 Economiste français, 30 avril 1898, p. 589-590.

péenne, en étoffes, en cuivre, en sel, en kolas. Parfois aussi, ils se fixent dans les pays baribas; ils fondent alors, aux environs des centres les plus importants, des cités prospères, les onangaras, qui servent de gîtes d'étapes, d'asiles aux caravanes haoussas. Le capitaine Vermeersch, au cours de ses belles explorations dans ces parages, a été à même d'observer le rôle joué par les marchands haoussas dans ces contrées; ce sont, en réalité, les personnages les plus susceptibles de faciliter la transition entre l'état ancien et le mode auquel la conquête du Borgou par la France ne va pas tarder à amener les pays des Baribas.

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Madagascar. Importance économique de Majunga. Le port de Majunga est, comme chef-lieu d'une importante province agricole, le point d'écoulement naturel des productions locales provenant des vastes rizières arrosées par la Betsiboka, la Mahajamba, le Mahavavy et leurs nombreux et importants affluents. C'est un centre commercial réel, le véritable point de liaison d'un grand courant d'échange entre l'extérieur et l'intérieur du pays; c'est aussi le point d'aboutissement des lignes françaises de transport et la localité où se concentre l'activité mercantile de la population indigène de la province et des étrangers. Enfin et c'est une considération d'un très grand intérêt par sa situation en face de la côte orientale d'Afrique, Majunga est destiné à prendre un très grand essor; le bétail fait défaut dans les immenses contrées du continent noir qui font face à Madagascar, les bois y sont aussi très demandés, et ce sont là des choses que la nouvelle colonie française est en état de leur fournir. Aussi le port de Majunga, le seul qui offre, sur tout le côté occidental de l'île, la sûreté et les commodités nécessaires au commerce, parait-il tout indiqué pour être le point de départ des relations commerciales avec les immenses contrées de l'Afrique orientale s'étendant depuis le Natal jusqu'à Zanzibar, qui doivent être dans l'avenir les meilleurs clients de Madagascar 2.

III.

Indo-Chine française.

ASIE

L'utilisation économique du Mékong. - C'est une des plus intéressantes conquêtes économiques accomplies par les pionniers français en extrême Orient que la transformation du

1 Au pays des Baribas (Bull. Soc. Géogr. Comm. Paris), 1898, nos 4-5-6, p. 147

153).

2 ALBY:

La situation coloniale à Majunga (Bull. Comité Madagascar, 1er juin 1898, p. 304-308).

Mékong en un fleuve navigable, malgré tous les obstacles accumulés sur son cours, jusqu'au cœur du Laos. Le lieutenant de vaisseau Simon, qui avait, dans un premier voyage accompli entre 1893 et 1896, réussi à conduire les canonnières françaises jusque dans des contrées déjà fort éloignées, est parvenu, au cours d'un second séjour en Indo-Chine, à mettre en communication constante le Laos et la Cochinchine. A l'heure actuelle, Louang-Prabang et Saïgon peuvent correspondre commercialement par un service fluvial régulier qui constitue d'ores et déjà, malgré les imperfections dues aux dangers et aux difficultés de la navigation, un puissant outil économique. Ainsi, le Mékong devient une voie de transport, qui va permettre de drainer, sans des difficultés trop sérieuses, les richesses du Laos jusqu'à la mer, et de transporter ensuite, dans les différents ports de l'extrême Orient et même jusqu'en Europe, les produits minéraux agricoles et forestiers de ce Laos qu'on croyait jadis à tort si déshérité et que des études plus attentives ont montré être un pays digne d'intérêt par la richesse et la fertilité de son sol, par l'abondance et la variété de ses productions naturelles '.

Les

Inde anglaise. Construction de routes dans le Cachemire. chambres de commerce de l'Inde anglaise réclament sans cesse la construction de nouvelles voies ferrées, et là où la chose est impossible, l'établissement de voies de communication. C'est pour donner satisfaction a ce vœu que des routes vont être construites dans la contrée montagneuse du Cachemire septentrional, où les difficultés du relief sont trop grandes pour qu'il soit possible de créer des chemins de fer 2. On attend de la construction de ces routes un sérieux dévelopement du commerce de l'Inde avec l'Asie centrale, commerce qui semble être à l'heure actuelle, sur plus d'un point, en décadence au bénéfice du commerce russe.

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Colonies françaises. - Mouvement de la navigation aux iles Saint-Pierre et Miquelon en 1897. Le mouvement de la navigation aux iles SaintPierre et Miquelon, au cours de l'année 1897, se décompose de la façon suivante: 3.041 navires, jaugeant 160.599 tonnes et montés par 10.193 hommes, sont arrivés dans ces petites îles, et 3.051 bâtiments en

1 SIMON L'Utilisation économique du Mékong (Bull. Soc. Géog. Comm. Paris, 1898, nos 4-5-6, p. 138-146).

2 Moniteur officiel du Commerce, 12 mai 1898, p. 578.

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