Images de page
PDF
ePub

21. Shin King Sheng, ambassadeur extrdordinaire de Chine, est reçu en audience de congé par l'Empereur.

23. — Le gouvernement russe charge les colonels de l'état-major Shilinsky et Yermelow d'assister aux opérations de la guerre hispano-américaine.

28. Arrivée du stationnaire français Léger à Odessa, manifestations franco-russes.

Arrivée de l'émir de Boukharie.

Transvaal.

3 mai. Ouverture de Volksraad. Lecture du Mes

sage présidentiel.

26. Note du gouvernement du Transvaal en réponse à la dépèche de M. Chamberlain. Le Transvaal rejette absolument la suzeraineté de l'Angleterre.

Turquie. 6 mai.

L'assemblée générale crétoise adresse au prince Georges de Grèce un télégramme à l'occasion de sa fête. Inauguration du monument commémoratif des vingt et un soldats français morts à la Canée.

7. — Les ambassadeurs notifient à la Porte que spécifiées étant remplies

les conditions

elle ait à commencer l'évacuation de la Thessalie dans un délai de un mois à partir de la présente notification. Le paiement de l'indemnité de guerre ne sera commencé qu'après les premières évacuations.

8. Agitation dans l'Yémen. On envoie 7.000 hommes, deux bataillons refusent de marcher, 60 sous-officiers et 200 soldats ont été tués.

9. La Russie insiste pour le paiement immédiat de l'arriéré de l'indemnité de guerre.

11. La Porte répond favorablement à la note des puissances. L'ordre d'évacuation est donné.

13.

[ocr errors]

Départ de M. et Mme Cambon. Les amiraux établissent en Crète des tribunaux militaires chargé de connaître des cas graves. 25. Arrivée du prince Ferdinand à Constantinople. L'Ambassade de France envoie un enquêteur à bord de la Bombe pour examiner l'affaire de la violation du consulat français à Porto-Lagos; le consul français à Andrinople est informé que M. Bulgaridès, consul de France à Porto-Lagos, est réinstallé.

26. Le prince Ferdinand est reçu par le Sultan. Sir Ph. Currie, ambassadeur d'Angleterre, quitte Constantinople.

30. A la suite du refus de Djevad Pacha de laisser déposer un colonel devant le tribunal international, les amiraux décident que les militaires ou fonctionnaires ottomans pourront déposer par écrit.

Paris.

L'Administrateur-gérant: Paul CAMPAIN.

Imprimerie F. Levé, ruc Cassette, 17.

DIPLOMATIQUES ET COLONIALES

L'EUROPE EN EXTRÊME-ORIENT

Au mois d'août 1896, à la fin du banquet qui lui fut offert par les négociants anglais, Li-Hung Chang, l'homme d'État le plus perspicace et le plus habile de l'empire chinois, disait avec la douce mélancolie qui caractérise les philosophes de son pays : « Si les Chinois ont pensé que des sentiments pacifiques pouvaient les mettre à l'abri d'agressions non provoquées, cette illusion a été chez eux le résultat d'une longue habitude nationale. » Il n'était pas possible de dire avec plus de délicate amertume que l'illusion du peuple chinois n'était plus partagée par l'orateur.

Tandis qu'il voyageait à travers l'Europe, assistant aux revues des armées et des escadres, Li-Hung-Chang avait compris que tant de millions de soldats sous les armes, que tant de milliards dépensés en canons, en fusils, en cuirassés, croiseurs ou torpilleurs, en poudres, en obus et en cartouches, ne sont pas compatibles avec la paix. Il n'avait pu manquer de réfléchir aux conséquences de ces formidables armements et de ces colossales dépenses, et, tout naturellement, il s'était dit que si les nations européennes ne se jetaient. pas, en quelque heure de fureur aveugle, les unes contre les autres, elles seraient, tôt ou tard, contraintes d'aller chercher en d'autres points du globe les moyens de satisfaire leurs appétits belliqueux et d'utiliser leur matériel de guerre. Après s'être disputé les Indes, les îles du Pacifique, les marécages et les déserts de l'Afrique, ne tourneraient-elles pas leurs convoitises vers la Chine? ne chercheraientelles pas à se partager les quatre cents millions de travailleurs pacifiques et sobres que contient l'Empire du Milieu ? Et ne seraient-elles pas encouragées dans leurs ambitions par l'absence de toute organisation militaire et de tout sentiment belliqueux qui caractérise la Chine? Les succès si facilement remportés par le Japon ne seraientils pas le signal d'une invasion européenne de l'empire chinois ? Tout cela était contenu dans la phrase mélancolique prononcée par Li-Hung-Chang devant les négociants anglais. Elle témoignait QUEST. DIP. ET COL.

T. IV.

17

des réflexions attristées faites par l'ambassadeur du Fils du Ciel, au spectacle de cette civilisation européenne si fière d'elle-même et pourtant si arriérée dans le domaine des relations internationales, malgré les immenses progrès réalisés en d'autres matières.

Li-Hung-Chang terminait son discours par ces mots : « La Chine voudrait pouvoir compler sur l'appui de toutes les puissances commerciales, si son indépendance venait à être menacée. » L'homme d'État chinois doit avoir perdu aujourd'hui cette dernière illusion. Il sait que les « puissances commerciales » n'ont aucun souci de protéger la Chine contre les gouvernements autocratiques et militaires; il a vu la Russie prendre Port-Arthur, Talien-Wan et la Manchourie et l'Allemagne s'emparer de Kiao-Tchéou tandis que l'Angleterre et la France, auxquelles il pensait sans doute quand il mettait son espoir patriotique dans les puissances commerciales », contemplant avec une envie non dissimulée le dépècement de l'empire chinois par le Russe et le Germain et s'efforçant d'obtenir une part qu'elles regrettent de n'avoir pas prise plus tôt.

Il ne reste plus à Li-Hung-Chang que la ressource à laquelle je faisais allusion, il y a dix-huit mois, dans un article où j'indiquais d'avance les entreprises prochaines de l'Europe contre la Chine : «imiter le Turc, faire battre et s'entre-déchirer les nations de l'Occident, pour retarder l'heure où la Chine sera déchirée par elles ».

Li-Hung-Chang y serait peut-être parvenu si le Tsung-li-Yamen lui avait conservé la confiance dont il était digne; mais il en est de la Chine comme des nations occidentales: les intrigues de cour y priment souvent les intérêts généraux; l'homme d'État chinois n'a plus la confiance du Palais où le « Fils du Ciel » trône dans le mystère, et la Chine marche à sa ruine autant par les divisions intestines de ses dirigeants que par l'impossibilité de s'organiser pour la résistance, à laquelle ses traditions héréditaires la condamnent.

Nous voilà loin du temps où un géographe éminent, mais qui n'a pas suffisamment voyagé, menaçait l'Europe d'un envahissement par la race jaune. Les lois qui régissent la migration des hommes et des peuples à la surface de notre globe se vérifient pour la race jaune comme elles l'ont été déjà pour les races noires et malaises, comme elles le furent dans tous les temps et dans tous les lieux : ce sont les nations les plus fortes, les plus intelligentes et les plus civilisées, qui absorbent les plus faibles, les moins intelligentes et les moins civilisées, quel que soit le nombre des individus qui composent ces dernières.

Protégés pendant des siècles contre les ambitions de la race blanche par l'isolement où ils se renfermaient, par le mystère qui entourait leur histoire et leurs mœurs, les peuples de race jaune devaient fatalement être envahis par ceux de la race blanche, dès que leur faiblesse et leur inorganisation seraient aussi connues que la richesse de leurs territoires.

Avant la guerre sino-japonaise, aucune nation européenne n'osait s'aventurer sur le sol chinois; toutes, jugeant la Chine d'après ellesmêmes, redoutaient les résistances que pourrait opposer un peuple de trois ou quatre cents millions d'individus que l'on savait braves et forts et dont l'inaptitude à la guerre n'était pas encore connue.

Par les faciles victoires qu'ils ont remportées sur la Chine, les Japonais ont fait la preuve de la fragilité du colosse jaune; ils ont ouvert l'ère de l'envahissement et du partage de l'Empire du Milieu. Puissent-ils ne pas avoir, en même temps, avivé les convoitises dont le Japon lui-même ne peut manquer d'être l'objet ! Puissent-ils n'avoir pas donné le signal de la lutte des blancs contre les jaunes dont ils sont! Car, dans cette lutte inégale, la victoire des premiers ne saurait être douteuse.

Pour bien saisir l'enchaînement et la signification des événements qui se déroulent en extrême Orient depuis trois années, il est indispensable de rappeler les sentiments qui se produisirent en Europe au moment de la guerre japonaise, lorsqu'on vit le Japon envahir la Chine, battre la flotte chinoise et s'en emparer dans la rade de WeïHaï-Weï, mettre en déroute l'armée des Célestes, prendre possession de la presqu'ile de Lia-toung et se diriger, presque sans encombre, vers Pékin où l'empereur du Japon manifestait le désir de faire une entrée triomphale.

Au spectacle de ces événements inattendus de la plupart des Européens, il y eut parmi les nations occidentales une sorte d'épanouissement de jalousie et d'envie à l'égard du Japon. On vantait sa valeur militaire et maritime, on célébrait les victoires que, chaque jour, il remportait sur mer et sur terre; mais à cette admiration se mêlait le regret manifeste de n'avoir pas pris les devants, de ne pas s'ètre, avant lui, jeté sur cet empire chinois qu'on avait cru redoutable, dont la faiblesse apparaissait, tout à coup, aux yeux du monde entier.

La guerre sino-japonaise n'était pas encore terminée que déjà les convoitises de l'Europe se manifestaient. Vers la fin de 1894, il n'était question dans la presse de l'Extrême-Orient que des ambitions de l'Angleterre et de la France. Le gouvernement de la Grande-Bre

tagne ne dissimulait pas son désir de s'entendre avec le Japon, de lui donner son assistance morale, et, au besoin, matérielle, afin de s'assurer une part dans les dépouilles du vaincu.

Les vues de l'Angleterre se portaient alors sur les îles Chu-san. Par leur situation près des embouchures du Yang-tsé-Kiang, ces îles dominent l'entrée du plus grand et du plus important des fleuves de la Chine, de celui dont les vallées sont les plus riches et les mieux peuplées. L'influence de l'Angleterre étant déjà considérable à Shangaï,qui est le grand port du Yang-tsé-Kiang, la prise de possession des îles Chu-san aurait donné à cette puissance une situation tout à fait prépondérante dans la portion centrale de l'empire chinois.

Tandis que l'Angleterre convoitait les Chu-san, la France, qui, alors, paraissait marcher d'accord avec elle, dissimulait peu son intention de prendre quelque autre partie du territoire chinois. Les uns jetaient leurs vues sur le Yunnan dont l'occupation n'eût demandé que de très minimes efforts car on y pénètre facilement

-

du Tonkin par le fleuve Rouge et aurait eu l'avantage de barrer la route aux Anglais qui, de la Birmanie, se dirigent vers le sud de la Chine. D'autres songeaient plutôt à l'occupation de Packlung et de Packoï,qui auraient donné à la France des ports sur la mer de Chine et qui arrondiraient avantageusement notre colonie tonkinoise, mais dont l'occupation exigerait d'importantes dépenses. D'autres, enfin, émettaient l'avis que, si l'on agissait d'accord avec l'Angleterre, il fallait en profiter pour régler d'une manière définitive la question du Siam. En échange du concours que nous lui donnerions en Chine, l'Angleterre, pensaient-ils, ne pourrait nous refuser le sien pour rentrer en possession des provinces siamoises attenantes au Cambodge et jadis dépendantes de ce dernier.

Quoi qu'il en soit, il y avait, à cette époque, c'est-à-dire à la fin de 1894, une entente au moins tacite entre la France et l'Angleterre, pour profiter de la guerre sino-japonaise afin d'étendre la puissance des deux nations en Extrême-Orient. Le Japon ne l'ignorait pas et il est probable qu'il comptait sur la France et sur l'Angleterre pour s'assurer le fruit de ses victoires. Il se montrait très disposé à les aider, de son côté, dans la réalisation de leurs projets sur le territoire chinois.

Ces faits ont été connus dans notre pays; ils l'étaient beaucoup mieux à l'étranger et l'on s'y préoccupait, sans doute, d'en arrêter l'évolution, car, tout à coup, en 1895, la Russie entrait en scène et

« PrécédentContinuer »