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marché, laquelle est de 450 millions environ. On peut donc prévoir une baisse proportionnelle du métal blanc, ce qui, au pire, mettrait la piastre à 2 francs. Cette baisse n'atteindra que la moitié du budget: contingent imposé, dépenses annuelles en France, appointements de fonctionnaires, rehaussement de soldes indigènes, quelques contrats en francs environ 16 millions dont le 20 % s'élèvera, quand la réforme des Indes sera achevée, à 3.200.000 fr. Ce n'est pas pour cette somme, si considérable soit-elle, que nous devons modifier notre état monétaire et nous engager dans des aventures d'autant plus dangereuses que nous sommes et resterons solidaires des marchés de Chine et des straits' settlements avec lesquels nous traitons nos affaires les plus importantes, 100 millions sur 140, à l'importation et à l'exportation, avec une balance en notre faveur de près de 40 millions. Il nous faut donc éviter les procédés empiriques, fixation arbitraire des changes, cours forcé du billet de banque, introduction hâtive de l'étalon d'or, fausses mesures qui seraient exploitées à notre détriment par nos acheteurs de Hong-Kong et de Singapore.

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Comment la colonie parviendra-t-elle à combler le déficit budgétaire de 3 millions? Nous ne croyons pas possible d'avoir recours à de nouveaux impôts ou à un rehaussement de ceux qui existent actuellement. Si les grands propriétaires et les gros exportateurs de riz réalisent des bénéfices considérables par suite de l'abaissement des changes et du développement des cultures, nous ne saurions nous dissimuler que l'ouvrier voit, chaque année, s'élever le prix des denrées de consommation, particulièrement du riz, son principal article d'alimentation, tandis que ses salaires progressent très len

tement.

En doublant l'impôt foncier et l'impôt personnel, en créant la gabelle du sel, le gouvernement local a accru les souffrances du prolétariat et de la petite propriété: souffrances très réelles qui se manifestent par des grèves.

De pareilles mesures ne peuvent manquer de produire un profond mécontentement chez les indigènes habitués jusqu'à ces derniers temps à être traités avec bienveillance et humanité. Hier, nous avions affirmé qn'en cas de guerre extérieure les Annamites seraient restés fidèles à notre drapeau et nous auraient prêté leur concours pour repousser une armée d'invasion; aujourd'hui, nous ne pourrions en dire autant.

Les colons qui, dans ces dernières années, se sont enfin décidés à porter leurs capitaux sur l'agriculture et que nous avons un intérêt de premier ordre à encourager dans leurs efforts, seront, eux aussi, victimes du nouveau régime; il leur sera de plus en plus difficile de recruter la main-d'oeuvre asiatique.

En élevant les droits de consommation sur l'alcool et l'opium, on risquerait fort de provoquer la contrebande et, par suite, la rébellion, sans obtenir un accroissement de recettes. Seuls, les impôts somptuaires seraient équitables; mais nous ne voyons pas le moyen pratique de les établir dans un pays où la richesse ne se manifeste pas par des signes extérieurs tangibles. L'uniformité d'habitation, de vêtement, de transport, est la caractéristique de l'Indo-Chine.

Quant aux droits de succession, ils ne donneraient qu'un produit insignifiant dans une contrée où le capital n'est pas encore formé, où la terre n'est guère qu'un outil, où l'homme se marie jeune, où les familles sont nombreuses et par conséquent les héritages collatéraux très rares. En attribuant à l'hectare cultivé une valeur moyenne de 200 francs, certainement exagérée, les millions d'hectares en culture vaudraient 200 millions, représentant une mutation annuelle de 10 millions de francs, qui, au tarif de 2 %, donneraient une recette de 200.000 francs, 300.000 francs au plus, somme insuffisante pour couvrir les frais de perception.

Heureusement, la Cochinchine n'a pas besoin d'avoir recours à des mesures d'exception pour équilibrer son budget; elle possède les ressources nécessaires aux services publics. Tout d'abord, la métropole doit renoncer à exiger de sa colonie, qui paie l'intégralité de ses dépenses de souveraineté civile et militaire, un tribut de vassalité de 1.700.000 francs. Ce sont là des exactions d'un autre âge. L'exemple de Cuba et des Philippines prouve surabondamment qu'il n'est pas prudent d'exploiter ses possessions avec trop de rigueur. Autrement, il survient toujours une heure où les natifs profitent des embarras du dominateur pour se révolter et passer à l'ennemi. Si vous voulez avoir des sujets fidèles et les maintenir dans l'obéissance, vous devrez commencer par les traiter avec équité et bienveillance.

En 1900, les frais de l'expédition du Siam seront entièrement remboursés: d'où, une réduction de 500.000 francs.

Il est facile de réaliser une économie de la même somme sur les dépenses du Gouvernement général qui, dans ces derniers mois, ont

pris un développement exagéré: centralisation des services, entretien du palais, construction de villas, création de nouveaux emplois d'une utilité contestable.

La restitution au budget de ces différentes ressources produira 2.700.000 francs; les 500.000 francs qui manquent seront fournis par le développement normal de la fortune publique et les défrichements qui ont permis de doubler en vingt années les recettes sans avoir recours à des accroissements d'impôts.

La Cochinchine, qui a pu supporter l'abaissement du change de la piastre de 5 fr. 35 à 2 fr. 30 et les épreuves financières de 1888, 1889, 1890, traversera, sans que sa prospérité soit compromise, la crise inévitable que provoquera la réforme monétaire de l'Inde dont la conséquence ne paraît pas devoir dépasser une perte au change de 0 fr. 50, ramenant ainsi le cours de la piastre à 2 francs, mais aux conditions suivantes :

1° Que la colonie ne paiera que ses dépenses de souveraineté civile et militaire, et que la métropole renoncera à exiger un tribut de vassalité; 2° que le gouvernement général ne prélèvera pas sur le budget des participations exagérées et injustifiées; 3° que la colonie sera administrée avec sagesse, prudence et modération; 4° que la sécurité ne sera pas compromise par des impôts vexatoires frappés sur les indigènes.

LE MYRE DE VILERS, Ambassadeur honoraire, Député

LA CONVENTION DU NIGER

M. ÉTIENNE président du Groupe Diplomatique et Colonial de la Chambre, dont on connaît la haute compétence en matière coloniale, nous a donné sur la convention franco-anglaise du Niger une remarquable étude, accompagnée d'une carte et précédée du texte de la convention auquel l'article se refere en plusieurs points.

L'abondance des matières nous contraint au dernier moment à remettre au No du 13 juillet la publication de l'Etude de M. Étienne et à donner seulement aujourd'hui la carte accompagnant l'article et le texte de la convention (NOTE DE LA RÉDACTION.)

avec ses annexes.

LE TEXTE DE LA CONVENTION

Les soussignés, Martin Gosselin, ministre plénipotentiaire et secrétaire de l'ambassade de Sa Majesté britannique à Paris; William Everett, QUEST. DIP. Et Col.

-T. IV.

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colonel de l'armée britannique assistant-adjudant-général à l'Intelligence division du War office; René Lecomte, secrétaire d'ambassade, sousdirecteur au ministère des affaires étrangères; Louis-Gustave Binger, gouverneur des colonies hors cadres, directeur des affaires d'Afrique au ministère des colonies, chargés respectivement par le gouvernement de Sa Majesté britannique et par le gouvernement de la République française de fixer, en conformité avec les déclarations échangées à Londres, le 5 août 1890 et le 15 janvier 1896, un tracé de la limite définitive entre les colonies anglaises de la Côte d'Or et de Lagos, et les autres possessions britanniques à l'ouest du Niger, et les possessions françaises de la Côte d'Ivoire, du Soudan et du Dahomey; et à l'est du Niger, entre les possessions anglaises et françaises et entre les sphères d'influence française et anglaise, ont adopté les stipulations suivantes qu'ils ont décidé de soumettre à l'approbation de leurs gouvernements respectifs:

FRONTIÈRE A L'OUEST DU NIGER

Article 1er. La frontière séparant les colonies françaises de la Côte d'Ivoire et du Soudan de la colonie britannique de la Côte d'Or partira du point terminal nord de la frontière déterminée par l'arrangement franco-anglais du 12 juillet 1893, c'est-à-dire de l'intersection du thalweg de la Volta noire avec le 9° degré de latitude nord, et suivra le thalweg de cette rivière vers le nord jusqu'à son intersection avec le 11° degré de latitude nord.

De ce point, elle suivra, dans la direction de l'est, ledit parallèle de latitude jusqu'à la rivière qui est marquée sur la carte no 1 annexée au présent protocole comme passant immédiatement à l'est des villages de Souaga (Zwaga) et de Sébilla (Zebilla). Elle suivra ensuite le thalweg de fa branche occidentale de cette rivière en remontant son cours jusqu'à son intersection avec le parallèle de latitude passant par le village de Sapeliga. De ce point, la frontière suivra la limite septentrionale du terrain appartenant à Sapeliga jusqu'à la rivière Nouhan (Nuhan) et se dirigera ensuite par le thalweg de cette rivière en remontant ou en descendant, suivant le cas, jusqu'à un point situé à 3,219 mètres (2 milles) à l'est du chemin allant de Gambaga à Tingourkou (Tenkrugu) par Baukou (Bawku). De là, elle rejoindra en ligne droite le point d'intersection du 11e degré de latitude nord avec le chemin indiqué sur la carte no 1 comme allant de Sansanné-Mango à Dama, par Djebiga (Zebigu).

Art. 2. La frontière entre la colonie française du Dahomey et la colonie britannique de Lagos, qui a été délimitée sur le terrain par la commission franco-anglaise de délimitation de 1895, et qui est décrite dans le rapport signé, le 12 octobre 1896, par les commissaires des deux nations, sera désormais reconnue comme la frontière séparant les possessions françaises et britanniques de la mer au 9e degré de latitude nord.

A partir du point d'intersection de la rivière Ocpara avec le 9o degré de latitude nord, tel qu'il a été déterminé par lesdits commissaires, la frontière séparant les possessions françaises et britanniques se dirigera vers le nord et suivra une ligne passant à l'ouest des terrains appartenant aux

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