sentait l'exploitation des lianes à caoutchouc, et il estimait à la somme de 1.376.676 francs la valeur de leur exportation à cette date, tout en ayant soin de noter que le caoutchouc commençait à se faire rare dans les parties facilement exploitables de l'île, surtout sur la côte orientale. Ce qu'il pressentait dès cette époque est devenu depuis une réalité; actuellement le centre des affaires du caoutchouc s'est transporté de la côte est à la côte ouest de Madagascar, et au sud de Tamatave et Mananjary à Majunga et à Fort-Dauphin; de là surtout ont été exportées les balles de caoutchouc dont l'ensemble pesait 536.784 kilog. 800 en 1896 3. Colonies anglaises. - Progrès de la ville de Boulouwayo. C'est, on le sait, une ville toute récente que Boulouwayo, l'ancienne capitale de Lobengula; elle a été fondée en 1892 seulement dans les monts Matopo, à la suite de la campagne des Anglais contre les Matabélés. Bien qu'elle compte à peine cinq ans d'existence, Boulouwayo prend déjà rang parmi les principales villes de la Rhodesia; elle s'élève dans une région assez fertile, salubre, que l'on croit riche en or, et possède dès maintenant une population de 4.000 habitants, dont la majorité est européenne (2.500). Sans doute ses progrès ont été un instant arrêtés par la révolte des indigènes qui suivit l'invasion du Transvaal par Jameson; mais la construction du chemin de fer ne peut que donner un nouvel essor à cette localité, qui semble appelée à un grand avenir, bien que, à en croire M. Selous, la valeur économique de la Rhodesia soit assez restreinte et ne permette pas d'assigner à ce pays un grand rôle dans l'avenir du Sud africain britannique 2. --- Libéria. Rareté du numéraire. Le numéraire est très rare dans la République de Libéria, sur laquelle le massacre de deux malheureux explorateurs français vient d'appeler l'attention d'une manière si lamentable. Même à Monrovia, la capitale du pays, on ne trouve guère de l'or que dans les maisons européennes, et c'est de l'or anglais. Quant à l'argent, il est plus abondant sans l'être encore beaucoup; les espèces anglaises, américaines ou libériennes, se rencontrent dans le pays. Mais ce qu'on y trouve surtout, c'est la monnaie libérienne de billon et la monnaie de papier. Aussi ne faut-il guère son 1 P. PIOLET: De l'exploitation et de la culture du caoutchouc à Madagascar (Bull. Comité Madagascar, 5 juin 1898, p. 287-289). 2 Bull. Soc. Géog. Marseille, 4e trimestre 1897, p. 406. 3 The Economical Geography of Rhodesia (Scott. Geog. mag., novembre 1897, p. 505-514). ger à pratiquer dans la République de Libéria, jusqu'à nouvel ordre, autre chose qu'un commerce d'échanges, non seulement avec les indigènes de l'intérieur, mais même avec les Libériens proprement dits. A cette condition (et aussi si des navires français faisaient régulièrement escale à Monrovia), une maison de commerce française pourrait trouver avantage à installer un comptoir dans la capitale de la République de Libéria '. M. Depincé, qui a fait des questions économiques relatives à l'IndoChine française une étude particulière, les lignes de chemin de fer ou les sections de lignes dont la construction est absolument urgente aujourd'hui sont les suivantes : Il s'agit donc d'une construction totale de 1.473 kilomètres, dont le prix atteindrait la somme de 170 millions. Ainsi, à en croire M. Depincé, serait constitué un réseau qui n'avantagerait aucune partie de l'Indo-Chine au détriment des autres et qui permettrait la pénétration française dans cette province chinoise du Yunnan dont, on s'en souvient, l'exploitation commerciale a été un des principaux motifs de l'occupation du Tonkin par la France. Asie russe. Le système canalisé de l'Obi à l'Iénisséi. - Bien que la voie fluviale soit la voie d'été, c'est-à-dire celle dont on use le moins longtemps et la plus longue des voies de transit sibériennes (car on est forcé de suivre tous les détours des fleuves), c'est la moins coûteuse des routes suivies par le commerce à travers la vaste plaine de l'Asie septentrionale. Elle permet, à l'heure actuelle, de se rendre de l'Obi à l'lénisséi en recourant à un système de canaux qui a été commencé en 1882 et qui est dès à présent utilisable, pendant la saison favorable, pour des chalands ne dépassant pas certaines dimensions. Ce canal débute par emprunter le cours de la Kiète, affluent de droite de l'Obi, pendant un parcours d'environ 500 kilomètres; 1 Moniteur officiel du Commerce, 5 mai 1898, p. 551. 2 Bull. Comité de Madagascar, 5 mai 1898, p. 232. puis il se sert de deux des sous-affluents de l'Obi, traverse un grand lac, et, au moyen d'une tranchée longue de 8 kilomètres, vient rejoindre les rivières Petit et Grand Kasse, affluent et sous-affluent de gauche du fleuve Iénisséi; c'est à 250 kilomètres au nord de la ville d'Iénisséisk que le canal débouche dans ce dernier fleuve. Le jour où le « système canalisé de l'Obi à l'Iénisséi », comme l'appellent les Russes, sera complété par l'appropriation de l'Angara et de la Sélenga, il sera possible d'aller d'Oust-Kiakhta, sur la frontière mongole,jusqu'à Tioumène, au pied de l'Oural: ce sera une voie navigable de 5.800 kilomètres de longueur dont sera pourvue la Sibérie méridionale, pour son plus grand avantage et le développement de sa richesse économique 1. Dominion Canadien. Le commerce du port de Montréal en 1897. Le Board of Trade de Montréal a résumé, dans son dernier rapport annuel, les progrès du mouvement du port de cette ville depuis l'année 1880. Ces progrès sont constants et très considérables. En 1880, en effet, 710 navires long-couriers, jaugeant 628.271 tonnes, y furent enregistrés à l'entrée et à la sortie; la valeur des exportations était de 161.229.705 fr., celle des importations de 212.863.240 fr.; celle des droits perçus de 31.948.945 fr. En 1892, le tonnage des 735 navires enregistrés au port de Montréal était de 1.036.707 tonnes; la valeur était de 228.191 375 fr. aux exportations, de 238.351.805 fr. aux importations et de 34.060.415 fr. pour la perception des droits de douane. Enfin en l'année 1897, on a compté 796 navires longcouriers à l'entrée et à la sortie du port de Montréal, jaugeant 1.379.002 tonnes; la valeur des exportations a été de 275.784.780 fr., celle des importations de 235.680.980 fr., et celle des droits de douane perçus de 34.961.800 fr. 2. Henri FROIDEVAUX, J. LEGRAS: La Sibérie économique en 1898 (Bull. Soc. Géogr. comm. Paris, 1898, nos 4-6, p. 157). 2 Bulletin mensuel publié par la Chambre de commerce française de Montréal, 15 février 1898, p. 25. Etudes sur la Marine de guerre, par X.....(1) Sous ce titre vient de paraitre une série d'études aussi remarquables par la forme que par le fond, et déjà publiées par la Revue des Deux Mondes, ce qui ne leur enlève rien de leur actualité. A cette époque où les questions d'expansion coloniale et les questions de marine qui ne peuvent être résolues les unes sans les autres passionnent tant de bons esprits, c'est une bonne fortune de mettre la main sur un livre de science mise à la portée de tous par un écrivain de haut style dont la clarté et la préci sion, jointes à un jugement sûr et à un ardent patriotisme, sont les qualités maitresses. L'auteur a un autre mérite, plus rare, celui-là, et qui vaut d'être mentionné à part. Il ne craint pas de mettre sous les yeux du lecteur deux opinions émises par lui, à des dates différentes et absolument opposées, relativement à la guerre de course. Il la considérait autrefois comme d'importance secondaire; mais l'étude réfléchie des faits économiques nouveaux survenus notamment pendant ces dernières années lui a permis d'asseoir et de motiver sur la question un jugement La tout autre. La stratégie navale. tactique de marche d'une armée navale. - Croiseurs et éclaireurs. Le canal maritime allemand et les flottes modernes. La constitution logique de la force navale française: tels sont les chapitres de cet ouvrage, enrichi de 3 cartes et de 6 croquis. Est-il besoin d'ajouter que les trois étoiles dont il est signé cachent le nom d'un homme du métier, c'est-à-dire d'un officier de marine du plus grand mérite, doublé d'un écrivain de race. Emile DUBOC. (1) Librairie nautique du yacht, grand in-8°, avec 6 croquis et3 cartes, 5 fr. Monaco (son histoire diplomatique, la question des jeux), par Maurice MONCHARVILLE. Paris, Pedone, 1898, in-12. Combien se sont demandé, en foulant le sol de la petite principauté de Monaco, par quel miracle cet État minuscule avait subsisté jusqu'à nos jours, sans avoir été absorbé par ses puissants voisins! M. Moncharville a voulu répondre à cette question et nous donne une étude très documentée sur l'histoire monégasque, nous montrant la famille des Grimaldi défendant à travers les siècles ses droits souverains, régociant avec les Républiques italiennes, les ducs de Milan et de Savoie, les rois de France et d'Espa gne, les opposant les uns aux autres pour maintenir son indépendance, acceptant de puissants protecteurs pour se soustraire à un maître véritable. A la suite de quelles péripéties, retrouvons-nous, en 1861, le prince régnant de Monaco sans même le prestige de la fortune, traitant d'égal à égal avec Napoléon III et obtenant la reconnaissance officielle de sa souveraineté? L'auteur nous l'explique dans un style alerte, et, sans négliger l'anecdote amusante, nous présente l'histoire complète de ce coin de terre célèbre à tant d'égards: i effleure à peine la question des jeux, se réservant peut-être de l'étu dier plus tard complètement, au point de vue juridique. En tous cas nous espérons qu'il nous présentera bientôt, avec les mêmes qualités d'écrivain, mais une forme moins sévère, quelques épisodes de cette curieuse histoire, dont le dépouillement des archives monégasques a dù lui révéler bien des secrets. sous J. FRANCONIE. Réfutation, avec chiffres à l'appui du rapport de M. Charles Roux, l'ancien député de Marseille, tendant à prouver que notre marine marchande serait plus vivace, si notre commerce l'était davantage. L'auteur rejette la responsabilité de l'état de choses actuel sur l'inertie coupable des commerçants français à l'étranger, en face de l'activité déployée par les Allemands; il estime que rien n'est perdu encore, mais que les remèdes proposés au Parlement ou adoptés par lui (le 23 décembre 1897, sur les droits de modifications au système quai, des primes de navigation et de construction, etc.) ne peuvent avoir de sérieuse influence sur le relèvement de notre marine. En résumé, brochure de polémique bien étudiée et d'une lecture attrayante, ce qui ne nuit jamais. wwwwwww J. F. La question des limites ChiloArgentines, par Henri S. DELACHAUX. Armand Colin et Cie, 5, rue de Mézières. Cette étude, qui est extraite des « Annales de géographie », où elle a été publiée le 15 mai 1898, a trait au désaccord survenu entre les deux Républiques Chili-République. Argentine. Le présent travail, écrit pour la défense des intérêts Argentins, est la réfutation d'un article du docteur Steffen qui soutient la cause chilienne. Indépendamment d'un exposé très clair de la question politique, le lecteur trouvera dans ces pages des détails tout nouveaux sur la géographie d'une des régions les plus intéressantes du globe. Paris. Une excellente carte au 1:1500000, est jointe à cette très attrayante brochure. Les Livres d'Or de la Science, Paris, 1898. C'est sous ce titre que la maison Schleicher frères éditeurs, 15, rue. des SaintsPères, vient de commencer la publication encyclopédique d'ouvrages de haute vulgarisation littéraire et scientifique. Cette collection s'annonce bien si l'on en juge par les deux volumes parus : l'un, le Panorama des Siècles, par Jean Weber, un de nos professeurs du plus bel avenir, est un tableau de l'histoire universelle, décrit en traits puissants et d'un riche coloris en même temps que d'un vivant intérêt par l'art que déploie l'auteur dans l'évocation des peuples, depuis les lointaines origines de l'humanité jusqu'à nous; l'autre, qui vient de paraitre, sous le titre : les Races Jaunes, les Célestes, est dù à la plume alerte d'Edmond Plauchut, le collaborateur consacré de la Revue des Deux Mondes; il nous met en intime communication avec la Chine, ses mœurs, sa race toute spéciale. Il contient une suite de tableaux entremêlés de souvenirs personnels, car l'auteur a visité le pays dont il parle, il l'a longtemps habité. Une très belle et très copieuse illustration orne et augmente ces volumes format petit in-18 que la librairie Schleicher met en vente au prix invraisemblable de 1 franc le volume. Il y a là un tour de force de luxe et de bon marché que nous croyons appelé à amener une révolution dans la librairie, au grand avantage du public. L'Administrateur-gérant : Paul CAMPAIN. Imprimerie F. Levé, ruc Cassette, 17. |