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décision de principe pour mettre un terme à des procédés incorrects dont un grand nombre de pauvres gens ont été victimes dans ces derniers mois.

<<< Monsieur le Député,

Paris, le 25 juin 1898.

Vous avez bien voulu recommander M. X... admis à la retraite le 1er mars 1898, qui demande à bénéficier du congé administratif de quatorze mois dont il était titulaire à son arrivée en France.

« J'ai l'honneur de vous faire connaître qu'il n'a pas été possible de ratifier la mesure prise par M. le Gouverneur général de l'IndoChine, au sujet du congé administratif de quatorze mois, concédé à M. X, l'admission à la retraite de ce fonctionnaire étant un fait accompli lorsqu'il est arrivé en France.

«Toutefois, par mesure bienveillante et pour tenir compte de votre intervention, j'ai placé M. X. en congé pendant six mois et j'ai reporté au 4 septembre 1898, la date de sa radiation des contrôles. Agréez, Monsieur le Député, etc... »

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Signé HANOTAUX.

Nous pourrions multiplier les exemples; tous nous conduiraient aux mêmes constatations et nous croyons avoir surabondamment démontré, par des faits précis et incontestables, que la plus grande confusion règne dans notre administration coloniale. Les responsabilités n'y sont pas définies, les lois restent à l'état de lettre morte; si l'on se plaint de leur violation, le département, de crainte de se compromettre, se contente d'étudier la question, dans le seul but de gagner du temps.

Les défenseurs de l'état de choses actuel objectent que les colonies jouissent des libertés politiques et des mêmes lois que la métropole. Mais les libertés politiques ne constituent pas les seules libertés et il en est d'autres plus importantes pour le colon: liberté économique, liberté du travail, liberté d'association; encore ces libertés.ne sont-elles effectives qu'à la condition d'être garanties par une constitution et la stabilité des institutions.

Or, nos possessions d'outre-mer ne jouissent pas de ces garanties. Chaque nouveau ministre, chaque nouveau gouverneur, et ils changent fréquemment, commence par détruire, hic et nunc, l'organisation de son prédécesseur. Un simple décret, parfois sol

icité télégraphiquement, rendu sans étude préalable, sans examen des conséquences, modifie les conditions du travail, de la produc tion, de la richesse, du vote de l'impôt, du commerce extérieur. Souvent même, afin d'éviter de promulguer un nouveau texte, on se contente de ne pas exécuter la loi.

Pour résumer notre pensée, nous dirons avec un éminent jurisconsulte, celui-là fort au courant de notre droit colonial, que dans les possessions françaises il n'existe pas et ne peut exister de colons, mais de simples administrés soumis au régime du bon plaisir métropolitain ou local, auxquels les larges et fécondes initiatives sont interdites, faute de liberté et de stabilité.

LE MYRE DE VILERS, ambassadeur honoraire, député,

LA DÉFAITE DES ESPAGNOLS A CAVITE
NOTES D'UN TÉMOIN

Nous recevons d'extrême Orient l'émouvant récit qu'on va lire de la bataille de Cavite. La situation qu'occupe son auteur, qui desire ne pas être nommé, nous permet de garantir l'exactitude des détails qu'il contient.

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N. D. L. R.

Dès la fin de mars, l'amiral Montojo, commandant en chef la marine espagnole à Manille, tint régulièrement son gouvernement au courant de la faiblesse des forces sous ses ordres et de la concentration des navires américains à Hong-Kong. Le gouvernement de Madrid, malgré ces cris d'alarme, ne fit rien pour remédier à cet état de choses, trop occupé qu'il était par ailleurs. Les jours se succédèrent, rendant de plus en plus probables les hostilités et mis à profit par les États-Unis pour masser à Hong-Kong leurs forces disponibles et acheter deux vapeurs chargés d'approvisionner les navires de charbon, munitions, vivres.

L'escadre américaine se composait de :

L'Olympia croiseur de 1re classe en acier, 20 noeuds, 5870 tonneaux portant pavillon de l'amiral Dewey.

Le Ballimore, croiseur de 1re classe en acier, 20

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Ces navires portaient 8 pièces de 203 "/m, 17 pièces de 152 et 20 pièces de 127, une très nombreuse artillerie légère; mais ils ne pouvaient mettre du même bord que 8 pièces de 203 /m 12 pièces de 152 et 10 pièces de 127 et environ 55 pièces d'artillerie légère variant de 70 à 37 "/m de calibre.

Les 2 canonnières et les 3 croiseurs avaient des ponts cuirassés; leurs pièces étaient abritées soit dans des tourelles, soit derrière des masques épais. La vitesse minimum des navires de combat était de 17 nœuds donnés par le Concord, mais il faut ajouter que le Petrel et les 2 cargo-boats étaient loin d'avoir atteint cette vitesse, même aux essais. Dès le 21 avril, on put penser la guerre déclarée. L'amiral Dewey quitta Hong Kong pour aller dans la baie Mir sur la côte de Chine, puis appareilla vers le 27 au matin pour une « destination inconnue », comme disent les dépêches. Mais dès le 30, la flotte se trouvait sur la côte de Luçon, visitait la belle baie de Subig située à 30 milles au nord de Manille et, n'y rencontrant pas l'escadre espagnole, poursuivait sa route vers le sud et avant le jour du 1er mai se trouvait devant l'île de Corrégidor qui ferme la baie de Manille.

Lors de l'appareillage des Américains, l'amiral Montojo était dans la baie de Subig avec ses seuls navires capables de marcher; averti du départ de la flotte ennemie, il rejoignit Manille, décidant d'abandonner ses facultés de marche et d'évolution pour accepter le combat au mouillage, mais avec toutes ses forces, batteries de côte et

batteries flottantes.

La baie de Manille est une des plus vastes qui existent; elle communique avec la pleine mer par une très large et profonde passe, presque impossible à défendre par des batteries ou des torpilles. Le phare de l'entrée est éteint depuis le début des hostilités. Sur la côte Est de cette baie se trouve Manille, à cheval sur les deux rives du Rio Passig. Enfin plus au sud, à 5 ou 6 milles, se trouve l'arsenal de Cavite situé sur une langue de terre entre deux petites baies. C'est devant cet arsenal que l'amiral Montojo décida d'accepter la lutte pour sauver l'honneur des armes de l'Espagne, car le résultat ne pouvait faire de doute à un marin qui n'a entre les mains que les faibles éléments de combat dont la rapide énumération suit:

Reina Christina. Croiseur de 1re classe en fer, 3.000 tx, 11 nœuds machine en état, portait pavillon de l'amiral Montojo.

Castilla. Croiseur de 1re classe vais état, machine en réparation; ligne comme batterie flottante.

en bois, 3.000 tx, coque en mauservait de dépôt et fut mouillé en

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FERNIQUE & FILS SC

Don Juan de Austria. Croiseur de 2o classe, 1.100 tx,13 nœuds, sans protection.

Marques del Duero. Canonnière, 500 tx, 9 nœuds.

Isla de Cuba. Croiseur de 2o classe, avec pont cuirassé, 1.000 tx, 14 nœuds, en état.

Isla de Luzon. Croiseur de 2 classe avec pont cuirassé, 1.000 tx, 14 nœuds, en état.

Don Antonio de Ulloa. Navire en réparation aménagé en batterie flottante.

Enfin les navires le Callao et le Manila transports, le Velasco, le General Lezo, l'Argos et la canonnière le Mindanao, tous désarmés ou en réparation dans l'arsenal, ne pouvant compter comme navires de combat.

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A terre, il y avait un vieux canon de 16 m, à la pointe Guadaloupe. Il ne put tirer.

A la pointe Sangley, les Espagnols avaient élevé un fort avec 4 embrasures, mais 2 seulement étaient armées. A Canacao, une pièce de 12 /m fut mise en batterie sur la plage et ne tira qu'un coup ou deux. Telles sont les formidables défenses dont parlent si fièrement les Américains!

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Le Castilla, la Reina Christina, l'Isla de Cuba, l'Isla de Luzon,l'Ulloa, le Don Juan de Austria, le Marques del Duero étaient mouillés en ligne E.S.EO.N.O., entre les deux pointes et protégés en avant contre les torpilles par des chalands chargés de pierres. Tous ces bâtiments étaient par le plus petit fond possible afin d'obliger les Américains de s'approcher et de les amener à portée des canons de terre.

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