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» tout-à-fait pour une infinité de chofes » où la propreté & souvent la fanté de. »manderoient qu'on en usât... Tant que Paris n'a occupé que la Cité & les bords de la Seine, la rivière fuffifoit ; quand il s'est étendu on fentit le befoin d'autre eau; on conftruifit dès le temps de Philippe le Bel les fontaines des Innocens, de la Halle & de Maubuće ; on yamena les eaux de Belleville & du Pré Saint Gervais. Henri IV fit conftruire la pompe de la Samaritaine pour l'ufage de fes jardins, & laiffa au peuple ce qu'il en prenoit à la Croix du Trahoir. It fongea au rétablissement de l'ancien aqueduc des Romains, pour donner de l'eau à la partie Méridionale de Paris qui n'en avoit point. Marie de Médicis en fit reprendre les travaux à la mort de ce grand Roi. Il en coûta près d'un million dans un temps où l'argent n'étoit qu'à 27 livres le marc.»Paris, ne » manque pas abfolument d'eau, puif» qu'il fubfifte & qu'il s'agrandit tous » les jours; mais quelle eau ont les cias toyens, & comment l'ont-ils? L'eau » de la Seine eft fouillée d'une part, &

immédiatement à son entrée dans

» Paris, par l'infecte rivière des Gobe»lins; elle l'eft de l'autre part par les »égouts du Fauxbourg Saint Antoine » & des Foffés de la Baftille, & enfuite » par ceux qu'elle reçoit dans la ville, » de la Place Maubert, de l'Hôtel-Dieu » & d'ailleurs, qui rendent noire & » hideuse toute l'eau des bords, laquelle » fe communique peu à peu avec celle » du milieu; & c'eft celle des bords, » ou peu s'en faut, que puifent les por»teurs d'eau, & fur tout les tonneaux » qu'on emplit à la Grêve & au dessous » du Pont Royal.

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Tous ces détails font connus, & il n'eft perfonne qui ne ne defite que Paris foit fourni d'une meilleure eau; celle' des puits ne vaut rien ; & on a plus dépenfé pour les conftruire qu'il n'en coûteroit pour amener l'eau de l'Yvette à Paris. Par le moyen de cette rivière Paris auroit beaucoup plus d'eau que de fontaines pour la diftribuer, au lieu qu'il a beaucoup de fontaines & peu d'eau. D'une plus grande abondance ré fuiteroit la propreté des rues & la falubrité de l'air; & du plus de propreté des rues ou d'immondices entraînées par

les eaux, réfulteroit une économie pour. l'enlèvement des boues qui tourneroit à profit pour quelqu'autre objet de la police. Si la ville avoit de l'eau à donner, dans tous les quartiers, & à » fournir dans beaucoup de fontaines. »je connois des citoyens qui feroient plus que payer leur contingent; ils » feroient conftruire à leurs dépens des fontaines dans leurs quartiers. Com»bien s'en trouveroit-il qui en feroient autant, en leur promettant feulement, » ce qui feroit bien jufte, que le monu »ment porteroit leur nom, comme le » Puits Certain, que Robert Certain »Curé de Saint Hilaire, fit faire à fes » dépens pour le fervice de fon quar» tier, & la Fontaine de Marle, rue Salle-au-Comte, que le Chancelier » de Marle fit bâtir fur le terrein de fon Hôtel?

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M. de Parcieux récapitule les avantages que procureroit fon projet, la falubrité de l'eau, l'abondance dans tous les temps de l'année, la propreté des rues, &c. Son ouvrage eft celui d'un bon citoyen. Ce Mémoire mérite de juftes éloges, comme les précédens, &

l'attention

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l'attention de ceux qui peuvent remplir un projet, dont l'exécution fera toujours le væeu des Citoyens de Paris.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 14 Septembre 1768.

LETTRE VIII.

Les Veuves Créoles

Comédie en trois

Actes en Profe; à Paris chez Merlin
Libraire rue de la Harpe.

L'Auteur de cette pièce attaque quel

ques ridicules de nos Colonies; il faut en la lifant fe fouvenir. que l'action fe paffe dans le Nouveau Monde, & s'attendre quelquefois à des mœurs nouvelles. M. de la Cale eft un Négociant de la ville de Saint Pierre à la Martinique; il a deux fœurs, Madame Strotin & Madame Grapin, veuves depuis long-temps; une nièce nommée Mélite qui eft jeune & veuve auffi; une fille appellée Rosalie qui fort du CouAN .1768. Tome VI. H

vent, & qui eft un des meilleurs partis de la Colonie. Le Chevalier de Fatincourt eft depuis quelque temps à Saint Pierre; il y cherche fortune; c'eft un fat qui par fes airs impertinens & fon ton cauftique s'eft fait aimer des fem mes de la Martinique; il l'eft fur-tout de M. de la Cale & de fes fœurs ; le premier a armé des corfaires pendant la dernière guerre ; il a gagné plus de deux cens mille écus fur les prifès qu'ils ont faites. Le Chevalier lui fait entendre qu'il a beaucoup mérité de la Cour, & que par le moyen de fes protections il lui fera donner la Croix de Saint Louis; il a tiré de M. de la Cale plufieurs bar. riques de fucre pour faire des préfens à ceux qui s'employeront en fa faveur. Le Chevalier qui fonge à retourner en France, cherche à fe marier; aimé des trois veuves, il eft indécis fur le choix : c'eft le bien qui doit le décider; Mélite eft jeune; mais fa fortune eft peu confidérable; elle compte fur l'héritage de fes tantes;il obtient d'elle cette confidence, en lui promettant de l'époufer; il préfère de s'attacher aux tantes comme à la fource; il leur promet de les époufer

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