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de la Cale qu'on demande du vin.Celuici eft défefpéré; le bruit qu'il a fait de cette fauffe nouvelle l'humilie; il fe plaint du Chevalier qui l'a mal fervi; il lui redemande fon fucre; il retire la promeffe qu'il lui a faite de lui donner fa fille; il s'excufe far ce qu'elle n'a point d'inclination pour lui : elle aime Fonval qui fe montre.

LE CHEVALIER avec hauteur à M. de la Cale.

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Pour qui me preniez vous donc, Monfieur, dans tout ceci?

M. DE LA CALE à part.

Ah, fi j'avois mon habit de Gendarme, comme tout-à-l'heure, cela lui. impoferoit peut-être.

LE CHEVALIER.

Vous me jouiez donc, Monfieur!

M. DE LA CALE.

Non, Monfieur, je n'avois garde; mais vous voyez bien....

LE CHEVALIER.

Apprenez qu'avec les gens comme

moi.

FONYAL.

Apprenez vous même que lorfque je ferai ici, vous n'y parlerez jamais plus haut que le maître de la maifon. M. DE LA CALE bas à Fonval. Bon, courage, mon ami.

LE CHEVALIER à M. de la Cale.

Mais il me femble que quand on fait l'honneur aux gens de votre ef pèce de.....

FONVAL vivement.

Je vous ai déja dit que votre ton me déplaifoit.

LE CHEVALIER.

Ah, il vous déplaît! Cela eft uni que ! il vous déplait ! Vous êtes bienheureux l'un & l'autre que j'aie l'ame un peu philofophique; fans cela. ...

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Mais après tout je vous ai obligation; vous me faites voir clair; je me méfalliois, & l'objet n'en vaut pas la peine.

Le Chevalier fe retire; Fonval époufe Rofalie, & M de la Cale leur confeille d'éviter les intrigans. Il y a de l'efprit dans cette Pièce; on y trouve même quelques fcènes de fituation qui font affez plaifantes, & qui nous le paroîtroient peut-être davantage fi nous étions plus au fait des mœurs & de la vie ordinaire des habitans des Colonies. mais, en général, ce Drame eft dans genre du bas comique, & les noms des perfonnages font de mauvais goût.

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Difcours fur les avantages & les défa. vantages des Belles - Lettres relativement aux Provinces; par M. Sabazier, Profeffeur d'Eloquence au Collè de Tournon, in-4° 32 pages.

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M. Sabatier s'élève contre le préjugé qui veut que le génie ne puiffe éclorre qu'à Paris; c'eft ce qui éteint l'émularion dans les Provinces où l'on fe détermine à admirer les écrivains célèbres de

la Capitale fans avoir l'efpérance de les imiter. Il s'attache à prouver que les Belles Lettres, mieux cultivées dans les Provinces, y produiroient de grands avantages, & que leur culture pouffée trop loin y cauferoit de grands préju

dices telle eft la divifion de fon Dif

. cours.

Malheur à celui qui ne voit dans les Lettres qu'un amufement; elles répandroient dans les Provinces le goût du beau;elles multiplieroient les embelliffemens des villes. Quelques abus s'oppo fent à ces avantages; la Langue nationale eft négligée dans les Collèges; les Académies ne mettent pas affez de rigueur dans le choix des membres qui les compofent & dans la diftribution de leurs prix, qui font fouvent donnés à la médiocrité. » Voilà les fources de »l'état de langueur auquel font aban» données les Lettres dans les Provin»ces. Une espèce de barbarie qui regna au milieu des lumières que répandoit le goût, défendit à nos pre» miers auteurs d'écrire dans leur pro» pre Langue; ils auroient cru faire dé»générer leurs idées en les mariant aux

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» expreffions d'un idiome qu'ils appel»loient vulgaire; ils ne s'appercevoient » pas que pour bien écrire dans une Langue morteils étoient obligés d'em »prunter les termes, les tours. phrafes mêmes de ceux qui l'avoient » bien parlée. Cet efclavage les empê» choit de fe fervir de leur propre génie; difpenfés de fentir & de penfer, » ils ne pouvoient être que de froids copiftes. Ce préjugé funefte aux pro"grès de la Langue & du talent nous venoit de l'Italie. La belle Littérature » y avoit pouffé de profondes racines, & n'y produifoit que des fruits étran"gers. Les auteurs Italiens auroient rougi d'employer une autre Langue que celle de Cicéron. Quelques-uns. traduifirent leurs propres ouvrages, » & voulurent bien defcendre jufqu'à leurs compatriotes. Mais le Dante avoit commencé fon Poëme en Latin; Pétrarque & Bocace donnèrent quelques ouvrages dans la même Langue. Cette erreur, qui condamnoit au mépris les Langues nationales, avoir paffé dans toute l'Europe. Bacon fut un des premiers en Angleterre qui se

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