Images de page
PDF
ePub

mètre fuffifant; il y aura encore des vannes pour procurer la décharge des eaux furabondantes; mais ce furplus feratrès-confidérable dans certain temps; il.coulera par le Fauxbourg Saint Marcel, depuis le coin des Capucins jusqu'à la rivière des Gobelins. Plufieurs rues alors ne pourront manquer d'être inondées. D'ailleurs,ce mêlange de l'eau de l'Yvette à celle des Gobelins ne fe-ra-t-il point perdre à cette dernière la propriété de donner à l'écarlate ce teint admirable que nos voilins envient & que les plus habiles ont tenté vainement d'imiter?

Pour la diftribution de l'eau dans. les maifons, l'auteur trouve encore de nouvelles difficultés. M. de Parcieux. prétend qu'elle fervira à nétoyer le pa-. vé. » Mais n'est-ce pas vouloir nous prouver qu'il fait beau quand il pleut, » que de nous flatter d'une plus grande. »propreté ? L'expérience ne nous ap» prend-elle pas que les rues les plus proches des fontaines publiques font » les plus mal propres, & que fi c'eft » une commodité pour Paris d'y trou ver de l'eau dans le befoin, c'eft une

[ocr errors]
[ocr errors]

grande incommodité pour les gens » de pied, continuellement expofés, comme ils le font, à fe voir éclabouffer ou par les roues des voitures quand elles portent à faux dans le aruiffeau, ou par l'étourderie des allans » & des venans, ou par les pieds des » chevaux ? Et un pavé toujours gras & » néceffairement gliffant ne devien» droit-il pas encore pour ces gens de pied un furcroît d'incommodité ?

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

L'auteur continue de fuivre tous les détails de M. de Parcieux; il n'en eft guères auxquels il ne faffe des objec tions très-considérables; il termine ainfi fon ouvrage. Mes réfléxions ne feront » pas fans doute du goût de bien des » gens, & fur-tout de ceux que des »vues particulières tiennent attachés

[ocr errors]

au fyftême de M. de Parcieux. Peat» être même ne fera t-il pas difficile à cet habile Académicien d'en faire voir l'inconféquence; je le fouhaire par » rapport aux avantages qu'il fe propofe » de procurer à tout Paris, & dont il »eft jufte que je préfère les intérêts à la foible fatisfaction d'avoir bian

"

[ocr errors]
[ocr errors]

rencontré. Mais fi mes remarques ne » font pas de nature à pouvoir mériter te fuffrage de ceux qui les liront, je ne me plaindrai pas de l'échec, ne m'étant propofé d'autre fin en les leur communiquant, que d'engager M. de »Parcieuxà perfectionner fon ouvrage; moins il fouffrira de difficultés & plus il aura lieu de compter fur l'approbation du Public. » Ce Mémoire eft très intéreffant, très-bien vû; il feroit à fouhaiter qu'il eût paru quelque temps avant la mort de M. de Parcieux qui fans doute y auroit répondu. Le Père Félicien de Saint Norbert étoit un adverfaire digne de cet Académicien; il montre le même zèle pour le bien public; fans doute quelques perfonnes lui répondront: il s'agit d'un projet confidérable qu'il faut exécuter s'il eft réellement utile, ou qu'il faut abandonner, s'il ne l'eft pas.

Je fuis, &c,

A Paris cc 27 Septembre 1768.

LETTRE

LETTRE XII.

the

Panégyrique de Saint Louis Roi de France, prononcé dans la Chapelle du Louvre le 25 Août 1768 en préfence de l'Académie Françoife, par M. l'Abbé de Cambacérès, Docteur de Sorbonne, Prédicateur du Roi, Chanoine & Archidiacre de l'Eglife de Montpellier, Vicaire Général du Diecèfe de Béziers, in-4° 45 pages; à Paris chez Delain Junior Libraire Quai des Auguftins.

Care diftingué de la foule de ceux

EPanégyrique, Monfieur, mérite

[ocr errors]

d'être

qu'on publie tous les ans. Voici le début de l'orateur. » Quand Dieu forma » cet Univers, fon deffein, dir Saint Auguftin, fut d'unir les hommes à lui par les loix de la Religion, & » entr'eux par les loix de la fociété. » Mais quelle image nous préfente la ANN. 1768. Tome VI.

[ocr errors]

M

[ocr errors]
[ocr errors]

fociété naiflante? Des tentes grof» fières, de frêles cabanes, éparfes dans toutes les campagnes, compofoient les Royaumes & les Empires. Au lieu » des titres pompeux de Souverain, de Prince, de Monarque, l'autorité fe couvroit fous les noms fimples & » tendres de père d'époux, de paf»teur, &, chaque famille reconnoiffant fon chef pour fon maître, un père » au milieu de fes enfans étoit comme » un Roi qui devoit fon empire à l'a»mour & le fceptre à la nature. Bien»tôt les hommes fe multiplient & tout

change; la cupidité s'allume, les pas» fions infultent aux premières loix de » la nature, l'égalité des conditions eft » renversée par l'ambition, & l'hom» me devient le premier ennemi de » l'homme. Quoi donc! Ce Dieu qui a mis un fi bel ordre dans tous fes ouvrages, auroit-il livré la fociété au trouble & à l'anarchie? Non, répond le Saint Docteur, & c'eft pour balan»cer tant de puiffances rivales, pour » donner du reffort à ce corps immense, » que Dieu a défigné dans les Ecritures » & confervé dans les régions diverfes

[ocr errors]
[ocr errors]
« PrécédentContinuer »