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De nos humbles foyers, de mon fimple ber

ceau !....

Je n'ai point oublié ces champs de l'inno

cence,

Où le travail, caché fous les jeux de l'en

fance,

Me failoit eflayer, par un nouveau transport, De foulever le foc qui trompoit mon effort.

Ce fils fi tendre, modèle refpectable & touchant de la piété filiale, rappelle à l'auteur de fes jours le moment où il abandonna la chaumière paternelle.

J'étois dans votre fein; en pleurant vous me

dites!

» Mon fils, c'en eft donc fait, mon cher fils tu nous quittes ?

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»Tu quittes ce féjour, où, contens de leur » fort,

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» Tes pères fous le chaume ont attendu la

> mort.

La Médiocrité goûte un deftin tranquille; >> Des vœux immodérés t'appellent à la ville. » Je ne fçais quel fantôme a fasciné tes yeux ; » La fortune fouvent nous rend moins ver

> tueux.

» Cette immense Cité, la première du Monde,

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En tréfors, en orgueil, en crimes fi féconde, Paris, fi j'en dois croire un bruit trop ré» pandu,

Eft funefte au bonheur, ainfi qu'à la vertu.
L'exemple eft dangereux..... S'il alloit te fé-

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Ciel, qui me l'as donné, Ciel, termine fes

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Si le vice devoit en altérer le cours,

» S'il pouvoit oublier.....» Eloignez cette crainte ;

L'image des vertus dans mon ame eft em

preinte.

Son cœur n'a point quitté
quitté ce père chéri;
Il ne foupire qu'après l'heureux jour où
fa main pourra partager fes innocens
travaux. La peinture qu'il trace de Pa-
ris eft un des endroits de cette Lettre que
vous goûterez davantage.

Mon père, je connois ce féjour fi vanté,
Ce féjour dont l'éclat m'avoit d'abord flatté.....
Tout y prend les couleurs d'une faufle appa

rence;

Un befoin éternel y pourfuit l'opulence 3

Rien n'eft vrai dans ces lieux, pas même le

plaifir ;

L'art le plus impofteur y vient tout pervertir.
L'intérêt eft le Dieu qu'à Paris on adore,
Et la feule indigence y bleffe & deshonore.
L'Amitié n'est qu'un mot à la bouche échappé,
Le tendre fentiment s'y voit toujours trompé,
Et la nature même y paroît étrangère ;
Le fang..... Ce n'eft pas-là qu'on fçait aimer
un père !

Ce dernier vers me paroît admirable. Qui peut donc arrêter ce fils honnête dans ces murs odieux? L'efpoir d'y faire une petite fortune & de l'offrir à fon père.

Auffitôt que le Ciel aura rempli mes vœux,
Je quitte fans regret ce féjour faftueux,
Ses plaifirs turbulens, l'amas de fes men-
fonges;

Je hâterai l'inftant qui détruira ces fonges......
Qu'avec transport mon coeur dans le vôtre

épanché,

Se montrera fenfible, à vous plaire attaché! Quand la fille du temps, la pefante vicillesle, Courbera votre corps fous la propre foiblesse, Je ferai votre appui ; par mes foins careflans

Je tromperai le cours & l'ennui de vos ans ;

Vous ne lentirez point s'enfuir vos jours rapides.

La Pièce finit par ces quatre vers attendriffans:

Aux marches de la tombe...... Ah, je demande aux Cieux

Que ce foit votre main qui me ferme les yeux ! Oui, plutôt voir la mort & perdre la lumière, Que d'avoir à pleurer fur la cendre d'un père !

Ceux qui n'aiment que la bouffissure collégiale, le charlatanifme du jargon philofophique, ou les petits vers faillans & fecs, pourront ne pas goûter cette poësie douce, fimple, facile & naturelle; mais l'auteur en fera bien dédommagé par les fuffrages de tous les bons efprits & de tous les cœurs ten. dres. Il n'étoit pas poffible de mieux traiter ce fujet. Il eût été ridicule d'adreffer à un Laboureur une Epître Héroïque, Métaphyfique ou Epigrammatique. M. l'Abbé de Langeac a pris le ton qui convenoit; enfin, fa Lettre eft écrite, fi je puis parler ainfi, par l'ame la plus éclairée, la plus noble, la plus

pure & la plus fenfible. On la trouve à Paris chez la veuve Regnard Imprimeur de l'Académie Françoife GrandSalle du Palais.

Le Spectateur en Pruffe; par M. de la Croix, un volume in 12; à Paris chez les Libraires Affociés.

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Ce Spectateur en Pruffe, Monfieur, offre l'hiftoire ou le roman d'un homme qui fe trouvant malheureux dans fa patrie s'étoit rendu à Berlin, conduit par l'efpérance d'y trouver de l'emploi dans le nouvel établissement que le Roi de Pruffe formoit pour les finances de fon royaume. Le héros avoit la parole d'un des adminiftrateurs. Il part avec fa femme, décrit les lieux qu'il parcourt dans fon voyage, & s'arrête furtout avec complaifance fur les différentes parties de l'Allemagne qui ont été le théâtre de la dernière guerre.

En arrivant à Berlin il fut bien furpris d'y voir un très-grand nombre de fes compatriotes qui y étoient venus, attirés par le même efpoir; il appric d'eux que les habitans, inftruits qu'ils

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