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ra jamais la vertu. C'est ce qui ar»tiva en effet, & c'eft ce que je fou»haite qui arrive toujours. »

Je me borne à ces deux Hiftoires, Monfieur; je les ai prifes au hafard & fans choix; elles doivent fuffire pour vous donner une idée de cette brochure; elle eft quelquefois édifiante, & fouvent agréable.

Avis fur la Déclaration de Mrs Boucher & Vien.

On prévient le Public & les Amateurs de ne pas prendre au pied de la Lettre l'Avis inféré dans le Mercure du mois de Septembre 1768, & dans d'autres Journaux, où, par un excès de modeftie, M. Boucher & M. Vienfemblent accorder aux Marchands & Brocanteurs plus de connoiffance dans l'originalité des tableaux, qu'ils ne fe jugent en avoir eux mêmes. La connoiffance qu'ont néceffairement des hommes de ce mérite & de cette célébrité, eft toujours infiniment fupérieure à cclle de tous les Marchands & Brocan

.teurs.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 30 Août 1763.

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L'ANNÉE

LITTERAIRE.

LETTRE IV.

Vie du Cardinal du Perron Archevêque de Sens & Grand Aumônier de France, par M. de Burigny de l'Académie Royale des Infcriptions & Belles-Lettres; un volume in-12 d'environ 400 pages; à Paris chez de Bure père Libraire Quai des Auguftins.

MDe Burigny nous apprend dans

1.fon Avertiffement qu'une converfation littéraire a donné occafion à cet ouvrage; on s'étonnoit que le Cardinal du Perron n'eût point encore trouvé d'hiftorien. On le prefla de travailler à la vie de cet homme célèbre ; il a bien voulu céder à cette inftance. ANN. 1768. Tome VI.

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"La reconnoiffance, ajoûte-t-il, l'oblige à déclarer que c'eft M. Bar» beau de la Bruyère qui a bien voulu préfider à cette édition; qu'après avoir »lu le manufcrit il a donné de très» bons avis à l'auteur ; qu'il a pris beau» coup de peines pour lui procurer d'anciennes pièces fugitives fort ra»res, relatives à la vie du Cardinal du » Perron, & que c'eft à fes recherches » que le Public aura l'obligation de la connoiffance de plufieurs anecdotes » dont il eft parlé dans cette hiftoire, & de la Table des Matières. »

دو

رو

*

On ignore l'origine de du Perron; les opinions diffèrent fur fa naiffance; on la fait obfcure, on la fait noble; on fçait feulement que fon père & fa mère étoient Calvinistes, & que, pour fuir la perfécution, ils avoient quitté la Balfe Normandie leur Patrie pour aller s'établir dans le Canton de Berne. C'eft. là que nâquit le 25 Novembre 1556 Jacques Davy, furnommé du Perron, on ne fçait trop pourquoi, Son père, qui, dit on, étoit Médecin & homme de Lettres, revint en Normandie, & pric foin lui-même de l'éducation de fon fils.*

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qui donna de bonne heure des marques
de génie. Le Maréchal de Matignon,qui
commandoit en Baffe-Normandie, en
ayant entendu parler comme d'un pro-
dige, le fit venir; il en fut fi content
qu'il le préfenta au Roi Henri III, aux
Etats de Blois. Il quitta la Religion
Proteftante par le confeil du Poete
Desportes, qui lui fit fentir qu'elle
nuiroit toujours à fon avancement.
» Il fit des vers dans fa jeuneffe. Lorf-
» que Marie Stuart fut décapitée, il
» en compofa dans lèfquels il traita Eli-
zabeth de la manière la plus indigne;
>> en voici quelques uns:

Ce vieux monftre conçu d'incefte & d'adultère ;
Qui fa dent acharnée au meurtre va fouillant
Et le facré refpect des Sceptres dépouillant,
Vomit contre les Cieux fon fiel & fa colère :
L'impie Elifabeth, furie inéxorable,

Confacre aux ans futurs ce fanglant mont

ment,

Et du chef d'une Reine, occie innocemment,
Dreffe à la cruauté ce trophée exécrable.

Parmi les ouvrages de du Perron il faut
diftinguer la pièce de vers qu'il fit for

la mort du Duc de Joyeufe; il le fait parler lui-même fous le nom de Daphnis; on y trouve cet éloge du Roi queJoyeuse adreffe aux héros de l'Elysée.

...J'irai de mes ans contant toute l'hiftoire, Je leur dirai comment vivant je fus aimé D'un Roi fi généreux, fi grand, fi renommé, Qui fe voit adoré de la Terre & de l'Onde, Et qui fert de lumière aux autres Rois du monde :

Prince égal à lui feul, dont le los mérité,
A pour lieu l'univers, pour temps l'Eternité.

Ces deux derniers vers fur- tout font de la plus grande beauté; les autres n'offrent guères que du rempliffage. Il fit aufli l'épitaphe de la Reine Catherine de Médicis qu'il repréfente comme la plus parfaite Princeffe qui ait jamais exifté.

..... Celle qui fut fur terre De nos ans l'ornement, des futurs la merveille.....

Tout l'honneur de notre âge & tout ce que l'hiftoire

Des vieux fiécles paffés confacre à la mémoire De grand, de généreux, de louable & de beau, Repofe dans l'enclos de cet étroit tombeau.

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