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portés fur eux; ils ont cherché à le décrier du côté des murs. Les fatyres qui avoient couru pendant fa vie ne cefsèrent pas auflitot après fa mort; on fçait le cas qu'on doit faire de ces écrits obfcurs dont les auteurs n'ont garde de fe nommer; ceux qui portent un nom ne préfentent que des ennemis du Cardinal, & par cela même ils font fufpects. Son caractère fier, fa célébrité, fon zèle ardent pour la Religion les lui attirèrent tous. » On lè » voulut faire paffer dans fa jeunesse » pour un athée. Il fut accufé de me

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ner une vie peu régulière, & un cer»tain Chevalier de la Battereffe vou» lut perfuader qu'il étoit très-bien » avec la Reine Catherine de Médicis. » Un libelle de ce temps là nous apprend que ce Chevalier eut un jour » l'audace de mettre fur le lit de l'an»tichambre de la Reine Mère un tableau qui ne repréfentoit pas moins » de quatorze de fes ferviteurs fecrets peints au vifavec elle, entre lefquels » du Perron tenoit le premier rang. On a » écrit qu'il s'étoit livré à la débauche » la plus crapulenfe,& qu'il en a avocie

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puni par une maladie honteufe qu'il » avoit confervée jufqu'à la mort. En » fin la calomnie a été portée jufqu'à » l'accufer d'avoir eu part à l'affaffinat » de Monin parce qu'il avoit fait des » vers contre lui, & d'avoir voulu faire » tuer Dupleffis Mornay.

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Guy Patin fe déchaîne fréquemment contre le Cardinal; l'humeur qu'il met dans ce qu'il écrit contre lui fuffit pour lui ôter toute créance. Il dit quelque part que c'étoit un bavard qui parloit de Phyfique & de Théologie devant les femmes; il ajoûte que lorfque fon » valet-de-chambre l'entendoit enfiler » ces matières, il prenoit fon manteau » & difoit à fes camarades qu'ils pou» voient aller fe divertir, & qu'ils » avoient du temps de refte. Andiamo Al B. C'eft ce que l'on trouve répété » dans le Menagiana.»

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M. de Burigny, après avoir ramaffé tous ces traits apprécie le Cardinal du Perron. On ne peut nier qu'il n'eût beaucoup de génie ; c'étoit un des plus forts efprits de fon fiècle, dit Blondel, que l'animofité de parti ne rendoit pas injufte. Les Belles Lettres

Grecques & Latines lui étoient familières; les ouvrages de fa jeuneffe en font foi. Ses négociations en Italie témoignent qu'il avoit du talent pour cette partie; il reçut des éloges da Cardinal d'Offat, & Henri IV sentit son mérite il étoit bon Théologien; fes fuccès contre les Calviniftes le prouvent. » Ce n'é

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toit ni un Auguftinni un Ambroise du » côté des mœurs; car on ne peut dou» ter qu'il n'eût de la vanité & de l'am»bition; mais on peut afsûrer qu'il étoit exempt de ces vices groffiers qui aviliffent l'homme, & qui dégradent nentièrement l'Eccléfiaftique; nous ne "prétendons pas en faire un fujet d'éloge; nous ne faifons cette remarque » que pour confondre les écrivains té»méraires qui ont ofé le calomnier de » la manière la plus violente & la plus

>> atroce."

Cet ouvrage écrit avec intérêt & rempli d'anecdotes curieufes, offre une lecture à la fois inftructive & amufante. M. de Burigny y a employé la critique la plus fage & la plus éclairée; elle étoit indifpenfable dans un ouvrage de cette espèce, fur tout dans la

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vie d'un homme célèbre dont on a dic tant de mal & tant de bien.

Eloge de la Chirurgie, Difcours compo fé & préfenté à l'Académie Royale de Chirurgie, avec différens Mémoires & Obfervations de Chirurgie; par M. Couanier Deflandes, ci-devant Chirurgien Major des Hôpitaux du Roi d'Espagne à Saint-Augustin de la Floride & à la Havane, envoyé par la Cour de France pour exercer le méme pofte dans nos Hopitaux à Saint Domingue, Correfpondant de l'Académie Royale de Chirurgie; à Paris chez Dufour Libraire rue de la Vieille Draperie & Defchamps rue Saint Jacques.

Ce Difcours forme une brochure in 8° de 24 pages. L'auteur s'adreffe à Mrs de l'Académie Royale de Chirur gie. Il parle d'abord des honneurs rendus à ceux qui les premiers ont cultivé cet art; on leur a dreffé des autels; on

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infifte fur le mérite qu'avoient nos pères d'être reconnoiffans. L'orateur s'étonne qu'on faffe plus de cas d'un guerrier qui ne fçait que dérruire que d'un Chirurgien qui fçait conferver. II donne en même temps quelques réAléxions fur les malheurs de la guerre, dont l'art de la Chirurgie cependant n'a pas à fe plaindre; il gémit fur - tout de l'ambition qui a fait naître parmi les hommes le befoin cruel de s'égorger. » Foible orateur, je devrois laiffer le foin de célébrer les grands hommes » (en Chirurgie) à des bouches plus éloquentes. La reconnoiffance m'en» traîne, l'efpoir dans vos bontés me » rafsûre. J'avoue, Meffieurs, que je >> craindrois de fuccomber fous le poids » de mon fujet fi je n'étois plutôt ici Ᏺ » l'interprête de la vérité que le panégyrifte de la Chirurgie & de ceux >> qui l'ont honorée. Mais qui peut & » & qui oferoit douter de l'exceilence » de la Chirurgie fur tous les arts? Et pourquoi un Chirurgien fçavant ne » partageroit-il pas en quelque forte les » honneurs de l'épée & de la magiftra»ture?... La Chirurgie rafsûre les jours

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