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d'obtenir du Ciel l'assistance dont il avait besoin. Il demanda aussi le secours de ses amis, entre autres de saint Odilon, abbé de Cluny, à qui il confia le motif qui lui rendait redoutable le fardeau qu'on allait lui imposer ; il ne savait, disait-il, se gouverner lui-même, et il se voyait appelé à conduire les autres dans la carrière difficile du salut. Ces sentimens, qui partaient de son humilité, n'affaiblirent pas toutefois le courage que lui inspirait sa confiance dans la miséricorde divine; ils servirent au contraire à lui donner plus de vigilance et de zèle pour son troupeau. La sagesse que Dieu lui avait accordée ne se renferma pas dans son diocèse, d'autres églises encore en sentirent l'heureuse influence. Il fut regardé généralement comme l'oracle de la France; de tous côtés on venait demander ses conseils, tant en matière de foi, que pour la discipline ecclésiastique et le réglement des mœurs ; les évêques le considéraient comme leur maître et leur guide. Les grands du royaume trouvèrent en lui un juge sévère, il s'éleva sur-tout avec force contre l'abus, qui s'était glissé dans l'État, de donner les bénéfices et les biens de l'Église à des laïcs. Il fit de vifs reproches à Francon, évêque de Paris, pour sa négligence sur ce point (1).

Toutes ses actions étaient empreintes de son désintéressement et de son zèle pour la gloire de Dieu et l'honneur de l'Église ; et comme ses autres vertus ne le cédaient pas à celle-ci, il s'acquit l'estime des plus grands et des plus puissans personnages de l'État. C'est ce qui engagea en 1020 Guillaume IV, comte de Poitou et duc de Guienne, de lui confier la trésorerie de saint Hilaire de Poitiers, devenue vacante par la mort de Geraud, évêque de Limoges. Le Roi Robert lui accordait une estime particulière, il en fit même son confident. Il prêcha la parole de

(1) Vid. epist. 58.

Dieu à son peuple, composa des canons pénitentiaux, des hymnes, et des proses (1); il régla le service divin et

(1) Le B. Fulbert a laissé divers monumens de sa doctrine qui consistent en neuf sermons; un Pénitentiel fort abrégé; un recueil de passages de l'Écriture sur la Trinité, l'Incarnation et l'Eucharistie; des hymnes; des proses; quelques autres poésies; et cent trente-huit lettres, mais qui ne sont pas toutes de lui; il y en a d'Isembert, évêque de Poitiers, d'Hildegaire, de Guillaume duc d'Aquitaine, et de quelques autres. Les lettres de Fulbert sont beaucoup supérieures à ses autres ouvrages, et pleines de délicatesse et d'esprit. Il y fait paraître du zèle, de la fermeté, de la justesse dans ses décisions, et une grande connaissance des dogmes et de la discipline de l'Église.

Casimir Oudin ayant découvert dans l'abbaye de Long-Pont, ordre de Citeaux, diocèse de Soissons, un traité de Fulbert sur ces paroles 'du douzième chapitre des actes: En ce temps Hérode employa, etc., le fit imprimer en 1692, à Leyde, in-8°, avec quelques opuscules d'anciens écrivains de France et de la Belgique. On trouve sous le nom de Fulbert, dans les manuscrits du Vatican, un traité des vertus; un recueil de sentences des Pères sur le souverain bien; des vers sur la paix, sur la livre et les parties dont elle est composée. On ne sait point si ces écrits ont été imprimés. Mais Charles de Villiers a inséré dans ses notes sur la cent treizième lettre de Fulbert, des vers sur l'once et ses parties, et sur le scrupule et ses parties. Trithème attribue à Fulbert diverses pièces en l'honneur de la Sainte Vierge. La chronique de Cambrai fait Fulbert auteur de la vie de S. Aubert, évêque de Cambrai et d'Arras; mais il y eut dans l'onzième siècle plusieurs écrivains du nom Ide Fulbert. Bellarmin attribue encore à Fulbert un traité de la variété des offices divins, qu'il dit être imprimé sous son nom au troisième tome de la Bibliothèque des Pères, à Paris, deuxième édition.

Les œuvres de Fulbert ont été récueillies par Papyre le Masson, et imprimées à Paris en 1585, in-8°. Cette édition étant fort imparfaite, Charles de Villiers en publia une autre dans la même ville en 1608, chez Thomas Blaise, in-8°; mais si elle est plus ample que la première, elle n'est point exempte de fautes, que l'on n'a pas corrigées dans les bibliothèques des Pères de Cologne, de Paris et de Lyon, où l'on n'a fait que copier l'édition de Charles de Villiers. - Adalman, disciple de Fulbert, l'appelle son vénérable Socrate; il relève la sainteté de sa vie et la grandeur de sa charité. Jostald, dans la vie de S. Odilon, écrite vers l'an 1049, loue aussi la sainteté de Fulbert, sa sagesse admirable ;

s'acquitta de toutes ses fonctions avec tant de persévérance, que s'il n'en eût eu qu'une à remplir. Il avait une grande dévotion à la très-sainte Vierge et ne laissait échapper aucune occasion d'en faire preuve. Il fit rebâtir en son honneur la superbe église de Chartres, qui avait été en 1020 la proie des flammes; et pour couronner ses belles actions il institua dans son diocèse la fête de sa Nativité. On rapporte beaucoup de faveurs qu'il dut à l'intercession de cette tendre Mère.

D'après la supputation ordinaire Fulbert mourut le 10 Avril 1029, et fut enterré dans le couvent de Saint-Pèreen-Vallée, où il avait souvent pratiqué ses exercices spirituels.

Voyez Baillet sous le 10 Avril, et Dom Ceillier, Biblioth. des aut. sacr. et ecclés., t. XX, p. 128.

et dit qu'à sa mort l'étude de la philosophie et la gloire de l'épiscopat semblèrent être ensevelies avec lui. Les ouvrages de Fulbert justifient ces éloges.

Note de la présente édition.

11 Avril.

S. LEON LE GRAND, PAPE.

Tiré des conciles, t. IV; des écrits du Saint, édit. Rom., et des his toriens contemporains. Voyez Tillemont, t. XV, p. 141, et Ceillier, t. XIV, p. 316, qui tous deux ont suivi les mémoires concernant la vie de saint Léon, lesquels ont été donnés par Quesnel, dissert. 1, in Op. S. Leon., t. II. On doit corriger ces mémoires souvent fautifs, en les comparant avec les remarques du P. Cacciari, qu'on trouvera dans les Exercitationes de cet auteur sur les œuvres de saint Léon, et sur-tout dans les Exercitationes de hæresi Pelagianá, et de hæresi Eutychianá.

L'AN 461.

SAINT LÉON, surnommé le Grand, sortait d'une des premières familles de Toscane; mais il naquit à Rome, comme nous l'apprenons de lui-même et de saint Prosper (1). La pénétration de son esprit et la maturité de son jugement se manifestèrent par les rapides progrès qu'il fit dans ses études. Il acquit une grande connaissance de toutes les parties de la littérature, et sur-tout de l'éloquence. Il était trop éclairé pour s'en tenir là ; il ne regarda les sciences profanes que comme un préliminaire à l'étude de la théologie et des livres saints. « Dieu, dit un ancien con» cile général en parlant de lui, Dieu qui l'avait destiné » à remporter des victoires éclatantes sur l'erreur, et à » soumettre la sagesse du siècle à la vraie foi, avait mis » dans ses mains les armes de la science et de la vé» rité (2). ›

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Etant entré dans l'état ecclésiastique, il fut fait archidiacre de l'Eglise romaine, et eut beaucoup de part aux

(1) Ep. 27 ad Pulcher., c. 4.

(2) Conc. t. IV, p. 820.

succes

affaires sous le Pape Célestin (1). Ce fut avec le secours de sa pénétration et de son zèle, que Sixte III, seur de Célestin, découvrit les artifices, et rejeta la fausse pénitence de Julien le Pélagien, qui employait mille manœuvres sourdes pour rentrer dans le sein de l'Église catholique. Personne ne parut plus propre que lui à terminer le différend survenu entre Aétius et Albin, lequel pouvait avoir des suites très-fâcheuses il se transporta dans les Gaules, où étaient ces deux généraux, et vint heureusement à bout de les réconcilier.

Pendant son absence, le Pape Sixte mourut vers le milieu du mois de Juillet de l'an 440. Le clergé de Rome jeta les yeux sur Léon pour le remplacer. Il jugeait avec raison qu'on devait placer sur la première chaire de l'Église, celui que sa sainteté, sa prudence, son savoir et son éloquence rendaient le premier homme de son siècle. Ce choix ne pouvait manquer d'avoir l'approbation de tout le monde chrétien. En effet, Léon réunissait en sa personne, et dans un degré éminent, toutes les qualités et toutes les vertus dont l'assemblage est regardé comme une espèce de prodige; aussi conçut-on de lui les plus hautes espérances il le remplit, et les surpassa même par les grandes actions qui illustrèrent son pontificat.

Cependant on lui envoya une députation publique pour le prier de venir à Rome, où il était attendu avec une vive impatience; mais il ne put y arriver que quarante jours après. On le reçut avec des démonstrations de joie qu'il serait difficile d'exprimer; et la cérémonie de son exaltation se fit un dimanche, 29 Septembre 440. Nous - apprenons de lui-même quels furent ses sentimens à la nou

(1) C'est ce que l'on apprend par le témoignage de saint Prosper, par une lettre que saint Cyrille lui écrivit, et par le livre de Cassien contre Nestorius.

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