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à l'esprit du Saint les avis de Boisil, et le força de retourner et de faire voile vers les petites îles.

Il débarqua à l'île de Hy ou Jona, aujourd'hui Colmkille, nom qu'elle tire de S. Colomb (1), située au nord de l'Irlande, du côté de l'Écosse. Les moines de cette île étaient alors en grande réputation; et ce fut cette répu tation qui contribua à accréditer l'erreur selon laquelle, de même que les quartodécimains, ils célébraient, avec les Bretons et les Écossais d'Irlande, la fête de Pâques à la quatorzième lune, erreur condamnée au concile de Nicée; tandis que les Anglais convertis par Augustin et les autres missionnaires de S. Grégoire le Grand, suivaient l'usage de l'Église catholique romaine, et ne la célébraient que le Dimanche suivant. Cette divergence occasionna une grande scission dans les églises britanniques, et causa bien du scandale aux fidèles accoutumés à regarder ce point de discipline comme une des bases de leur religion. L'entêtement avec lequel ces bons moines tenaient à leur erreur les exposa à perdre les fruits de leurs pénitences et le mérite de leur parfaite obéissance (2). Egbert, à son arrivée parmi eux, s'attacha principalement à les convaincre sur ce point. La douceur avec laquelle il s'y prit lui gagna bientôt toute leur confiance, il leur montra la différence qui existe entre les articles essentiels de foi et des choses de pure discipline, et les amena au point de se conformer à l'usage de Rome, à l'égard de la célébra

(1) Voyez ei-dessous la vie de S. Colomb ou Colomkille, sous le 9 Juin; et les Antiquités de l'église angio-saxonne, par le docteur John Lingard, p. 135, de l'édition française de 1828.

(2) Pour ce qui regarde les disputes sur la célébration de la Pâque dans les Iles Britanniques, on peut voir ce qui est dit dans les notices de S. Wilfrid, évêque d'Yorck, sous le 12 Octobre, et de S. Colomban, sous le 21 Novembre.

Notes de la présente édition.

tion de la fête de Pâques et de quelques autres pratiques extérieures. Ceci arriva en 716, Egbert vécut encore treize ans, et mourut le Dimanche de Pâques (c'est-à-dire le nouveau Dimanche de Pâques pour les Irlandais), au móment où il venait de célébrer la sainte Messe. Il était âgé de 90 ans, et il en avait passé près de quatre-vingts en servant Dieu et vivant selon l'Évangile. Le jour de sa mort fut le 24 Avril 729; il est nommé en ce jour dans plusieurs martyrologes: le nouveau martyrologe romain fait en outre l'éloge de son humilité et de son abstinence. Les Bénédictins le placent parmi les Saints de leur ordre, parce qu'ils croient que les communautés qu'il forma, prirent, durant sa vie, ou peu de temps après sa mort, la règle de S. Benoît.

Tiré de Baillet, sous le 24 Avril, d'après divers endroits de l'histoire ecclésiastique du vénérable Bède qui vivait du temps de S. Egbert. Voyez aussi les Acta SS. t. III, Aprilis, p. 313-315; Batavia Sacra, part. I, pag. 32; et les Antiquités de l'église anglo-saxonne, par le docteur John Lingard, p. 528, qui prouve que c'est à S. Egbert, qu'il faut rapporter l'honneur d'avoir établi les missions en Allemagne : et en effet ce furent S. Wibert, S. Willibrord, les deux saints Edwald, et autres disciples de S. Egbert qui répandirent la lumière de l'Évangile dans la Frise et dans le nord de la Germanie.

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Tiré d'Eusèbe, de saint Jérôme, etc. Voyez Tillemont; tom. II, p. 89; D. Calmet, etc.

L'AN 68.

SAINT MARC était juif d'extraction; son style, rempli d'hébraïsmes, ne permet pas d'en douter. Ses acles lui donnent la Cyrénaïque pour patrie. Le vénérable Bède, qui les suit, ajoute qu'il sortait de la race d'Aaron. Se

lon plusieurs anciens auteurs, il fut converti par les apôtres après la résurrection de Jésus-Christ (1). Saint Irénée le qualifie disciple et interprète de saint Pierre (2). Origène et saint Jérôme prétendent que c'est lui que saint Pierre appelle son fils (3).

Les auteurs sont partagés sur le titre d'interprète de saint Pierre donné à saint Marc. Selon les uns, on doit entendre par-là qu'il donnait le style et le tour aux épîtres de l'apôtre. La fonction d'interprète consistait, selon les autres, à rendre en grec ou en latin ce que saint Pierre disait en sa propre langue.

Saint Jérôme et d'autres écrivains ecclésiastiques pensent qu'on ne doit point distinguer le saint évangéliste, de Jean Marc, cousin de saint Barnabé mais le sentiment le plus commun est que c'étaient deux personnes différentes, et que le dernier était avec saint Paul en Orient, tandis que le premier était à Rome ou à Alexandrie (4).

Papias et Clément d'Alexandrie rapportent que saint Marc composa son évangile à la prière des fidèles de Rome, qui désiraient avoir par écrit ce que saint Pierre

(1) Voyez Papias, cité par Eusèbe, Hist. 1. 3, c. 39, saint Augustin, 1. 1, de Cons. Evang. c. 1, et in Faust. 1. 17, c. 3. Théodoret, Bède, etc., Tillemont et d'autres auteurs ont montré, par l'autorité des Pères que nous venons de citer, qu'il n'avait point été disciple immédiat de Jésus-Christ, et qu'il avait été converti par les apôtres. On lit cependant dans saint Epiphane, hæres. 51, c. 5, p. 528, qu'il était un des soixantedouze disciples qui se scandalisèrent, avec les Capharnaïtes, de ce que le Sauveur avait dit: Si vous ne mangez la chair du Fils de l'Homme, et si vous ne buvez son sang, vous n'aurez point la vie en vous; qu'il se retira avec beaucoup d'autres; mais que saint Pierre le convertit après la résurrection.

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(3) Voyez la première épître de saint Pierre, v. 13.

(4) Voyez Tillemont, not. 2. sur S. Jean Marc, t. II, p. 515.

leur avait enseigné de vive voix (1). Il recueillit tout ce qu'il avait entendu dire à l'Apôtre, et en forma son ouvrage. Saint Pierre fut charmé du zèle que les Chrétiens marquaient pour la parole de vérité; il approuva l'évangile de saint Marc, et lui imprima le sceau de son autorité, pour qu'il fût lu dans les assemblées des fidèles : c'est pour cette raison qu'il lui a été attribué à lui-même par quelques auteurs (2).

(1) Voyez Eusèbe, Hist. 1. 2. c. 16.

c. 5. Saint Epiphane,

(2) Voyez Tertullien, contra Marcion. 1. 4, hær. 51; saint Grégoire de Nazianze, or. 25 et carm. 34; saint Jérôme, in Catal. etc., assurent la même chose. Baronius et Selden pensent que l'évangile de saint Marc fut d'abord écrit en latin, et cela parce qu'il avait été composé pour l'usage des Romains: mais cette raison ne prouve rien; on entendait alors le grec à Rome. D'ailleurs, saint Augustin, saint Jérôme, et la plupart des anciens Pères, donnent comme un fait certain que cet évangile fut premièrement écrit en grec. Le style seul en est une preuve, et tous les savans sont aujourd'hui d'accord sur ce point (3). On garde dans le trésor de saint Marc à Venise, un ancien Ms. de l'évangile du Saint, qu'on prétend être l'original écrit de sa propre main. Il est non sur du papier d'Egypte, comme les pères Mabillon et de Montfaucon se le sont imaginé, mais sur un papier fait de coton, comme nous l'apprenons de Scipion Maffei, qui l'a examiné depuis, et qui était bon juge en pareille matière. (Voyez ce sayant dans son Istoria diplomatica, imprimée à Mantoue en 1727, in 4o. ) De Montfaucon a prouvé qu'il était en latin, et non en grec.

On dit que l'Empereur Charles IV ayant trouvé à Aquilée, en 1355, ce Ms. contenant sept cahiers ou vingt-huit feuilles, obtint avec beaucoup de peine les deux derniers cahiers de Nicolas, évêque d'Aquilée, son frère. Quant aux cinq autres cahiers qui restaient à Aquilée, ils furent portés, après la ruine de cette ville, à Fréjus, et de là à Venise vers l'an 1420. Voyez de Montfaucon, Diar. Ital. Calmet, diss. sur saint Marc, et sur-tout l'excellente lettre de Laurent de la Tour à Blanchini, in Evangelar. quadrup. t. IV, p. 543.

(3) Voyez le savant ouvrage du docteur Binterim; Propempticum ad Systema criticum: Sacra Scriptura Novi Testamenti in quo idiomate originaliter ab Apostolis edita fuerit, a R. D. P. Marcellino Molkenbuhr, S. T. D., nuper propositum. Moguntiæ 1822; in-8°.

T. V.

Note de la prés. édit.

29

Saint Marc, dans son évangile, n'a fait qu'abréger celui de saint Matthieu (1). Il y rapporte les mêmes choses, et se sert souvent des mêmes expressions. Il ajoute pourtant des particularités qui ne sont point dans saint Matthieu ; il change aussi l'ordre de la narration dans les faits, et en cela il s'accorde mieux avec saint Luc et saint Jean. Il raconte des traits dont saint Matthieu n'avait point parlé : comme l'éloge que fait Jésus-Christ de cette pauvre veuve qui mit deux petites pièces dans le tronc du temple, et l'apparition du Sauveur ressuscité aux deux disciples qui allaient à Emmaüs. Sa manière de narrer est concise; elle intéresse singulièrement le lecteur par les charmes d'une élégante simplicité. Il ne rapporte point ce que le Sauveur dit à l'avantage de saint Pierre, lorsqu'il l'eut reconnu pour le Christ et le Fils de Dieu; il ne rapporte point non plus qu'il ait marché sur les eaux, mais il raconte son renoncement avec beaucoup d'étendue, et en marque toutes les circonstances. Il servait en cela l'humilité du saint Apôtre, qui supprimait tout ce qui aurait été capable de le faire estimer des hommes, et qui publiait avec les sentimens d'une vive componction le crime qu'il avait commis en reniant son divin Maître (2). Saint Marc était en Italie lorsqu'il écrivit son évangile, et il paraît que ce fut avant l'an 49 de Jésus-Christ.

Pendant le séjour que saint Pierre fit en Italie, il chargea plusieurs de ses disciples d'aller prêcher l'évangile dans différentes contrées. Quelques modernes ont prétendu saint Marc avait été prêcher à Aquilée, et qu'il en que

(1) Saint Augustin, 1. 1 de Consens. Evang. c. 2, appelle saint Marc l'abréviateur de saint Matthieu; mais Ceillier et quelques autres savans pensent qu'il n'y a point de preuves certaines qu'il ait fait usage de l'évangile de saint Matthieu.

(2) Cette observation est de saint Chrysostôme, hom. 58 et 85 in Mat.

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