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vement en deux corps d'armée, dont jusqu'alors les commandements n'avaient été exercés que provisoirement (1). Le général en chef en donna connaissance à l'armée par un ordre général, le 9 février. Le général Pélissier commandait le 1er corps, attaché comme précédemment à l'attaque de gauche; le général Bosquet conservait le commandement du 2 corps, qui, tout en

(1) L'importance de ces commandements s'accroissait chaque jour par l'arrivée successive de nouveaux régiments et de nouvelles divisions.

Le général en chef avait envoyé un de ses aides de camp, le lieutenant-colonel Waubert de Genlis, pour proposer à l'Empereur la formation définitive de l'armée en deux corps, dont il demandait les commandements pour les deux officiers généraux qui en avaient été investis provisoirement; mais le travail était déjà achevé au ministère de la guerre, et le général Pélissier avait été mandé d'Afrique, pour aller se mettre à la tête du 1er corps.

Premier corps.

Commandant, le général de division Pélissier. Artillerie. Commandant, le général de brigade Lebœuf. Génie. Commandant, le général de brigade Tripier.

1o division. Le général de division Forey.

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Levaillant.
Pâté.
de Salles.

Deuxième corps.

Commandant, le général de division Bosquet. Artillerie. Commandant, le général de brigade Beuret. Génie. Commandant, le général de brigade Frossard. 1re division. Le général de division Bouat.

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Le commandement supérieur du génie restait confié au général de brigade Bizot, et le commandement supérieur de l'artillerie au général Thiry.

restant corps d'observation, était chargé de la direction et de l'exécution des travaux de l'attaque dite : Malakoff. Chacun de ces deux corps d'armée avait quatre divisions. La garde impériale et la 9 division (Brunet) devaient être établies près du grand quartier général, dans une position centrale qui leur permettait de se porter, selon les événements, sur tel ou tel point menacé.

Telles étaient les dispositions arrêtées par le général en chef.

Le général Niel, après un séjour de trois semaines, s'embarquait pour retourner en France, et le général Pélissier débarquait à Kamiesch pour prendre possession de son nouveau commandement. A cette époque notre armée en Crimée se composait de 83 000 hommes. -La force des Russes était évaluée approximativement par le général en chef à 30 000 homines environ; celle de leur armée totale en Crimée, si l'on s'en référait aux chiffres réglementaires, serait de CO COO hommes (1).

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XCIX. Les rapports des déserteurs et des espions s'accordaient presque tous à dire, qu'il fallait nous attendre à être attaqués dans nos lignes; cependant les pluies torrentielles qui se succédaient sans relâche rendaient ces suppositions peu probables.

Vers le milicu du mois, le soleil reparut tout à coup; les nuages chargés de pluie disparurent du ciel, et

(1) Dépêche particulière du général en chef.

quelques beaux jours vinrent répandre dans les camps l'espérance et la gaieté.

Celui qui n'a pas assisté aux cruelles souffrances de cet hiver passé sur l'aride plateau de la Chersonèse, celui qui n'a pas vu les tranchées inondées de pluie, encombrécs de neige, celui qui n'a pas entendu souffler ces vents d'orage, furieux et glacés, et qui n'a pas vécu de cette vie au jour le jour, de labeur, de privation, de maladie et de veilles incessantes, celui-là ne saura jamais avec quels transports de joie et de reconnaissance envers le ciel étaient accueillis le moindre rayon de soleil, ou la plus petite espérance d'un beau jour; il semblait aussitôt que l'on eût oublié toutes les souffrances passées, pour ne s'en souvenir jamais. C'est que le beau temps, là-bas, c'était plus que le succès de nos armes, c'était la vie de notre armée, et dès qu'il apparaissait, on en profitait pour redoubler d'efforts et d'activité.

La pensée perpétuelle qui dominait toutes les pensées, c'était d'ouvrir le feu le plus promptement possible.

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J'espère que sous peu de jours nous serons prêts, » écrivait, en date du 17 février, le général en chef: . J'espère que nos alliés le seront aussi. »

C. Dans le même moment, les Russes, commandés par le lieutenant général Khrouleff, attaquaient Eupatoria avec des troupes considérables. Le prince Menschikoff, en rendant compte de ce mouvement offensif des troupes russes, l'appelle une reconnaissance, dont

le but était « de s'assurer exactement du chiffre des forces ennemies qui occupaient Eupatoria, et de voir s'il n'y aurait pas possibilité de les en expulser. » — La reconnaissance devint un sanglant combat, où l'armée ottomane renouvela les preuves d'intrépide résistance qui avaient signalé le siége de Silistrie.

Le généralissime Omer-Pacha était arrivé à Eupatoria depuis le 9, avec le complément de son armée (1).

Dans la nuit du 16 au 17, les Russes, profitant de l'obscurité de la nuit, avaient établi autour de la place, dont les travaux d'enceinte étaient encore inachevés, une sorte de parallèle non continue, formée de levées de terre destinées à couvrir leur artillerie et leurs tirailleurs.

CI. Au point du jour, le 17 au matin, une violente canonnade tonne tout à coup contre la ville, puis les Russes se déploient sur l'ensemble de la position; mais bientôt ils s'aperçoivent que la gauche est protégée par des vaisseaux de guerre anglais, français et turcs, ils se replient alors, et concentrent tous leurs efforts sur le centre et sur la droite. De ce dernier côté, l'armement de la place est le plus faible, et les chances de réussite sem

(1) Les troupes destinées à cette attaque, dit le généralissime turc dans son rapport, avaient, il y a six jours, quitté le camp devant Sébastopol, et d'autres troupes venues de Pérécop et de Simphėropol s'étaient réunies à elles, dans la nuit du 16 et le 17 au matin, sur le terrain uni situé derrière les hauteurs qui sont devant Eupatoria.

« Autant qu'on pouvait le deviner, et d'après les renseignements fournis par les prisonniers, l'ennemi comptait 36 bataillons d'infanterie, 6 régiments de cavalerie, 400 Cosaques, 80 pièces d'artillerie en position et quelques troupes d'artillerie à cheval qui étaient en

réserve. »

blent plus favorables aux assaillants. Cette colonne composée de 5 bataillons d'infanterie environ, munis des matériaux nécessaires pour le franchissement des fossés et pour l'escalade, avance protégée par les débris d'un ancien cimetière, jusqu'à 400 mètres environ de la place. Devant elle tout est silencieux. Deux bataillons se détachent, enhardis par le silence de la place et par les nombreux renforts qui sont prêts à leur venir en aide; ils s'élancent avec élan jusqu'à 20 mètres du fossé, mais là, reçus tout à coup par une fusillade des plus meurtrières, ils s'arrêtent et tourbillonnent. Une seconde colonne accourt pour les rallier; généraux et officiers de tout grade sont au premier rang, se prodiguant avec un élan indicible. A la voix de ses chefs, cette colonne marche de nouveau, à travers une grêle de balles, jusqu'au bord du fossé qu'elle veut tenter de franchir; mais la résistance est terrible les Russes, une seconde fois repoussés, reviennent vainement à la charge. Un bataillon turc, soutenu par 300 chevaux de cavalerie, sort de la place et les force à opérer leur retraite.

CII. Sur tous les autres points la canonnade avait continué et se concentrait particulièrement sur un endroit désigné dans le rapport, sous le nom de « la Couronne, dite des Moulins. » En cet endroit fut tué le général de division égyptien Sélim-Pacha, homme de guerre justement estimé, perte des plus regrettables pour la Turquie. C'était un vrai soldat, dont les cheveux

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