Images de page
PDF
ePub

bert et lord Raglan firent prendre aux troupes qui étaient sur les lieux une position moins étendue, plus rapprochée de Balaclava et se reliant avec le corps d'observation.

Les Turcs, soutenus par la 4 division, sous les or

formai la brigade sur deux lignes ; je la fis appuyer de deux régiments de grosse cavalerie, les Écossais gris et les royaux, et je ne les arrêtai que lorsqu'ils furent arrivés à l'endroit, d'où ils pouvaient protéger la retraite de la cavalerie légère, dans le cas où elle scrait poursuivie par l'ennemi, et lorsqu'ayant déjà perdu beaucoup d'officiers et de soldats par suite du feu des batteries, elle serait, en avançant davantage, exposée à être détruite.

[ocr errors]

Milord, je croyais alors, et c'est encore mon opinion, suivre la seule voie qui me fût ouverte. J'ai, sans nul doute, comme lieutenant général, un pouvoir discrétionnaire; mais prendre sur moi de désobéir à un ordre écrit de mon commandant en chef, presque au moment où il m'était remis, et lorsqu'il était donné d'un point élevé d'où l'on découvrait entièrement toutes les batteries et la position de l'ennemi, ce n'eût été rien moins qu'une désobéissance directe aux ordres que j'avais reçus, sans aucun autre motif, sinon que je préférais ma propre opinion à celle de mon général, et je me fusse alors exposé, moi et la cavalerie, à d'odieuses imputations contre lesquelles il eût été difficile de nous défendre. Il importe aussi de se rappeler que l'aide de camp, bien informé des intentions de son général et du but qu'il avait en vue, après avoir insisté sur une charge immédiate, se plaça lui-même sur le front de l'un des premiers escadrons d'attaque et fut tué le premier. Je n'ai point osé désobéir à Votre Seigneurie, et lous les officiers de l'armée auxquels j'ai montré vos instructions, estiment qu'il ne m'était pas possible d'agir autrement.

« J'espère, milord, que j'ai exposé les faits avec modération, ainsi qu'en des termes convenables et respectueux, comme j'ai désiré le faire; j'ai la confiance que vous voudrez bien me rendre justice. Tout ce que je demande, c'est que Votre Seigneurie ait la bonté de donner à cette lettre la même publicité qu'à son rapport, car je souhaite vivement convaincre ma souveraine, mes supérieurs militaires et le public, qu'en cette malheureuse circonstance, je ne me suis pas montré indigne de leur confiance, ou incapable d'exercer le commandement dont j'étais chargé.

« LUCAN, lieutenant général.

dres de sir George Cathcart, avaient réoccupé une des hauteurs que les Russes avaient envahies dans le commencement de la journée. - Des régiments anglais campèrent dans la vallée, et une brigade de la 1" division française resta prête à porter au premier signal assistance au général sir Colin Campbell.

Sir George Cathcart, général énergique et entreprenant, avait proposé de reprendre d'assaut avec sa division les redoutes enlevées par l'ennemi; mais l'attaque des Russes dans cette journée avait prouvé clairement, que ces ouvrages avancés étaient trop éloignés pour résister à un envahissement sérieux, alors même que, les ayant solidement constitués, on cût employé à leur défense des troupes plus considérables. Aussi les deux généraux en chef décidèrent : « que les Anglais, abandonnant leurs lignes extérieures de défense, concentreraient leurs forces sur la chaîne étroite qui ferme l'entrée de la vallée de Balaclava, vers le port et sur les collines qui dominent la ville. »

Il fut en outre arrêté, que pour prévenir les résultats possibles d'une nouvelle tentative des Russes sur ce point, on construirait des parapets et des redoutes, afin d'avoir les deux côtés des hauteurs, et renfermer ainsi dans une enceinte de défense solide la position de Balaclava (1).

(1)

Rapport de lord Raglan, 28 octobre 1854.

« Comme les moyens de défendre la position étendue qu'avaient occupée, le matin, les troupes turques s'étaient trouvés complétement insuffisants, je jugeai, de concert avec le général Canrobert, qu'il

CHAPITRE II.

XXI. La journée du 25 octobre prouvait que l'armée du prince Menschikoff s'était considérablement renforcée, et plaçait cette partie du plateau sous la menace permanente d'une attaque que les Russes devaient inévitablement tenter, avant que les armées alliées eussent reçu de nouveaux renforts : aussi depuis lors, un corps d'arinée russe s'établit sur la rive gauche de la Tchernaïa.

Cette prévision n'avait pas échappé au général Canrobert; il était surtout frappé de l'insuffisance des ouvrages défensifs de l'armée anglaise, qui laissaient ainsi dans une position dangereuse, et sans appui, les divisions campées sur l'extrémité du plateau d'Inkermann, où venaient aboutir, en le contournant, deux routes qui partaient du fond de la vallée. Aussi le général en chef de l'armée française ordonna, qu'à partir du 26, la 1re division cessât de fournir des travailleurs et des bataillons de garde, voulant la conserver tout entière sous ses ordres directs, et l'avoir à sa disposition pour la porter sur le point où une attaque imprévue rendrait sa pré

était nécessaire de nous retirer de la chaîne moins élevée des hauteurs, et de concentrer notre force immédiatement en face de l'étroite vallée qui mène à Balaclava et sur les hauteurs escarpées qui sont à notre droite, ce qui procurera ainsi une plus étroite ligne de défense. »

sence nécessaire (1). En outre, il prescrivit au général Bosquet d'établir ses troupes formant le corps d'observation, de telle sorte qu'il pût faire face aux attaques venant des vallées de Balaclava et de la Tchernaïa, et, se rapprochant le plus possible par sa gauche de la droite des Anglais à Inkermann, leur donner la main et les soutenir, le cas échéant.

XXII. Le 26, on signala dans la matinée plusieurs colonnes d'infanterie et d'artillerie, sortant de Sébastopol; chacun pensa d'abord que ces troupes allaient rejoindre le corps du général Liprandi en traversant la vallée d'Inkermann; mais protégées par les collines qui dérobaient une partie de leurs mouvements, elles apparurent subitement sur les hauteurs, menaçant la gauche de la seconde division que commandait sir De Lacy Evans. Couvertes par de nombreux tirailleurs, ces colonnes avancèrent avec rapidité.

La division, quoique surprise par cette attaque, se forma aussitôt en avant de son camp, sous les ordres du major général Pennefather et du brigadier général Adams; les batteries anglaises ouvrirent promptement leur feu.

Dès les premiers coups de canon, le duc de Cambridge avait jeté sur le terrain menacé la brigade des gardes, sous les ordres du major général Bentinck, et

(1) L'effectif du corps de siége, y compris les troupes d'artillerie et du génie affectées au siége, est de 24 837 hommes, avec 1340 marins fournis par la flotte.

une batterie d'artillerie. Sir George Cathcart était accouru avec un régiment de tirailleurs, et sir George Brown avait envoyé des canons soutenir la gauche de la division; de plus, le général Bosquet avait porté cinq bataillons français sur la position attaquée, et était venu lui-même, dès le commencement de l'action, mettre ses troupes à la d position de sir De Lacy Evans. Mais le général anglais ne pensa pas avoir besoin de l'assistance qui lui était offerte, et remercia vivement le général Bosquet, lui assurant que « les troupes sous ses ordres suffiraient pour repousser l'ennemi. »

L'attaque des Russes fut vive; car ayant reconnu sans doute que le plateau n'était pas sérieusement protégé par des travaux défensifs, ils espéraient s'emparer des hauteurs et en repousser avec des pertes sensibles les troupes anglaises (1).

Leur attente fut déçue; pris à la fois par le tir bien nourri de dix-huit pièces de position et par le feu des premiers corps de l'infanterie anglaise, l'ennemi se retira en désordre et fut poursuivi jusque dans la vallée.

(1) C'est à la bravoure et à la détermination de leurs avant-postes, que les Anglais durent d'avoir pu se former en bataille avant l'arrivée de l'ennemi; ces avant-postes, formés du 49° et du 30°, firent preuve de grande énergie, et le général en chef cite dans son rapport, avec les plus grands éloges, le lieutenant Conolly, du 49°, les capitaines Bayly et Atcherley, du 30°, qui tous trois furent grièvement blessés en résistant, avec une grande valeur, aux troupes russes.

« Le lieutenant Conolly, rapporte un écrivain anglais auquel nous empruntons ces quelques lignes, voyant les munitions de ses hommes épuisées, chargea l'ennemi le sabre à la main, et tomba frappé d'une halle en pleine poitrine.

D

« PrécédentContinuer »