LE BARON. Allons vite. Au lieu d'un, il fera deux contrats. SCENE XI. CLEON, MONTVAL. MONTVAL à part. NE ménagons plus rien dans cet inftant fu neste, Et rifquons tout pour rompre un noeud que je dé teste. retenant Cléon qui s'en va. Arrêtez. Votre état, Monfieur, me fait fremir. Malgré vous même enfin je veux vous fecourir, Je puis vous guérir seul du mal qui vous poffede. CLEON. L'Amour m'en guérita, fans employer votre aide. MONTV A L. Gardez-vous de former un lien fi fatal; Le réméde cent fois eft pire que le mal. ; C'est l'amour qui l'ordonne, il fera falutaire, MONTV AL. Monfieur, encore un coup l'amour vous eft con traire. CLE' ON. Mais fi l'on vous en croit, l'amour n'eft jamais bon. MONT VAL. Je ne dis pas cela, c'eft felon la faifon. Dans la jeuneffe, il eft, s'il faut ne vous rien taire, CLEON. J'entens, il eft un ridicule. Il deviendra funefte à vous non-feulement, Son amant ! CLEON. MONTVAL Oui, Monfieur, l'amant le plus fidelle, CLE' ON. Le connoiffez-vous? MONTVAL MONTVAL. Fort. CLEON. Lucile l'aime t'elle ? MONTVAL. Puifqu'il faut vous l'apprendre, éperdument, Monfieur. CLEON. Chaque mot eft un trait qui me perçe le cœur. MONTV AL. Pardon, pour le guérir, il faut que je le bleffe. CLEON. Votre fecours, Monfieur, eft d'une étrange efpece, Et jamais... MONTVAL. Le reméde eft violent, d'accord. Mais naturellement vous avez l'efpri: fort. Sa générofité, du fuccès, me répond. Confultez-la, Monfieur, l'effet en fera prompt. Courage, ce foupir m'eft d'un flatteur augure. CLE' ON. La vertu de Lucile après tout me raffure. Elle oublira l'Amant, H MONTVAL. Non, ne l'efperez pas. Son abfence a penfé lui coûter le Trépas. Que dois-je faire? ô ciel! MONT VA L. Suivre mon ordonnance; Prenez, 'Monfieur, prenez pour guide la pru dence. Signalez vos vertus par un effort nouveau; Vous gouterez le bien de faire des heureux. Je rougis. MONTVAL. Bon, tant mieux. Qui commence à rougir Tout haut de fa foibleffe, eft bien près d'en guérir. CLE'ON. Je furmonte la mienne, & je fens qu'à mon âge L'Amour est un écueil, & l'Hymen, un naufrage. Inftruisez-en Lucile, & fon amant auffi. MONTVAL. Il l'eft déja, Monfieur, vous le voyez ici, CLEON. Comment! feroit-ce, vous? MONTVAL. Oui, mon ame ravie Ne doit plus vous cacher mon état, ma patrie. Je fuis François, Monfieur, la guerre eft mon métier, Et j'ai, depuis quatre ans, l'honneur d'être Offi cier. Montval eft mon vrai nom. Tout le refte eft l'ou CLE' ON, MONTVAL, LE BARON, LA MARQUISE, LUCILE. CLE'ON au Baron, à la Marquise, & à Lucile. Pprochez tous les trois, venez, foyez té Агр moins |