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LE BARON.

Allons vite. Au lieu d'un, il fera deux contrats.
Il fort.

SCENE XI.

CLEON, MONTVAL.

MONTVAL à part.

NE ménagons plus rien dans cet inftant fu

neste,

Et rifquons tout pour rompre un noeud que je dé

teste.

retenant Cléon qui s'en va.

Arrêtez. Votre état, Monfieur, me fait fremir. Malgré vous même enfin je veux vous fecourir, Je puis vous guérir seul du mal qui vous poffede.

CLEON.

L'Amour m'en guérita, fans employer votre aide.

MONTV A L.

Gardez-vous de former un lien fi fatal;

Le réméde cent fois eft pire que le mal.
CLEON.

;

C'est l'amour qui l'ordonne, il fera falutaire,

MONTV AL.

Monfieur, encore un coup l'amour vous eft con

traire.

CLE' ON.

Mais fi l'on vous en croit, l'amour n'eft jamais

bon.

MONT VAL.

Je ne dis pas cela, c'eft felon la faifon.

Dans la jeuneffe, il eft, s'il faut ne vous rien taire,
Il eft bon, excellent, qui plus eft, nécessaire.
De vingt ans jusqu'à trente, il eft un agrément,
Et même une vertu, quand il eft fentiment;
Mais il ne convient pas que je vous dissimule
Qu'à foixante..........、

CLEON.

J'entens, il eft un ridicule.
MONT VAL.

Il deviendra funefte à vous non-feulement,
Mais à Lucile encore, ainsi qu'à son amant,

Son amant !

CLEON.

MONTVAL

Oui, Monfieur, l'amant le plus fidelle,

CLE' ON.

Le connoiffez-vous?

MONTVAL

MONTVAL.

Fort.

CLEON.

Lucile l'aime t'elle ?

MONTVAL.

Puifqu'il faut vous l'apprendre, éperdument,

Monfieur.

CLEON.

Chaque mot eft un trait qui me perçe le cœur.

MONTV AL.

Pardon, pour le guérir, il faut que je le bleffe. CLEON.

Votre fecours, Monfieur, eft d'une étrange efpece,

Et jamais...

MONTVAL.

Le reméde eft violent, d'accord.

Mais naturellement vous avez l'efpri: fort.
Je rifque fur un cœur auffi grand que le vôtre;
Ce que je n'oferois effayer fur un autre.

Sa générofité, du fuccès, me répond.

Confultez-la, Monfieur, l'effet en fera prompt. Courage, ce foupir m'eft d'un flatteur augure. CLE' ON.

La vertu de Lucile après tout me raffure.

Elle oublira l'Amant,

H

MONTVAL.

Non, ne l'efperez pas.

Son abfence a penfé lui coûter le Trépas.
CLEON.

Que dois-je faire? ô ciel!

MONT VA L.

Suivre mon ordonnance;

Prenez, 'Monfieur, prenez pour guide la pru

dence.

Signalez vos vertus par un effort nouveau;
Etouffez fagement l'amour dans fon berceau
Et de deux vrais amans protegez la conftance.
Je vous répons, Monfieur, de leur reconnoif-
fance;

Vous gouterez le bien de faire des heureux.
En eft-il un plus grand pour un cœur généreux ?
Le bonheur qui fuivra cette gloire infinie,
Va de dix ans au moins vous prolonger la vie.
CLE'ON,

Je rougis.

MONTVAL.

Bon, tant mieux. Qui commence à rougir Tout haut de fa foibleffe, eft bien près d'en

guérir.

CLE'ON.

Je furmonte la mienne, & je fens qu'à mon âge

L'Amour est un écueil, & l'Hymen, un naufrage. Inftruisez-en Lucile, & fon amant auffi.

MONTVAL.

Il l'eft déja, Monfieur, vous le voyez ici,

CLEON.

Comment! feroit-ce, vous?

MONTVAL.

Oui, mon ame ravie

Ne doit plus vous cacher mon état, ma patrie. Je fuis François, Monfieur, la guerre eft mon

métier,

Et j'ai, depuis quatre ans, l'honneur d'être Offi

cier.

Montval eft mon vrai nom. Tout le refte eft l'ou

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CLE' ON, MONTVAL, LE BARON, LA MARQUISE, LUCILE.

CLE'ON au Baron, à la Marquise, & à

Lucile.

Pprochez tous les trois, venez, foyez té

Агр

moins

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