LE CHEVALIER. Ce modefte difcours me prouve que vous l'êtes Et le déffenfeur de vos charmes A pied comme à cheval prêt à prendre les armes, PAMELA. C'est, pour mes intérêts, montrer trop de chaleur. Elle fait foupçonner que j'ai quelque mérite; Et je vais avertir, Madante en ces inftans. > Non, non, ne partez pas fi vite, Ami de la Comteffe & du Marquis fon frere miere ha Elle aura tout au plus les feconds complimens. Ayant appris votre arrivée en France Par les nouvelles à la main B J'ai pris la pofte en diligence, Joindre un détachement de musique & de danse, pour Moi, j'ai voulu vous rendre un hommage isolé, Moi, je vous fais la mienne. ....T Ah! vous fuyez à tort. PAMELA. Je n'entretiens jamais les hommes tête à tête. Ne craignez rien de mon tranfport, I Les gens de mon pays ont l'abord plus honnête, C'eft toûjours poliment, & du ton qui convient. Un Anglois les arrache, un François les obtient. PAMEL A. Plus vos manieres font aimables Plus nous devons vous éviter, Et plus pour nous vous êtes redoutables; Nouveau motif de vous quitter, LE CHEVALIER Il doit plûtôt vous porter à refter ;) Votre gloire l'éxige, & pour vous en convaincre, Jufqu'à préfent vous n'avez eû Que la force à combattre, & l'intérêt à vaincre. Pour une vulgaire vertu, Ces deux efforts font puiffants, je l'avoue, Et fur-tout le dernier où le grand nombre échoue. Mais la vôtre ils ne fuffifent pas, pour Elle doit à nos yeux, livrer d'autres combats, Soit en bute aux douceurs, aux foins, au tendre zéle Aux charmes différens d'un hommage qui plaît. Et que pour en fortir plus brillante & plus belle, Elle paffe par la coupelle D'un jeune Amant François, & Gafcon, qui plus eft. PAMELA. Ah! ma sagesse a fait fes preuves, Et s'en tient prudemment aux premieres épreuves, LE CHEVALIER. Elle a befoin de celle la , Sans quoi toûjours on la chicannera, Et l'on dira tout haut qu'elle eft mal éprouvée. En ces lieux à propas vous êtes arrivée. Que cette gloire eft refervée C'eft l'Oracle de la famille, T Elle va comme moi vous repeter Sangdis, LE MARQUIS, PAMELA, NERINE. NERINE. IL eft vrai nos Amans font un peu mieux apprist, Que celui de Mademoiselle. Pardonnez-moi ce trait il échappe à mon zéle, Votre cœur ne pouvoit être plus mal tombé; J'en ai fenti pour vous une peine mortelle. PAMELA. Hélas, fous fa rufe cruelle, Il eft trop sûr qu'une autre eut fuccombé. NERINE. Non, la victoire au fonds n'eft pas fi furprenante, Que les combats groffiers & la hauteur choquante, Les agréables noms, les doux & tendres mots, Pour triompher d'un cœur, l'aimable & joli ton! Qu'on n'a pas grand mérite à l'être. Il m'aimoit cependant, il étoit même bon. Bon à jetter par la fenêtre. S'il eut embraffé vos genoux, Si vous baifant la main d'une bouche preffante.... PAMELA. Arrêtez... donc Monfieur. . . . . LE CHEVALIER." -Point de couroux |