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La tromperie eft toûjours bonne;

Un tendron eft de droit à l'Amant qu'il choifit, NERIN E.

Je ne fçaurois vous croire & vous avez beau dire
Paméla ne fe livre à vous que par dépit,

Si vous ne mentez pas & vous & votre écrit.
LE CHEVALIER.

Nous fommes vrais tous deux, toi-même tu peux

lire.

NERIN E.

Oui, par mes yeux je veux m'en éclaircir,
Et j'en vais faire la lecture

J

Au Marquis que je vois venir,
Et qui connoît fon écriture.
LE CHEVALIER.
Ah! n'en fais rien je t'en conjure!

SCENE VII.

LE MARQUIS, NERINE,
LE CHEVALIER.

LE MARQUIS.

Ai beau prier, rien ne peut la fléchir. Dans le dépit dont elle eft enflâmée,

Elle se tient conftamment enfermée,

Ne veut rien écouter & s'obstine à partir.
NERINE.

Elle ne part pas feule, elle a fait choix d'un guide

Qui contre les voleurs & les monftres des bois, Raffurera fon cœur timide.

LE MARQUIS.

Et fur qui donc tombe ce choix?

NERIN E montrant le Chevalier.

Sur Monfieur. ...

LE MARQUIS.

Bon, elle veut rire,

NERIN E.

Lui-même vient de me le dire,
Je ne fuis pas capable de mentir;
Il est prié de la conduire,

Et mon zéle m'oblige à vous en avertir.
LE MARQUIS.

La chofe n'eft pas vrai femblable
Le Chevalier n'est pas croyable,
Quand lui-même il l'affureroit.

NERINE.

,

Si vous n'en croyez pas ma parole & la fienne,
De Paméla, du moins vous croirez ce billet.
Au Chevalier il s'adrefle en effet.

Puifque fa main l'a remis à la mienne.

LE MARQUIS au Chevalier.

Quoi, tu t'ofes vanter d'une telle faveur ?
LE CHEVALIER. -

Je ne l'ai dit qu'en confidence.
Elle a trahi ma confiance.
Marquis, & tu vois ma rougeur....
LE MARQUIS.
L'apparence morbleu, quand elle prend la fuire,
Pour fauver de mes mains fon honneur combatu
Qu'elle aille confier le foin de fa conduite
Livrer fa gloire & fa vertu

A la foi d'un Gafcon qu'elle n'a qu'entrevu.
LE CHEVALIER.

Eh, ne fuffit-il pas qu'elle m'ait apperçû?
Peux-tu jufqu'à ce point douter de mon mérite?
LE MARQUIS.

La lettre & les difcours font un conte inventé.
LE CHEVALIER.

Tant d'incrédulité m'irrite,

Pour confondre fa vanité,

Et faire en même tems rougir ma modeftie.
A Nérine.

Lifez tout haut; mais non, donnez, je vous fup plie,

Moi-même je la veux lire avec volupté,

Il verra fi ma gloire est une faufferé.
Au Marquis.

Son écriture t'eft connue?

Jette fur ce papier, jette un moment la vue.
LE MARQUIS.

Je reconnois fes traits, & je refte confus.
LE CHEVALIER.

Voyant ce qu'il contient, tu vas l'être encor

plus.

SCENE

IX.

MATHURIN, LE MARQUIS NERINE. LE CHEVALIER.

MATHURIN fans voir perfonne.

OH! j'ons'dans ma colére, agi comme un

Nicaife.

Pour ravoir le billet, je revians fur mes pas; De queuque trahifon, je nous doutons tout bas Je veux pour m'éclaircir le faire voir à Blaise.

LE CHEVALIER lit.

Dans le nouveau malheur qui m'arrive, vous êtes la feule perfonne, à qui je puisse m'adresfer. Ma priere va vous marquer ma confiance, j'ai tout à craindre

dum trompeur qui veut me s'éduire, j'implore votre aide pour me tirer de fes mains.

Hem, que

Au Marquis en s'interrompant.
dis-tu de ce début flateur ?

LE MARQUIS.

Je dis que chaque mot eft un coup qui m'assomme, LE CHEVALIER.

Tu vois que je fais là le rolle d'honnête homme, Et toi, celui de féducteur,

De la vertu, toujours je fus le protecteur,

NERINE.

Une autre fois j'en ferai cruë ?

MATHURIN à part.

I

Que venons-je d'entendre? avons-nous la barluë? Non, c'est là mon Billet, que ce maudit Gascon

TA

Lit à des étrangers tout d'eune autre magniere. Avant de l'arracher des mains de ce fripon, Accoutons la lecture entière.

LE CHEVALIER continue à lire. Vous m'avez témoigné tantôt les fentimens d'un honnête homme, prouvez-les-moi en mettant à couvert mon innocence expofee, & trouvez-vous dès qu'il fera nuit à la petite porte du Jardin, j'irai vous y joindre feule & vous me conduirez chez votre Oncle.

Il s'interrompt.

Le Comte d'Asbarrac qui demeure à Paris.

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