La tromperie eft toûjours bonne; Un tendron eft de droit à l'Amant qu'il choifit, NERIN E. Je ne fçaurois vous croire & vous avez beau dire Si vous ne mentez pas & vous & votre écrit. Nous fommes vrais tous deux, toi-même tu peux lire. NERIN E. Oui, par mes yeux je veux m'en éclaircir, J Au Marquis que je vois venir, SCENE VII. LE MARQUIS, NERINE, LE MARQUIS. Ai beau prier, rien ne peut la fléchir. Dans le dépit dont elle eft enflâmée, Elle se tient conftamment enfermée, Ne veut rien écouter & s'obstine à partir. Elle ne part pas feule, elle a fait choix d'un guide Qui contre les voleurs & les monftres des bois, Raffurera fon cœur timide. LE MARQUIS. Et fur qui donc tombe ce choix? NERIN E montrant le Chevalier. Sur Monfieur. ... LE MARQUIS. Bon, elle veut rire, NERIN E. Lui-même vient de me le dire, Et mon zéle m'oblige à vous en avertir. La chofe n'eft pas vrai femblable NERINE. , Si vous n'en croyez pas ma parole & la fienne, Puifque fa main l'a remis à la mienne. LE MARQUIS au Chevalier. Quoi, tu t'ofes vanter d'une telle faveur ? Je ne l'ai dit qu'en confidence. A la foi d'un Gafcon qu'elle n'a qu'entrevu. Eh, ne fuffit-il pas qu'elle m'ait apperçû? La lettre & les difcours font un conte inventé. Tant d'incrédulité m'irrite, Pour confondre fa vanité, Et faire en même tems rougir ma modeftie. Lifez tout haut; mais non, donnez, je vous fup plie, Moi-même je la veux lire avec volupté, Il verra fi ma gloire est une faufferé. Son écriture t'eft connue? Jette fur ce papier, jette un moment la vue. Je reconnois fes traits, & je refte confus. Voyant ce qu'il contient, tu vas l'être encor plus. SCENE IX. MATHURIN, LE MARQUIS NERINE. LE CHEVALIER. MATHURIN fans voir perfonne. OH! j'ons'dans ma colére, agi comme un Nicaife. Pour ravoir le billet, je revians fur mes pas; De queuque trahifon, je nous doutons tout bas Je veux pour m'éclaircir le faire voir à Blaise. LE CHEVALIER lit. Dans le nouveau malheur qui m'arrive, vous êtes la feule perfonne, à qui je puisse m'adresfer. Ma priere va vous marquer ma confiance, j'ai tout à craindre dum trompeur qui veut me s'éduire, j'implore votre aide pour me tirer de fes mains. Hem, que Au Marquis en s'interrompant. LE MARQUIS. Je dis que chaque mot eft un coup qui m'assomme, LE CHEVALIER. Tu vois que je fais là le rolle d'honnête homme, Et toi, celui de féducteur, De la vertu, toujours je fus le protecteur, NERINE. Une autre fois j'en ferai cruë ? MATHURIN à part. I Que venons-je d'entendre? avons-nous la barluë? Non, c'est là mon Billet, que ce maudit Gascon TA Lit à des étrangers tout d'eune autre magniere. Avant de l'arracher des mains de ce fripon, Accoutons la lecture entière. LE CHEVALIER continue à lire. Vous m'avez témoigné tantôt les fentimens d'un honnête homme, prouvez-les-moi en mettant à couvert mon innocence expofee, & trouvez-vous dès qu'il fera nuit à la petite porte du Jardin, j'irai vous y joindre feule & vous me conduirez chez votre Oncle. Il s'interrompt. Le Comte d'Asbarrac qui demeure à Paris. |