Madame & moi, nous fommes actuellemont dans une de fes Terres, qui eft à dix lieues de Paris. En vérité elle m'y traite, non pas comme fa femme de chambre mais comme la plus tendre de fes amies: les bontés de ma premiere Maîtreffe n'é oient rien en comparaison, je fuis depuis deux jours habillée à la Françoife, & j'y fuis tout au mieux, Si j'en crois Me. qui ne fe lasse point de me regarder: mon miroir m'en dit autant, P'un & l'autre me trompent peut-être...Il s'interrompt. ། Non, nous vous disons vrai. Tout fied à Pamépa, Sa grace est par tout naturelle : l'habit qu'elle a, Et rien n'eft étranger pour elle. PAMELA. Je dois rougir de cet éloge là. LE MARQUIS. Rougissez, rougiffez, vous en êtes plus belle. Il continue à lire. 〃 L'habit qu'elle m'a fait faire (admirez fa générosité ô mes bons parens) eft de la même Etoffe que le fien. On nous prendroit pour deux fours. Son amitié ne fe borne pas là. Elle me prévient fur tout. Par exemple, j'aime la Mufique & la Danfe: eh bien, elle donne au jourd'hui tout exprès une Fête, & fait venir des Danfeurs de Paris? eh peut-on voir une Dame plus aimable ce n'eft pas qu'elle foit bølle, non, je mentirois. это PAMELA Paffez cet endroit, je vous prie J'écris ce que je penfe un peu trop LE MARQUIS. librement. Vous m'obligez de parler franchement, Ses traits ne font pas réguliers, mais elle a une de ces Pour le coup il faut hautement, Mon cœur en dit beaucoup moins qu'il ne fent. Le mien en fent pour vous encore d'avantage, Si vous pouviez entendre fon langage; Vous feriez dans l'étonnement. Il continue à lire. elle Je trouve ma Patric en France auprès de cette jeune vesve: il ne manque à mon bonheur que de vous y voir. Il s'interrompt. C'est un bonheur dont vous devez jouir. A tous deux au plûtôt marquez leur de venir, Procurer un état d'aifance, Aux auteurs de votre naiffance; Faire éclater fur eux mon amitié pour vous, Flatte mon cœur par l'endroit le plus doux ; J'augmenterai ma joye en redoublant la vôtre. PAMELA. Vous comblez tous mes vœux. De quel raviffe ment Je vais les remplir l'un & l'autre? Mais comment reconnoître un bienfait auffi grand? LE MARQUIS. Je ne veux pour tout prix que votre attache ment. PAMELA. Si de mon zele feul votre ame fe contente; Son ardeur.... LE MARQUIS. .... N'eft pas fuffifante Et mon cœur pour être payé, Veut tout au moins de l'amitié. PAMELA. Madame, fi j'ofois, j'aurois de la tendreffe. Ofez, ne craignez pas d'outrer à cet égard, Finiffez votre Lettre; un moment je vous laiffe J'ai nos Danfeurs à recevoir; Et pour la Fête de ce foir Je vais donner plus d'un ordre qui presse : PAMELA feute. Ecrivons, écrivons. Pour mon pere & ma mere, Nouveau fujet de joïe & de douceur, Pour moi nouveaux difcours à faire ; Quel plaifir de m'étendre en dépit du Cenfeur! Lorsqu'ils ont à parler de ce qui les regarde Les bons cœurs ne tariffent pas Et la reconnoiffance est toujours babillarde : SCENE IV. PAMELA, MATHURIN. MATHURIN à part. A Lle eft feule, avançons, prions-la......... mais je n'ofe. PAMELA. Ah! c'est vous, Mathurin, voulez-vous quelque chofe? MATHURIN. Oui dà, je vous pririons de me faire un plaisir¿ PAME'L A. Parlez, en quoi vous puis-je donc fervir ? MATHURIN. Ah, ce mot me raffure ; J'allons vous expliquer la chofe franchement, Que vous avez la main comme on dit à l'ouvrage, ; |