Et juge, à fes dépens, fi je sçai m'égaïer, De ceux qui le fuivront, ce n'est-là qu'une ébauche. Le Bal d'Auteuil fuccéde à celui de Paris. J'y viens fur nouveaux frais, fous les mêmes ha bits J'y viens rire aux dépens de l'Ingrat qui m'offense; J'y viens goûter le plaifir fans égal, De le doubler en fon abfence, Et de remplir fon rôle auprès de la d'Erval; Et le jufte tribut qu'on doit à l'inconftance. férieuse, L'éclat rejailliroit fur moi plus que fur lui. Que dis-je? Il en feroit plûtôt enorgueilli ; Le rendre ridicule, est le meilleur parti. La Comteffe, de vos malices, N'eft donc dans votre plan, que le fecond objet ? LAURE. Sans la connoître, ah! que mon cœur la hait! Ses yeux font innocens, mais fes biens font complices De l'affront dont j'ai lieu de rougir en fecret Je lui réserve plus d'un trait, Et par les plus mauvais offices, Je prétens lui païer le tort qu'elle me fait. Elle le fera bien, fi je la trouve telle. J'efpere, par mon art, par mes airs féducteurs, D'abuser ses efprits crédules, Et je lui dirai des douceurs, Pour mieux trouver ses ridicules. Ce jeu fera pour moi des plus flatteurs. Quelle feroit ma joie en ce jour favorable, elle feignant un amour impofteur, Si pour Je pouvois au fonds de fon cœur En faire naître un véritable, Et difparoître après fans la tirer d'erreur ! Quel coup ! il combleroit fa peine & mon bonheur. Votre esprit va trop loin dans tout ce qu'il projette: De cette prudence parfaite, Dont vous avez toujours fi bien fuivi les loix. Tout eft permis un jour de Bal, Finette, Prefqu'infailliblement vous ferez reconnuë. LAURE. Non, dans oes lieux, on ne m'a jamais vuë. Le Marquis..... LAURE. N'eft connu que du feul Commandeur, FINETTE. Eh! n'est-ce pas affez pour vous remplir de peur. LAURE. Que la crainte chez toi faffe place au courage. Je fçai qu'il vient de quitter ce Village; Dans ce moment tout me feconde ici. J'ai dans cette maison, le deftin plus contraire. Il me connoît, & pour vous réveler J'eus autrefois le malheur de lui plaire. Pour le coup tu n'a pas tout le tort de trembler. Pefte foit des Amans! c'eft une fotte engeance Par tout où nous voulons éviter leur préfence, eux. LAURE. Il faut, à le bien fuir, mettre tout art foigneux. Ma rivale, eft long-tems. Dans mon défir bifarre De lui faire ma cour, je fuis impatient. Pour vous mieux recevoir, fans doute elle fe SCENE X. pare. LAURE, LA COMTESSE, FINETTE. LA COMTESSE à part au fond du Théâtre. P Our contempler feule un instant, Ici cet Adonis charmant, Exprès j'ai devancé mon frere. L'éclat de fa beauté frappe, je fuis fincere ; LAURE à Finette. Sa toilette eft bien longue! C'est trop çons. LA COMTESSE à part. Un peu mieux, là, voyons Qu'en face je le confidere. beau pour un homme; il me voit. Avan Je croyois en ces lieux rencontrer la Comteffe, Et Monfieur eft apparemment Monfieur le Marquis qu'elle attend. |