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LAURE.

Oui, Madame, c'est moi.

LA COMTESSE à part.

Son air, je le confeffe;

Haut.

Eft poli mais bien froid. Il la faut avertir.

Madame, elle l'est.

LAURE.

LA COMTESSE.

Dès qu'elle fçait cette nouvelle,
Sur le champ elle va venir.
LAURE.:

Je brûle de la voir, & de l'entretenir.
LA COMTESSE à part.

gele,

Il dit qu'il brûle, ah! d'un ton qui me

à Laure.

Je puis, Monfieur, vous affurer pour elle,

Qu'elle sera sensible à votre empreffement.
Le voifinage qui nous lie,

LAURE.

Garantit ce discours.

Je vous en remercie.

Vous me flattez moi-même infiniment,

Par cette obligeante affurance,

Qui

Qui d'avance m'annonce un accueil gracieux.

LA COMTESSE.

C'eft celui qu'on vous doit par-tout comme en ces

lieux.

LAURE.

Je répons, à ces mots, par une reverence;
Les complimens m'embarraffent beau-

coup.

LA COMTESSE à part.

Je ne vous en fais pas. Il m'accorde à ce coup Un falut de Seigneur dont il faut que je rie; Sur la protection, j'ai tout lieu de compter.

à Laure.

Chacun doit la féliciter

Sur le choix....

LAURE.

Madame eft trop polie.

LA COMTESSE à part."

Il eft, en me parlant, modefte par orgueil;

Il ne m'honore

pas

feulement d'un coup d'œil.

à Laure.

Je fuis franche, Monfieur, & votre abord annonce.

Epargnez-moi..

LAURE.

.......

LA COMTESSF.

Monfieur a de l'averfion

C

Pour les louanges.

LAURE.

Oui.

LA COMTESSE.

Vous les méritez.

LAURE.

Non.

LA COMTESSE à part.

Ah! cet aimable eft dans chaque réponse
D'une grande précision;

Il faut qu'il n'aime pas ma conversation.
LAURE à part.

L'ennuyeux entretien ! je fuis laffe d'attendre.
LA COMTESSE.

Le Commandeur n'est pas ici.

LAURE.

J'en fuis inftruit.

LA COMTESSE. :
Il reviendra ce foir,

LAURE.

On me l'a dit,

LA COMTESSE.'

On ne fçauroit vous rien apprendre.

à

part.

Vous fçavez tout, Monfieur. Voila mon jeung

fot,

Qui ne peut foutenir le moindre tête à tête
A chaque phrafe il vous arrête,
Et cela pour ne dire mot:

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;

Je ne crois pas fi-tôt qu'il faffe ma conquête.

à Laure.

La Comteffe eft long-tems. On ouvre, quelqu'un

vient.

Ah! c'eft elle qui vous prévient.

SCENE

XI.

LAURE, LA COMTESSE, DAMON.

M

LAUREà Damon.

A dame, pardonnez à mon impatience: Je ne puis trop preffer l'inftant de mon bonheur;

Je trouve dans le nœud datteur

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Qui de nos deux maifons va former l'alliance,
Tout ce qui peut toucher & fixer mon défir,
La raifon, le devoir, la gloire & le plaifir.
LA COMTESSE à part.

Mais il devient galant; ma furprise est extrême.

DAMON.

Ce nœud, Monfieur, m'honore trop

moi-même ;

Depuis long-tems nos parens font amis:
Leur défir mutuel eft de nous voir unis ;

Je me fais une loi d'y conformer mon ame.

LAURE.

Moi, je m'en fais, en vous voyant,

Je m'en fais une joye, une félicité ;

fais

Madame,

Votre douceur, votre beauté.......
DAMON.

Pour ma douceur, je vous la paffe ; Pour ma beauté, Monfieur, oh! j'en peu de cas :

A cet égard, je vous demande grace.

LA COMTESSE.

Madame ne s'en pique pas,

Et n'a pas fur ce point notre foible ordinaire.

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Je me rabats, Monfieur, fur le bon caractere. LA COMTESSE.

La louer là-deffus, c'eft prefque la choquer.

LAURE.

Je cours rifque en ce cas fouvent de lui déplaire.

LA COMTESSE.

Mais vous pourriez fort bien, fans donner dans le faux,

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